19h00 .pdf

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Je m'ennuie.
C'est tout ce que j'arrive à penser.
La seule phrase que mon cerveau arrive à produire.
Et je ne sais même pas pourquoi.
D'accord, j'ai une vie banale : un appartement, un chat, un boulot.
D'accord, je n'ai pas particulièrement de projet, ou d'ambition.
Mais tout de même. Pourquoi aies-je tellement la sensation que je
m'ennuie.
J'ai beau tout faire pour me distraire, je finis toujours par m'ennuyer.
Est-ce que c'est ça, le bonheur ? Être comblée au point de s'ennuyer ?
Je ne pense pas, sinon que la vie serait terne !
Toujours cette sensation de n'être pas au bon endroit.
Toujours cette impression de déranger.
Toujours ce sourire pour faire illusion.
Qui pourrais deviner ? Je suis passée maîtresse dans l'art de simuler le
bonheur.
Je laisse parfois transpirer un peu de ma mélancolie, mais cela passe,
aux yeux des autres, pour un brin de tristesse passagère.
Si ils savaient !
Pauvres diables. Si ils savait que quand je suis seule, mes pensées ne
sont pas aussi roses qu'ils se les imaginent.
Si ils devinaient, je pense que je ne reverrais pas la lumière du soleil.
Un jour, je le ferais. Un jour, ils verront.
Ce jour-là, ils tomberont des nues. Se regarderont, les yeux grands
ouverts sur leur ignorance, se demandant quelle mouche m'aura piquée.
Ce jour-là, ils reverront tous ces moments où je leur aurais paru un peu
triste. Ce jour-là, ils reprendront tous ses moments et se diront qu'ils
auraient du comprendre.
Et moi, dans ma folie, je rirais. Je rirais de les voir s'en vouloir d'une
chose qu'ils ne comprendront pas.
___________

C'est pour demain. J'ai décidé de ne pas en supporter plus.
J'ai choisi le lieu. J'ai choisi l'heure. J'ai choisi la manière.
Ils ne comprendront pas ce qui leur arrive. Et moi je rirais encore et
toujours de leur ignorance.
Bande d'incroyable aliborons. J'aime ce mot. Il leur va comme un gant.
Tiens, je ferais bien d'en acheter, des gants.
Oh, et puis non, après tout, je n'ai pas l'intention de cacher qui je suis.
Demain, ils verront tous qui je suis. Ce que je suis.
J'en ai assez de passer pour une niaise.
Assez des sourires condescendants.
Assez de voir les autres me sourire et se retourner pour me prendre en
pitié.
Demain ils comprendront que tout cela n'était qu'une façade. Que mon
ignorance était feinte.
Demain, ils verront à quel point la situation est inversée.
Demain. À 19h. Dans le métro.
_________________
Ca y est presque.
Dans une demi-heure nous y seront.
HAHAHA ! Vous allez moins rire bande de pleutres !
Vous n'allez pas comprendre tout de suite.
Je vous connais mieux que vous ne le pensez, sales fourmis.
Vous comprendrez dans quelques heures.
Vous verrez mieux pourquoi ce matin, je n'ai dit bonjour à personne.
Je la sens dans ma poche.
Personne ne sais qu'elle est là.
Je me sens puissante. Je me sens invincible.
Les militaires doivent ressentir ce pouvoir aussi.
Dans une demi-heure.
Pour le moment, je vais monter dans la rame. Et attendre.
Attendre.

__________________
Ca y est, je le vois, le moment est arrivé.
Je savais que tout se passerait comme je le souhaitais.
J'ai entendu parler d'un détecteur pour éviter ce que je vais faire. Il
semblerait qu'ils ne l'aient pas encore mis en place. Tant mieux.
Je le vois, il est monté. Il est tellement fier avec son beau costume.
Il n'aurait pas du. Il va s'en mordre les doigts.
Ou pas. Je ne pense pas qu'il en aura encore dans deux minutes.
Il n'aurait pas du, ce con pédant.
Je fixe ma montre.
18:59.50
Les secondes s'égrennent.
18h59.55
Je dégoupille.
18h59.58
Je lance.
18h59.59
J'éclate de rire.
19h00.00
Il n'aurait pas du me prendre de haut.
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Paris, 23 Mars,
Hier soir, à 19h précise, dans le métro parisien, une explosion à fait 41
morts et 28 blessés graves. L'explosion à eu lieu dans un des wagons du
métro à 19h précise. Il semblerait que l'auteur de cet attentat soit une
jeune femme de 29 ans, décédée sur les lieux.
Son geste paraît incompréhensible pour tout ceux qui la connaissait. Une
de ses collègues nous à confiée qu'elle était discrète, souriante et bien
sous tout rapport. Son geste reste inexpliqué.



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