OPUS DEI .pdf
À propos / Télécharger Visionner le document
Nom original: OPUS DEI.pdf
Titre: 1 – L’OPUS DEI, L’ARMEE DE DIEU
Ce document au format PDF 1.4 a été généré par Writer / OpenOffice.org 3.3, et a été envoyé sur fichier-pdf.fr le 13/02/2012 à 18:03, depuis l'adresse IP 93.7.x.x.
La présente page de téléchargement du fichier a été vue 3634 fois.
Taille du document: 601 Ko (27 pages).
Confidentialité: fichier public
Aperçu du document
1
L’OPUS DEI,
DIEU et CESAR
Michel DI – NOCERA
Publié à compte d’auteur (2007)
2
SOMMAIRE
1 – L’Opus dei, l’armée Dieu : repères généraux sur l’œuvre, son
fondateur, et les critiques d’extrémisme politique, d’affairisme et de
sectarisme.
2 – Construction d’un empire : de l’Espagne franquiste à la conquête du
Vatican vers un développement universel, sa présence en France.
3 – L’Opus dei et la construction européenne : du recyclage des fascistes
au contrôle des démocraties, rôle de l’œuvre dans la construction
européenne et par rapport à la doctrine sociale de l’Eglise.
1 – L’OPUS DEI, L’ARMEE DE DIEU
Josémaria Escriva de Balaguer
Pedro Rodriguez, prêtre de l’Opus dei, définit dans l’ouvrage « l’Opus dei dans
l’Eglise » le message transmis par Josémaria Escriva de Balaguer de la façon suivante :
« Dieu appelle cette foule de chrétiens :
- d’une façon baptismale, c'est-à-dire qu’il les appelle à se configurer au Christ dans
l’Eglise, à la sainteté ;
- personnellement, c'est-à-dire non pas en masse mais un par un, chacun par son nom,
vocavi te nomine tuo ;
- au milieu de la vie ordinaire et, précisément à se sanctifier dans et à partir des
réalités ordinaires de la vie qu’ils mènent, au nombre desquelles le travail humain, la
réalité polyvalente des activités professionnelles et sociales se détachent et revêtent
un caractère configuratif. »
Ce paragraphe résume le but poursuivi par l’Opus dei : diffuser le message évangélique
en encourageant chaque individu, personnellement, à chercher à devenir « saint « »dans
le cadre de ses activités quotidiennes, qu’elles soient professionnelles, sociales ou
familiales.
Nota :Que devient la séparation des sphères privée et publique ?
Plus directement, Escriva de Balaguer, pour qui la liberté de conscience doit être niée
comme « une erreur de l’époque », stipule clairement que l’œuvre a été conçue dès le
départ comme une organisation devant, intégrer des « citoyens qui vivent au milieu du
monde ». Cela apparaît dans les écrits et 1er statuts de l’œuvre en 1950, qui indiquent
que : « les moyens caractéristiques de l’apostolat de l’Opus dei sont les fonctions publiques,
notamment les fonctions dirigeantes ».
3
Nota :Cette dernière formule sera ultérieurement supprimée dans les statuts définitifs en
1982, à l’occasion de l’attribution du statut de « Prélature personnelle du Pape » accordé
par le Pape Jean Paul II.
10 – REPERES GENERAUX
L’Opus dei, « l’ Oeuvre de Dieu » (en latin), naît en 1928 en Espagne, sous le nom de
« Société sacerdotale de la Sainte Croix », précisément le 02 octobre, jour de la « plus
importante révélation » reçue par son fondateur.
Le 80ème anniversaire vient de se tenir à Rome, réunissant prés de 300000 personnes sur
la place Saint-Pierre.
Le fondateur, Josémaria Escriva de Balaguer est un jeune prêtre qui estime que :
« l’idéal de sainteté, en principe réservé aux prêtres, peut être atteint par des laïcs, dans
l’accomplissement de leurs devoirs familiaux et sociaux ».
Cela suppose une grande discipline de vie, l’œuvre ayant pour but de dispenser la
formation spirituelle nécessaire à ses membres, ceux-ci étant recrutés dans les milieux
aisés, intellectuels, universitaires, d’affaires (élitisme financier et culturel).
L’adhésion à l’Opus dei se fait toujours par la cooptation, le nouveau membre effectue
une période de probation (le membre sera testé), suivie d’une période d’oblation
(offrande) de 5 ans.
A la fin de cette période, il est prêt à s’engager définitivement, ou, en théorie partir,
sachant que de nombreux témoignages de repentis montrent les difficultés à sortir de
l’œuvre : pressions morales, psychologiques, chantage, menaces etc.
Quand on sait que la majorité des membres ont fait des dons, abandonné une partie ou
la totalité de leurs biens, le départ apparaît quasi impossible, faute d’économies, de
possibilités financières !
Comment quitter une organisation ultra organisée et hiérarchisée ? :
Les fidèles sont suivis, dès leur arrivée dans l’œuvre, par un conseiller spirituel, ils sont
régulièrement confessés par un supérieur, assistent quotidiennement aux messes, prières
et rituels divers. Chaque minute doit être occupée !
L’organisation générale de l’Opus dei comprend :
- des numéraires, qui sont des clercs ou des laïcs célibataires, ayant fait le vœu de
chasteté, de pauvreté et d’obéissance, s’étant engagé à vivre en communauté
dans les centres de l’œuvre.
(En 2001, Brian Finnery, porte parole anglais de l’Opus dei reconnaissait que les
supérieurs « lisent le courrier reçu, contrôle celui qui part…cette pratique étant
ancienne, les gens étant invités, encouragés à cette pratique de partage ».)
On sait par ailleurs que les bibliothèques des centres de l’œuvre sélectionnent les
livres proposés aux étudiants (Kant, Sartre, Hegel et autres Nietsche sont par
exemple absents). Pour l’anecdote, plus de 1000 ouvrages sont interdits, dès l’origine
de la création de l’œuvre.
- des numéraires auxiliaires, exclusivement des femmes dont la mission est
l’accomplissement des tâches ménagères, domestiques dans les centres et
résidences de l’Opus dei.
( Une des maximes dans « El camino » précise : « Les femmes n’ont pas besoin
d’apprendre, il leur suffit d’être prudentes ».)
- Les agrégés qui ont les mêmes engagements que les numéraires, exceptée la vie
commune.
4
-
Les surnuméraires qui sont des laïcs, mariés, travaillant et alimentant
financièrement l’œuvre.
Enfin, les coopérateurs recrutés parmi les sympathisants, qui ne sont pas
obligatoirement chrétiens.
Les dirigeants successifs de l’Opus dei :
- 1928/1975, Josémaria Escriva de Balaguer, qui connaîtra successivement trois
papes : Pie XII, Jean XXIII et Paul VI.
- 1975/1994, Alvaro del Portillo (compagnon depuis le début, et ami très proche du
Pape Jean Paul II).
- Depuis 1994, Mgr Echevarria
Ce sont les dirigeants qui désignent leur successeur.
Les préceptes du fondateur sont rassemblés dans un livre « El camino » (le chemin),
réunissant 999 notes, directives etc. Publié en 1934, ce livre est la « véritable bible » des
opusiens.
siège de l’Opus Dei
Dans les années 2000, on suppose que l’œuvre rassemble quelques 150000 membres,
dont 98 % de laïcs, près de 2500 prêtres officiant sur tous les continents, dans environ
une soixantaine de pays (en 1975, les membres sont estimés à 60000 hommes et femmes)
Le culte du secret se retrouve dans la constitution interne de l’œuvre, en 1950, qui
interdisait à un membre de se révéler sans obtenir auparavant l’autorisation de son
supérieur. Cet interdit sera levé en 1982 à l’occasion du nouveau statut de l’Opus dei
devenant « Prélature personnelle du Pape».
la discrétion rendent difficiles l’approche statistique.
Par rapport au culte du secret, Escriva écrit : « J’ai inscrit dans ton cœur l’importance de
la discrétion. Elle n’est peut-être pas la pointe de ton arme, mais elle en est la poignée » et
« L’Opus dei poursuit son but d’une façon d’autant plus efficace qu’elle décide de vivre sa
vie de façon très discrète. On n’aura jamais de nom ni de dénomination collective par
lesquels les fidèles pourraient être nommés ».
L’ Oeuvre contrôle des centaines d’associations, fondations, universités. Elle gère de
nombreux centres de formation (une quinzaine en France, accueillant 1500 étudiants).
Rome (Pie XII – 1939/1958) approuve officiellement l’Opus dei en 1950 en lui accordant
le statut d’Institut séculier (Institut de vie consacré dans le monde, parmi le siècle ; les
instituts sont érigés par l’Eglise pour favoriser la sainteté de ses membres).
En 1982, avec Jean Paul II (1978/2005) au Vatican, l’œuvre, après 30 ans
d’acharnement de son fondateur (décédé en 1975), bénéficie enfin du statut
de « Prélature personnelle du Pape».
5
Cela signifie, et c’est le seul cas dans l’Eglise catholique, l’extraterritorialité pour l’Opus
dei, son rattachement direct au Pape ! Elle peut opérer où elle veut, quand elle veut,
comme elle veut, sans avoir de compes à rendre à la hiérarchie de l’Episcopat (évêques
en particulier), ce qui fera dire que l’Opus dei est, en réalité « Une Eglise dans l’Eglise ».
Des prêtres diocésains peuvent demander leur admission dans l’Opus dei, au travers de
la « Société sacerdotale de la Sainte Croix » ; ils sont soumis à l’autorité de leur évêque,
sachant que leur appartenance à l’œuvre les lie d’abord à celle-ci, du fait du statut de
« Prélature personnelle » !
Le 17 Mai 1992, Josémaria Escriva de Balaguer est béatifié (mettre au nombre des
« Bienheureux »une personne dont la vie est jugée exemplaire) par le Pape, devant
200000 fidèles et quelques invités tels que le politique italien Gilio Andreotti, des
sénateurs chiliens de l’époque Pinochet, l’ex Président colombien Betencur etc.
Allégeance de l’ Opus Dei auprès de Paul VI
L’Opus dei est un cas unique dans l’histoire et actualité de l’Eglise catholique. Aucune
congrégation n’a obtenu dans le passé une pareille reconnaissance papale, de tels
pouvoirs, une telle influence, et qui plus est en si peu de temps (70 ans environ). Ignace
de Loyola, fondateur de « la Compagnie de Jésus », les Jésuites sont renvoyés aux
oubliettes !
11 – Escriva de Balaguer : convivialement appelé « El padre », l’homme qui
aimait Dieu et le fascisme (période d’avant et pendant la guerre)
Josémaria Escriva de Balaguer né le 9 janvier 1902 dans une petite bourgade de
l’Aragon.
Enfant chétif, soumis à divers et continuels problèmes de santé (jusqu’à sa mort), il
s’engage dès le début de son adolescence sur les chemins du mysticisme, convaincu très
tôt d’avoir une tâche, mission à accomplir envers Dieu.
A 18 ans, il entre au séminaire où ses condisciples vont le surnommer « la Rosa mystica »
(Rose mystique), la rose deviendra plus tard le signe de reconnaissance entre les
membres, en particulier durant la guerre d’Espagne, où ils rentrent en clandestinité.
Malgré ses problèmes de santé, il pratique la mortification, porte un cilice (ceinture de
crin, portée par pénitence), dort sur le sol, n’appuie jamais son dos sur un dossier de
chaise etc.!.
En 1925, à 23 ans, il devient prêtre, prend l’habitude de noter toutes ses pensées,
« visions, révélations », qu’il consignera plus tard dans « El camino » (le chemin).
6
Extraits du « Camino »
Tous ses prêches se terminent par une prière pour les autorités militaires et politiques.
Progressivement son projet prend forme, en partie inspiré de l’expérience d’Ignace de
Loyola, des Jésuites (spiritualité en prise avec l’activité quotidienne).
Le nom Opus dei apparaît, en 1930, année où Escriva rédige des lettres qui vont devenir
son crédo doctrinal. Celui-ci repose essentiellement sur deux aspects majeurs (à
l’époque) :
- l’œuvre sera mixte, les femmes ayant des fonctions d’accompagnement (entretien
et tâches ménagères dans les centres,
- Le deuxième aspect consiste à associer les laïcs dans son projet de sanctification.
Il s’agit pour Escriva de : « Former, dynamiser, améliorer les élites, en tonifiant l’esprit des
catholiques, canalisant les courants d’opinion chrétienne ».
En 1933, il fonde sa propre école, l’académie D.Y.A, (Droit et architecture), spécialisée
en cours de droit et séminaires sur la doctrine de la foi.
En 1934, il publie « El camino », livre-clef qui résume en 999 maximes, la philosophie de
l’œuvre.
Comme la plupart du clergé espagnol, Escriva a horreur des républicains qu’il qualifie
« d’athées, marxistes », mais par prudence, se tient à l’écart tout en travaillant à ses
projets : faire de l’œuvre, une congrégation religieuse autonome.
7
A l’éclatement de la guerre, en 1936, l’Eglise prend ouvertement position en faveur des
nationalistes de Franco. Des curés n’hésitent pas à s’armer, appelant à une « nouvelle
croisade ».
Escriva choisit également le clan des militaires fascistes (« Faute de mieux » dira t-il plus
tard !), de la phallange, et entre dès lors dans la clandestinité.
Il réapparaît peu de temps avant la fin de la guerre, réfugié à la légation du Honduras
avec quelques pionniers de l’Opus dei, dont Alvaro del Portillo.
Muni de faux papiers, il rejoint Madrid, tandis que Barcelone tombe (janvier 1939) et
que va s’abattre sur toute l’Espagne une répression sanglante avec des dizaines de
milliers de victimes et de disparitions !
Escriva, lui, fréquente les milieux intellectuels gagnés au Caudillo, et retrouve son poste
de recteur de la Fondation Santa Isabel.
« Sur les ruines de la République »
Sur les cendres de la jeune République, l’Opus dei va pouvoir construire un empire !
Indiscutablement proche du Franquisme, Escriva l’aura également été des nazis : dans
les années 1970, il confie à Mgr Vladimir Felzmann (qui quittera plus tard l’œuvre) :
« L’Allemagne n’a fait que mener une croisade contre le communisme, Hitler s’est conduit en
croisé s’élevant contre le marxisme » !
Quant au génocide des juifs, il n’a qu’indifférence ! : « Hitler n’a pu commettre autant de
meurtres, tout au plus 2 ou 3 millions » !
Pour Escriva, Hitler, comme Franco ou Mussolini aura tenté de sauver le christianisme.
12 – Extrémisme politique, affairisme et sectarisme
Outre les relations privilégiées avec le régime franquiste (Franco nommera plusieurs
ministres opusiens, dans les années 1960), l’Oeuvre est également accusée d’avoir
soutenu des régimes militaires d’Amérique du sud, en particulier au Pérou et au Chili
(Pinochet), et plus largement d’avoir de tout temps, eu des sympathies envers les
groupes d’extrême droite.
Une autre contreverse concerne les liens, implications de l’Opus dei, dans de nombreux
scandales politico-financiers, en Espagne, Italie ou en France en particulier.
Pour informations quelques exemples (source le Monde diplomatique – 9/1995) :
-
En 1969, dans l’affaire Matesa, plusieurs centaines de millions ont été détournés
vers une société luxembourgeoise, la Sodetex, présidée par le prince Jean de
8
Broglie, trésorier des Républicains indépendants de M. Valéry Giscard d’Estaing
et proche de l’Opus dei.
Il sera assassiné peu après dans des circonstances jamais élucidées
- En 1982, un des plus riches industriels, José Maria Ruiz Mateos, à la tête du
Consortium multinational Rumasa, est inculpé de fraude fiscale et d’infraction
à la réglementation des changes. L’enquête révèle qu’il finançait les activités de
l’Opus dei. Il avoue leur avoir versé 300 millions de pesetas.
- Le plus grand actionnaire minoritaire de la Banco Ambrosiano, qui connut une
une banqueroute retentissante en 1982 et dont le directeur Roberto Calvi fut
trouvé pendu sous un pont de la Tamise, à Londres était la Banque du Vatican,
« L’Institut pour les œuvres de religion » (IOR), dirigé par l’archevêque Paul
Marcinkus, garde du corps du Pape. Déclaré coresponsable du krach par le
Contrôle italien des banques, l’IOR accepta de rembourser les créanciers de
l’Ambrosiano. On apprendra plus de 15 ans après ces évènements que l’argent
« évaporé » a été largement utilisé en Amérique du Sud pour étouffer les vélléités
de révolution (cf .« Théologie de la libération ») et que, comme on le savait déjà, Calvi
avait bel et bien été « suicidé » ! A l’œuvre dans cette affaire : l’Eglise, l’Opus dei et la
Mafia.
Expansion de l’Opus dei et de ses sociétés secrètes
Autres critiques, accusations vis-à-vis de l’Opus dei, son sectarisme.
De nombreux témoignages portent sur les comportements sectaires de l’œuvre :
- difficultés à quitter l’organisation
- éloignement forcé des jeunes recrues de leur famille
- recrutement de mineurs (jusque dans les années 1960, l’œuvre recrutait des
enfants de 14 ans, c’est 18 ans depuis 1982 /cf. statuts liés à la « Prélature
personnelle du Pape »).
En France, un abbé, l’abbé Jacques Trouslard a consacré une grande partie de sa vie à
lutter contre les sectes, en particulier il réunit énormément de témoignages sur l’œuvre.
Pour lui l’Opus dei est une secte, du fait :
- le détournement de mineurs,
- l’endoctrinement (mutadis mutandis), lavage de cerveau, coercition,
- la rupture avec la famille, les amis (de nombreux témoignages font état
d’autorisations de visites, réduites au minimum, quand ce n’est pas leur
disparition totale),
- un prosélytisme exarcerbé où chaque adepte est dans l’obligation de recruter à
son tour (l’approche se fait essentiellement dans les cercles d’amis, sous le
9
couvert d’activités de loisirs, culturelles, l’Opus dei n’apparaissant bien sûr pas
en tant que telle !),
- les « faux laïcs », qui bien que différents des prêtres doivent pratiquer une
discipline dont l’austérité surpasse celle de n’importe quelle congrégation
religieuse. Les numéraires vivent en communauté retirée et sont assujettis au
pouvoir des clercs. Le laïc doit se sanctifier par le travail sacralisé,
- l’aspect financier par son opacité est propre à toutes les dérives. La plupart des
membres en dehors de dons, reversent tout ou partie de leur salaire (quand ils
travaillent), vont jusqu’à donner leurs biens. Ceux-ci sont la plupart du temps
gérés par des sociétés-écrans (où là aussi l’Opus dei n’apparaît pas), ce qui rend
difficile toute véritable enquête,
- l’infiltration, arme absolue de l’œuvre dont la stratégie vise à transformer la
société en pénétrant tous les domaines de la vie économique, sociale, familiale et
culturelle,
- le culte du Maître est une donnée intangible de l’Opus dei, la domination du
maître, du « Padre » est absolue, c’est ce que l’on nomme dans d’autres groupes
le gourou. Il y a chez tous les membres de l’Opus dei, un vrai culte, une véritable
adoration, dévotion sans bornes de Mgr Escriva de Balaguer. Des grandes
affiches du fondateur supplantent dans les chambres des étudiants et salons une
modeste image de la vierge ou un petit crucifix !
Pour l’abbé Trouslard, l’Opus dei est donc bien une secte, dotée d’une structure
pyramidale très hiérarchisée où l’autorité est souveraine, l’obéissance, absolue !
En 1997, le rapport de la commission d’enquête parlementaire de Belgique, répertorie
l’Opus dei comme une « secte dangereuse ».
Auto flagellation
Par contre, en France la commission parlementaire sur les sectes a exclu l’Opus dei de
son champ d’investigation, au motif qu’elle fait partie intégrante de l’Eglise catholique.
(cela permet à l’Opus dei de pouvoir invoquer la protection consulaire qui entoure les
représentants du pape comme ceux de tous chefs d’Etat ayant un siège à l’ONU, pour se
soustraire à des poursuites judiciaires).
Encore un avantage lié à la « Prélature personnelle du Pape ».
Le CCMM (Centre contre les manipulations mentales) donne pratiquement les mêmes
critères de définition d’une secte (source, bulletin du CCMM, juin 1992), et reproduit
sur son site internet, les 11 critères du Vatican, désignant « les mouvements religieux
destructifs » :
10
Caractéristique n° 1 : Un "processus subtil d'introduction du converti et (une) découverte
progressive de ses véritables interlocuteurs", ainsi que l'approche générale basée sur "la
tromperie et la séduction".
Caractéristique n° 2 : Utilisation de techniques de domination : "matraquage d'amour" ("lovebombing" ), etc.
Caractéristique n° 3 : Réponses toutes faites... on force quelquefois la décision des recrues.
Caractéristiques n° 4 et 5 : Usage de la flatterie et contrôle grâce à la distribution d'argent, de
médicaments.
Caractéristique n° 6 : Exigence d'un abandon inconditionnel au fondateur, au leader.
Caractéristique n° 7 : Utilisation de l'isolement : contrôle du processus rationnel de pensée,
élimination de toute information ou influence extérieure (famille, amis, journaux, ...
etc) qui pourrait briser la fascination et le processus d'assimilation des sentiments, des
attitudes et des modèles de comportement.
Caractéristique n° 8 : Détournement des recrues de leur vie passée, insistance sur les
comportements passés déviants, comme l'usage de la drogue, les méfaits sexuels;
moquerie du sujet des troubles psychiques, du manque de relations sociales, etc.
Caractéristique n° 9 : Méthodes d'altération de la conscience conduisant à des perturbations de
la connaissance ("bombardement intellectuel"), utilisation de clichés inhibant la
réflexion, systèmes logiques clos, limitation de la pensée.
Caractéristique n° 10 : Maintien des recrues dons un état d'occupation continue, en ne les
laissant jamais seules; exhortation et formation continuelles dans le but d'arriver à un
état d'exaltation spirituelle, de conscience émoussée, de soumission automatique aux
directives ; écraser la résistance et la négativité.
Caractéristique n° 11 : Forte concentration sur le leader ; certains groupes peuvent même
diminuer le rôle du Christ en faveur du fondateur (dans le cas de "sectes chrétiennes").
Très étonnant tout de même cette similitude entre les critères ! Toujours est-il que
l’Opus dei n’est bien évidemment pas considérée par l’Eglise comme une
secte chrétienne, un « mouvement religieux destructif » !.
Sur toutes les critiques, controverses (liens avec l’extrême droite, l’affairisme, le
sectarisme) les dignitaires de l’opus dei ont toujours opposé un démenti
catégorique. Le fondateur, Escriva argumentant du fait :« qu’il ne fallait pas
mélanger l’appartenance à l’œuvre avec un quelconque positionnement politique, une
quelconque affaire etc. ».
Ce qui est sûr, c’est que cette négation ne peut être rendue possible que par le silence de
l’Eglise elle-même, bien qu’ici et là des tiraillements aient pu avoir lieu. Des
prêtres, responsables dans la hiérarchie catholique n’ont pas hésité, à propos de
l’Opus dei, à parler « d’Etat dans l’Etat », et y compris, à propos de scandales
politico-financiers, de « mafia blanche » ou de « sainte mafia » !
11
Ces critiques, le lien de l’Opus dei avec l’Espagne franquiste peuvent expliquer des
difficultés de l’œuvre à progresser en France, par rapport à d’autres pays
européens. Elle s’est aussi trouvée en « concurrence » avec d’autres organisations
intégristes, tout en y recrutant (partisans de Mgr Lefêvre, ceux du fief de Saint
Nicolas du Chardonnet etc.).
En conclusion, ci-dessous le témoignage de Marie noëlle Bauddrillart de Cugnac
(figurant dans les années 1980, en bonne place dans le bottin mondain, catholique
proche des milieux traditionalistes), dans une lettre au Pape Jean Paul II, le 1er
mai 1987 (extraits) :
« Très Saint Père,
Je me permets de vous écrire ainsi qu’une fille à son père spirituel…Sylvestre nous a
annoncé, au bout d’un an qu’il était membre de l’Opus dei (entré à 17 ans)…
Certaines choses m’ont choquée : le déroulement des cérémonies qui m’ont paru
ressembler à celles d’avant le concile…Le manque de liberté du groupe….Je ne
reconnais plus mon fils…L’obligation de se confesser toujours à un prêtre de l’Opus
dei, ce qui contribue à renforcer le contrôle des consciences…Le souffle de l’Esprit
est passé sur l’Eglise à travers le Concile …Peut-il y avoir des membres de l’Eglise
qui refusent ce renouveau ?...Procédés qui se rapprochent des sectes…..Le Christ
avait choisi de vivre parmi les pauvres et je pense que cet élitisme de l’Opus dei
éloigne de la vraie recherche du Christ… »
Cette dame attend toujours la réponse !
Le 19 octobre 2008 l’abbé Franck Touzet, membre de l’Opus dei depuis 1962, prenait
ses fonctions de curé à Notre Dame de la Dalbade, au cœur de Toulouse (le
député maire socialiste Pierre Cohen a fait connaître son indignation).
2 – CONSTRUCTION D’UN EMPIRE : de l’Espagne franquiste
vers l’Europe
« Si l’intégrisme musulman fait la une des journaux, les activités de la droite chrétienne
s’effectuent dans l’ombre, comme en témoigne la troublante ascension de l’Opus dei.
12
Milice religieuse au comportement de secte, héritière d’un anticommunisme militant,
puissante à la fois sur les plans économique et politique, l’œuvre exerce une influence
multiforme sur l’Eglise, mais aussi sur les pouvoirs temporels qu’elle cherche à
infiltrer à l’échelon de chaque pays, continent. L’Opus dei est la garde blanche du
Vatican, « l’armée mobile » du Pape ». (Le Monde diplomatique –François
Normand – septembre 1995)
20 – La 1ère conquête : l’Espagne franquiste
Quand la guerre s’achève avec la victoire de Franco, soutenu par Hitler et Mussolini,
Escriva se remet au travail, développe l’œuvre, appuyé par l’archevêque de
Madrid, Mgr Leopoldo Eijo y Garay qui accorde la 1ère approbation diocésaine
en 1941.
D’une douzaine avant guerre, les fidèles seront prés de 3000, dont 23 prêtres au début
des années 50. L’Opus dei se présente officiellement comme « une société de
coopération intellectuelle », et progresse dans les milieux universitaires. Elle
recrute, au dire de son fondateur : « des femmes, des hommes cultivés, sains,
intelligents, obéissants et énergiques. Ce sont eux qui feront avancer l’Opus dei et ce
sera là le salaire de leur humilité ».
Les premiers cadres formés par le fondateur essaiment à travers toute l’Espagne. L’ère
opusienne s’étend sur une quinzaine d’années, de 1957 à 1973 durant lesquelles
elle infiltre les fidèles dans tout l’appareil d’Etat (un des « premiers infiltrés »,
Josémaria de Albereda, directeur du Conseil supérieur scientifique, organisme
crée par Franco ; par ce biais, l’Opus dei va pouvoir toucher de nombreuses
subventions, et les étudiants de l’œuvre recevoir en priorité des bourses
conséquentes).
La force de l’Opus dei réside dans ses nombreux centres de formation parauniversitaires où se retrouvent les fils de la grande bourgeoisie, de l’aristocratie,
qui dédaignent les quelques rares universités de l’enseignement supérieur public.
Ce sont ces enfants (plus de 3000 étudiants formés chaque année) qui vont tenir
demain les rènes du pouvoir, et se préparent à l’après franquisme. Ils investiront
tous les secteurs : éducation, armée, industrie, banques, presse, et bien sûr les
partis politiques. L’université de Navarre, dans les années 1960, est le fleuron de
l’Opus dei, qui en quelques années brise le monopole de la « Congrégation de
Jésus » dans l’enseignement catholique. A Barcelone, l’école supérieure de
commerce est gérée par l’Opus dei.
Un tournant important apparaît à la fin des années 1950, période où l’Espagne
franquiste rencontre de sérieuses difficultés économiques, et finira par accepter
des crédits américains en échange d’une « ouverture » (comprendre
modernisation Atlantiste). L’influence de l’Opus dei, favorable au retour de la
royauté, les pressions américaines vont convaincre Franco d’accepter la nouvelle
donne, et en 1957 plusieurs ministres issus de l’Opus dei entrent au
gouvernement. Ils vont très vite faire adhérer l’Espagne à l’Organisation de
coopération et développement économique (OCDE), crée en 1961 (succédant à
l’Organisation européenne de coopération économique née en 1948), puis au
13
Fonds monétaire international (FMI) ((Laureano Lopez Rodo, opusien, est
ministre du Plan de 1965 à 1967, puis ministre des Affaires étrangères en 1973).
Tous ces ministres sont membres de l’Opus dei, avec le grade de numéraires ou de
surnuméraires :
Lopez Bravo, ministre de l’Industrie de 1962 à 1969, Alberto Villastre, ministre du
Commerce puis ambassadeur auprès de la CEE, Mariano Navarro Rubio,
ministre des Finances de 1957 à 1965, puis gouverneur de la Banque d’Espagne,
Villar Palasi, ministre de l’Education.
L’emprise sur les médias intéresse également l’Opus dei qui détiendra dans les années
1960/70, 3 quotidiens à Madrid, 1 à Barcelone, une dizaine en province, ainsi
qu’un important réseau radiophonique et une myriade de publications (plusieurs
centaines). Par rapport aux accusations d’influences dans tous les domaines, la
réponse d’Escriva ne varie pas : « C’est une déformation de la réalité, il faut
distinguer l’engagement privé de l’activité dans le mouvement religieux » !
Au début des années 1980, des parents d’élèves se mobiliseront contre la détention, par
l’Opus dei, de maisons d’éditions de manuels scolaires.
Sous le régime franquiste, l’Opus dei est chargé de la censure cinématographique !
La stratégie Atlantiste engagée par l’Espagne, conduit à un « boum économique » qui
convient parfaitement aux « technocrates » de l’œuvre. Leur pragmatisme, sens
des affaires fait merveille, et les conditions du passage à l’après franquisme, se
fait en relative douceur avec le 22 juillet 1969 la proclamation par Franco, de
Juan Carlos comme prince héritier.
Nota : ce « renouveau » n’a pour autant rien de démocratique sur le plan politique et
social : les syndicats, partis politiques et le Droit de grève restent interdits, les
élections libres renvoyées aux « Calendes grecques » !.
Le remaniement ministériel qui suit le « passage de relais prévu Franco/Juan Carlos »,
amène un nouveau dirigeant, l’Amiral Carrero Blanco, sympathisant notoire de
l’Opus dei (qui sera assassiné par l’E.T.A). C’est la victoire de l’Opus dei. En 30
années elle aura réussi à contrôler tous les secteurs de la vie politique et socio
économique espagnole. D’abord en s’appuyant sur le régime franquiste, puis en
éliminant progressivement l’arrière-garde, les nostalgiques de la phalange. Ceuxci dans quelques soubressauts manifesteront dans la rue avec, comme slogan :
« Seigneur, délivrez nous de l’Opus dei ! ».
Franco décède le 20 novembre 1975, 5 mois à peine après Josémaria Escriva de
Balalguer. Alvaro del Portillo lui succède à la tête de l’Opus dei, fidèle de la 1ère
heure, il perpétue l’œuvre du fondateur jusque dans les années 1980/90 (il meurt
en 1994) où l’Opus dei amorce un relatif déclin, usée par le pouvoir, trop
compromise avec la dictature, et n’ayant pu durablement infiltrer, gagner la
démocratie chrétienne espagnole (les sociaux-cléricaux, dirait Marc Prevotel), le
Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE).
14
Relatif déclin cependant, car en 1989, l’Opus dei compte 3 députés issus de son
mouvement, sous l’étiquette du Parti populaire. Celui-ci a été fondé en 1989, situé
au Centre droit, considéré, avec plus de 700000 adhérents, comme le 1er parti
espagnol. Son leader, Jose maria Aznar fut président du Gouvernement durant
deux mandats, de 1996 à 2004.
Jesus Ynfante, journaliste à « El Païs » écrit en 1996 : « Le Gouvernement de Mr Aznar a
fait rentrer des membres ou amis de l’Opus dei, ce qui fait que l’œuvre contrôle 20 %
du pouvoir espagnol. Est-ce un nouvel assaut après le succès du Parti populaire aux
élections législatives de 1996 ? ».
Dans l’Espagne de 2008, l’Opus dei est loin d’avoir disparu, et continue de tisser sa
toile ! (Jo Salamero). On peut d’ailleurs supposer qu’elle n’est pas étrangère à
l’actuel procès en béatification de prés de 500 prêtres morts durant la guerre
d’Espagne !
La conquête espagnole, réussie, de l’Opus dei, s’est accompagnée d’une autre, entamée
dès l’après guerre, et certainement beaucoup plus importante pour l’Oeuvre :
celle du Vatican !
Escriva, décédé en 1975, ne verra pas le fruit de son acharnement, la reconnaissance
tant attendue de l’Opus dei : la « Prélature personnelle », accordée le 28
novembre 1982 par le pape Jean Paul II…sans parler, 10 ans plus tard (1992), de
la béatification (par Jean Paul II), élevant Escriva aux côtés de Pierre, Paul, et les
autres saints !
21 – ROME, ETAPE LONGUE MAIS OBLIGEE
« L’Opus dei, sans Rome, n’est rien sinon une secte, et l’inverse semble presque aussi vrai
depuis que le souverain pontife a réfléchi aux avantages de cette formule de la
Prélature personnelle. Avec elle, c’est bien une élite religieuse, intellectuelle, et même
financière, qui s’offre, pour former la nouvelle garde du Vatican. Comment le pape,
alors qu’il était à la recherche de toutes les énergies, au début de son Pontificat,
aurait-il pu dire non ? » Constance Colonna-Cesari, dans Urbi et Orbi
Dès la fin de la deuxième guerre mondiale, tout en privilégiant la conquête espagnole,
Escriva sait pertinemment que l’étape romaine est nécessaire à la construction
totale de son œuvre : la présence universelle de l’Opus dei ! En fin stratège, il sent
qu’il lui faut des appuis dans l’Eglise, et surtout, au plus haut niveau, le Vatican.
Il a par ailleurs conscience de l’isolement de l’Espagne par les démocraties
européennes (du fait de la dictature).
L’entreprise de séduction du Vatican débute dès 1946, année où Escriva est reçu par le
Pape Pie XII (1939/1958). Soutenu par le Nonce de Madrid, le travail d’approche
a été réalisé, et en février 1947, l’Opus dei marque un 1er point important dans la
reconnaissance du Vatican avec le statut canonique d’ « Institut séculier » de
l’Eglise. Ce premier pas met l’Opus dei sur les rails institutionnels. Escriva est
nommé Prélat de Sa Sainteté, et ainsi « labellisé », l’Opus dei peut envoyer des
éclaireurs, munis de copieux relais et carnets d’adresses, dans tous les pays
catholiques : au Portugal de Salazar (1946), en Italie, en France dès 1947, en
15
Irlande, mais également aussi en Grande Bretagne, aux USA et au Mexique en
1949 etc. Dans les années 1980, l’Opus dei est présente à Hong kong, Singapour,
Macao et Taïwan, en Suède, en Finlande, au Congo, au Caméroun ou en Côte
d’ivoire…Dès la chute du mur de Berlin, elle ouvre des centres en Pologne,
Hongrie et République Tchèque. L’Amérique du sud ne sera pas oubliée, en
particulier le Chili d’ Augusto Pinochet ou le Pérou d’Alberto Fujimori, deux
grands démocrates bien connus !
Les papes successifs ne feront que confirmer cette 1ère reconnaissance de l’Opus dei.
Jean XXIII (1958/1963), reste l’exception avec le Concile Vatican II (ouvert en
1962, et clos par Paul VI en 1965) qui, à priori ne peut que déplaire à Escriva qui
exprime ses critiques : « L’ Eglise ne peut reléguer la foi hors du champ de la vie
publique et sociale ».
Escriva aura pu être rassuré avec Pie XII (1939/1958) qui le voyait comme « un véritable
saint, un homme envoyé par Dieu pour notre temps », ou avec Paul VI (1963/1978)
qui disait de lui : « C’est un homme qui a reçu la grâce, le charisme »
Le 16 octobre 1978, c’est l’élection de Karol Wojtyla, qui prend le nom de Jean Paul II
(1978/2005). La veille de son élection, il s’est longtemps recueilli sur le tombeau
du fondateur de l’Opus dei. Son élection ravit les dignitaires de l’œuvre, tant il
est reconnu qu’elle a beaucoup facilité l’ascension de l’évêque de Cracovie. El
pais, journal madrilène, écrit : « Il ne fait aucun doute que l’Opus dei a aidé à
l’élévation au rang de pape, un obscur cardinal polonais ! ». Plus tard, d’autres
« mauvaises langues » verront la main de l’Opus dei dans le syndicat Solidarsnoc
(fondé en août 1980), tenant celle de son leader, Lech Valessa !
« La naissance d’un puissant mouvement ouvrier polonais, était suivi avec inquiétude, tant à
l’Est qu’à l’Ouest…l’extension du mouvement polonais pouvait menacer le pouvoir
stalinien, mais aurait également donné une nouvelle impulsion aux luttes militantes de
la classe ouvrière, à l’Ouest…Jean Paul II, conscient du danger de révolution
violente, a cherché à s’assurer le renversement du régime stalinien par la Droite
plutôt que par la Gauche, soutenu en cela par la C.I.A…. L’Eglise prit fait et cause
pour Solidarnosc en plaçant le mouvement sous l’aile nationaliste catholique, les
opusiens, autour de Lech Walesa, qui reconnaîtra d’ailleurs plus tard, en 1989, que l’
existence du syndicat n’aurait pas été concevable sans la figure de « ce grand
polonais Jean Paul II» ». Marius Heuser et Peter Schwarz, « Le pape Jean Paul II,
une nécrologie politique » – Extraits - Avril 2005.
Le groupe fondateur de l’Opus Dei
16
Nota :Le Pape Jean Paul II est certainement celui qui aura permis la véritable ascension
de l’Opus dei : nomination d’un opusien comme porte parole du Vatican (Mgr
Joachim di Navarro), nomination d’opusiens à la tête des plus grands évêchés
d’Europe (France, Suisse, Autriche etc.).
De son côté, François Normand, journaliste au Monde diplomatique, écrira en
1995 : « Jean Paul II, par une politique de nominations épiscopales mène son
entreprise de restauration, utilisant tous les moyens à sa disposition : doctrinal,
disciplinaire et surtout autoritaire, avec l’aide d’un certain nombre de mouvements
« musclés », traditionalistes, souvent sectaires et politiquement à droite, tous à sa
dévotion ». Nul doute que l’Opus dei fait partie des mouvements cités ci-dessus,
elle en est même le fer de lance de ce « renouveau charismatique », l’arme secrète
du pape dans la reconquête catholique de l’Europe. En effet, dans les mois qui
suivent sa nomination, Jean Paul II va transformer radicalement les relations
entre l’Eglise et l’Opus dei. L’œuvre sera reçue dès août 1979, les dossiers anciens
sortent des archives, le Pape glorifie le travail accompli par l’Opus dei, le statut
tant attendu va pouvoir se faire jour : la fameuse « Prélature personnelle » (28
novembre 1982) accordant l’immense privilège d’extraterritorialité, la négation
de la hiérarchie catholique dans ses rapports avec l’Opus dei. L’œuvre n’a de
comptes à rendre qu’au Pape !
Cette décision qui va faire des remous dans l’Eglise, a été longtemps mûrie par Rome.
Elle va dans le sens post conclave, marqué par la participation grandissante des
Laïcs, elle va surtout dans le sens de la doctrine sociale de l’Eglise. Ainsi amarré
au vaisseau amiral de l’Eglise, à l’appareil d’Etat du Vatican, l’Opus dei devient
une arme de choix dans la campagne d’évangélisation de l’Europe, après la chute
du mur de Berlin. Les « Soldats de Dieu » vont pouvoir s’investir dans le rève de
l’Europe chrétienne à partir des réseaux déjà tissés dans l’OCDE, le FMI, la
CEE….et Maastricht !
17
23 – l’ OPUS DEI CHEZ LA « FILLE AINEE DE L’ EGLISE »
Présente en France, certainement avant, et pendant la guerre, l’œuvre va se développer
surtout à partir des années 1950. Le porte parole, en 2008, est Mgr de
Rochebrune.
« On ne peut pas comprendre l’Opus dei si on n’a pas la foi, c’est comme proposer à un
sourd un concert de musique : il passera à côté de l’essentiel ». François Gontrand,
est porte parole de l’Opus dei en France dans les années 1980/90. Ce dignitaire,
outre le sens de la formule, a également celui des relations : il travaille au siège du
C.N.P.F. (reversant en partie son salaire à l’œuvre), plus précisément au sein de
la cellule européenne. Cela lui permet d’informer « ses patrons » sur les nouveaux
challenges du grand et nouveau marché européen, où comme chacun le sait la
« concurrence est libre et non faussée ».
nota : Au nom de cette règle, la Cour de justice européenne passe outre sa propre
« Charte des droits fondamentaux » et tente de criminaliser des travailleurs en
lutte (cf. arrêt « Vicking » en Belgique, et autres attaques en Suède ou en Irlande.
Très bavard, François Gondrand se flatte du large éventail de l’échiquier politique,
couvert historiquement par l’Opus dei en France (ne pas oublier le « père de
l’Europe », Robert Schuman, Antoine Pinay ou un certain Jacques Delors), de la
Droite à la Gauche, et avec de nombreux amis dans le mouvement syndical
(CFTC, CFDT).
L’Opus dei a effectivement trouvé le soutien de la « démocratie chrétienne à la
française » !
L’œuvre, très liée à la famille Giscard d’Estaing ( le père Edmond a été le cheval de
Troie des intérêts économiques de l’Opus dei en France), prend son essor à la fin
des années 1960 et va se développer en créant des centres de formation,
organisant de nombreuses conférences et séminaires de haut niveau où défilent le
gratin de l’économie française.
Peu de temps avant la guerre du Golfe, des hauts responsables de Shell et Total
participent à un colloque sur les ressources pétrolières au Moyen Orient. Nul
doute qu’ils ont pu anticiper sur les évènements. Des débats portant sur la
Doctrine sociale de l’Eglise vont réunir de nombreux dirigeants de sociétés telles
que AGF, AXA, C&A etc. Louis Schweitzer directeur adjoint de Renault pourra
utiliser ses relations opusiennes en vue d’alliance avec certains constructeurs
européens. Durant cette période, nombreux aussi sont les patrons de banque,
capitaines d’industries reçus au siège de l’Opus dei : de Bouygues à Saint-Gobain
en passant par Schneider ou la BNP.
Le monde scientifique n’échappe pas au tissage de la toile d’araignée, en particulier
dans les débats portant sur l’éthique médicale, la génétique : le professeur
Lejeune, chef de file des campagnes anti IVG est notoirement lié à l’Opus dei : il
a été fait docteur honoris causa de l’université opusienne de Pampelune, par
Escriva en personne ! Ses filles poursuivent l’implantation de l’Opus dei en
France, Clara Lejeune, femme du député Hervé Gaymard, investit dans l’œuvre,
18
et qui fut conseiller de Jacques Chirac en 1995 avant de devenir secrétaire d’Etat
à la santé du gouvernement Juppé, puis ministre de l’agriculture de celui de
Raffarin !....Anouk Lejeune, autre fille et porte parole opusienne qui travaille au
MPF, au côté de Philippe de Villiers etc.
Le tableau serait incomplet sans les medias ! les milieux intellectuels (avec les éditions
de la Table ronde de 1958 à 1969), de la communication sont pénétrés : André
Frossard, Marcel Jullian, ex Président d’A2 ont fréquenté les salons opusiens.
D’après Constance Colonna-Cesari : « Sciences po serait en France, au box office de la
fréquentation de l’Opus dei » (cf livre urbi et orbi).
Outre la capitale, l’Opus dei est aujourd’hui présente à Marseille, Grenoble, Lyon,
Strasbourg etc, .fière de son château de Couvrelles en Picardie, centre à vocation
internationale, phare de l’œuvre, couplé d’une école hôtelière réservée aux
opusiennes. « Prévensectes », à propos de cette école, fait état sur son site
internet, de plaintes : « conditions de travail anormales, coupure avec le monde
extérieur, absence de liberté, espionnage et délation, harcèlement spirituel,
exploitation de main d’œuvre gratuite etc. »
3 – L’OPUS DEI ET LA CONSTRUCTION EUROPEENNE
Opus Dei, top secret !?
L’Europe a un drapeau :
« L’Europe s’est voilée…elle s’est placée sous le voile de Marie, reine des cieux. La question
fut soulevée en 1991 par un dossier de la revue de la libre pensée, « La raison »…
L’affaire devrait devenir publique au moment où un certain nombre d’Européens
commence à s’interroger : comment fera-t-on pour inscrire sur ce drapeau de l’union
le nombre d’étoiles correspondant au nombre des pays membres, 25 et
davantage ?...Les 12 étoiles ne désignent nullement l’Europe, elles sont le symbole
marial, tel que représenté dans l’imagerie pieuse du XIX° siècle, la pire époque, celle
des encycliques antisociales…Ce drapeau a été adopté le 8 décembre 1955 (jour de
l’Immaculée Conception), par le Conseil de l’Europe ; son dessinateur, Arsène Heitz,
catholique fervent, a révélé avoir été inspiré par la médaille miraculeuse de la Sainte
Vierge de la rue du bac, à Paris. » Danièle Sallenave, janvier 2004, dans
« Dieu.com ».
Nota : « La commission européenne a lourdement investi dans des projets visant à
implanter un enseignement politiquement correct sur les Institutions
européennes émergentes…Il existe un financement spécial pour la recherche sur
19
la « mémoire des gens qui ont construit l’Europe » ». Annie LACROIX-RIZ
(histoire contemporaine sous influence).
30 – Rôle de l’Opus dei dans le recyclage des fascistes, le contrôle des
démocraties européennes dans la construction européenne- Extraits
d’articles divers :
nota : il serait intéressant de faire une analyse globale et profonde des vrais raisons
des deux dernières guerres mondiales, de leurs fins (cf 1918 et la révolution
spartakiste par exemple), en rapport avec le développement du capitalisme
contre un mouvement ouvrier se construisant, produisant des révolutions
historiques (1917, 1936 en France et en Espagne), le tout avec la vision du rôle
objectif tenu par l’Eglise, de l’Opus dei, de ce qui est déjà écrit dans les
encycliques antisociales de la fin du XIXème siècle et les suivantes !
« L’entreprise de recyclage a caractérisé tout le monde catholique institutionnel : mise en
place par Pie XII, dès 1943/1944, elle est confiée entre autres à Mgr Montini (futur
Paul VI), acteur majeur du sauvetage ». Annie Lacroix-Riz (l’Histoire
contemporaine sous influence)
« Pendant la seconde guerre mondiale, tout en condamnant l’idéologie nazie, les principaux
responsables de l’Eglise catholique soutinrent massivement les régimes fascistes, au
motif qu’ils formaient un rempart face à la « subversion bolchévique » .
L’écroulement du IIIème Reich aurait du se traduire non seulement par l’épuration de
la classe politique européenne, mais aussi par celle de l’Eglise. Il n’en fut rien, tout
questionnement apparut comme un blasphème, les chefs fascistes furent « exfiltrer »
largement vers l’Amérique latine…L’Opus dei consacra toutes ses forces à effacer
toutes les traces de l’histoire en favorisant la réconciliation européenne ». Mars 1995
- Thierry Meyssan, analyste politique, fondateur du réseau Voltaire.
« A la demande expresse de Rome, l’Opus dei a fait de l’Europe une priorité. Au travers de
multiples projets, organisations, l’Opus dei est largement financée par l’Union
européenne, en particulier grâce à l’Institut italien de coopération universitaire (ICU)
… Celui-ci possède des bureaux dans le monde entier… il finance les universités de
l’Opus dei grâce aux fonds européens »! (Christian Terras, Rédacteur en chef de
Golias).
Nota : la revue Golias est une publication se réclamant plus du christianisme que du
catholiscisme, se voulant « critique par rapport à l’Institution catholique ».
Nicole Lepeix, en 2005, dans la revue de la Libre pensée de Loire Atlantique :
« Politiquement, les buts de l’Opus consistent à répandre et entretenir dans les
milieux dirigeants les idéaux les plus réactionnaires, avoir des membres à tous les
postes-clefs du capitalisme afin de contribuer au maintien de ce système, à exploiter
les couches sociales les plus pauvres… ».
20
Attention danger !
Un cas très particulier, Robert Schuman, le « Père de l’Europe » :
Elu député en 1945, il a 59 ans, il deviendra ministre des finances en 1946, Président du
Conseil en 1947 et ministre des Affaires étrangères en 1948, avant d’installer le
siège de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN), en 1949, à Paris.
Il lance l’idée de l’Europe communautaire en 1950 (Communauté Européenne du
Charbon et de l’Acier, la CECA), participe au gouvernement d’Antoine Pinay,
meurt en 1963 après avoir été le 1er Président du Parlement européen, de 1958 à
1960.
On apprendra lors de son procès en béatification par Jean Paul II, qu’il était membre
de l’Opus dei !
Comment a-t-il pu être caché que le « Père de l’Europe » avait été fasciste, soussecrétaire d’Etat du Maréchal Pétain, et frappé d’indignité nationale à la
libération ? Il lui a fallut des amis très puissants !
Robert Schuman les a eu. Il ne pu édifier les 1ères Institutions européennes sans l’aide,
en particulier, de son ami, un autre membre de l’Opus dei, Alcide de Gasperi,
père fondateur de la démocratie chrétienne italienne, au gouvernement dès 1945,
et 8 fois Président du Conseil du Gouvernement italien. Un 2ème ami, proche de
l’œuvre va rendre également service : Konrad Adenauer, Chancelier allemand et
Président de la démocratie chrétienne !
Ainsi en 1950, naît la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA), qui
réunit comme par hasard les intérêts des plus grands industriels catholiques
d’Europe, et en 1957 la Communauté européenne voie le jour grâce au Traité de
Rome. Les textes fondateurs emploient une phraséologie empruntée aux
encycliques sociales : « communauté », « communion », « subsidiarité » etc., le siège
de la commission est établi à Bruxelles, capitale de l’Opusien, et roi Baudouin 1er.
La construction européenne et bien l’œuvre de l’Opus dei, et au fur et à mesure de son
expansion, l’Œuvre a élargi ses objectifs en Europe, avec la défense des grands
intérêts économiques.
L’outil le plus remarquable est crée en 1983 : la « Table ronde des industriels
européens » (ERT) où plus de 50% des membres sont issus de l’Opus dei, ou
cooptés par elle. L’ERT adresse régulièrement des recommandations à la
commission européenne. Ses 42 membres emploient en Europe 3 millions de
travailleurs, elle réalise un chiffre d’affaires deux fois plus important que le
21
budget de la France, cela permet, au-delà des recommandations, d’avoir des
exigences !
Séminaire Opus Dei
Le très proche ami de l’Opus dei, le « socio-clérical » Jacques Delors, pourra ainsi dire
de l’ERT : « C’est une force majeure pour le marché unique, elle s’est prononcée
pour un réseau européen d’infrastructures »…
Cet objectif est aujourd’hui inscrit dans le traité de Maastricht, traité constitutif de
l’Union européenne, signé le 7 février 1992, par les états membres, puis, suivi par
les traités d’Amsterdam, Nice et Lisbonne (décembre 2007).
L’Opus dei se trouve bien au cœur de cette évolution supranationale, voulant confier le
pouvoir à des techniciens. L’œuvre s’est prononcée pour un élargissement de
l’Europe, sur le critère de la culture chrétienne, et non pas sur celui de la
démocratie.
31 – UN TRAITE CONSTITUTIONNEL INSPIRE PAR L’EGLISE ET L’
OPUS DEI
Pour la 1ère fois, dans un texte communautaire, sont apparues des notions telles que
« respect des droits des personnes appartenant à des minorités », (religieuse, langue,
culture) idée percutant frontalement le principe républicain « d’égalité devant la
loi de tous citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion », formulé à la
révolution française.
On retrouve bien là, la doctrine sociale de l’Eglise reposant sur le personnalisme
théologique et le principe de subsidiarité !
Quoi de plus naturel, quand un de ses rédacteurs principaux s’appelle Valery Giscard
d’Estaing, ex Président de la République, dont le père (Edmond) fut considéré
comme le « Cheval de Troie » des intérêts économiques de l’Opus dei, en France.
Extraits d’un article de Christian Terras, en janvier 2004 (cité par le Monde
diplomatique) :
« Deux dispositions du projet de traité constitutionnel mettant en cause les principes laïques
ont largement posé débat : « L’héritage chrétien de l’Europe » proposé en
préambule, et l’article 51, reconnaissant aux églises, le rôle de partenaires des
institutions européennes…A la pointe du combat, dès 1988, dans son discours au
Parlement européen, Jean Paul II disait : « la vocation du christianisme est d’ être
d’être présent dans tous les domaines de l’existence… Si l’on remettait en cause les
22
fondements religieux et chrétiens de ce continent, on supprimerait toute référence à
l’éthique…»…En 1992, Jacques Delors, alors président de la commission
européenne, crée un groupe informel, le GOPA (Romano Prodi en fait partie),
spécifiquement chargé des questions religieuses. Les membres sont majoritairement
des catholiques, ce qui explique l’importance qu’accorde ce groupe aux religions,
dans le développement de l’Europe. En mars 1996, dans la préparation du traité
d’Amsterdam,, une note est remise aux ambassadeurs de l’Union, accrédités auprès
du Saint-Siège, avec les objectifs suivants : souligner la contribution des églises et
des cultes au développement de l’Europe ; assurer le maintien des relations EgliseEtat telles qu’elles existent au sein des Etats membres ; enraciner les relations
Eglise-Etat dans le droit communautaire …Des groupes de pression vont ainsi entrer
en lutte pour sauvegarder les vieux privilèges et faire de l’Europe chrétienne, une
réalité. Les objectifs des différentes composantes de la « famille catholique » sont
variés, et le Saint-Siège va chercher à nouer des alliances avec des responsables
politiques favorables à la doctrine morale du pape, partisans d’une réévangélisation
de l’Europe. La plus grosse partie du travail est effectuée par le pontificat en lien
avec l’Opus dei ».
L’Opus Dei dans les salons
Dès le début, l’Eglise, l’Opus dei ont « dicté » leurs ambitions : Mgr Philippe Jourdan,
surnuméraire de l’œuvre, animait, en 1998, un séminaire sur les « racines
spirituelles de l’Union européenne », séminaire tenu dans le cadre du programme
européen « une âme pour l’Europe » (et donc financé par elle).
32 – L’OPUS DEI, EN PHASE AVEC LA DOCTRINE SOCIALE DE
L’EGLISE
« La foi délivre la raison de ses aveuglements » Benoit XVI (élu Pape en 2005).
A la simple lecture des écrits du fondateur de l’Opus dei, et désormais Saint Escriva de
Balaguer, on comprend en quoi l’Opus dei s’inscrit totalement dans la doctrine
sociale de l’Eglise, l’œuvre fournissant les soldats du communautarisme chrétien.
Dans les divers encycliques, de Rerum navarum (Léon XIII - 1891) à celles de Benoît
XVI (sur la morale et l’espérance), on note la permanente volonté d’ingérence de
l’Eglise dans toute la sphère de la société publique, et la comparaison avec les
écrits de l’Opus dei, de son fondateur, montre l’unité de vue, la complémentarité.
Nul doute qu’Escriva connaissait les encycliques, les projets de l’Eglise !
Dans El camino, la bible des opusiens, on peut lire : cf divers extraits
23
« Obéissez comme un instrument obéit aux mains de l’artiste…assurés que jamais on ne vous
ordonnera rien qui ne soit bon et tout à la gloire de Dieu…Le seigneur nous demande
une sainte inflexibilité, une sainte violence, une obéissance aveugle à l’œuvre, et à son
omniprésente hiérarchie ».
« Il n’y a qu’une seule vie, faite de chair et d’esprit, l’amitié avec Dieu…le désir
d’évangélisation ».
« Le chrétien ne doit pas mener une double vie : d’un côté la vie intérieure…De l’autre..la vie
familiale, professionnelle, sociale…Si nous vivons bien la messe, comment ne pas
continuer ensuite… ».
« Nous avons l’obligation de défendre la liberté personnelle de tous les hommes…Nous avons
l’obligation de répandre la vérité ».
« Les chrétiens doivent intervenir comme bon il leur semble dans les questions d’ordre
politique, social, culturel etc. sans autres limites que celles que le magistère de
l’Eglise a fixées ».
« Le travail…bien accompli, ordonne chrétiennement les réalités temporelles ».
Si l’on rapproche ces paroles, d’autres, contenues dans les encycliques, la convergence
de pensée est parfaite, par rapport, en particulier à « la sanctification par le
travail ».
« …Les apôtres immédiats des ouvriers, seront des ouvriers… » PIE XII dans
Quadragesimo Anno (1936)
« L’ouvrier doit fournir intégralement et fidèlement tout le travail auquel il s’est engagé…Il
doit fuir les hommes qui lui suggèrent des espérances exagérées… » Léon XIII dans
Rerum Novarum (1891)
« Dans les entreprises économiques, ce sont des personnes qui sont associées entre elles…
crées à l’image de Dieu… » (Vatican II) Jean XXIII
Etc…On pourrait compléter avec les récentes encycliques de Benoît XVI portant sur « la
morale » et « l’espérance ».
Dans une lettre adressée aux membres de l’Opus dei, Escriva de Balaguer décrit les
« trois taches » qui salissent le monde : la première est le matérialisme et l’athéisme
marxistes.. .qui cherche à détruire jusqu’au plus petit élément surnaturel ; la seconde
réside dans les premiers pas de la libération féminine « grande vague de sensualité
débridée qui amène les hommes à se conduire comme des animaux ». La troisième, la
plus importante, la plus dangereuse, la laïcité
« tache d’une autre couleur, dans les tendances sans cesse croissantes à dénier leur place à
Dieu et à l’Eglise, à dire leur réalité et leur signification objectives, pour les
reléguer dans un coin de la vie privée, sous la tutelle d’une conscience subjectiviste,
autrement dit l’expulsion hors de la vie publique de la foi et de ses manifestations ».
24
René Andrau, extraits – « Dieu, l’Europe et les politiques » - Avril 2006
« La doctrine sociale de l’Eglise, c’est d’abord ce refus obstiné de la sécularisation de la
société et de la laïcisation de ses institutions. C’est ce refus qui fonde l’engagement
philosophique des membres de l’Opus dei…Le projet opusien d’intégrer les laïcs est
bien dans le sens d’intégrer « des hommes qui vivent au milieu d’autres hommes, au
milieu du monde », et de repousser ainsi toute avancée de la laïcité. Cela apparaît
dans la constitution interne de l’œuvre, en 1950, qui indique : « les moyens
caractéristiques de l’apostolat de l’Opus dei sont les fonctions publiques,
notamment les fonctions dirigeantes »… Il y a une parenté évidente entre la
philosophie de l’Union européenne et la doctrine sociale de l’Eglise, qui met hors
d’atteinte de la souveraineté populaire tout ce qui se rattache à l’économie…Et sur
ces deux champs de bataille l’Opus dei est présente, au premier rang, véritable armée
du Vatican et du capitalisme européens… La pensée républicaine affirme la liberté de
l’homme et du travailleur en lui reconnaissant le droit de faire sa propre histoire ; la
doctrine sociale de l’Eglise fait de l’homme et du travailleur un exécutant de
consignes qui le dépassent définitivement, ce que Jean Paul II énonce clairement dans
Centissimus annus (mai 1991), mise à jour de Rerum Novarum, sur les connaissances
et l’organisation sociale) : « La doctrine sociale a par elle-même valeur d’un
instrument d’évangélisation : en tant que telle, à tout homme elle annonce Dieu et
le mystère du salut dans le Christ et, pour la même raison, elle révèle l’homme à luimême. Sous cet éclairage, et seulement sous cet éclairage, elle s’occupe du reste :
les droits humains de chacun et en particulier du prolétariat ». Les questions sur la
vraie nature de l’Opus dei, son extraordinaire réussite sont à rechercher dans
l’histoire même du catholitisme depuis le 19ème siècle, et aux rapports qu’il a su, pu
instaurer entre Eglise et Société. L’Opus dei représente le « projet romain », fort et
conquérant, d’où une correspondance parfaite avec la vision de l’Eglise, en
particulier depuis Jean Paul II, repris par Paul VI et Benoit XVI. L’œuvre
accompagne parfaitement le retour du religieux dans une période de crise sans
précédent du capitalisme »
« Dans l’ économie,, il est nécessaire de mettre en permanence un supplément
d’humanité » ! extrait d’une Lettre du cardinal Sodano (Nonce au Chili, sous
Pinochet) à Michel Camdessus, ancien directeur du FMI (de 1987 à 2000), ami de
l’Opus dei animateur des Semaines Sociales en France, membre du conseil
pontifical « justice et paix », proche de l’Opus dei.
En lien avec la doctrine sociale de l’Eglise, voici une ébauche de nouveau statut du
travailleur, tel qu’ébauché en 2001 par Jean Boissonnat, autre animateur des très
catholiques Semaines Sociales : « Il faut effacer le concept même de chômage, pour
lui substituer celui de travailleur en transition, ou de travailleur en restructuration ».
Il ne fait que reprendre Jean Paul II, parlant de la mise en place de la doctrine sociale de
l’Eglise :
« Ce sont surtout les laïcs qui seront présents dans ces tâches , sans jamais céder à la
tentation de réduire les communautés chrétiennes à des services sociaux. En
particulier, les relations avec la société civile devront être réalisées selon les
enseignements proposés par la doctrine sociale de l’Eglise ».
25
En conclusion :
« L’Eglise a toujours fait de la politique, en général celle du pouvoir en place. Quand elle a
du se « faire à la République », l’abbé Jules Lemire, député de 1893 à 1928 était là
pour dire : « Les lois se font par le peuple. A nous d’aller là où est la force pour
nous en emparer et la donner à l’Eglise ». La doctrine sociale de l’Eglise n’est pas
autre chose que la volonté pour l’Eglise, d’organiser l’ensemble de la société telle
qu’elle l’entend ! »
Marc Prévôtel dans « Cléricalisme moderne et mouvement ouvrier » -seconde édition
2008.
Michel DI NOCERA (Libre pensée cantalienne)
Bibliographie, sources utilisées :
L’Opus dei, Dieu ou César, de Thierry Oberlé – avril 1993 – éditions le monde en
marche.
Urbi et Orbi, de Constance Colonna-Cesari – Août 1992 -La découverte/enquêtes
L’histoire contemporaine sous influence de Annie Lacroix-Riz – Le temps des cerises 2004
La doctrine sociale de l’Eglise – l’Idée libre, n° 273 juin 2006.
Les autres livres cités sont précisés dans ce document.
Sites internet : site officiel de l’Opus dei, réseau Voltaire, le Monde diplomatique,
Wikipédia, Prévensectes, etc. (également cités).
26
27
Sur le même sujet..
sociale
europe
france
monde
vatican
escriva
annees
espagne
eglise
catholique
membres
politique
fondateur
doctrine
europeenne