Mémoire Aurélien WERY .pdf


À propos / Télécharger Aperçu
Nom original: Mémoire Aurélien WERY.pdf
Titre: Microsoft Word - on va bien voir
Auteur: (Aur\351lien)

Ce document au format PDF 1.4 a été généré par PScript5.dll Version 5.2.2 / GPL Ghostscript 8.15, et a été envoyé sur fichier-pdf.fr le 25/01/2012 à 02:40, depuis l'adresse IP 92.147.x.x. La présente page de téléchargement du fichier a été vue 4055 fois.
Taille du document: 17.5 Mo (204 pages).
Confidentialité: fichier public


Aperçu du document


Département de l’UFR de Géographie et Aménagement

MASTER de Sciences et Technologies, mention
Aménagement, Urbanisme et Développement des Territoires
Spécialité : ENVAR - Ville et Projets
Option Projet Urbain – 2ème année

L’accessibilité et l’usage des locaux
associatifs de la Ville de Roubaix
Diagnostics, enjeux, participation citoyenne

Aurélien WERY
Tuteur universitaire : Franck BODIN
Tuteur professionnel : Ludovic SCHOLLART
Organisme : Ville de Roubaix

Année : 2008-2009

L’accessibilité et l’usage des locaux associatifs de la Ville de Roubaix

« J’atteste que ce travail est personnel, cite systématiquement toute source utilisée entre
guillemets et ne comporte pas de plagiat. »
Aurélien Wéry

2
Aurélien Wéry, Master 2 AUDT-ENVAR, Ville et Projets 2008-2009

L’accessibilité et l’usage des locaux associatifs de la Ville de Roubaix

« Roubaix, c’est aussi la ville de l’intégration réussie, du multiculturalisme, la ville qui
n’explose pas malgré une situation sociale explosive, la ville aux milles associations, la ville de
la reconquête urbaine au bouillonnement culturel jamais démenti… »

Rémi Lefebvre, professeur en Sciences Politiques
préface de : Roubaix, 50 ans de transformations urbaines et de mutations sociales

3
Aurélien Wéry, Master 2 AUDT-ENVAR, Ville et Projets 2008-2009

L’accessibilité et l’usage des locaux associatifs de la Ville de Roubaix

Remerciements
Je tenais à remercier les personnes suivantes pour avoir contribué à la réalisation de la
mission de stage, ainsi que de ce mémoire universitaire :
- M. Franck BODIN, Enseignant-chercheur à l’Institut d’Aménagement et d’Urbanisme de Lille et
tuteur universitaire de ce stage, pour ses conseils et recommandations, ainsi que pour la formation
et l’expérience que j’ai acquises en matière d’aménagement durable, notamment en faveur des
personnes handicapées.
- M. Ludovic SCHOLLART, Responsable de la Vie Associative de la Ville de Roubaix et tuteur
professionnel, pour ses conseils, ses recommandations et son encadrement tout au long du stage.
- Mme Béatrice HATTON, Directrice Générale des Finances de la Ville de Roubaix, pour ses conseils,
ses recommandations, et son encadrement de la mission.
- Mme Elisabeth AUDRIC, Responsable du Service Immobilier, pour la mise en place du questionnaire
et de la méthodologie.
- L’ensemble des personnes travaillant à la Direction Générale des Finances et au pôle Vie Associative
(notamment Catherine, Christine, Fatima, Laëtitia, Monique, Michelle, …) ainsi que les personnes
travaillant aux services Immobilier, Patrimoine, Aménagement et Cadre de Vie et les services
thématiques de la Ville de Roubaix qui m’ont aidé tout au long de ce stage.
- M. Alain CANONNE, Directeur Général du Cadre de Vie et Aménagement de la Ville de Roubaix.
- M. Arnaud DUBOIS, Directeur du Patrimoine de la Ville de Roubaix.
- M. Michel FRICK, Directeur du Cadre de Vie de la Ville de Roubaix.
- M. Tonino MACQUET, Conseiller Municipal délégué à la vie associative et relations avec les
associations de Roubaix.
- M. André DELVILLE, Conseiller Municipal délégué à la commande publique, politique d’achat,
marchés publics.
- M. René VANDIERENDONCK, Maire de Roubaix et l’équipe municipale.
- Mmes et Mrs les responsables associatifs roubaisiens que j’ai pu rencontrés lors de cette mission
pour m’avoir permis de mieux connaitre les activités. Merci pour leur accueil lors des entretiens sur
place.
- L’ensemble des professeurs et le personnel administratif de l’IAUL et de l’UFR de Géographie et
Aménagement qui ont pu m’aider pour la réalisation de ce stage.
- Ma famille, mes amis et collègues aménageurs, sans qui rien n’aurait été possible, pour leur
soutien. Mercis spéciaux à Gaëlle WALLERAND, qui a toujours été là, et Anne-Lise HAESEBROECK
pour son partage des connaissances en matière d’aménagement roubaisien.
- Merci enfin aux roubaisiens que j’ai pu rencontrés au fil de mes déplacements sur le terrain et qui
m’ont fait découvrir et aimer cette ville. I ♥ RBX
4
Aurélien Wéry, Master 2 AUDT-ENVAR, Ville et Projets 2008-2009

L’accessibilité et l’usage des locaux associatifs de la Ville de Roubaix

5
Aurélien Wéry, Master 2 AUDT-ENVAR, Ville et Projets 2008-2009

L’accessibilité et l’usage des locaux associatifs de la Ville de Roubaix

Sommaire
Avant-propos sur la mission de stage
Introduction

p 8-9
p 10-14

I. Présentation de la ville de Roubaix et de son tissu associatif

p 15-52

A) Roubaix, une ville en crise dans le processus de métropolisation

p 15-33

1) Présentation générale de Roubaix
2) Présentation des différents quartiers de la ville
p 34-52

B) La présence associative roubaisienne
1) Les associations roubaisiennes et leur fonctionnement

2) Le rôle associatif sur les quartiers : associations classiques et comités de quartier

II. Rendre accessibles les locaux associatifs et ERP

p 53-86

A) L’accessibilité aux locaux associatifs

p 53-63

1) La loi Handicap pour cadre réglementaire
2) Les établissements recevant du public, les transports et la voirie
p 63-73

B) Les enjeux territoriaux

1) L’association comme outil de la démocratie participative et du retour à l’emploi
2) Les bénéfices possibles de la mise en accessibilité
C) Les difficultés de rendre accessible le territoire

p 74-86

1) La ZPPAUP : entre respect du patrimoine industriel et la ville pour tous
2) Un habitat ancien et les problèmes d’usure
3) Les dégradations : phénomène roubaisien récurrent
4) Autres caractéristiques territoriales

6
Aurélien Wéry, Master 2 AUDT-ENVAR, Ville et Projets 2008-2009

L’accessibilité et l’usage des locaux associatifs de la Ville de Roubaix

III. Démarche et volonté politique de mutualisation : l’étude

p 87- 136

A) La démarche de travail

p 87-109

1) La mutualisation des structures associatives pour un meilleur fonctionnement
2) Récupérer des locaux pour d’autres fonctions
3) Les outils mis en place pour l’étude
4) La présentation sous forme de rapports
p 110-130

B) Etat des locaux associatifs
1) Des locaux associatifs très variés
2) Premiers résultats de l’enquête et du diagnostic
C) Synthèse

p 131-137

Conclusion

p 138-140

Bibliographie

p 141-146

Annexes

p 147- 202

7
Aurélien Wéry, Master 2 AUDT-ENVAR, Ville et Projets 2008-2009

L’accessibilité et l’usage des locaux associatifs de la Ville de Roubaix

Avant-propos sur la mission de stage
La mission de stage qui m’a été proposée par la Mairie de Roubaix est un travail de
recherche et processus souhaité par la Ville depuis de nombreuses années. La ville est sans
cesse en mouvement, la politique de renouvellement urbain du territoire s’accélère et le
tissu associatif roubaisien dont nous allons parler est très dynamique. Les structures
associatives ont souvent besoin, pour leurs activités, de pouvoir utiliser un local. Ces locaux
associatifs peuvent être du domaine privé comme du domaine public puisqu’ils peuvent être
fournis par la Mairie. On parlera plutôt même de patrimoine privé de la Ville de Roubaix au
profit des associations hébergées par celle-ci.
Or depuis des années, l’état du patrimoine communal associatif reste finalement peu
connu, tant il est multiple et diffus à travers la ville, tant les activités des associations
évoluent. Par exemple, le même local est attribué par la Mairie pour les activités et les
besoins d’une association depuis une quinzaine d’années. Le bail annuel est renouvelé mais
les activités diffèrent d’une année à l’autre, le public qui fréquente les locaux n’est pas le
même, et finalement, le local peut vite apparaitre inadapté pour les activités associatives. La
Ville doit donc pouvoir prendre conscience des activités des associations dans les locaux
dont elle est le propriétaire et responsable.
Parallèlement à ce constat, la loi Handicap du 11 Février 2005 prévoit la mise en
accessibilité des bâtiments pour tous et notamment les personnes handicapées dès lors
qu’ils accueillent du public. Les locaux associatifs sont directement concernés par cette
réglementation qui vise à évaluer la capacité d’accès aux bâtiments des personnes à mobilité
réduite, puis à effectuer les travaux conséquents sur le bâtiment. Les locaux associatifs sont
donc souvent classés comme des « Etablissements Recevant du Public » (E.R.P) et doivent
être rendus accessibles, selon un certain nombre de règles essentiellement architecturales,
avant Février 2015.
Ainsi, la mission du stage est multiple et s’échelonne en différentes étapes. De
même, elle traitera deux aspects majeurs : la prise en compte de l’activité associative dans le
local, et l’état d’accessibilité des locaux, mêlant ainsi les activités humaines, et le cadre bâti,
le tout dans l’environnement urbain roubaisien.
Par ailleurs, la mission ne consiste pas uniquement en un diagnostic global des
activités associatives et de l’état du patrimoine communal même s’il convient de dire qu’il
s’agit tout de même de l’étape principale. Mais elle a pour but d’aider les instances
dirigeantes dans la réflexion et démarche globale de regroupements de structures, et de
propositions d’aménagements, de déménagements d’associations de leurs locaux, de mise
en place de travaux…
Enfin, afin de mieux prendre en compte ce recensement associatif et immobilier, une
cartographie dynamique, un outil parmi d’autres, doit pouvoir être mise en œuvre afin de
rendre compte de l’état des structures.
8
Aurélien Wéry, Master 2 AUDT-ENVAR, Ville et Projets 2008-2009

L’accessibilité et l’usage des locaux associatifs de la Ville de Roubaix

Les résultats de l’étude pourront alors servir aux services techniques municipaux ainsi
qu’aux élus, à la fois pour préparer et prioriser les diagnostics ERP qui seront effectués par
des cabinets d’étude spécialisés. Il s’agit donc d’une première approche pour la mise en
accessibilité sans toutefois établir un cahier des charges des points d’accessibilité à évaluer,
mais plutôt donner un avis dans un rapport sur chaque bâtiment et association. Mais cette
étude doit aussi pouvoir servir pour l’attribution des locaux aux associations, et mieux
prendre en compte les besoins et activités de celles-ci, dans le cadre également de renforcer
le lien entre la Ville et les associations.
Pour ces raisons, le stage est co-piloté par deux services de la Ville qui sont
concernés : le Pôle Vie Associative (rattaché à la Direction Générale des Finances ou DGFi) et
le service Immobilier de la Ville.
La démarche de travail doit se dérouler autour de rencontres personnalisées avec les
responsables associatifs, au sein des locaux de l’association. Avec la nécessité à la fois de
récolter des informations quant à l’usage des locaux par l’association, mais aussi de prévenir
des nécessaires travaux de mise en accessibilité des bâtiments. Une sensibilisation quant aux
travaux à venir doit accompagner ce travail. Viendrait ensuite un bilan sur l’activité et l’usage
du bâtiment. Et enfin des préconisations en matière de maisons des associations.
En raison du nombre important de structures à évaluer (plus de 150 structures
associatives, toutes différentes les unes des autres, réparties dans plus de 80 locaux
communaux qui évoluent chaque mois), il était prévu que la durée de la mission ne pourrait
pas forcément tenir dans les délais impartis à la durée du stage universitaire de 6 mois. Ce
mémoire introduit néanmoins à la démarche et à la présentation de certains résultats de
l’étude en posant les bases de la mission et le développement des outils d’analyse pour
l’étude globale. Ce travail présenté ici est également une approche urbaine et sociale du
territoire. En effet, les associations ont un rôle social important sur le territoire roubaisien,
et ne prendre en compte que les domanialités communales et associations sans en étudier le
contexte urbain serait nier une part évidente de l’activité et l’objet même d’une association :
la participation citoyenne. Le travail présenté ici s’accompagne donc d’une réflexion sur le
rayonnement des associations sur le territoire et sur leurs habitants. Pour cette raison, outre
les services Immobilier et Vie Associative de la Ville de Roubaix, les Services Thématiques
(ex : service des sports, service culture, etc…au nombre de 19) ont été tenus informés de la
démarche et ont pu participer aux rencontres avec les associations.
Cette mission de stage a donc concerné différents services de la Ville, et le mémoire
suivant traite de la mission avec un regard porté sur la dimension urbaine et humaine, plus
en rapport avec ma formation universitaire.

9
Aurélien Wéry, Master 2 AUDT-ENVAR, Ville et Projets 2008-2009

L’accessibilité et l’usage des locaux associatifs de la Ville de Roubaix

Introduction
Le fait associatif en France concerne environ une personne sur trois. Toutes les
couches de la population sont touchées par ce rattachement à une structure associative. On
peut, dès le plus jeune âge, faire partie d’un club de football durant de nombreuses années,
rejoindre, à l’adolescence, une structure qui nous apprendra la céramique, et ensuite, rallier
l’association étudiante du lieu de scolarité. Adulte, on peut pratiquer sa passion à côté du
travail, si toutefois celle-ci ne diffère pas de l’objet professionnel, mais aussi faire appel à
une association pour un besoin, une information, ou tout simplement faire partie des
parents d’élèves et accompagner ses enfants dans la pratique d’une activité extra scolaire…A
la retraite, on cherche parfois à retrouver du contact humain parmi les siens dans les
associations, et on redevient dirigeant de l’équipe de football qui nous a vu grandir…
Ce type de parcours très imagé et pourtant crédible montre à quel point le monde
associatif que nous créons, avec lequel nous tissons des liens plus ou moins forts, peut nous
accompagner tout au long de notre vie.
A Roubaix dans le Nord, ville qui connaissait la prospérité économique au début du
XXème siècle et qui a connu l’effondrement de son économie en quelques années
seulement, les associations ont un rôle majeur auprès de la population. Alors que la ville se
remet peu à peu de l’effondrement de son industrie textile dans les années 60, et rentre
aujourd’hui dans le processus global de métropolisation par la reconversion des espaces et
la rénovation urbaine, on constate un fourmillement des structures associatives. On en
compte plus d’un millier pour une population de moins de 100 000 habitants.
Les roubaisiens, qui connaissent de graves difficultés socio-économiques comme le
chômage, l’exclusion, la discrimination, et les difficultés d’accès aux soins, retrouvent un peu
de vie dans les associations qui sont, sur le terrain, auprès d’eux, dans une logique certaine
d’encadrement et d’accompagnement de l’individu. Et la Ville de Roubaix, a tout intérêt de
développer les relations avec son tissu associatif, véritable acteur dynamique local, relais des
politiques communales, et animateur dans les quartiers.
La ville veut développer ses relations avec ses associations. Pour cela, des outils sont
actuellement mis en place (charte associative d’engagements entre la Ville et le monde
associatif, projets de rénovation de la Maison des Associations, simplification de l’obtention
des subventions, etc…). La participation des habitants aux activités associatives permet de
créer un lien social fédérateur autour d’un projet, lien social pourtant très fragile à Roubaix.
Pourtant, même si la situation sociale est tendue et que le quotidien est rendu encore plus
difficile avec la crise actuelle, Roubaix n’implose pas. Les habitants ont vu d’autres crises
défiler au cours de l’Histoire et pour autant, la participation citoyenne et le regroupement
des habitants pour lutter contre l’habitat indigne et pour déboucher sur la création
concertée du quartier de l’Alma Gare dans les années 50, est un bel exemple de réussite
sociale et d’engagement dans un contexte non favorable. Le foisonnement associatif
10
Aurélien Wéry, Master 2 AUDT-ENVAR, Ville et Projets 2008-2009

L’accessibilité et l’usage des locaux associatifs de la Ville de Roubaix

roubaisien, chargé d’une histoire atypique, s’explique par les caractéristiques de ses
habitants et leur histoire.
Alors que la ville est en profonde mutation avec les opérations de rénovation urbaine
et les chantiers qui se multiplient dans tous les quartiers de la ville, les associations
roubaisiennes, parfois ancrées depuis des années dans le même local, se demandent à quoi
ressemblera le quartier où ils interviendront…
Le public restera-t-il fidèle ? Pourrons-nous agir de la même sorte sur ce quartier ?
Devrons-nous déménager ? Ces questions ne sont pas inhérentes au seul monde associatif
évidemment, mais les structures associatives sont aussi des fournisseurs de services et
d’emplois importants et participent pleinement au développement de Roubaix.
Aujourd’hui, les structures associatives accueillent un public nombreux, qui participe
aux activités proposées, ou qui fait appel aux associations pour répondre à certains besoins.
Les locaux associatifs sont multiples et dispersés sur le territoire. Si bien qu’il parait parfois
difficile de situer une association dans le tissu urbain.
Ces établissements sont ouverts à tous. La pratique des activités, qu’elles soient
sportives, éducatives, préventives, d’aides sociales, festives, militantes, culturelles,
démocratiques, … doivent pouvoir être accessibles à tous. Les activités associatives tissent
du lien social, créent des ressources, de l’emploi, et chacun doit pouvoir y accéder selon
l’idée d’équité sociale.
Néanmoins, se pose le problème du cadre d’évolution de l’association. Où une
structure peut-elle s’établir? Dans quel quartier et pour quel rayonnement ? Dans quel local
et pour quelles activités et pour quel public? Alors que certaines structures associatives
nouvellement créées disparaissent après seulement quelques mois d’activité, d’autres sont
ou veulent s’établir durablement sur le territoire. Et pour être attractive, l’association a
besoin d’un lieu où s’établir, véritable élément de sa structuration, mais aussi comme
marque de son identité.
Pour
cela,
certaines
associations
font
appel
aux
subventions
communales. L’attribution d’une subvention de la Ville à la structure associative n’est pas un
droit, mais elle permet le financement de certaines activités essentielles pour le bon
fonctionnement des structures. La demande peut aussi concerner un local associatif. La Ville,
qui compte un parc immobilier restreint sur son territoire, octroie certains locaux aux
associations, pour que celles-ci puissent accueillir les activités et le public associatif.
Mais ces locaux, prêtés par la Mairie aux structures et qui font l’objet de conventions
d’occupations, sont-ils réellement adaptés à la pratique et l’usage associatif ? Peuvent-ils
permettre la bonne pratique des activités ? Peuvent-ils accueillir le public concerné ? Sontils, plus simplement, en bon état pour recevoir le public ?

11
Aurélien Wéry, Master 2 AUDT-ENVAR, Ville et Projets 2008-2009

L’accessibilité et l’usage des locaux associatifs de la Ville de Roubaix

Alors que Roubaix compte de nombreuses marques de son passé industriel et un parc
immobilier ancien issu de cette ère désormais passée, l’état général de certains locaux
communaux peut laisser apparaitre certains problèmes de vétusté, d’ancienneté et donc,
compromettre une bonne occupation du lieu.
Mais la crise actuelle fait aussi que certaines associations sont de plus en plus
sollicitées, notamment les associations d’aide à la personne, en nombre important sur la
ville, qui voient parfois un afflux massif de populations dans le besoin. Rien que sur Roubaix,
le chiffre de la fréquentation des Restaurants du Cœur, association nationale que l’on ne
présente plus, a augmenté de 17% en un an ! Pour autant, le local des « Restaus » est le
même et ce sont les bénévoles qui doivent faire face à la demande croissante. Par ailleurs,
Roubaix est une ville jeune, et les centres sociaux, occupant une place prépondérante dans
les quartiers et pour la jeunesse, sont parfois surchargés en effectifs. Les activités se
multiplient donc, pour répondre à cette demande croissante, et la Ville doit parfois
déménager des structures dans de nouveaux équipements plus modernes et mieux adaptés.
Il apparait donc que certains locaux peuvent paraitre inadéquats pour les nouvelles
activités et nouvelles responsabilités des associations dans l’offre de services à la population
roubaisienne. Certaines structures associatives s’unissent ou fusionnent pour tenter de
mieux s’organiser et répondre à la demande. Mais pour autant, cela ne règle pas toujours les
problèmes de l’usage des locaux. On comprend là tout l’enjeu du local pour la participation
des habitants aux activités associatives.
Mais là encore, se pose un autre problème. Le local associatif est il accessible
physiquement à tous ? Les chances d’accès aux activités dispensées par les associations sont
elles les mêmes pour tous ?
En 2002, le CERTU1 définissait le concept de la ville accessible à tous et ressortait la
définition du mot « Accessibilité » selon le dictionnaire critique, les mots de la géographie
(éd. Reclus): « capacité à être atteint par une clientèle, lorsqu'on parle d'un service, d'un
message. »
L’accessibilité sociale a longtemps été une préoccupation des urbanistes. Il ne s’agit
pas seulement de désenclaver physiquement des quartiers, et donc des structures, de plus
en plus éloignés des centres, mais il s’agit aussi de compenser les inégalités évidentes entre
les individus sur le territoire. Aujourd’hui, on s’intéresse aussi à l’accessibilité physique et
l’enjeu est de rendre la ville à tous, pour que « l'usager – citoyen puisse participer aux diverses
activités dans la cité, il doit pouvoir se déplacer librement d'un point à un autre, accéder
physiquement aux espaces publics, aux bâtiments publics ou privés (de travail, d’éducation, de loisir,
de commerce, d’administration, etc.) et aux moyens de transport ».

1

CERTU : Centre d’Etudes sur les Réseaux, les Transports, l’Urbanisme et les constructions publiques

12
Aurélien Wéry, Master 2 AUDT-ENVAR, Ville et Projets 2008-2009

L’accessibilité et l’usage des locaux associatifs de la Ville de Roubaix

Ainsi, la notion d’accès à l’association et donc à ses pratiques et activités, passe par
une réflexion sur ses accès physiques.
En 2005, est apparue la loi dite « Handicap ». Cette loi a pour but de faciliter
l’intégration et la participation des personnes handicapées dans notre société. Parmi les
mesures mises en place par le dispositif de la loi, l’accessibilité du cadre bâti, des transports,
de la voirie sont des points clés de la participation citoyenne des personnes handicapées.
Mais l’avantage de cette loi, c’est qu’elle prend en compte tous les types de handicaps
(physique, sensoriel, mental, psychique et cognitif…) mais aussi les Personnes à Mobilité
Réduite (PMR) qui représentent 40 % de la population (femme enceinte, personne âgée,
personne avec un caddie, transportant des charges, etc…).
Les recommandations architecturales issues de la Loi Handicap concernent les
transports, la voirie, mais aussi les établissements qui reçoivent du public tels que les
mairies, les supermarchés, les cinémas, les services…et les locaux associatifs également.
De ce fait, les locaux associatifs doivent tous être rendus « accessibles » pour l’année
2015 selon la Loi Handicap et la Ville, propriétaire de ses locaux, est en charge de la mise en
conformité de son patrimoine et des travaux. Ainsi, des enjeux sociaux importants
s’inscrivent dans cette stratégie de mise en conformité des locaux. En les rendant accessibles
à tous, c’est la structure elle-même qui est aussi favorisée, mais également la participation
citoyenne des acteurs associatifs qui est améliorée : les enjeux dépassent vite le seul cadre
bâti et son environnement.
L’étude qui suit a pour but de mieux prendre en compte les activités des associations,
mais également d’évaluer le cadre de leurs évolutions à travers ce regard porté sur
l’accessibilité physique du lieu, à savoir le local associatif et son environnement.
Dans le contexte tendu actuel, et avec les opérations prochaines de rénovation
urbaine, tous les bâtiments ne pourront être rendus accessibles en même temps, et certains
sont prioritaires. Il s’agit également d’envisager la possibilité de mutualisation et
rationalisation de certaines structures dans des bâtiments pour un meilleur usage des locaux
communaux.
Ainsi, la problématique et le plan de ce mémoire sont les suivants :
Comment rendre accessibles les locaux associatifs roubaisiens et pour quelles activités?
Quel est l’état du patrimoine communal en matière d’hébergement d’associations, et
quels sont les enjeux urbains, humains, socio-économiques de la mise en accessibilité des
associations roubaisiennes ?
Le plan du mémoire cherche à être chronologique et méthodique, en prenant en
compte l’historique de Roubaix qui peut expliquer l’essor des associations, avant de dégager
les principaux enjeux de la pratique et de l’accès à l’association par son cadre physique avant

13
Aurélien Wéry, Master 2 AUDT-ENVAR, Ville et Projets 2008-2009

L’accessibilité et l’usage des locaux associatifs de la Ville de Roubaix

d’expliquer ensuite les outils mis en place pour l’évaluation de l’accessibilité et de l’usage
des locaux associatifs.
Ainsi, dans une première partie, nous reviendrons sur les caractéristiques du
territoire roubaisien avec une présentation de la ville, mais aussi des associations et de leur
rôle dans une ville telle que Roubaix. Dans une seconde partie, nous rappellerons quels sont
les enjeux de la mise en accessibilité de ces structures à travers les rappels de la loi Handicap
de 2005 et nous reviendrons sur certaines difficultés du territoire. Enfin, dans une troisième
et dernière partie, nous reviendrons sur la mission de stage elle-même et son déroulement
avec la démarche ainsi que les premiers résultats du diagnostic territorial.

14
Aurélien Wéry, Master 2 AUDT-ENVAR, Ville et Projets 2008-2009

L’accessibilité et l’usage des locaux associatifs de la Ville de Roubaix

I. Présentation de la ville de Roubaix et de son tissu associatif
a) Roubaix, une ville en crise dans le processus de métropolisation
1) Présentation générale de Roubaix
La ville de Roubaix, en plein cœur de la métropole lilloise, est en proie depuis
plusieurs années, à de multiples et profondes mutations.
La ville compte environ 98 000 habitants2, avec une forte densité (7404 hab./km²).
Elle est située au Nord-est de la métropole lilloise, à proximité de la frontière belge. La ville
est traversée par le Canal de Roubaix qui a longtemps servi aux transports des marchandises
durant la Révolution Industrielle et qui est aujourd’hui valorisé pour la plaisance.
La ville est caractérisée par un fort passé industriel. Ayant connu la prospérité durant
des siècles, faisant de cette cité, la capitale mondiale de l’industrie textile, Roubaix a depuis
connu de grandes mutations. La crise industrielle des années 1960 a vu le déclin des
activités, entrainant dans sa chute d’innombrables travailleurs et laissant derrière elle une
population et un territoire fragiles. Véhiculant toujours une image de ville en crise, Roubaix
poursuit depuis quelques années sa reconversion, et veut affirmer sa place dans la
métropole lilloise. Elle garde néanmoins certaines traces et stigmates de son déclin.

2

Chiffres INSEE 2006, www.insee.fr

15
Aurélien Wéry, Master 2 AUDT-ENVAR, Ville et Projets 2008-2009

L’accessibilité et l’usage des locaux associatifs de la Ville de Roubaix

La ville est bien reliée avec les axes de communications. Tout d’abord, le VAL (métro
lillois) est arrivé dans la ville en 1999 et a rapproché encore les deux villes. Le métro se
prolonge également vers le Nord et la ville de Tourcoing.
Par ailleurs, le tramway relie Roubaix à Lille depuis presque un siècle. Il longe le
Grand Boulevard, axe historique de l’urbanisation de la métropole lilloise, ainsi que le parc
Barbieux, plus grand parc urbain au nord de Paris.
Plusieurs voies structurent la ville et découpent les quartiers. Un autre Grand
Boulevard (avenue des Nations Unies) s’est également prolongé vers le Nord de la ville. Il
dessert le centre-ville, composé de plusieurs facultés, centre commerciaux (Mc Arthur
Glenn) ainsi que les édifices historiques sur la Grand Place (Hôtel de Ville, Eglise St Martin).
Le boulevard Jean Lebas relie la Grand Place à la Gare plus au Nord. La voie de chemin de fer
crée également une coupure avec le quartier Nord-Ouest du Fresnoy, où est aujourd’hui
implanté un Pôle Image.

16
Aurélien Wéry, Master 2 AUDT-ENVAR, Ville et Projets 2008-2009

L’accessibilité et l’usage des locaux associatifs de la Ville de Roubaix

Enfin, le Canal de Roubaix marque une certaine frontière avec Tourcoing au Nord,
laissant place à la future grande zone d’aménagement de l’Union. L’Est est peu rattaché avec
le cœur de ville en raison du Canal et du Cimetière. C’est autour de celui-ci que l’on trouve
les plus vastes friches industrielles.
Une population jeune

La pyramide des âges montre une ville très jeune où 42.3 % de la population a moins
de 25 ans (Insee 1999). Ce chiffre est nettement plus élevé que la moyenne métropolitaine
(30.9%). On note également une disparité spatiale entre chaque quartier avec les deux
cartes suivantes : les quartiers jeunes sont surtout situés au Nord et à l’Est (ainsi que dans la
cités HLM du quartier des Trois Ponts et, plus au Sud, le quartier HLM Hauts Champs), tandis
que le Sud et l’Ouest voient la part des plus de 75 ans augmenter (quartiers plus résidentiels,
meilleur cadre de vie). Les différents quartiers seront présentés par la suite dans ce
mémoire.

17
Aurélien Wéry, Master 2 AUDT-ENVAR, Ville et Projets 2008-2009

L’accessibilité et l’usage des locaux associatifs de la Ville de Roubaix

Historique de la ville et le passé industriel
L’appellation Roubaix (« Rosbaix » signifierait « ruisseau aux roseaux » en flamand
germanique) apparait pour la première fois sur une carte dès le IXème siècle.
Petit bourg au XIème siècle situé à l’écart des voies de communication, le lieu est
pourtant le siège d’une importante
seigneurie qui va peu à peu prendre de
l’importance grâce à l’élevage caprin et
voir apparaitre la naissance de
l’artisanat dans les campagnes autour de
la laine. La négociation de laine va
entraîner le développement de relations
avec Lille, les Flandres et l’Artois. C’est
sous le règne du seigneur Pierre de
Roubaix (1415-1498) que le bourg va se
développer, être fortifié et se doter
d’une administration communale. En
1469, Pierre de Roubaix donne aux
roubaisiens le droit de « faire des draps
de hautes laines » dans la Charte des
Drapiers.

La Charte des Drapiers (1469) sous Pierre de Roubaix, est un
élément historique pour le développement de Roubaix.
Illustration
issue
des
archives
nationales.
(http://archivesnationales.culture.gouv.fr)

En 1800, Roubaix est un gros bourg de 8 000 habitants. Depuis longtemps, on y
fabrique du « drap », c’est à dire du tissu. Se développe le métier de tisserand qui a souvent
une double activité : agriculture et textile. Ils travaillent pour le compte de « marchandsfabricants » du centre de Roubaix : les tisserands leur apportent les pièces tissées à domicile
et remportent la matière première à travailler. En patois, on les appelle les « broutteux »,
nom encore aujourd’hui utilisé pour décrire les habitants de Tourcoing, ville voisine et non
moins concurrente qui a connu un développement quasi-similaire, ce qui a également
permis la stimulation de l’activité et la créativité pour être plus concurrentiel.
La Révolution Industrielle et la mécanisation des activités vont développer la ville de
façon considérable. Plusieurs raisons peuvent expliquer le développement de l’industrie
textile à Roubaix : la « mul-jenny », machine à tisser importée d’Angleterre, la machine à
vapeur, la mécanisation de la filature de laine, le développement des colorants textiles sont
autant de raisons qui vont permettre l’essor de cette industrie alors que se développe
également sur la ville, à côté des usines et des ouvriers, une bourgeoisie entreprenante et
capitaliste, également stimulée par la concurrence tourquennoise.

18
Aurélien Wéry, Master 2 AUDT-ENVAR, Ville et Projets 2008-2009

L’accessibilité et l’usage des locaux associatifs de la Ville de Roubaix

Au XIXème siècle, la croissance de la population va être
considérable faisant de Roubaix un cas à part en France : on va
passer, en à peine un siècle, de 8000 à 125 000 habitants !
Cette hausse est cependant irrégulière et surtout concentrée
pendant la seconde partie du XIXème siècle, essentiellement
due à l’immigration interne mais aussi belge, pouvant
d’ailleurs poser certains conflits de cohabitation. A cette
époque, l’urbanisation de la ville est importante, et les
ouvriers habitent à côté des usines qui se multiplient. L’habitat
est dense, le tissu urbain resserré et les courées se
développent. A la fin du XIXème siècle, peuvent se côtoyer
dans un même îlot, des maisons patronales prestigieuses, des
usines et des logements ouvriers.

L’entrée d’une courée, forme d’habitat
ouvrier commun à Roubaix. AW – Juin 09

Les
quartiers
se
métamorphosent, le chemin de fer
arrive à Roubaix, le canal sert à
l’acheminement du charbon de l’Artois
mais le projet initial de canal jusqu’à
Lille est abandonné au profit du Grand
Boulevard et du parc Barbieux. Celui-ci
hébergera, à l’apogée de Roubaix, en
1911, l’Exposition Internationale du
textile. A la même époque, sera
construit un Hôtel de Ville flamboyant, Roubaix, la ville aux mille cheminées, symbole d’un passé
symbole de la puissance roubaisienne. industriel florissant. (http://www.interdits.net)
Roubaix est également mieux raccordée à Lille par le Grand Boulevard, et le tramway (le
Mongy) relie alors les deux villes.

Roubaix est à cette époque la capitale mondiale du textile. La ville ne vivait que par et
pour le textile. La « Manchester française » est également surnommée la ville aux mille
cheminées en raison de la concentration d’usines sur son territoire.

19
Aurélien Wéry, Master 2 AUDT-ENVAR, Ville et Projets 2008-2009

L’accessibilité et l’usage des locaux associatifs de la Ville de Roubaix

Alors que la croissance économique et urbaine de Roubaix se poursuit, la production
de textile augmente fortement en ce début de XXème siècle. La valeur totale de la
production passe de 150 Millions de Francs en 1855 à 1 Milliard en 1900 et 1,5 Milliards en
1911. Cela est du notamment à une rationalisation de la production avec une concentration
des grandes entreprises faisant disparaitre les petites usines mal outillées, et le progrès
technique qui améliore la productivité.

La Crise industrielle et le déclin de la ville
Roubaix va cependant connaitre plusieurs crises à l’origine de son déclin.
Tout d’abord, la Ville est entièrement occupée durant la 1ère guerre mondiale (19141918). L’occupation est difficile pour la ville qui est vidée de ses atouts : matières premières,
machines, spécialistes, le pillage est méthodiquement organisé. La laine, le coton et les
produits finis partent par convois ferroviaires et routiers ainsi que les objets et matières de
moindre valeur. L’appareillage est démonté et expédié en Allemagne.
Le ministre de la « Reconstruction » d’après guerre, le Roubaisien Louis Loucheur,
déclarera en décembre 1918 : « Toute la richesse de la région, une des plus prospère de
France, a été anéantie ». Et le maire, Jean-Baptiste Lebas, constate de son côté que «
Roubaix se retrouve nu, décharné »3. 550 usines sont sinistrées dont 340 usines textiles et
1000 tonnes de laine enlevées. Par ailleurs , les quatre années d’inactivité font perdre tous
les clients des industries textiles roubaisiennes.
La reconstruction va être assez rapide et va laisser apparaitre d’immenses bâtiments
industriels s’étendant sur plusieurs hectares. Le niveau de production d’avant guerre est
retrouvé en 1922 mais la 1ère place européenne de Roubaix est perdue. C’est seulement en
1929 que Roubaix et Tourcoing redeviennent le premier pôle textile de France. Cependant,
en 1932, le crack boursier arrive à Roubaix, ville par ailleurs très liée à l’économie anglaise :
les exportations vont chuter et les premières grandes faillites d’entreprises vont apparaitre.
En 1936, Roubaix compte 10 000 chômeurs et les grandes grèves vont également se
développer.

La 2nde guerre mondiale (1939-1945) arrive à Roubaix dans un contexte déjà difficile.
La ville, occupée rapidement dans la progression des allemands, se vide en juin 1940 passant
de 120 000 à 15 000 habitants. Les usines ferment toutes et la pénurie est totale. La ville est
encore pillée de tous ses biens et se voit, comme pour la région Nord Pas de Calais, placée
3

Citations extraites du site www.histoirederoubaix.com

20
Aurélien Wéry, Master 2 AUDT-ENVAR, Ville et Projets 2008-2009

L’accessibilité et l’usage des locaux associatifs de la Ville de Roubaix

dans la zone interdite et rattachée au gouvernement allemand de Bruxelles. Sous contrôle
allemand, les usines rouvrent mais le chômage augmente et 15 % de la main d’œuvre reste
inemployée.
Après la seconde guerre mondiale, entre 1945 et 1947, l’activité économique
roubaisienne se relance rapidement. L’industrie, toujours pilier économique de la ville,
bénéficie du dynamisme de la reconstruction. C’est aussi à cette époque que les premières
vagues d’immigration nord-africaine viennent à Roubaix et voient l’installation massive
d’ouvriers étrangers. Pour répondre à ces nouveaux besoins de logements, la ville continue
de grandir vers le sud (Trois Ponts, Hauts-Champs, Nouveau Roubaix) et des quartiers
d’habitat collectif se forment. Mais en 1951, la ville s’essouffle en raison de la récession
mondiale. Se pose alors la question de moderniser l’outil industriel textile roubaisien pour le
rendre compétitif, ou bien de s’appuyer sur les outils traditionnels qui ont longtemps fait des
bénéfices. Grâce au mouvement moderne, Roubaix va connaitre encore une embellie d’une
décennie. Les progrès techniques accomplis par les nouvelles machines automatiques et
électroniques et l’apparition de nouvelles fibres et de nouvelles tendances vont permettre à
Roubaix de connaitre une véritable révolution dans le textile et des gains importants de
production. La construction européenne et l’ouverture des frontières vont aussi un temps
profiter à Roubaix.

Mais en 1965 apparait une crise textile mondiale qui sonne le glas de l’industrie
roubaisienne. La concurrence extérieure et internationale, la mondialisation, mais aussi la
non reconversion de certains outils productifs pour certaines nouvelles fibres va entrainer
progressivement mais massivement la fermeture des usines roubaisiennes et les
mouvements de grèves. Les chiffres du chômage explosent malgré plusieurs plans nationaux
de soutien. Roubaix voit partir massivement les classes moyennes ou solvables, dans la ville
nouvelle de Villeneuve d’Ascq ; Les quartiers industriels où le parc d’habitat est dégradé ou
encore les quartiers HLM concentrent la plus grande part des difficultés.
Certaines entreprises historiques, comme Mulliez, préfèrent se diversifier plutôt que
de persévérer à tout prix uniquement dans le textile. Toutes les entreprises ne prendront
pas cette voie et disparaitront laissant derrière elles des milliers d’emplois mais aussi des
usines et de vastes bâtiments. En l'espace de trente ans, le textile va perdre les trois quarts
de ses effectifs et la reconversion se fait dans un premier temps autour de la vente par
correspondance (la Redoute, les 3 Suisses…), la grande distribution (Auchan), et la
conception textile…

Il n’aura fallu que quelques décennies à Roubaix et plusieurs crises pour voir
l’économie roubaisienne s’effondrer mais aussi laisser de vastes traces encore perceptibles
sur le territoire : une population en difficulté, des problèmes socio-économiques profonds et
21
Aurélien Wéry, Master 2 AUDT-ENVAR, Ville et Projets 2008-2009

L’accessibilité et l’usage des locaux associatifs de la Ville de Roubaix

structurels, et de nombreuses marques sur le tissu urbain : un habitat industriel ancien et
dégradé, de vastes espaces en friche et des commerces en situation précaire .

Aujourd’hui, Roubaix poursuit sa reconversion…
La reconversion va d’abord se faire autour du concept de la ville renouvelée
(régénération urbaine des zones importantes et marquées par la chute des activités
industrielles en favorisant la reconstruction de la ville sur la ville). Pour cela, Roubaix va
bénéficier du soutien des acteurs publics (Etat, collectivités, LMCU4).
C’est tout d’abord le Grand Projet Urbain qui va amorcer la réflexion et la
mobilisation des partenaires et la définition des projets ainsi que le Grand Projet de Ville de
Lille Métropole qui vont permettre à la ville son redéveloppement qui consiste à concentrer
massivement des investissements publics sur des territoires pour le rendre attractif à
l’investissement privé, tout en revalorisant le foncier et selon une approche liant « l’urbain à
l’humain ».
C’est autour du commerce que Roubaix va suivre sa reconversion avec la reconquête
nécessaire du centre-ville dans les années 90 et l’implantation de « turbines » commerciales
pour attirer les nouveaux commerces grâce, notamment, à l’instauration d’une Zone
Franche Urbaine (ZFU) sur le cœur de la Ville (345 Ha) qui aura comme conséquence de
recréer plus de 5 000 emplois et 1000 nouvelles entreprises depuis 1997. Il s’agit du Centre
Mc Arthur Glenn, du Cinéma, et de l’hypermarché Casino à l’Espace Grand Rue. Par ailleurs,
les nouveaux espaces publics sont requalifiés (Grand Place piétonne), l’arrivée du métro à la
fin des années 90 et l’implantation de gros équipements culturels tels que le Musée de la
Piscine ou la Condition Publique vont peu à peu redynamiser le centre puis les quartiers.
Dans les quartiers, de nouveaux équipements, services et espaces publics
apparaissent. Le secteur Nord, et la Zone de l’Union qui s’étale sur 73 Ha de friches entre
Roubaix, Tourcoing et Wattrelos, va être totalement requalifié pour créer un nouveau
quartier d’envergure internationale (espace de commerce, culture, habitat, loisirs,
aménagements majeurs, nouvelles constructions) autour du canal et conforter encore la
place de Roubaix dans la métropole lilloise.
Par ailleurs, la Ville poursuit toujours le développement de la filière culturelle qui a
soutenu le renouvellement urbain et l’économie grâce à la valorisation du patrimoine
industriel. Cela tend aujourd’hui à changer l’image de la ville.

4

LMCU : Lille Métropole Communauté Urbaine

22
Aurélien Wéry, Master 2 AUDT-ENVAR, Ville et Projets 2008-2009

L’accessibilité et l’usage des locaux associatifs de la Ville de Roubaix

La Piscine de Roubaix, aujourd’hui un musée, exemple
de requalification des anciens bâtiments en lieux
culturels. A.W – Juin 09

La Tour Mercure à Tourcoing et la Zone de l’Union où
les travaux vont commencer. A.W – Juillet 09

La stratégie de la Ville aujourd’hui s’articule autour de trois axes:
- Poursuivre l’intégration métropolitaine par les grands projets. (le projet de l’Union,
la gestion des friches, le développement d’espaces verts, l’excellence culturelle , les éco
quartiers)
- Consolider le projet urbain et rééquilibrer l’habitat. (redynamisation du commerce,
lutte contre l’habitat indigne, renouvellement urbain, mixité sociale)
- Renouveler en profondeur les projets autour de «l’humain». (équipements et
services publics, meilleurs accès aux soins, participation citoyenne et éducation, retour à
l’emploi)
Néanmoins la situation reste fragile et certains territoires n’ont pas connu de réels
bouleversements et sont toujours marqués.

Dans le centre ville tout d’abord, si le paysage urbain a très nettement évolué, ainsi
que le contexte économique, le territoire souffre de la concurrence entre les différentes
zones d’activités commerciales, notamment celles en périphérie de la ville ainsi qu’à
l’échelle de la métropole.
Dans les quartiers, si l’investissement et les actions des pouvoirs publics sont plus
importants, ils n’ont pas permis la stabilisation de nouvelles tendances qui garantissent le
retour à une économie de la ville «normalisée». Le marché de l’habitat est toujours
dévalorisé et la ségrégation résidentielle persiste. L’ambition de mixité reste toujours un
objectif plus qu’une réalité dans ces quartiers.
23
Aurélien Wéry, Master 2 AUDT-ENVAR, Ville et Projets 2008-2009

L’accessibilité et l’usage des locaux associatifs de la Ville de Roubaix

La pauvreté continue d’augmenter. En 2008, 22% de la population active est au
chômage (moins que les 35% de 1995, mais plus du double de la moyenne nationale).
Le ratio d’allocataires RMI dans la population est de 7,5%, le triple de la moyenne
nationale et on estime qu’un cinquième de la population dépend de ce revenu d’assistance.
2 ménages sur 3 ne sont pas imposables et certains quartiers concentrent des chiffres
encore plus lourds.
Les populations sont touchées par l’exclusion économique, le manque d’emplois
adaptés notamment pour les jeunes, et l’absence de formation, de mobilité et la
discrimination viennent se mêler aux problèmes d’échec scolaire et de situation sanitaire, ce
qui pourrait laisser penser à une reproduction générationnelle de ces problèmes sociaux.

Le CUCS de Roubaix
Le Contrat Urbain de Cohésion Sociale (CUCS) de la Ville de Roubaix est un document
pluriannuel et stratégique signé entre l’Etat, la CAF de Roubaix et la Ville. Il évoque le rôle de
la municipalité dans la lutte contre ces inégalités multiples : « la Ville place la question de
l’égalité au cœur de ses politiques. Elle reconnaît que les discriminations sont un élément
majeur de production des inégalités. Elles frappent des personnes en les stigmatisant et par
le biais de traitements inéquitables directs ou plus souvent structurels en raison de l’origine
raciale, du sexe, du handicap ou de l’âge. » et poursuit : « De ce point de vue, la variante
raciale est centrale dans une ville marquée par une forte immigration et touchée par le sousemploi des jeunes mais ne saurait être séparée d’autres logiques discriminatoires ».
Le CUCS prévoit également de travailler depuis 2007 sur des thématiques comme
l’accueil des personnes handicapées. Les objectifs énoncés sont :
« Rencontre avec des associations ayant la connaissance du public (Papillons blancs,
REMORA, ….), proposer aux autres institutions publiques présentes sur Roubaix, voir à
certaines associations, de bénéficier également de cette première étape de qualification,
préparer le cahier de charge d’une formation plus particulièrement orientée sur «savoir
aborder le handicap», étudier la création de permanences d’accueil des publics déficients
auditifs dans les MQ5. »

On note bien ici une volonté de la Ville de Roubaix de résoudre certains problèmes
sociaux en faisant participer les structures associatives à la politique de la Ville et du CUCS.
Le CUCS note néanmoins les difficultés du réseau associatif pour répondre à la
politique mise en place :
5

MQ = Mairie de Quartier

24
Aurélien Wéry, Master 2 AUDT-ENVAR, Ville et Projets 2008-2009

L’accessibilité et l’usage des locaux associatifs de la Ville de Roubaix

« Au même moment, le réseau associatif voit ses moyens financiers précarisés et ne
peut produire comme auparavant, du fait de la limitation et de la réorientation des crédits
européens les emplois d’utilité sociale qui permettent à des habitants éloignés de l’emploi
durable concurrentiel d’avoir une activité socialement utile, un revenu et une dignité.
Il est donc temps de recomposer l’action publique des services publics comme des
acteurs associatifs ».
Ces recompositions et actions publiques se font aussi et surtout à l’échelle locale,
c'est-à-dire les quartiers de Roubaix, véritables lieux de vie collective. Ainsi, c’est en agissant
sur les quartiers, à l’échelle de la population, que la ville entière peut évoluer de façon
positive.

25
Aurélien Wéry, Master 2 AUDT-ENVAR, Ville et Projets 2008-2009

L’accessibilité et l’usage des locaux associatifs de la Ville de Roubaix

2) Les différents quartiers de Roubaix
Longtemps marquée par la mono-activité textile qui en a fait une ville « industrielle »,
Roubaix est toutefois composée de différents quartiers très marqués et tous différents les
uns des autres. Il n’est cependant point chose aisée de représenter et délimiter les quartiers
à Roubaix. Quels sont-ils ? Combien sont-ils ?
Plusieurs découpages existent : Certains élus parlent de 17 quartiers (les 17
anciennes paroisses de Roubaix), l’INSEE annonce 31 quartiers roubaisiens selon le
découpage en îlots IRIS, et l’Observatoire Urbain, pour ses études, en dénombre 21 ou 25
selon les cartes dans le cadre de la politique contractuelle. Et comme on peut souvent le
constater dans les rues, les habitants sont de « l’Alma-Gare » ou de « l’Hommelet » avant
d’être « de Roubaix ». Ainsi, les quartiers ont une forte identité, mais les limites restent
floues puisque le regard et la perception des habitants peut différer des découpages
« officiels ».
Cette différenciation des perceptions quant aux limites de quartiers ne permet donc
pas de parler de « territoire spatial » tant les structures de participation des habitants mises
en place par la municipalité sont parfois en inadéquation avec la représentation et les
pratiques des habitants sur le territoire. Par exemple, la sociologue Catherine Neveu6
s’interroge sur « la pertinence du quartier comme échelle de citoyenneté, au poids du local et
à l'articulation entre social et politique ». Elle prend par exemple l’exemple du Comité de
Quartier Moulin qui serait « trop » situé sur Potennerie.
De plus, la municipalité a récemment bouleversé certaines structures dans le
fonctionnement des quartiers : il existe 4 cantons sur Roubaix, 5 mairies de quartiers, etc…La
multiplicité des cartes et découpages tend à la confusion…
Néanmoins, nous nous tiendrons au découpage présenté par C. Neveu et issu de la
Ville pour la suite de notre étude, même s’ils ne correspondent pas toujours aux découpages
suivants, notamment pour l’INSEE. Voici une rapide présentation des différents quartiers de
la ville.

6

NEVEU C., 1995, Habitant et citoyen, citoyenneté et territoire dans les quartiers de Roubaix, LAIOS-CNRS

26
Aurélien Wéry, Master 2 AUDT-ENVAR, Ville et Projets 2008-2009

L’accessibilité et l’usage des locaux associatifs de la Ville de Roubaix

C. Neveu retient cette carte comme découpage des quartiers pour son étude. C’est à partir de ce
découpage officiel que l’étude sur les locaux associatifs sera menée. Source : NEVEU C., 1995,
Habitant et citoyen, citoyenneté et territoire dans les quartiers de Roubaix, LAIOS-CNRS

Les quartiers Nord Alma et Cul de Four sont des quartiers semblables, qui
concentrent encore une activité industrielle importante et des entrepôts nombreux.
L’habitat est de type ouvrier et c’est sur ces quartiers que la zone de l’Union va s’établir dans
les prochaines années car plusieurs ilots sont totalement à l’abandon. Par ailleurs, le quartier
de l’ALMA a connu de grands ensembles d’habitations récentes et est redevenu un quartier
de ville agréable.

27
Aurélien Wéry, Master 2 AUDT-ENVAR, Ville et Projets 2008-2009

L’accessibilité et l’usage des locaux associatifs de la Ville de Roubaix

Le quartier Alma est un quartier industriel ayant connu de grandes mutations ces dernières années. Plusieurs
maisons ouvrières du nord des quartiers Alma et Cul de Four situées sur la zone de l’Union doivent être détruites
prochainement pour laisser place à un nouveau quartier. A.W – Mai 09

Au Nord-Ouest, le Fresnoy est un quartier composé d’habitat ouvrier et d’entrepôts
encore coupé de la ville par la voie ferrée. Le Pôle Image installé il y a quelques années a
pour but d’attirer des entreprises du domaine visuel et informatique.
A l’Ouest, l’Epeule et Trichon sont des quartiers toujours majoritairement ouvriers
avec une densité élevée. Par ailleurs, de nombreux équipements (Colysée, parc,…) viennent
agrémenter le paysage urbain, également commerçant autour de la rue de l’Epeule.
Plusieurs projets d’aménagements autour du logement sont en cours.
Le quartier E.C.H.O (Entrepont, Cartigny, Hutin, Oran) est un quartier où les difficultés
sont nombreuses. Coupé de la ville à l’Ouest et le Sud par le canal et le cimetière, il est
également structuré par la longue rue d’Alger (d’orientation Nord Sud) qui ne concentre
pratiquement que des immenses friches industrielles. En effet, ce quartier a connu les
immenses fermetures d’usines. Il fait face à l’Hommelet, quartier structuré autour du
boulevard de Strasbourg et offrant un paysage urbain différent par la présence de maisons
ouvrières d’une meilleure qualité et de maisons de villes plus classiques.
Le Pile a une identité forte, il s’agit d’un quartier défavorisé très fermé sur lui-même
et ses 7000 habitants avec une densité très importante de l’habitat ouvrier.
Le centre-ville concentre l’essentiel des bâtiments du pouvoir et des commerces. Il
s’agit du quartier le plus dynamique et attractif. A Anseele, se trouve, proche du centre, le
centre commercial Mc Arthur Glenn mais aussi la Cité HLM plus récente, tandis que plus au
Nord, le quartier Fosse aux chênes est un quartier où l’habitat s’est amélioré ces dernières
années et qui concentre quelques grandes écoles d’ingénieurs.

28
Aurélien Wéry, Master 2 AUDT-ENVAR, Ville et Projets 2008-2009

L’accessibilité et l’usage des locaux associatifs de la Ville de Roubaix

L’Hôtel de Ville et sa Grand Place reconquise : symboles du dynamisme roubaisien agrémenté par les
réussites commerciales comme Mc Arthur Glenn. A.W – Juillet 09

La rue de Lannoy qui va du centre vers le Sud concentre le dynamisme du quartier Ste
Elisabeth, où les nombreux commerces des immigrés font l’identité du quartier. Moulin et
Potennerie sont également des quartiers marqués par l’industrie avec des maisons ouvrières
de meilleur standing, notamment à Potennerie où la densité des habitations est plus faible.
Pour autant, ces quartiers du Sud sont également les plus récents dans l’histoire de
l’urbanisation roubaisienne.
Les quartiers du Sud-ouest (Vauban, Barbieux et Edouard Vaillant) sont les quartiers
les plus riches de la ville. Vauban comporte un îlot de maisons de la bourgeoisie industrielle
roubaisienne, également largement présentes dans le quartier Barbieux autour du Parc. Par
ailleurs, E. Vaillant est un quartier très résidentiel avec des pavillons individuels récents
ressemblant à la typologie de la ville voisine de Croix.
Le Nouveau Roubaix est un quartier de petits collectifs résidentiels, et l’on retrouve
également une diversité de l’habitat dans les quartiers Linné-Chemin neuf et Fraternité. Ces
quartiers, toujours dans le Sud, montrent alors une réelle différenciation entre les quartiers
ouvriers du Nord au niveau de la densité et de la qualité. Le quartier Fraternité est un
ensemble d’habitations de type « maisons de ville » avec toutefois de grandes emprises
industrielles et entrepôts.
Les quartiers Trois Ponts et Hauts-Champs sont des quartiers HLM avec des tours qui
font aujourd’hui l’objet d’opérations de rénovation urbaine. Ces quartiers sont prioritaires
dans la politique de la ville car ils concentrent des inégalités importantes.
Enfin, au Sud-est, le quartier Justice s’articule autour de l’immense Parc des Sports et
du Vélodrome (célèbre course cycliste Paris-Roubaix) et Sartel-Carihem concentre des
entrepôts mais aussi des espaces agricoles et peu urbanisés.

29
Aurélien Wéry, Master 2 AUDT-ENVAR, Ville et Projets 2008-2009

L’accessibilité et l’usage des locaux associatifs de la Ville de Roubaix

La densité de population
La densité d’habitants
à Roubaix est élevée (7413
hab./km², environ 6500 pour
Lille) et peut s’expliquer en
raison d’un tissu urbain
resserré, dense, résultant de
l’époque industrielle (habitat
en
courées,
maisons
ouvrières, corons…). On peut
remarquer que certains
quartiers résidentiels du
centre (Sainte Elisabeth) ou à
l’Ouest (Epeule) ont une
forte densité. Néanmoins, on
note des densités plus faibles
dans les quartiers extérieurs.
Cela
ne
traduit
pas
réellement une promiscuité
réduite ou une dispersion de
l’habitat ouvrier, mais aussi
la présence de nombreux
entrepôts, usines ou espaces en friche non habités. Ainsi, les quartiers du Nord (Alma, Cul de
Four, E.C.H.O) sont des quartiers industriels ou l’habitat ouvrier est largement prédominant
et où la densité de peuplement est forte sur de petits espaces (ex : sud de l’Alma).

Les quartiers en difficulté

30
Aurélien Wéry, Master 2 AUDT-ENVAR, Ville et Projets 2008-2009

L’accessibilité et l’usage des locaux associatifs de la Ville de Roubaix

Le taux de chômage est fort à Roubaix (entre 22 et 23 %) mais il est très inégalement
réparti, touchant davantage les quartiers ouvriers du Nord et de l’Est (parfois plus de 50 %)
là où la chute des entreprises et usines a été la plus dure pour les habitants (même si tous
les quartiers ont été touchés), et il s’agit également des quartiers les plus jeunes. Par
ailleurs, les quartiers plus riches et bourgeois du Sud sont moins touchés par le chômage
hormis les deux grands quartiers HLM que sont Trois Ponts et Hauts-Champs.
Malgré une lutte des pouvoirs politiques en place pour diminuer les inégalités à
Roubaix, des écarts de développement ou de redéveloppement ne sont pas encore
éradiqués au sein même de la ville.
Le centre ville n’est pas le seul quartier à avoir bénéficié d’un retournement de
tendance : le Boulevard de Fourmies et le Nouveau Roubaix (au sud), et la Fosse aux Chênes
sont autant d’exemples qui illustrent la capacité de territoires péricentraux à «rebondir».
Toutefois, des indicateurs assez nets démontrent que d’autres territoires continuent de se
paupériser.
Les actions du CUCS autour de « l’Humain » doivent encore faire leur preuve. En
effet, malgré les efforts accomplis, la pauvreté reste massive. Pauvreté économique mais
aussi culturelle (notamment langagière) et sociale. 44% des roubaisiens relèvent de la
catégorie INSEE des «bas revenus ».
Le CUCS pose également la question : « faut-il continuer à répondre tous azimuts à
l’urgence sociale au risque de ne pas peser structurellement sur la réalité et d’éparpiller les
énergies mises à mal, ou faut il opérer les reconversions nécessaires, fixer quelques priorités
qui feront levier pour l’ensemble, au risque de laisser d’autres situations mal traitées? ». La
volonté politique de la ville penche pour le second choix de la réorganisation stratégique.

Les grandes opérations de rénovation
urbaine (ANRU7) sont aujourd’hui engagées
sur les quartiers nord de l’Alma (quartier
ouvrier avec de nombreuses friches) et sur
les Hauts-Champs (Quartier d’habitat
collectif au sud).
De même, le quartier des Trois Ponts,
ancienne ZUP, doit bénéficier d’une
restructuration lourde et d’un projet
ambitieux pour en faire un quartier attractif, Le quartier Trois Ponts, cité HLM en rénovation urbaine.
A.W – Juin 09
bien inséré dans les quartiers Est de la ville. Il
s’agit de dé-densifier le logement social pour diversifier l’offre.
7

ANRU : Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine

31
Aurélien Wéry, Master 2 AUDT-ENVAR, Ville et Projets 2008-2009

L’accessibilité et l’usage des locaux associatifs de la Ville de Roubaix

D’autre part, d’autres quartiers d’habitat ancien (Epeule, Fresnoy, Pile, Moulin, Ste
Elisabeth, Boucle du Canal), déjà inscrits dans des vastes opérations programmées
d’amélioration de l’habitat (OPAH) font également l’objet d’un projet intégré, avec des
opérations d’habitat, d’équipements, et des opérations d’espaces publics.
Il apparait donc clairement que les quartiers Nord et Est de Roubaix sont les quartiers
prioritaires de l’action sociale et la politique de la ville, tout comme les quartiers d’habitat
anciens et d’habitat collectif Trois Ponts et Hauts-Champs à travers également des
améliorations du cadre de vie comme le logement et les espaces publics. La carte prioritaire
du CUCS montre clairement une action de la Ville à prioriser sur les quartiers énoncés.

La carte de priorité du CUCS montre une action sur les quartiers ouvriers du Nord mais aussi certaines zones du centreville ainsi que les quartiers d’habitats collectifs. Source CUCS de Roubaix 2007-2009

32
Aurélien Wéry, Master 2 AUDT-ENVAR, Ville et Projets 2008-2009

L’accessibilité et l’usage des locaux associatifs de la Ville de Roubaix

Comme sa voisine et non moins concurrente Tourcoing, Roubaix est petit à petit en
train de combler une partie de son retard. Mais la Crise industrielle de ces dernières
décennies, et la Crise financière actuelle sont profondes et durables. La chute des industries
a fortement marqué le tissu urbain et social. Avec un taux de chômage avoisinant les 23%, et
un parc de logements très ancien de typologie industrielle, Roubaix comporte toujours une
connotation négative. Néanmoins, Roubaix est une terre d’investisseurs et d’entrepreneurs.
La ville renait peu à peu. Les politiques sociales se multiplient au point que Roubaix est
devenue une « ville laboratoire », où s’expérimentent les différents politiques de la ville.
A cela s’ajoute une présence associative exceptionnelle, qui se traduit par une forte
présence d’actions publiques et citoyennes sur le territoire. Les associations, quelles que
soient leur statut ou leur objet sont un facteur de participation citoyenne, d’intégration
sociale, et, finalement, agissent là où les politiques communales connaissent des limites.
Elles sont situées entre le citoyen et l’élu… Mais plus que cela encore, Roubaix est un
territoire où le mot quartier a une réelle signification. Ainsi, chaque quartier roubaisien a sa
propre identité. Et chaque quartier a son propre tissu associatif, traduisant de façon plus ou
moins vraie, une réponse à un besoin du quartier.

33
Aurélien Wéry, Master 2 AUDT-ENVAR, Ville et Projets 2008-2009

L’accessibilité et l’usage des locaux associatifs de la Ville de Roubaix

B) La présence associative roubaisienne
1) Les associations roubaisiennes et leur fonctionnement
Qu’est-ce qu’une association de loi 1901 ?
La loi de 19018, loi républicaine, est un des piliers de la démocratie dans notre
société. Elle définit, dans l’article 1er, ce qu’est une association :
« L’association est la convention par laquelle deux ou plusieurs personnes mettent en
commun, d’une façon permanente, leurs connaissances ou leur activité dans un but autre
que de partager des bénéfices. Elle est régie, quant à sa validité, par les principes généraux
du droit applicables aux contrats et obligations. »
Il s’agit d’une des lois les plus utilisées puisque appropriée par les Français. La liberté
d’association et la vie associative reflètent aussi l’évolution de la société française.

Les associations en France
Les associations en France représentent 1 050 000 emplois à temps plein (5 % de
l’emploi en France) et environ 14 000 000 bénévoles9. Le secteur associatif français est
composé de 1 100 000 structures représentant un budget de l’ordre de 59 milliards d’euros
(ayant un rythme annuel de +2,5 %, beaucoup plus que le PIB national). Les évolutions les
plus remarquables sont celle du volume de travail bénévole (augmentation annuelle de 5%)
et la restructuration des financements publics indiquant une baisse des financements de
l’Etat parallèlement à une augmentation rapide des financements issus des conseils
généraux et collectivités.
Les associations sont présentes dans tous les domaines de la vie quotidienne :
culture, loisir, sport, action sociale, santé, défense des droits, solidarité, actions
humanitaires…et plusieurs tendances sont à noter :
- Le poids des associations dans l’économie nationale et dans l’évolution de la société
n’a cessé d’augmenter depuis une dizaine d’années.
- Les associations répondent aux tendances lourdes de la société : le droit des
femmes, l’accompagnement des jeunes en difficulté, la défense des minorités, l’aide à
domicile, …
- Les associations se sont développées là où l’on ressent fortement un besoin de
régulation, notamment dans le domaine social. Elles sont devenues un partenaire
8

er

LOI du 1 juillet 1901 relative au contrat d’association.
TCHERNONOG V., Novembre 2007, Les associations en France, Poids, profils et évolutions, CNRS, Centre
d’Economie de la Sorbonne
9

34
Aurélien Wéry, Master 2 AUDT-ENVAR, Ville et Projets 2008-2009

L’accessibilité et l’usage des locaux associatifs de la Ville de Roubaix

incontournable de l’action publique, soit en proposant des
des services d’accompagnement
d’accompagnem
de
l’action publique, soit en anticipant les besoins de la société ou en constatant ses manques
pour proposer des voies nouvelles d’intervention de l’action publique.
L’association agit différemment d’une entreprise et des pouvoirs politiques : Les
entreprises commerciales agissent par rapport au marché. Les pouvoirs publics par rapport à
la notion de service public. Pour les associations, c’est la notion d’utilité sociale qui repose
sur la capacité des associations à créer du lien social entre les usagers
usa
de l’activité
associative. L’appartenance
appartenance à une association rend l’individu acteur de la communauté dans
laquelle il vit, c'est-à-dire
dire citoyen.
Aujourd’hui, un français sur trois est membre d’une association.

On peut remarquer, qu’en France, les associations sportives (24,1
4,1 %), de culture (18,6
%) et de loisirs (17,8 %) sont les secteurs d’activités les plus représentés à l’échelle nationale.
nationale

35
Aurélien Wéry, Master 2 AUDT-ENVAR,
ENVAR, Ville et Projets 2008-2009
2008

L’accessibilité et l’usage des locaux associatifs de la Ville de Roubaix

Les associations à l’échelle locale
Plus que de simples institutions vers lesquelles l’individu se rend pour y découvrir des
activités ou pratiquer sa passion, les associations sont aussi de véritables acteurs de la vie en
société. Elles participent à l’application de la politique de la ville, et sont parfois démarchées
pour remplir des missions de service public dans la recherche de l’intérêt général. La
pratique associative permettrait aussi au « citoyen de participer davantage à la politique
sociale et économique(…) avec l'idée de renouveler la coopération entre les partenaires
associatifs et les institutions en charge du service public, car il y a beaucoup de valeurs
communes sur l'idéal de l'intérêt général sur un territoire » 10.

Les associations sont engagées avec le politique dans des rapports très variés
(contestation, « phagocytage », instrumentalisation, partenariat) : Dans les années 70,
l’essor de la politique de la ville est surtout né de la prise en compte par les institutions des
besoins et des attentes des habitants à travers les associations. Ces luttes urbaines ont
également servi à nourrir des études et des réflexions sur l’évolution des rapports entre
structures sociales, formes urbaines et formes d’expression et de mobilisation sociales et
politiques.
Les relations entre la Ville et les associations sont aujourd’hui devenues complexes.
Le mouvement associatif et le regroupement volontaire est un instrument de
socialisation (entraides, solidarité, développement des formes d’identité…). Ces identités
opposent plus ou moins certains groupes à d’autres, en même temps qu’elles relient les
membres entre eux. Ces oppositions sont d’autant plus exprimées à mesure que le déficit de
lien social est profond, et que la responsabilité de cette fracture parait incomber aux
institutions, en l’occurrence, la politique de la ville. Dès lors, de nos jours, le regroupement
volontaire sous forme associative n’apparait uniquement plus comme une démarche de
compensation ou d’élimination de cette fracture du lien social, mais déborde aujourd’hui en
mouvement de contestation du pouvoir, et débouche parfois même sur des propositions
alternatives de fonctionnement.
Mais l’association, c’est aussi le monde du travail et les structures génèrent des
emplois.
Dans l’arrondissement de Lille, en 2003, on comptait 2432 associations employeuses
pour 39318 salariés, et l’emploi associatif salarié représente prés de 11% de l’emploi salarié
privé. Ce chiffre a augmenté de 1,4 point entre 1994 et 200311.

10

J. Gadrey et B. Eme, Décembre 2008, conférence IUP-Info-Com à l’Université Populaire et Citoyenne de
Roubaix : Quel nouveau service public ?
11
ADU Lille Métropole, 2006, L’emploi salarié associatif dans l’arrondissement de Lille

36
Aurélien Wéry, Master 2 AUDT-ENVAR, Ville et Projets 2008-2009

L’accessibilité et l’usage des locaux associatifs de la Ville de Roubaix

L’emploi associatif dans l’arrondissement de Lille montre, au niveau local, une évolution des associations employeuses.
Source : ADU Lille Métropole, 2006, L’emploi salarié associatif dans l’arrondissement de Lille.

On remarque que l’Est Lillois et Roubaix connaissent une forte augmentation du
nombre d’emplois associatifs depuis une dizaine d’années. Roubaix est d’ailleurs la ville qui a
connu la plus forte hausse avec 2562 emplois supplémentaires entre 1994 et 2003, réparties
dans des activités associatives générales mais aussi dans les secteurs de l’éducation et
l’action sociale.

37
Aurélien Wéry, Master 2 AUDT-ENVAR, Ville et Projets 2008-2009

L’accessibilité et l’usage des locaux associatifs de la Ville de Roubaix

La crise associative
Dans un contexte général de crise économique, les associations sont également
touchées comme les entreprises. En effet, les associations de Roubaix emploient beaucoup
de personnel mais pour autant, n’ont pas de revenus importants, ne génèrent pas de
bénéfices leur permettant de développer de nouvelles activités, et sont souvent limitées
dans leurs moyens.
Certaines structures associatives doivent même être obligées de licencier leurs
salariés. Un article du journal Nord Eclair fait d’ailleurs état de la situation de deux
associations roubaisiennes ayant du se séparer de 28 salariés associatifs œuvrant dans le
domaine de l’aide à la personne. Ce type d’association a pourtant le vent en poupe, et a
pourtant de quoi faire sur le territoire roubaisien. Ces deux associations12 sont pourtant
prestataires de services pour les personnes âgées ou handicapées. Avec leur disparition
(liquidation par le Tribunal de Grande Instance), c’est le public accueilli qui va souffrir du
manque de soins. On comprend donc bien tout l’enjeu de la présence des associations dans
le tissu local et de l’impact de la crise sur des structures associatives.
La crise touche aussi un élément essentiel du fonctionnement associatif : le
bénévolat. En effet, depuis plusieurs années, on parle ouvertement de la crise du bénévolat
dans les associations. Les associations de tout type connaissent une stagnation de la
participation des bénévoles. Cette crise peut s’expliquer de différentes manières, mais
globalement, deux idées générales reviennent13 :
- La diminution du travail bénévole est produite par des mutations sociales,
économiques et symboliques qui dépassent le cadre du secteur associatif.
- La dévalorisation du bénévolat s’expliquerait également par l’essor de la
professionnalisation des structures associatives, pour répondre au mieux aux besoins réels
de la société.

De même, si de nouveaux bénévoles apparaissent : plus jeunes, militants, partenaires
des professionnels dans les dispositifs éducatifs, sociaux et culturels, on constate toujours
l’apparition et la persistance des phénomènes d’exclusion qui ont fait émerger une nouvelle
figure : celle du « bénévole pauvre »14. Isolé et souvent marginalisé, il vient chercher dans
l’association (dont il a pu lui-même être bénéficiaire), un groupe d’appartenance et «
quelqu’un à qui parler ».
12

L’article du journal Nord Eclair du 29 juin 2009 cite les deux associations roubaisiennes Lien Senior et Seniors
Assistance.
13
WALTER E. (Doctorante en STAPS) : la crise du bénévolat dans le sport associatif : perceptions et
représentations des bénévoles sportifs, UFR-STAPS de Strasbourg
14
MURAT B (Sénateur), 2006, rapport d’information fait au nom de la commission des Affaires culturelles sur
le bénévolat dans le secteur associatif

38
Aurélien Wéry, Master 2 AUDT-ENVAR, Ville et Projets 2008-2009

L’accessibilité et l’usage des locaux associatifs de la Ville de Roubaix

Parallèlement à ce constat qui touche
structurellement les associations, on peut aussi
constater qu’avec la Crise financière et les limites
budgétaires des collectivités, de plus en plus de
personnes en difficulté ont recours au soutien
provenant du monde associatif. En effet,
l’augmentation de la précarité éloigne parfois
l’individu du système d’aide traditionnel. Ce fait est
aggravé par le particularisme roubaisien qui en
faisait déjà avant la crise, une ville qui multipliait les
difficultés sociales. Un grand nombre d’associations
d’aide à la personne et de soutien sont donc
confrontées à un afflux des familles dans le besoin15.

Les Restaurants du Cœur et les autres nombreuses
associations d’aide aux personnes en difficulté
voient leur nombre de fréquentations augmenter
avec la crise actuelle. AW – Mai 09

Ces associations aux moyens limités (tant financiers qu’humains), pour qui les dons
sont constants sinon plus rares, doivent faire face à de gros problèmes de logistique puisque
les stocks de matériels distribués (vêtements, nourriture, soins…) s’amenuisent en même
temps que la population demandeuse de ce type de service d’urgence augmente. Ainsi, si
certains locaux associatifs ont jusqu’alors su gérer leur public, avec la crise se pose le
problème de l’accueil de flux massifs. Les associations doivent faire face au problème du
local, ainsi que de l’organisation logistique et l’adaptation à la demande par la création de
nouvelles activités.

Le tissu associatif roubaisien
Il est difficile d’évaluer le nombre d’associations présentes sur le territoire
roubaisien. Il en existe environ 1500, mais toutes ne sont pas présentes sur le territoire
roubaisien même. Le nombre varie donc énormément et finalement, il apparait difficile
d’apporter un chiffre précis.
On trouve environ 210 associations employeurs, essentiellement dans les secteurs du
sport, de l’action sociale et de la santé, de la culture. Mais le reste des associations qui
n’emploient pas doivent leur existence à l’énergie que peuvent y investir des bénévoles en
dehors de leur temps de travail ou à la retraite. On évalue environ à 80 le nombre
d’associations nouvellement créées chaque année sur Roubaix.
15

L’association « Amitié Partage » située dans le centre reçoit 600 familles par semaine en 2009 pour la
distribution de biens alimentaires et matériels. Cela représente une augmentation de 47 % par rapport à
l’année précédente !

39
Aurélien Wéry, Master 2 AUDT-ENVAR, Ville et Projets 2008-2009

L’accessibilité et l’usage des locaux associatifs de la Ville de Roubaix

Pour établir un portrait du paysage associatif roubaisien, la Maison des Associations
(organisme des ressources associatives) de Roubaix a effectué une étude portant sur 1020
associations répertoriées.

Le classement effectué ici correspond donc à celui de la Maison des Associations,
mais il peut légèrement différer aussi avec la manière de classer les associations selon les
thématiques de la Ville de Roubaix (ex : une association de Danse peut être classée
« association culturelle » dans le classement suivant, et rattaché au « service des sports »
dans le « fichier de gestion des associations », outil de la Ville). Voici donc ce classement :

* Culture, tourisme :

251 associations soit 24.6 %

Cela regroupe les activités de danse, musique, arts plastiques, sauvegarde du
patrimoine…Il existe des structures institutionnelles (Roubaix voulant être une capitale en la
matière de Danse) et d’autres initiatives plus modestes. La Condition Publique, les amis du
Musée, le Colisée, le Conservatoire sont aussi des structures institutionnelles majeures.
Parallèlement, des associations proches des habitants perdurent : Le Camion et Chez Rita en
Arts plastiques, Tous Azimuts en théâtre, Métisses et sages (danse orientale) et Choreus
(salsa) pour la danse, l’ARA en musique, la Plus Petite Galerie du Monde en art
contemporain, Œil en photo, Art Action pour la protection du patrimoine…
Les activités déployées sont généralement l’accueil de groupes pour exposer les
créations présentées ainsi que différents ateliers de pratique.

* Santé, action sociale et familiale : 192 associations soit 18.8 %
Il s’agit des centres sociaux, et associations d’aide contre la maladie, aide aux
familles, aide à domicile et lutte contre la pauvreté… Ces structures ont comme objectif de
mettre en commun des moyens afin de devenir un lieu d'espérance et de culture populaire
au sein du monde ouvrier, du milieu populaire et des exclus. Cela passe par la promotion
d’actions d'entraide, de dépannage, d'intervention et de pression, de solidarité et de
défense des droits...
Les actions sont diverses : prêts d’outils, laverie, vestiaire, récupération de meubles,
ateliers photo, bricolage, décoration… : exemple également des épiceries solidaires.
Il existe aussi des structures d’aide à domicile sur Roubaix et ses environs ( soins,
ménage, toilette, accompagnement à des sorties, écoute…). Concernant la santé, ces
40
Aurélien Wéry, Master 2 AUDT-ENVAR, Ville et Projets 2008-2009

L’accessibilité et l’usage des locaux associatifs de la Ville de Roubaix

associations font souvent le lien entre les familles et le milieu hospitalier qui les connaît
bien. Elles sont souvent des lieux d’information et d’écoute (les associations de lutte contre
l’alcoolisme, écoute des jeunes,...). On trouve aussi des grosses structures comme les
Papillons Blancs, la Croix Rouge… beaucoup de ces dernières sont des antennes de
structures nationales.

* Sport :

132 associations soit 12.9 %

Différentes activités sportives se retrouvent : sports collectifs, de combat, sports
aquatiques, équestres…mais plus d’une cinquantaine d’activités sont praticables dans la
ville. La vitrine sportive de la ville de Roubaix reste son Vélo-Club qui, outre son histoire, est
aussi l’organisateur de la célèbre course Paris-Roubaix. Contrairement aux associations
citées précédemment (associations d’aides), la pratique du sport demande généralement un
budget personnel et des ressources (capacités physiques, temps, frais d’inscriptions…)

* Développement local : 127 associations soit 12.4 %
Ce sont les fédérations, groupements de commerçants, d’entreprises, amicales,
insertion, aide à l’emploi, aux entreprises…Il s’agit en fait de structures qui mutualisent leurs
moyens et savoir-faire, et développent des projets communs, le soutien à l’initiative, la
remise à l’emploi (exemples de la Maison de l’Initiative et de l’Emploi, La Maison des
Associations, Rhizomes,… )

* Opinion, expression, solidarité : 115 associations soit 11.3 %
Ce sont les associations communautaires, civisme, droits de l’homme, solidarités
internationales…
Elles ne sont pas directement en lien avec les problématiques des réseaux de soin
mais peuvent apporter leur complément de solution dans la prise en compte globale des
problèmes de certaines personnes. (exemples : Maison de la Justice et du Droit , Ligue des
Droits de l’Homme…)
Les associations communautaires proposent régulièrement des événements festifs
qui renforcent les liens culturels entre les personnes dans une logique d’entraide, les
associations de solidarités internationales sont plutôt axées sur les problématiques de santé
dans les pays concernés.

41
Aurélien Wéry, Master 2 AUDT-ENVAR, Ville et Projets 2008-2009

L’accessibilité et l’usage des locaux associatifs de la Ville de Roubaix

* Loisirs : 85 associations soit 8.3%
Elles se différencient des sports car sont portées sur d’autres activités : Comités des
fêtes, activités jeunesse, jeux de société, clubs spécialisés…Et ne demandent pas un
engagement particulier comme pour le sport. Certains centres sociaux proposent ces
activités et travaux manuels, pour tous les âges. Elles sont très diverses (collectionneurs,
cartes, jeux de société…).

* Cadre de vie : 65 associations soit 6.4 %
Elles touchent les domaines de l’environnement, la nature, l’habitat et peuvent aussi
être les foyers, les comités de quartier, les associations de défense des consommateurs…
Elles ont pour but d’ être des relais utiles pour aider les personnes isolées à recréer
du lien social dans leur quartier. Les comités de quartier par exemple créent des occasions
de rencontre avec les habitants du quartier à travers différentes manifestations et
animations pour améliorer le cadre de vie.
D’autres associations ont aussi des démarches collectives envers la participation des
habitants : Jardin de Traverse, Angle 349, Syndicat des pécheurs, Roubaix Jardin (gestion des
jardins familiaux et semi-collectifs), Le collectif canal…

* Education, formation : 53 associations soit 5.2 %
Elles touchent un public d’étudiants, de parents d’élèves, pour dispenser des cours
divers…Dans l’esprit du droit à l’éducation tout au long de la vie, certaines associations
proposent la formation et l’apprentissage (ex : passer le brevet de secouriste, cours du soir,
apprendre une langue étrangère, soutien scolaire et même éducation à l’hôpital, ateliers,
bureautique…).

42
Aurélien Wéry, Master 2 AUDT-ENVAR, Ville et Projets 2008-2009

L’accessibilité et l’usage des locaux associatifs de la Ville de Roubaix

Si l’on compare avec les activités au niveau national, on se rend compte que, même si
les associations du secteur culturel est le secteur dominant (24.6 %) et peut s’expliquer par
la volonté métropolitaine de reconversion dans la culture (ex : Lille 2004),
2004) le secteur
associatif du domaine de l’action sociale et la santé (18,8
(18,8 %) dépasse celui du sport (12,9 %
er
alors qu’il représente le 1 secteur en France avec 24 %).
% Par ailleurs, on constate que les
associations de loisirs (8.3 % à Roubaix) sont moins bien représentées qu’au
qu’ niveau national
(17.8 % en France) au dépend des associations de développement local,
local d’expression et
solidarités et du cadre de vie.
On peut globalement donc dire que les associations apportant directement une aide
à la personne (action sociale, santé, amélioration du cadre de vie) sont plus représentées
représe
sur
Roubaix qu’au niveau national, tandis qu’en France, ce sont plutôt les associations pour le
divertissement personnel (sport, culture, loisirs) qui sont les premières causes du
regroupement sous forme associative.
Certaines structures roubaisiennes
roubaisienne participent, sur ce territoire considéré comme en
crise, à une véritable fonction de médiateur social, entre les politiques des élus et les
habitants. Leur rôle dans la société est important, bien perçu par la population, et le
dynamisme associatif est réel,
éel, tant par le nombre de nouvelles associations créées chaque
année, tant par les actions et activités déployées sur le territoire, tant par la participation du
public. L’exemple historique le plus flagrant restera la création du quartier de l’Alma-Gare,
l’Alma
où de nouvelles formes de participation citoyenne et concertation avec les habitants et les
associations auront changé la méthode de faire pour penser et créer nos villes.
43
Aurélien Wéry, Master 2 AUDT-ENVAR,
ENVAR, Ville et Projets 2008-2009
2008

L’accessibilité et l’usage des locaux associatifs de la Ville de Roubaix

La Maison des Associations de Roubaix
La « MDA » de Roubaix est le principal centre de ressources de la vie associative à
Roubaix : Plus de 180 associations adhérentes œuvrant dans tous les secteurs d’activités
sont réunies dans cette structure située dans le centre de la ville.
Labellisée « Pôle Ressource Associatif » par le Ministère de la Jeunesse et des Sports
en 2007, la Maison des Associations agit pour le développement de la vie associative
roubaisienne, sa qualification, son expression et l’action collective.
Ses actions sont guidées par les valeurs inscrites dans sa charte : Le droit à l’initiative
associative, la défense et la promotion de la citoyenneté, le respect de l’esprit associatif,
l’esprit de coopération et de tolérance.
Elle a pour but de :
- Soutenir les associations en les accueillant dans des locaux (1 500 m²), les qualifier,
les informer et favoriser les échanges en promouvant leurs activités (forum, lettre
d’information), et en facilitant leurs relations avec les pouvoirs publics. Elle anime et gère
également les FPH (Fonds de Participation des Habitants) pour soutenir les initiatives dans
les quartiers.
- Informer les roubaisiens sur toutes les possibilités d’activités associatives à Roubaix.
- Elle accueille aussi des expositions et initiatives en devenant partenaire de certains
événements.

La Maison des Associations de Roubaix est un
bâtiment situé sur la Place de la Liberté. Elle
accueille de nombreuses structures associatives
et travaille également en réseau avec les autres
MDA de la métropole. AW – Mai 2009

44
Aurélien Wéry, Master 2 AUDT-ENVAR, Ville et Projets 2008-2009

L’accessibilité et l’usage des locaux associatifs de la Ville de Roubaix

Les subventions et aides aux associations
Toute association a le droit de demander une subvention venant des collectivités
mais en aucun cas la collectivité n’est obligée de satisfaire à la demande. Toute demande
doit faire l’objet d’un dossier et le circuit des demandes de subventions est structuré. La
demande doit aussi justifier d’un intérêt communal.
Concernant les aides de la commune, elles peuvent être de différents types : il peut
s’agir de versements directs de fonds comme il peut s’agir de matériel mis à la disposition de
l’association, ou de la location d’un local dont le loyer est souvent compensé ou pris en
charge par une subvention de la Ville. La Ville met aussi des moyens humains à disposition
des associations ou pour certains événements.
Les subventions peuvent être de fonctionnement (financer l’activité globale),
exceptionnelle (pour un projet particulier) ou dans le cadre d’une politique contractuelle
(ex : Contrat Urbain de Cohésion Sociale, Fonds Social Européen,…)
Aujourd’hui, plus de 400 associations sont financées par la Ville et une centaine
d’entre elles émargent au dispositif contractuel (CUCS, FSE…). Cela correspond à environ 23
Millions d’Euros.
Toute subvention supérieure à 23 000 euros doit faire l’objet d’une convention. En
contrepartie d’une subvention, l’association doit émettre des bilans et peut faire l’objet de
contrôles.
Les subventions sont définies selon différents critères (nombre d’adhérents, de
participants à une manifestation, importance de celle-ci, intérêt de la participation des
habitants, politique de la ville, etc…).

Les organismes de décision
Les services thématiques (ex : service des sports, de la jeunesse, de la culture…) :
chaque service rédige et assure le suivi des conventions, porte et instruit les manifestations,
et instruit les dossiers de subventions.
Le pôle Vie Associative : Il est rattaché à la Direction Générale des Finances de la Ville
de Roubaix et a le rôle d’interface entre les associations et les services municipaux. Le pôle
Vie Associative est le service où se font les dossiers de demande de subventions. Il
accompagne aussi les services thématiques dans leurs rôles et met en place différents outils
de suivi des associations. Il assiste enfin les organes politiques dans leur prise de décision.
C’est dans cette structure que l’essentielle de la mission de stage se déroulera.
Le Comité de Subventions et Prestations (CSP) : Composé de 5 membres permanents
de la majorité municipale, il analyse les dossiers et se prononce sur le versement ou non des
45
Aurélien Wéry, Master 2 AUDT-ENVAR, Ville et Projets 2008-2009

L’accessibilité et l’usage des locaux associatifs de la Ville de Roubaix

subventions. Il traite également d’autres fonds relatifs aux relations entre associations et
collectivités. Le Comité de Pilotage des Politiques Contractuelles (CPPC) traite les
subventions CUCS et FSE. Enfin le Circuit Décisionnel des Manifestations (CDM) est l’outil de
gestion des aides matérielles.
Enfin, c’est le Conseil Municipal qui a la décision finale de versement de la subvention
à l’association.

Comment la Ville attribue-t-elle un local communal à une association ?
L’attribution des locaux fait aussi parti du dispositif d’aide et de soutien aux
associations par la Ville. Là encore, il faut distinguer deux types d’aides : l’attribution de
locaux communaux donc appartenant à la Ville de Roubaix et dont les loyers sont
généralement compensés, ou bien, d’autre part, la compensation en partie seulement de
certains frais, dont les loyers, lorsque les organismes sont hébergés par d’autres
propriétaires comme Lille Métropole Habitat (LMH).
Les demandes de locaux associatifs par les structures sont nombreuses. Toutes
n’aboutissent pas en raison du grand nombre de demandes face au parc immobilier limité de
la commune.
Il en revient aux élus de choisir comment attribuer un local à telle ou telle
association. L’association exprime en remplissant une courte fiche quels sont ses besoins en
terme d’espace et quel genre d’activités elle compte développer.
Le choix de placer une association dans tel ou tel local communal demande la
réunion de différentes commissions communales. Pour ce type de demande de locaux, c’est
le Comité de Gestion du Patrimoine (CGP) qui étudie les demandes provenant des
associations et accorde l’autorisation d’occuper les locaux, puis l’avis est validé ou non par le
Conseil Municipal. Avant l’avis du CGP, les services thématiques et le Pôle Association ont
suivi le dossier.
Une convention d’occupation précaire est généralement signée entre la Ville et
l’association : il y est notifié, entre autres, les responsabilités qui incombent aux deux parties
(ex : sécurité, entretien), ainsi que les salles et niveaux qui sont ouvertes au public. La
contenance maximum des pièces est parfois notifiée.
Selon T. Macquet, Conseiller Municipal à la vie Associative, les associations
demandent souvent des locaux car elles ont besoin d’accueillir du public. Cela tend donc à
classifier les locaux associatifs attribués par la Ville comme étant des Etablissements
Recevant du Public ou ERP. Cette classification sera d’importance pour la suite de l’étude.

46
Aurélien Wéry, Master 2 AUDT-ENVAR, Ville et Projets 2008-2009

L’accessibilité et l’usage des locaux associatifs de la Ville de Roubaix

Une tendance à la simplification des procédures
Des outils existent déjà concernant le suivi de l’attribution des subventions et des
locaux (ex : Fichier de gestion des associations, annuaire des structures,…), mais aujourd’hui,
le pôle Vie Associative et les services concernés cherchent à développer et à simplifier les
relations entre la Ville et ses associations par la mise en place d’un guichet unique et la
simplification du dossier de demande de subventions. Par ailleurs, une charte d’engagement
entre la Ville de Roubaix et les associations est à l’étude, pour poser clairement les règles du
partenariat et affirmer l’indépendance des associations tout en garantissant une qualité
d’apport de la Ville.

Le circuit décisionnel pour l’attribution des subventions et locaux
associatifs. Extrait du Powerpoint, L.Schollart pour la Ville de Roubaix –
Juin 2009

47
Aurélien Wéry, Master 2 AUDT-ENVAR, Ville et Projets 2008-2009

L’accessibilité et l’usage des locaux associatifs de la Ville de Roubaix

2) Le rôle associatif sur les quartiers : associations classiques et comités de quartier
Outre la diversité d’objets et secteurs d’activités, les associations se différencient
quant à leur structure et mode de fonctionnement.
Les comités de quartier
Les comités de quartier de Roubaix ont été créés suite à des luttes urbaines pour
l’habitat décent à Roubaix. Ce sont d’abord les luttes des mouvements catholiques sociaux
contre l’habitat insalubre des courées au début du XXème siècle, qui en sont à l’origine.
L’engagement de militants en faveur de cette question devenue au centre des
préoccupations sociales s’est ensuite accélérée en 1943 avec la création du premier Comité
Interprofessionnel du Logement (CIL de l’époque) à l’origine du 1% patronal. Cette nouvelle
forme de syndicalisme du cadre de vie qui plaçait l’habitant et non plus seulement l’ouvrier
au centre de la lutte pour les conditions de vie fut développée par les premières Associations
Populaires Familiales (APF) où les femmes jouèrent notamment un rôle important (en tant
que « mères au foyer »).
En 196916, eut lieu le colloque sur les courées et fut créé plus tard l’Atelier Populaire
d’Urbanisme (APU) à l’Alma-Gare qui représentera un exemple de mouvement local de
luttes urbaines. Une nouvelle forme de concertation des habitants y verra le jour ayant pour
objet le « quartier » et allant plus loin que l’unique revendication d’un habitat décent, mais
plutôt luttant jusqu’à l’Etat pour réclamer de meilleures conditions de vie quotidienne. En
1974, l’Atelier Populaire d’Urbanisme de l’Alma prendra de l’ampleur et aura un
retentissement au carrefour « Vie de quartier et Développement de la Vie Associative » tenu
en juin 1979. C’est à cette date que sont réellement apparues les premières formes de
comités de quartiers à Roubaix.
Bon nombre de militants socialistes s’engageront alors dans les Comités de Quartier à
cette époque. Et même si en 1983, une équipe centriste s’installe aux commandes de la Ville
(André Diligent), les comités de quartier ont perduré et sont aujourd’hui, avec les centres
sociaux, et les associations classiques, l’un des trois piliers des Conseils de quartier, nouvel
outil de la concertation et participation habitante. Même si beaucoup s’interrogent sur leur
devenir, ils restent une structure importante de participation au niveau du quartier et se
différencient également les uns des autres (ex : au Pile, on s’interroge surtout sur le cadre de
vie, à Moulins, c’est plutôt l’éducation qui est au centre des débats du comité de quartier)…

16

Ce colloque aura pour conséquence la reconnaissance de l’habitat insalubre en courée comme forme de
bidonville. La loi Vivien du 10 Juillet 1970 l’année suivante portera sur la résorption des bidonvilles dits « en
dur ».

48
Aurélien Wéry, Master 2 AUDT-ENVAR, Ville et Projets 2008-2009

L’accessibilité et l’usage des locaux associatifs de la Ville de Roubaix

Les centres sociaux et les CCAS
Les centres sociaux sont des associations agréées pour la mise en œuvre de la
politique de la Ville et sont présents dans les quartiers, et les CCAS (Centre Communal
d’Action Sociale) ne sont pas des associations, mais des établissements publics. Ils
remplissent une mission souvent similaire dans la mesure où ils proposent des activités pour
les populations, et on peut souvent penser aux populations jeunes, en difficulté.
Le Centre Communal d’Action Sociale (CCAS) coordonne et organise avec ses
partenaires, institutionnels et associatifs, l’action sociale de la commune.
Il s’agit d’une entité juridique distincte de la ville, administrée par un conseil
d’administration, qui a pour rôle la mise en œuvre la politique sociale municipale. Il instruit
les dossiers de demandes d’aide sociale en faveur des personnes âgées et aux personnes
handicapées (placements, allocations…), ainsi que les demandes de Revenu Minimum
d’Insertion (RMI). Les CCAS sont présents dans différents quartiers et sont également
chargés de l’animation, la prévention et le développement social du quartier.

Les associations « classiques »
Beaucoup d’associations plus classiques et donc moins institutionnalisées (plus
indépendantes vis-à-vis de la Ville) sont apparues dans les années 80, justement pour
répondre à la présence des comités de quartiers. En effet, c’est dans cette période, qu’un
nombre croissant de jeunes issus de l’immigration ne retrouvant pas dans les comités de
quartiers ou les centres sociaux des réponses à leurs attentes, ont décidé de créer leurs
propres associations.
Là encore, il est difficile de cerner les fonctionnements et caractéristiques de ces
structures toutes diverses les unes des autres, en terme d’activités, d’actions, et d’impact
sur le quartier et sa population. Néanmoins, certaines de ces structures se sont révélées très
attractives et répondant mieux aux attentes des habitants que ne l’auraient fait les comités
de quartier.

Il existerait donc deux strates de structures associatives17 : celles rattachées à la Ville
(comités de quartier), et les associations indépendantes. Ces deux strates diffèrent dans le
public accueilli (généralement plus jeune dans les associations indépendantes et militantes),
dans les responsables (jeunes issus du mouvement citoyen et associatif, ou personne
militante issu du syndicalisme et des luttes des travailleurs et citoyens pour les comités de
17

NEVEU C., 1995, Habitant et citoyen : Citoyenneté et territoire dans les quartiers de Roubaix, LAIOS, CNRS

49
Aurélien Wéry, Master 2 AUDT-ENVAR, Ville et Projets 2008-2009

L’accessibilité et l’usage des locaux associatifs de la Ville de Roubaix

quartier). Pour autant, les liens entre ces strates existent, l’un s’inspirant dans l’autre et
l’action citoyenne passe aussi par la mise en réseau de ces acteurs associatifs.

Les autres structures institutionnalisées
Plusieurs structures dépendent en réalité d’un autre organisme qui agit localement
par la diffusion de petites antennes sur les territoires.
Là encore, il faut distinguer, dans les associations classiques, une part de structures
qui sont des antennes locales d’associations nationales (ex : les restaurants du cœur du
quartier Cul de Four). Ces associations sont mieux structurées et sont parfois
institutionnalisées à un niveau national. De même, plusieurs structures de la Ville sont sous
forme associative (ex : L’office du tourisme).
Outre cette disparité du tissu associatif roubaisien, la différence se fait aussi et
surtout en termes de locaux. En effet, les structures des comités de quartiers, qui sont,
rappelons-le, des associations proches de la Ville et des partenaires privilégiés pour la
participation citoyenne, sont logées dans des locaux souvent vastes, relativement bien situés
et desservis, et implantés depuis de nombreuses années. De même, les CCAS et les centres
sociaux sont également dans des locaux qui ont été rénovés récemment. Il n’en est en
revanche pas toujours le cas pour les associations classiques, où l’ancrage historique peut
être plus récent, avec une rotation des locaux plus élevée (bien que restant faible), et qui ne
sont d’ailleurs pas toujours destinés à recevoir du public.
De même, les CCAS et les centres sociaux, sont, tous identifiables par une
signalétique propre à la ville. Preuve certaine du rattachement à la commune, ainsi que d’un
ancrage fort, et finalement durable.
On retrouve donc une certaine volonté d’ouverture et de mise en valeur des
associations et structures propres à la ville. Les autres associations classiques et « privées »
sont plus discrètes « physiquement » dans le paysage urbain.

Le centre social et CCAS du quartier Trois Ponts est bien signalé et ouvert (photo de gauche)
tandis que l’association de Futsal du même quartier située à une centaine de mètres n’est pas
mise en valeur (photo de droite) : l’encadrement par la Ville est ici flagrant. AW – Juin 09

50
Aurélien Wéry, Master 2 AUDT-ENVAR, Ville et Projets 2008-2009


Aperçu du document Mémoire Aurélien WERY.pdf - page 1/204

 
Mémoire Aurélien WERY.pdf - page 2/204
Mémoire Aurélien WERY.pdf - page 3/204
Mémoire Aurélien WERY.pdf - page 4/204
Mémoire Aurélien WERY.pdf - page 5/204
Mémoire Aurélien WERY.pdf - page 6/204
 





Télécharger le fichier (PDF)




Sur le même sujet..





Ce fichier a été mis en ligne par un utilisateur du site. Identifiant unique du document: 00091481.
⚠️  Signaler un contenu illicite
Pour plus d'informations sur notre politique de lutte contre la diffusion illicite de contenus protégés par droit d'auteur, consultez notre page dédiée.