Rébellion 1837 38 .pdf
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Jubilé de
Diamant
?
/ /-
C
<^/
A:-
/^/y
^^
i/
^
-£-.!'
Patriotes
.
• .
de
1837=38
Role d'Honneur
^v
-'
/ /
f
JUBILÉ DE DIAMANT
Rébellion de 37
=
38
-^^
PRECIS COMPLET DE CETTE
.
.
PERIODE
.
.
ROLE D'HONNEUR
.
•>»-^4
OU
.
complète des patriotes détenus
dans les prisons de Montréal en
Liste
1837
"
1838
•
{t4-«*
1839.
lieux des arrestations et autres détails
intéressants et inédits sur ce sujet
Date et
PAR
J.
DOUGLAS BORTHWICK,
L.L.D.
Auteur de plusieurs traités Canadiens, en Histoire, Géographie
et Biographie.
MONTREAL
FRERE,
IMPRIMERIE DU "CULTIVATEUR" L. J. TARTE
33 & 35 Rue Saint -Gabriel,
«&.
1898
Props.
f Ç0'I4
•t''i
f
-
tCi
1
M
C''>i
.y "-
b
,
DEDICACE
A
ly HonornJ le F.
G.
Marchand,
Ministre de la Prouince
Je
Premier
Québec^ et aux
Conseil Exécutif
d,b
Hotiorahles v'Memhrcs d,a
AY',9
C.E.,
collè^ives.
suis
heureux de pouvoir voua dédier cet important
vail sur la rébellion
tra-
de 1837-38.
L'histoire offre d'étrang"S coincidences.
Reine Victoria montait sur
Nelson et McKenzie étaient
le trône,
Ainsi lorsque la
en 1837, Papineau, Brown
les chefs
de ce
parti qui réussit à
assurer au Canada le gouvernement responsable.
Lors du Jubilé delà Reine, en 1887, la province de Québec
était
gouvernée par une administration libérale ayant à sa
tête feu l'honorable
H. Mercier.
Aujourd'hui, jubilé de diamant de Sa Majesté, 1897, la
province est encore administrée par un gouvernement libéral
qui est le vôtre.
Puibse-t-il prospérer et, sous l'action
lers faire
de la province
le
porte-drapeau de la Conlédération,
montrant à l'univers entier que
coule encore
chaud
et fort
1898.
le
sang qui anime ses habitants
dans leurs veines.
J.
Montréal,
de vos sages conseil-
DOUGLAS BORTIIWICK.
PRÉFACE.
A
mesure que s'écoulent
nir de cette période
les
années,
le
souve-
mouvementée de 183t-38
de-
Canadiens.
vient de plus en plus cher aux vrais
vient de céléOr, au moment où le monde entier
Victoria,
brer le Jubilé de diamant de la Heine
descendants ou
n'est-il pas raisonnable que nous,
leur
concitoyens de ces patriotes qui ont versé
dévouela patrie, et dont le courageux
sang pour
ment nous
a obtenu le plus grand bienfait
que
gouvernement respondis-je, que l'on
sable, n'est-il pas raisonnable,
yeux du
réunisse, pour les faire passer sous les
puisse désirer
pays, le
comme un
public
hauts
un
faits se
véritable panorama, tous les
rattachant à la mémoire des Héros
de 1837-38.
On
plua écrit sur cette importante période
sieurs histoires, ainsi
que de nombreuses brochu-
—
res
esquisses
et
toutes
dans
ne
traitaient pas des sujets
première page de ce
la
An
ce
biographiques, mais presque
œuvres ont eu une circulation
ces
treinte et
li-
res-
énumérés
livre.
sujet d'une publication antérieure, voici
que M.
L. 0. David, le populaire historien
cette période, disait
de mes
efforts tentés
pour
de
re-
cueillir les faits se rattachant à ces intéressants
événements
:
"
Yous avez
le
mérite d'avoir
fait
connaître une foule de détails et de documents
officiels relatifs à ces
La
événements."
Patrie écrivait aussi
trop apprécier
le
:
"
Nous ne pouvons
haut esprit d'impartialité qui a
présidé à la conception de cet ouvrage.
wick
M. Borth-
bs événements de 183^-38 avec une
de vue et une générosité qu'il est de
a jugé
libéralité
notre devoir de reconnaître."
Nous pourrions
citer plusieurs autres témoi-
gnages, mais ceux-ci suffiront pour établir com-
bien
le
public approuvait cet ouvrage alors impar-
fait.
Je vais donner
in extenso tout ce
que
j'ai
déjà
publié sur 1837, 1838 et 1839 ainsi que de nom-
breux
faits recueillis ces
années dernières, ce qui
fera de ce livre l'histoire la plus fidèle de
importante époque.
cette
—
Puisons à toutes
les
—
III
les sources,
consultons tous
documents judiciaires ou des prisons,
recueil-
lons des patriotes survivants toute information
parlant de cette intéressante période et entourant
ainsi d'une auréole de gloire, avec la feuille d'éra-
ble et la fleur de Lis, l'histoire de ceux qui ont
bravement défendu nos
combat! u,
et
institutions, qui ont vécu,
dans nombre de
cette devisj sur les lèvres
'f
:
"
cas,
sont morts avec
Vive
la Liberté
"
!
HISTOIRE
de
DE
On ne
la
RÉBELLION
1837-38.
trouve dans aucun traité une histoire
aussi claire, slwhsî succinte des év^èneraeuts qui ont
précédé les hostilités de 183Y-38 que celle publiée
par la London and
Westminster Eevietv, journal
libéral.
Dans
l'intérêt
de ceux qui n'ont pas lu ce
journal, je vais citer au long ce qu'il dit des évé-
nements qui ont amené
la rébellion.
Nous y verrons une exposition
parfaite de la
mauvaise administration qui prévalait alorsdepuis
longtemps en Canada et le mécontentement qu'elle
avait soulevé chez les habitants
Bas-Canada.
Nous ne
citerons
que
du Haut
et
du
la partie affec-
tant notre province.
un exposé sommaire des réformes
mandées par l'Assemblée du Bas-Canada
Vo?ci
de-
:
1.
Un
conseil électif et l'abolition
du présent
Conseil Législatif
2.
Le contrôle absolu du revenu par
canadien.
le
peuple
HISTOIRE DE LA REBELLION DE
12
Rendre
8.
les
1837-38.
juges responsables à la
lé<^isla-
ture provinciale et non au souverain.
Les commissaires d'Angleterre, Lord G-osford,
Sir^Cliarles Grrey et Sir
George Fipps, arrivèrent
eu Canada dans l'automne de 1835.
Lord Grosford
en chef à
la place
fut aussi
nommé gouverneur
de Lord Aylmer.
L'hiver suivant, Sir John Colborne, gouver-
neur du Haut-Canada, qui
ment désagréable
s'était
rendu extrême-
à la population de cette pro-
vince, fut révoqué et remplacé par Sir Francis
Head.
Citons les extraits de
"
Le but de
la Revieiv
cet article est de
:
donner un
posé des principaux actes de ces personnages,
exet
nous croyons pouvoir établir que non seulement
ils
n'ont pas réussi à calmer les esprits, mais,
aidés des instructions
peu généreuses
dire trompeuses
— de Lord Grlenelg,
lement activé
mécontentement qui
le
ils
—
j'allais
ont réel-
existait lors
de leur arrivée.
Avant le départ de Lord
G-osford et des autres
commissaires, M. Roebuck, agent à la
Chambre
d'Assemblée du Canada, soumit au ministre des
Colonies, Lord Glenelg,
vues
et
demandes de
un
état détaillé, écrit, des
cette chambre.
HISTOIKE DE LA REBELLION DE
1837-38,
13
Ce document est, sous tous les rapports, d'un
grand mérito. Il y est question des réformos de-
mandées par l'Assemblée
tout sur l'abolition
et la création
et l'auteur
appuie sur-
du présent Conseil
Législatif
d'une seconde chambre élective,
et
prévenu des conséquences
sé-
Lord Grlenelg
est
rieuses qui résulteraient
du
refus d'accéder à ces
d'amandes.
On
avait d'abord entretenu l'espoir
que
les
commissaires viendraient revêtus des pouvoirs
d'accorder telles réformes.
Sir
George Grey,
il
e?t vrai, par respect
pour
Canadiens ne voulut pas faire connaître au
parlement ces instructions qui devaient d'abord
les
être
soumises à l'Assemblée,
et
il
promit de
les
présenter à la Chambre.
Une
fois arrivés
se montrèrent,
esprit
en Canada,
en tout
extrêmement
et
les
commissaires
partout, animés
libéral.
Lord Gosford ne
cachait pas que lui et ses collègues étaient
més par un gouvernement
d'un
libéral et
nom-
pour aucun
autre but que celui de faire des réformes.
Il lui
arrivait rarement de parler de ses
instructions
sans faire mention de leur esprit libérrl. "Je
suis convaincu," disait-il, en conversant avec
membre éminent
un
de l'Assemblée, quelques jours
HISTOIRE DE LA REBELLION DE
14
avaut l'ouverture de
la session,
"
1837-38.
Je suis con-
vaincu que mes instructions seront favorablement
acceptées,
le
une
fois
Après-demain sera
connues.
grand jour des révélations
;
le
pays tout entier
en connaîira aussi long que moi sur
de Sa Majesté. Je
les intentions
sans réserve, tout ce que
dirai,
je sais."
Ce langage de Lord Gosford,
session, lui
gagna
faite confiance,
la
des
la
à la veille de la
bonne volonté, sinon
la par-
membres de l'Assemblée
masse du peuple.
et
de
Mais, d'un autre côté, ses
déclarations soulevèrent la haine des colons tories
qui l'attaquèrent de
la
manière
la plus violente
dans leurs journaux.
Yint enfin "le jour des révélations," mais
rien de ce que l'on
attendait
ne fut révélé.
Le
gouverneur se contenta d'un discours du trône
pas du tout satisfaisant, pour
Ce discours
que
était
les
muet sur
Canadiens.
tous les points
l'on jugeait les plus importants.
Si c'était là "tout ce qu'il savait," lord Grosford
ne savait rien évidemment
II
ne disait rien
d'un changement dans la constitution du
il
<:îonseil;
ne disait rien de l'abandon, tenu à l'Assemblée,
du
contrôle
du revenu
réclamations populaires.
—réformes
en tête des
-
HISTOIRE DE LA REBELLION DE
Il
ces
en résulta
— on
dans
la
15
ruine complète des espéran-
ne saurait dire de
l'esprit
1837-38.
public par
les
confiance— jetées
la
promesses de lord
Grosford.
de bonne volonté des membres de
l'Assemblée envers le gouverneur, n'eut pa^ l'air
L'esprit
d'être affecté, cependant.
L'Assemblée ne pou-
vait pas reconnaître et ne reconnut
la
commission
traité
pas, de fait,
mais, quant au gouverneur,
;
il
fut
avec toute la déférence possible.
Alors, les instructions en question n'étaient
pas soumises à la.législature provinciale, en dépit
de la promesse de Sir Greorge Grey et des déclarations de
Lord
Grosford,
M. Roebuck de
des Communes,
les
"la
ce qu'il
G-rey, après
Chambre d'Assemblée
du plus
devenait du devoir de
redemander dans
et c'est
Mais Sir G-eorge
il
vif désir de
colonie," soumit à
fit,
Chambre
la
le
16 février.
avoir reconnu que
s'était
promouvoir
montrée animée
les intérêts
M. Roebuck que vu
de
la
l'espoir
qui existait de voir régies les différences entre
l'Angleterre et
avis,
le
Canada,
il
serait
de rendre publiques, dans
peu
le
moment,
instructions données aux commissaires
même
sage, à son
;
les
que cela
pourrait avoir de graves conséquences.
Dans
ces circonstances,
M. Roebuck
retira sa
HISTOIRE DE LA REBELLION DE
16
1837-38,
motion, désirant donner au cabinet +out
temps
le
d'étudier la question.
Or au moment
parlait ainsi des
même
où Sir G-eorge Grey
graves conséquences que pou-
vait entrainer la divulgation de c^s instructions,
ces
mêmes
dans tout
instructions étaient rendues publiques
le
Canada par
le
fait
d'une bévue
di-
plomatique de Sir Francis Head.
La
législature
du Haut-Canada
sion, lorsque Sir Francis
en ses-
était
arriva dans cette pro-
vince, en février, et son premier message conte-
des extraits dévoilant presque toute la par-
nait
des instructions données aux com-
tie essentielle
On
missaires.
communiquer
en
la
lui
aurait permis, parait-il,
de
substance de ces instructions,
même temps que
les siennes propres
;
mais
n'était-il
pas alors depuis assez longtemps dans la
carrière
officielle
pour savoir qu'en diplomatie
substance veut dire ombre^
il
commit
cette
irrémé-
diable bévue.
On
Grey
s'expliqua alors la conduite de Sir G-eorge
et les
graves conséquences qu'il voyait dans
la publication
en substance
blée, sous
de ces instructions.
le rejet
une
Elles étaient
des demandes de l'Assem-
légère apparence de libéralité.
Le but du ministre colonial
et
du gouver-
HISTOIRE DE LA REBELLION DE
1837-38.
l7
neur en tentant de iromper l'Assemblée
et le peuple du Bas-Canada par des
belles paroles voilant
leurs véritables intentions est
assez évident.
L'assemblée avait refusé de voter les
subsides
afin de donner plus de force
à ses demandes de
réformes, et l'on a cru que si l'on
pouvait détourner les soupçons, l'exécutif
pourrait peut-être
obtenir
un
crédit, peut-être
même une liste
permanente, ce qui devait rendre le
parti
indépendant de l'assemblée pour une
civile
officiel
période in-
définie.
Mais cette espérance fût déçue.
Après cet événement qui ruinait
toutes les
espérances entretenues jusqu'alors,
la chambre
d'Assemblée décida de refuser carrément
de payer
tous arrérages.
Cependant, par esprit de conciliation envers l'exécutif, et pour
montrer
elle désirait
peu
combien
créer
des embarras inutiles au
gouverneur, l'assemblée vota un bill
de subsides
pour six mois, aux conditions formulées
auparavant, la principale étant que
tout fonctionnaire
occupant deux emplois ne retirerait
que le
salaire
d'un seul, savoir
le
plus élevé.
Cette mesure,
cependant, ne plaisant pas au parti
officiel, fut
battue dans la chambre de ce
parti, le Conseil
Législatif.
Ce corps
se
prétendant
le
représentant des
HfSTOIRE DE LA REBELLION DE
18
1837-38.
principes aristocratiques, alors qu'il ne représentait
que quelques bureaucrates prétenlieux ma-
nifesta
en
sa colère
rejetant
mesures de
les
l'Assemblée.
Toutes
rêt
les
mesures de l'Assemblée dans
l'inté-
de l'administration interne du pays furent
jetées,
sauf une,
et cette dernière (un bill
terminant la construction d'un chemin de
entre le Bas-Canada
et
le
re-
dé
fer
Nouveau-Bru'iswick),
à la sanction rai)apale par le gou-
fut réservée
verneur général.
Le
les
bill
touchant
les
écoles élémentaires, et
autres bills concernant l'éducation furent au
nombre des
Comme
rejetés.
conséquence de cette attitude,
vint nécessaire
d(^
il
de-
fermer 1665 écoles établies par
actes provinciaux, privant ainsi des
moyens
d'ins-
truction pas moins de 40,000 enfants.
Le
bill
de subsides pour six mois fut voté le
23 février contre uu ameiub^ment à
les arrérages.
Ce
l'effet
de payer
résultat fut accueilli par des ap-
plaudissements qui furent difficilement réprimés,
tant le public avait besoin de donner libre cours
à ses sentiments
A
partir de ce
session la
moment, jusqu'à
la fin
Chambre s'occupa surtout de
de la
recevoir
HISTOIRE DE LA REBELLION DE
du comité
rapports
les
régler les griefs
reprochable
discuta
un
permanent chargé de
(d'étudier surtout la
fonctionnaires
des
de
projet
lÔ
1837-38.
publics).
relatif à la
loi
conduite
On
réforme du
Conseil Législatif, puis enfin, on vota une adresse
au Eoi,
et
les
deux chambres répétant leurs
condamnant
la
griefs
conduite indiquée plus haut.
Les personnages
officiels
dont
la
conduite fut
condamnée par un comité de T Assemblée, puis
subséquemment par la Chambre étaient les juges
Gale,
&
Thomson
Fletcher,
les
shérifs
Gruay,
Witche, M. Felton, commissionnaire des terres de
la
Couronne
et
quelques autres.
Pour donner
à nos lecteurs
une
idée de la
justice rendue à Montréal par le juge en charge
durant
bon
le
plaisir
de
la
Couronne,
c'est-à-dire,
du pouvoir exécutif de l'époque, nous citerons un
cas
Nous voyons qu'au mois de décembre, 1835,
:
Tin
homme
était
r Assemblée
et,
du
la
prison de
La chose fut l'objet d'une enquête par
Montréal.
la part
mort de froid dans
et l'on
prouva négligence coupable de
shérif et de son subalterne, le geôlier,
en conséquence une adresse fut votée deman-
dant
le
renvoi de ces deux fonctionnaires.
se rendit pas à cette
général
demande
;
mais
le
On
ne
procureur
émana une mise en accusation devant
le
HISTOIRE DE LA REBKLLION DE
20
grand jury, pour meurtre, contre
jury fut
nommé
le
1837-38.
geôlier.
Le
par Gugy, impliqué, et l'accusa-
tion fut renvoyée.
La chose
fut regardée
tice et la popularité
comme un
déni de jus-
de Lord Grosford eut beaucoup
à en souffrir.
Mais ce
l'affaire.
n'est pas là le plus intéressant
Un
journal,
La Minerve osa
jury de "jury vendu." Le
le tribunal et
le
de
qualifier le
libelle fut porté
devant
procureur général demanda de
suite l'arrestation de l'écrivain
Duvernay,
et
pour-
La cour, sans entendre de preuve, pas même celle du fait de la publication, accorda le mandat et Duvernay arrêté dût
quoi
?
pour mépris de cour
donner caution.
on soumit
le
Etes-vous
le
vous publié
un
Au
!
terme suivant de
la
cour,
défendeur à l'interrogatoire suivant
propriétaire de
l'article
La Minerve
en question
des citoyens les plus honnêtes et
?
?
:
— Avez-
— Duvernay,
mieux con-
les
nus, le fondateur de La Minerve et de notre grande
institution nationale, "
tiste," étant
La
société St Jean-Bap-
sous serment, répondit
:
"Oui." Sur
condamné à 30 jours de
prison et une amende de =£20. Le juge (nous
cacherons son nom) déclara que cette manière de
cette confession,
il
fut
procéder était d'une indulgence toute particulière,
HISTOIRE DE LA REBELLION DE
car on avait laissé
était
le
ce n'était là
Duveruay ne
fut
21
déieudour dire lui-même
coupable ou non
re— si
1837-38.
d'où l'ou pourrait dédui-
;
un
s'il
véritable guet-apens
puni que parce
— que
ne voulait
qu'il
pas se parjurer.
Continuons maintenant de
mentionné plus haut
citer le journal
:
"
Le dernier
de donner
la
acte législatif de l'Assemblée fut
forme de projet de
de d'un conseil
électif.
Ce
loi à la
bill fut
deman-
adopté eu
chambre par une grande majorité.
Une
première objection
officiel était
faite
que ce projet stipulait
par
la
le
parti
révocation
d'une partie d'un statut impérial, ce qui
n'était
pas de la juridiction d'une législature
provinciale
subordonnée.
Cependant
l'acte
altérer la constitution érigée
môme, au moyen d'une
manière prescrite par
ni
une révocation
ni
l'acte
une
loi
par
adoptée de
même, ne
la
constituait
violation.
L'acte en question avait déjà été modifié
sans
du parlement impérial. Il constituait
une chambre d'Assemblée de 50 membres.
Par la
le
secours
suite, certaines parties
bord devinrent
irès
du pays peu
habitées d'a-
populeuses, en conséquence,
une législation modifiant l'acte et faisant
une
HISTOIRE DE LA REBELLION DE
22
1837-38.
nouvelle division de la province, fut passée par
l'Assemblée, puis par
acceptée
le
conseil et
approuvée par
et
le
subséquemment
gouverneur
et elle
aujourd'hui partie de la constitution cana-
fait
dienne.
Ainsi, l'on avait fait alors
cet
le
amendement
principe
mier
local,
pourquoi contester ensuite
La réponse
?
est facile.
cas, l'oligarchie locale
dans
tages,
deuxième
le
aucune objection à
Dans
le
pre-
entrevoyait des avan-
elle avait
pour perspec-
tive, sa ruine.
Les objections
dans
faites
la constitution
au changement demandé
du Conseil
Législatif repo-
sur divers prétextes, dont quelques-uns
saient
très curieux, faisaient voir à quels excès se lais-
saient parfois entraîner les
ment
ennemis du gouverne-
colonial resi>onsable.
Dans
le
membre du
cours d'une conversation avec
parti
libéral,
un
un des commissaires
donnait à entendre qu'une puissante objection à
la
réforme en question était que la majorité de-
mandant
le
changement, bien que
forte se
compo-
sait
surtout d'individus d'origine française, tandis
que
la
posait,
minorité opposée au changement se com-
pour
anglaise.
la plupart,
de personnes d'origine
HISTOIRE DE LA REBELLION DE
Si la population n'eut pas été
18 >7-38.
23
composée d'ha-
bitants de diverses origines, le projet n'aurait
rencontré aucune objection, ajoutait ce commisAlors, lui fût-il répondu, tentez la réforme
saire.
dans
le
Haut-Canada où
elle est
demandée par une
forte majorité d'habitants anglais d'origine.
Or quelle
Comment
réponse de ce commissaire ?
de ce dilemme ? 11 objecta
lut la
sortit-il
bien que d'une
que,
même
origine,
peuple
le
pas là-bas aussi unanime que dans
Canada.
n'était
Voici d'étranges conditions,
unanimité d'origine
et
le
Bas-
assurément
unanimité d'opinion
—
— qui
ne sauraient cacher d'autre objet que celui de se
rendre au désir d'une infime minorité.
Cependant, soumise à
la décision
tants d'origine anglaise, la question
électif eut été décidée
des habi-
du Conseil
dans l'affirmative par une
grande majoîité, caries Townships
Cotmties,
peuplés
entièrement d'Anglais avaient, pour la plupart,
élu des représentants favorables au principe
élec-
dans un des comtés représentés par les
ennemis de ce principe, ces derniers ne remportaient la victoire que par une faible majorité.
tif
et
Estimant à 150,000
anglaise,
dans
le
la
population d'origine
Bas-Canada,
les
citoyens repré-
HISTOIRE DE LA REBELLION DE
24
sentes par des
hommes
1837-38.
opposés au désir de la ma-
en nombre, 40,000
jorité n'excèdent pas
— une
bien faible minorité sur une population de plus
de 600.000
et,
;
cependant,
minorité que cède
On
le
vœu
au
c'est
de cette
gouvernement.
prétend que
électif affaiblirait d'abord,
un
de créer
le fait
pour
conseil
le détruire
fin le lien entre la colonie et la mère-patrie.
bien,
le
non pas
fin,
ment, détruire ce
Le Conseil
à la
Eh
!
maintien du système
nous déclarons que
actuel doit,
à la
mais
très
prompte-
lien.
grande cause du méconten-
est la
tement. Le principal grief des Canadiens contre
gouvernement impérial
n'est pas
que ce gouver-
directement oppressif, mais dans
nement
soit
fait qu'il
maintient et appuie
le
le
le
Conseil Législatif.
Et cette monstrueuse institution peut
faire tort à
la colonie.
Il
la
peut exister des divergences d'opinion sur
question de savoir dans quelL' mesure la colo-
nie devrait exercer des pouvoirs administratifs,
et
quels sont les pouvoirs de la mère-patrie.
La colonie exerce
sentants
;
ses pouvoirs par ses repré-
la mère-patrie
gouverneur qui peut
exerce les
siens par Je
être tenu responsable
au
HISTOIRE DE LA REBELLION DE
parlement
fait
et
1837-38,
25
au Bureau Colonial, de tout ce qu'il
daus l'exercice de
tels
pouvoirs.
y a un troisième pouvoir, égal à ces
deux premiers et ne représentant ni la mère-patrie,
Mais
il
ni la colonie, mais
uniquement une bande de
Non seulement
fonctionnaires ambitieux.
la co-
lonie est frustrée par eux dans ses désirs, mais les
pouvoirs de
ainsi
que
la mère-pairie sont méprisés, et c'est
les projets
du peuple,
Chambre Haute,
des
de
loi
renfermant
api es avoir été
les
rejetés
demandans
la
n'ont jamais été soumis réguliè-
rement au gouverneur
ni
au ministre
colonial.
La dernière mesure de l'Assemblée, l'adresse
au Eoi et aux deux chambres du parlement, fut
adoptée par une majorité de 55 contre
vrier, 1836.
Il
y
était fait
ces créées par la conduite
7, le
25
fé-
mention des espéran-
du gouverneur,
désappointement déterminé par
et
du
la révélation
des
instructions données aux commissaires
;
puis,
dans
des termes modérés, mais des plus fermes, l'Assemblée réitérait ses premières demandes.
lo.
Un
2o.
La révocation de
nure
et
de
Company.
conseil électif.
l'acte
l'acte
concernant
la te-
créant la British- American Laiid
HISTOIRE DE LA REBELLION DE
26
3o.
Contrôle
1837-38.
absolu du parlement
sur les
terres appartenant à la colonie.
4o.
Contrôle absolu sur
le
revenu
et la dé-
pense.
L'adresse contenait aussi que le redressement
des griefs devait précéder toute appropriation per-
manente d'argent.
La fermeté de
la
chambre d'Assemblée, sou-
mise à une autre épreuve fut soutenue de
la
ma-
nière la plus noble.
Le 22 septembre,
1836, l'Assemblée était con-
voquée pour recevoir
à son adresse.
la
réponse de Lord Grlenelg
Cette réponse n'était qu'une réité-
instructions aux commissaires
ration des
—
demandes de l'Assemblée étant une seconde
les
fois
reietées.
Suivit
une adresse de l'Assemblée au gouver-
neur répétant la détermination prise à
session de 1835-36, savoir
que
le
griefs devait précéder tout vote
de subsides.
une majorité variant de 58 contre
majorité
laisser
après
en comité,
une session de
par
6 à 54 contre 9.
menaçait aussi de se retirer
aucun quorum.
de la
redressement des
Cette adresse fut adoptée,
La
la fin
La chambre
et
ne
fut prorogée
15 jours environ.
Sur un rapport élaboré des commissaires,
il
HISTOIRE DE LA REBELLION DE
fut présenté dans la
Chambre des Communes,
mars suivant, des résolutions
tait
de
pas sage de rendre électif
province
la
mais qu'il
mesures dans
ter des
de
;
publique."
fiance
le
le
6
à l'effet " qu'il n'éle
Conseil législatif
était
à propos d'adop-
but d'assurer à ce corps
un plus haut degré de
législature
la
27
1837-38.
On
rejetait
demandes de l'Assemblée
la
con-
plusieurs
aussi
autorisait l'exécutif
et
à se servir des deniers publics de la provinca pour
les
dépenses nécessaires.
Cela mit
On
feu aux poudres.
le
presse des articles révolutionnaires
ses parties de la
blées
populaires
et,
vit
dans
la
dans diver-
province, se tinrent des assem-
auxquelles Papineau
et
autres
firent des discours incendiaires.
Une
proclamation du gouverneur prohiba
ces assemblées, mais elle fut
et reçue par les cris de "
Liberté
!
point de
ouvertement méprisée
Vive Papineau
despotisme
'
"
tandis
!
Vive
que
la
l'on
adoptait des résolutions n'étant rien moins que
des déclarations d'indépendance
tions à
et
des prépara-
une révolte armée.
D'un autre
côté, se
tenaient de
fréquentes
assemblées loyales auxquelles l'on affirmait
tachement
à la
Couronne
et
l'at-
à la constitution.
L'excitation devenait chaque jour plus in-
HISTOIRE DE LA REBELLION DE
28
tense
le
1837-38.
des mesures préventives furent prises et
;
peu de troupes dans
Sir
la
province mises sur pieds.
Johu Colborne qui venait de
gouvernement du Haut- Canada
du
comman-
se retirer
fut fait
dant en chef des troupes de l'Amérique Biitan-
nique du Nord.
A
ce
moment
le roi
Gruillaume
montait sur
et la reine Victoria
IV mourait
le
20
que
le
le troue,
juin, 1837.
Lord John
E-ussell
fit
alors observer
ministère ne désirait passer aucune mesure coercitive
au début d'un nouveau règne, que
les réso-
lutions relatives au Bas-Canada seraient reprises
en considération
cependant
prochaine session.
à la
qu'il fut
Il
voulait
bien compris qu'aucun des
changements constitutionnels demandés par
l'As-
semblée Canadienne ne sauraient être ni ne
raient accordés, et
il
espérait
se-
que l'Assemblée
se
montrerait plus raisonnable à sa prochaine réunion.
En
conséquence, Lord Grosford, convoqua
parlement en session pour
le 18 août, 1837,
le
afin
de donner à l'Assemblée une nouvelle opportunité
d'entendie raison.
A
la date fixée, la dernière session
du
arlemeut du Bas-Canada fu^ ouverte.
dernier
L'appa-
HISTOIRE DE LA REBELLION DE
1837-38,
29
rence de quelques représentants causa une certaine émotion.
Les "patriotes" a^^aient décidé de
n'acheter ni de porter
aucun
importé
article
plusieurs arrivèrent à Québec vêtus en
Nous
"
à ce sujet
:
L'habillement de M. Rodier excita beaucoup
l'attention, était
unique dans son genre, sauf une
paire de gants de Berlin.
M. Rodier
redingote, couleur granit, en
tes et gilet
de la
un chapeau de
des
du
du Mercury
citerons le passage suivant
de Québec,
étoffe
et
même
paille
portait
une
étoffe
du pays, culot-
étoffe rayée
bleu et blanc,
et des souliers de
boeuf avec
bas de fabrication domestique qui complé-
taient l'accoutrement.
On
a
remarqué que M. Ro-
dier ne portait pas de chemise, n'ayant pu, sans
doute en fabriquer une, ou l'obtenir en contrebande.
L'habillement du Dr O'Callaghan n'avait
de semblable que celui de M.
chapeau,
les chaussures, les
en avait une
L'adresse
!
)
sauf
gants, la chemise
le
(il
et les lunettes.
du gouverneur
d'un ton conciliateur.
tants que l'objet
Rodier,
Il
était
ferme, mais
expliqua aux représen-
du gouvernement impérial
était
de leur fournir une nouvelle occasion de reconsidérer leur attitude avant l'adoption d'une législa-
HISTOIRE DE LA REBELLION DE
30
impériale qui priverait
tioii
ciale
du
1837-38.
la législature
" chose
contrôle de ses revenus,
gouvernement de Sa Majesté
provin-
que
le
désirait éviter par
tous les moyens, sauf le sacrifice de l'honneur et
de l'intégrité de
Couronne."
la
Après huit jours de délibérations, l'Assemblée
adopta une adresse renfermant toutes
nes demandes et affirmant
les
ancien-
avec plus d'énergie
encore sa détermination à ne pas modifier d'un
iota ses prétentions.
même
Les représentants allaient
dans cette adresse
:
" Il est
plus loin,
donc de notre devoir
de dire
à la mère-patrie
l'esprit
de ces résolutions dans
que
de l'Amérique Britannique,
donne
si elle
et
le
effet à
gouvernement
de cette province
en particulier, sa suprématie, à partir de ce moment, ne reposera plus sur
tion,
de devoir
et d'intérêts
qu'il serait plus sage
physique
le parti
les
sentiments d'affec-
mutuels, sentiments
de cultiver, mais sur
et matérielle,
gouvernant, de
la force
élément dangereux pour
même que pour
les
admi-
nistrés qui perdent toute certitude relativement à
leur existence future et à leurs plus chers intérêts,
état de choses
chez
les
que
l'on
gouvernements
rope civilisée."
ne saurait trouver
les plus despotes
même
de l'Eu-
HISTOIRE DE LA REBELLION DE
Son Excellence exprima son
l'entêtement de l'Assemblée,
1837-38.
regret
et la
31
de voir
chambre
fut
dissoute, p'àr proclamation.
Ce
fat là la fin
du parlement du Bas-Canada,
après quarante-cinq ans d'existence.
Cet événement laissa peu d'espoir d'une solution pacifique des difficultés survenues
entre les
partis.
La première assemblée publique de quelque
importance qui marque cette époque fut celle tenue à Saint-Ours,
de
petit village situé sur les bords
la rivière Eichelieu.
Cette assemblée attira
du marché et
Un frère du bien connu Côme
une foule considérable sur
autour de
S.
l'église.
Cherrier fut choisi
nion.
un
C'était
la place
comme
riche
président de la réu-
marchand de Saint-Denis,
un homme généralement respecté dans tout
le dis-
trict.
De
ce jour
tous les orateurs qui adressèrent la parole
là,
aucun ne sut mieux captiver
publique que
Nelson
énergique
et
le
Dr Wolfred Nelson.
grand, bien
était
le
neau.
un médecin de
C'était
le
fait,
d'une figure
possédant une voix puissante.
peut l'appeler
dans tout
l'attention
chef de
pays.
l'
Ou
insurrection sous PapiSaint-Denis, estimé
Parlant x^arfaitement la lan-
HISTOIRE DE LA REBELLION DE
32
gue
française,
vallée
il
était tout
du Hichelieu.
En
à
l'ait
chez lui clans
la
outre d'un passé hono-
rable au milieu des habitants,
grande
1837-38.
distillerie et jouissait
possédait
il
du
une
respect des cul-
tivateurs qui lui vendaient leur grain à de bons
prix.
Nelson
lit
ce jour-là le discours de circons-
tance qu'il termina par les résolutions suivantes
qui furent adoptées avec
siasme
plus grand enthou-
une seule voix discordante
et sa)^-
le.
le
La mesure de
lord
:
John Eussell privant
l'Assemblée Canadienne de tout contrôle sur
le
revenu, était déclarée une violation des droits acarticles de la capitulation
cordés par les
et
des
traités subséquents,
2o.
On
devait se
proclamait que
le
qu'à lui-même
fier
peuple Canadien ne
et
à son alliée natu-
République Américaine.
relle la
3o.
fut
déclaré que le parlement sanglais
aucun
droit de faire des lois pour l'admi-
Il
n'avait
nistration interne
du Bas-Canada,
législation de ce genre était nu] le
4o.
On demanda au
et
tyrannique.
peuple canadien de
tenir de faire usage d'étoffes importées
vir de
l'étoffe
que toute
et
;
s'abs-
de se
ser-
du pays.
Avant de
clore sa séance, l'assemblée choisit
HISTOIRE DE LA REBELLION DE
à l'unanimité,
Papineau qui,
comme son chef,
de ce moment porta
qu'il méritait bien,
devant
le
ayant
conseil de la
été,
1837-38.
83
Louis Joseph
ce titre de chef
tant publiquement,
nation, que privément
partout ailleurs, l'instigateur,
le
génie de l'insur-
rection.
Il fut
grand
que produisit, à Montréal,
l'etfet
nouvelle de cette assemblée. Les Canadiens
partout se réjouirent
les loyalistes furent
la
cons-
;
ternés
se
;
mais Lord Gosford, gouverneur général,
rendit
compte de
la situation et
émana une
proclamation prohibant toute assemblée séditieuse
et enjoignant à tous magistrats et
tous officiers
militaires de disperser partout telles
assemblées.
Le
5
novembre
les
magistrats de Montréal
ayant été informés que nombre de gens de uivers
endroits devaient se réunir le lendemain
pour
parader daus
rues de la ville émanèrent de
suite une proclamation prohibant la chose.
les
Yers deux heures,
le lundi, le fait était
connu
qu'un nombre considérable d'hommes s'appelant
".Fils de la Liberté " s'étaient réunis
dans
pace clôturé, près de
tanls après, 300
la
un
es-
rue St Jacques. Peu d'ins-
hommes
environ marchaient de
l'avant et attaquaient tout ce qu'ils
rencontraient
de loyalistes sur leur chemin. Ils eurent
vite
HISTOIRE DE LA REBELLION DE
34
mais
pris possession de la rue,
ralliés
1837-38.
les loyalistes s'étant
attaquèrent les Patriotes, qu'ils dispersè-
rent.
Désirant une revanche, les Dorics (comme
pénétrèrent dans
s'appelaient les loyalistes)
maison de M.
de
Idler,
la Liberté " et
où
se réunissaient " les Fils
s'emparèrent de trois canons et
que du drapeau de
ainsi
de Papineau fut
la
La maison
considérablement endommagée
la société.
bureau du Vindicator complètement saccagé.
et le
Les troupes furent promptement mises sous
les
armes
les
émeutes, mais aucun autre acte de violence
de
et l'on fit lecture
ne fut commis,
et le
calme se
concernant
l'acte
rétablit
un
instant.
Bien que l'excitation ne fut pas aussi grande
à
Québec qu'à Montréal
long de
la rivière
faisait
les paroisses le
novembre,
le
gouverne-
mettre en état d'arrestation plusieurs
citoyens pour
quatre
dans
Richelieu la situation était gra-
ve, cependant, et le 11
ment
et
furent
pratiques séditieuses.
détenus en prison,
Trois ou
puis libérés
sous caution, après quelques jours.
Les magistrats de Montréal publièrent une
proclamation prohibant toute assemblée pour des
fins
d'exercice militaire,
et
prohibant
'
Toute
assemblée publique ou toute procession de natu-
IIISTOIKE
re
à
DE LA RKlîELLION DE
troubler la paix publique,
à tous
et
1887-38.
35
demandant
citoyens loyaux et de bonne volonté de
s'abtenir de toute action susceptible, dans
l'état
actuel d'excitation," de mettre en danger la paix
de
la ville.
Peu de temps
après les magistrats de
publièrent une proclamation semblable
nomma, pour
le district
commission de
un
la
;
Québec
puis on
de Montréal, une nouvelle
paix qui révoqua soixante-et-
magistrats soupçonnés de favoriser
des rebelles, ou de
manquer de
cause
la
zèle envers le
gouvernement.
Vers cette époque des corps d'hommes armés
commencèrent
à se rassembler dans le district de
Montréal, surtout dans
Jean
et
de Chambly.
Sir
William
John Col borne qui avait passé
l'été
Henry— aujourd'hui Sorel— vint
ses quartiers
ou
voisinages de Saint-
les
généraux pour
étaient concentrées toutes
l'hiver, à
fixer
Montréal,
les troupes
nibles, comprises celles envoyées
à
dispo-
du Haut-Canada.
Bien qu'une rébellion fut imminente dans sa propre province. Sir Francis Head avait cru pouvoir
se fier entièrement à sa milice et donner
à la province sœur l'aide de quelques corps réguliers.
Le Nouveau-Brunswick
et la
Nouvelle-Ecosse
HISTOIRE DE LA REBELLION DE
36
prirent aussi leur coutingeirt,
ment du gouverneur,
il
et,
avec
se forma,
1837-38.
le conseiite-
à Montréal des
corps volontaires, dont leB cadres furent prompte-
ment
remplis, de cavalerie, d'artillerie et de cara-
biniers.
Le gouverneur décida
alors d'agir contre cer-
tains chefs des " Patriotes."
Or, le 16 novembre, des
tion,
mandats
d'arresta-
pour crime de haute trahison, furent émanés
contre Messieurs Andr^'^ Ouimet, J. Dubuc, François Tavernier,
G-eorge
Simard, J. Leblanc, L.
J.
de Boucherville,
Papineau,
le
Dr
le
Dr
O'Cal-
laghan, T. S Brown, Kopolphe Desrivières et Ovide
Perreault.
Les cinq derniers, informés de
la chose, eu-
rent le temps de disparaître pour se diriger vers
le district
tes
pour l'insurrection.
et jetés
Le
à
de Itichelieu, où les masses étaient prê-
Les autres furent arrêtés
en prison.
soir
du même jour,
main armées,
la
16 novembre, eut lieu,
première résistance à la
lieutenant Ermatingvn-, à la tête de 18
la
loi.
hommes
Le
de
cavalerie volontaire, fut dépêché à Saint-Jean
pour arrêter deux individus nommés Davignon
et
Demarais, Ermatinger remplit sa mission.
s'en revenait
IL
avec ses prisonniers lorsqu'à un mil-
HISTOIRE
le
dp:
la REBELLION DE
environ de Longueuil,
il
fusils,
ouvrirent
ses
le
hommes
Ce
Kimber
qui,
corps de
la
plupart
une
clôture,
hommes,
placés derrière
feu, blessant le lieutenant et
et
sauvant
les
cinq de
deux prisonniers.
parti de résistance avait à sa tête
et
Bonaventure
Ce premier succès
37
un
rencontra
près de deux cent cinquante
armés de
1837-38.
Yig-er,
le
Dr
de Chambly.
grisa les insurgés qui se
répandirent en grands nombres dans les villages
de Debartzch (Saint-Charles) et Saint- Denis où
commandaient
T.
S.
Brown
et
le
Dr Wolfred
Nelson.
On
qu'ils
avait
offraient
choisi
ces
postes,
vu
l'avantage
pour l'entretien des communica-
tions avec les Etats-Unis d'oii
de grands secours.
Papineau attendait
Cette espérance reposait sur-
tout sur le malaise existant entre l'Angleterre et
Etats-Unis au sujet de la frontière du Maine,
et aussi sur le fait qu'un grand nombre d'ouvriers
les
étaient sans travail par suite de la panique de
cette année.
Le gouvernement
avait alors décidé de ren-
contrer les rebelles en rase
séquence,
le col.
campagne
aore reçut
et,
l'ordre de
en con-
marcher
sur eux.
Cette expédition de Sorel à Saint-Denis est
»
HISTOIRE DE LA KEBELLION DE
38
marquée d'un de
événements tragiques inhé-
ces
mouvementée comme
rents à toute période
Les détails de
l'insurrection de 183^.
gédie sont traités plus au long dans
procès de Jalbert dans
Après
sa
cette
tra-
rapport
du
mort de Weir.
le col.
Gore continua
marche sur Saint -Denis où
mière bataille de
le
l'a été
la
de
le cas
mort de ce dernier,
la
1837-38.
fut livrée la pre-
la rébellion.
«—«-'Vî/Z^-- -^Z/Viy-t—
BATAILLE DE SAINT-DENIS
Saint-Denis, qui tient son
est
un
des plus
jolis
magnifique rivière
Yu
llichelieu.
touriste le plus beau
panorama
—
A
— dont
au dessus des plus grands
Puis
patrie.
sur "
le
les
le
donné
l'œil s'offre le
style vénitien
murs blanchis s'alignant
liichelicu
la rive
qu'il soit
semblant vous indiquer là-haut
heureuse
de
au regard du
offre
il
de voir dans toute la province.
flèche s'élève
de France,
villages sur les bords de la
opposée, de Saint- Antoine,
clocher de Téglise,
nom
la
arbres,
la glorieuse et
maisons aux
jolies
long de
chemin du Roi
"
la
côte .du
maintenant
HISTOIRE DE LA REBELLION DE
le
chemin de
"
Eeine. "
la
1837-38.
Devant
l'église
39
la
g^rande croix, qni redit au voyageur
où a été versé
sang des patriotes de cette époque mouvement je de 1837-38.
le
Cette croix a son histoire.
monte
à
Son érection
re-
182X comme monument commémoratif
d'un jubilé religieux à cet endroit.
semble qu'à tous
Il
chiffre
les jubilés
il
faille
le
Ainsi, cette croix fut érigée en 1827.
1.
Dix ans plus
tard, 1837, se livrait à cet endroit la
bataille de St-Denis, et en 1887 tombait l'époque
jubilaire de cette importante
jourd'hui, en 1897,
le
chant à
au trône de
l'ftccession
période
;
puis au-
jubilé de diamant, se rattala
Reine Victoria,
en 1837.
Le Jubilé de
la
Reine en 1887,
et
son jubilé
de diamant en 1897, époque où un CanadienFrançais,
représentant de nos droits nationaux
gagnés en 1837 à Saint-Denis,
du Canada,
Iles
et
premier ministre
gagne l'estime des habitants des
Britanniques, montrant ainsi au monde
entier
que
se
descendants de ceux qui ont combattu, versé leur sang et sont morts pour la déles
de notre liberté politique, sont encore à
l'avant-garde de notre gouvernement constitufense
tionnel, et les lauriers de
la victoire
de Saint-
HISTOIRE DE LA REBELLION DE
40
1837-38,
Denis, en 1837, ornent encore le front d'un Cana-
dien-François
— Sir "Wilfrid Laurier — en
1897.
L'inscription gur la croix de Saint-Denis se
lit
ainsi
:
CROIX
ÉRIGÉE ET PLANTÉE
PAR LES PAROISSIENS EN
COMMÉMORATION DU SAINT
TEMPS DU JUBILÉ, LE 17
JUILLET, 1827.
A
était le
l'époque dont nou? parlons, Saint-Denis,
plus s^rand centre de cette partie
C'était le chef-lieu de ce district qui a
du
pays.
maintenant
Saint-Hyacinthe pour centre.
En
1837,
il
se faisait
merce important.
totalité
dans ce village un com-
C'était le
du grain des
marché de
la
presque
paroisses environnantes.
Il
y avait là des tanneries, des poteries, une fabrique
de chapeaux, une des plus importantes distilleries
de
la
province,
et
autres moins
considé-
rables.
La population de Saint-Deni& fut une des
premières à se lancer dans l'agitation j^olitique de
l'époque.
Ce qui peut trouver son explication
HISTOIKE DE LA REBELLION DE
dans
que
le fait
au fameux
mement
la
grande
LS37-38.
distillerie
41
appartenait
Dr Wolfred Nelson, intiaux habitants du pays, ayant épousé
patriote, le
lié
une canadienne- française.
Grande
fut l'excitation à Saint-Denis, le
22
novembre 183/, lorsque les habitants apprirent
que le col. G-ore était parti de Sorel marchant
directement sur ce
villao-e.
Les insuro'és avaient formé deux camps,
un
à Saint-Denis, l'autre à Saint-Charles, à une distance de six milles. Les chefs avaient
choisi la
du Eicholieu comme premières bases de
vallée
leurs opérations, parce
que
habitants approuvait la
aussi parce
que
la
grande majorité des
résistance et
peut-être
l'on esi érait avoir des secours des
Etats-Unis, par la voie
du Kichelieu
et
du
lac
Champlain.
Voici de la bataille, un bon rapport puisé
à
diverses sources
:
Le colonel Gore reçut
Sorel,
sur Saint-Denis,
et
l'ordre
de marcher, de
colonel AYetherall
reçut instruction de se diriger sur Saint-Charles.
Chaque
village devait être occupé et les
commandants une
et
le
maintenir
là
fois
deux
réunis devaient organiser
un poste puissant pour prévenir
toute nouvelle manifestation hostile.
HISTOIRE DE LA REBELLION DE
42
Gore marcha, en colonne
Saint-Ours, beau village sur
A
en
trois
rive
du Eichelieu,
Saint-Ours, le colonel divisa ses forces
devant suivre
corps, celui de droite
rivière, celui
suivait le
centre,
la
de gauche traverser un bois, à deux
milles environ dans l'intérieur,
du
de Sorel à
solide,
ou environ neuf milles de Saint-
à mi-chemin,
Denis.
Li
1837-38.
le
corps principal,
grand chemin, avec une
unique pièce de canon.
Yers 9 heures,
le
matin suivant,
arrivaient à Saint-Denis, le
sombre
et triste
23,
les
troupes
par une froide,
matinée de novembre. Les soldats
après avoir marché toute la nuit par
un temps
noir et des mauvais chemins d'automne, étaient
fatigués.
le
L'ennemi cependant ne leur
temps de
se reposer.
laissa pas
Les insurgés étaient sur
éclaireur, sur le
Dr Nelson était, en
chemin de St-Ours. La noirceur
était tellement
grande
Dès six heures
le qui-vive.
les
qu'il faillit
il
s'enfuit de toute la vitesse de son
cheval et ordonna de couper
Tout
le
cloches sonnèrent
les armes.
le
long du chemin
aux fermiers endormis
les
tomber entre
mains de l'avant-garde, mais tournant bride
brusquement
lui.
le
et
pont en arrière de
il
donna Talarme
en arrivant au village
appelant
le
peuple sous
HISTOIRE DE LA REBELLION DE
C'est
mença
un
à la
fait
maison
reconnu que
St.
à la rivière,
43
la bataille
com-
G-ermain.
pierre, situé à l'extrémité est
face
1837-38.
fut
du
choisi
Cet édifice, en
village et faisant
par
les
villageois
comme
quartiers généraux à cause de sa grande
force de résistance et de son site
comm;nidant le
grand chemin entrant
dans
le
villao^e
à
cet
endroit.
Cette maison appartenait à
un nommé Charles
Germain qui fut tué durant la bataille et dont
veuve reçut $3,000 pour pertes souffertes. Il
St.
la
ne
reste plus
de cette maisoD que des ruines.
Revenu au
maison de
village,
Nelson annonça, de
pierre, l'arrivée des troupes, avertissant
ceux qui l'entouraient qu'il ne voulait
forcer
volonté de personne, qu'il était prêt à se
rendre
les autorités le
ment
la
loi,
comme un
la
sommaient de ce
mais
il
ne voulait
faire
la
si
conformé-
pas être
pris
criminel.
A peine
avait-il
forte explosion se
fît
prononcé ces paroles qu'une
entendre, et deux Canadiens
furent frappés par des balles qui tombaient
de
tous côtés sur les murs et le plancher.
Un autre
Canadien
—
du nom de Peter Minet
exposé dans une fenêtre fut également
— s'étant
atteint.
Les insurgés ne furent pas lents à engager
la
HISTOIRE
44
bataille et
maison
DI^:
LA REBELLION DE
de toutes
ils firent
un
les
1837-38.
ouvertures qu'offrait la
feu soutenu et puissant sur
Certains soldats étaient cachés der-
les troupes.
rière les clôtures, les maisons, les arbres,
masse
se tenait
spéciale aux
que vers
dans
le
chemin
et offrait
la
une
cible
Ce
n'est
francs-tireurs canadiens.
la fin
mais
de l'engagi ment que des mesures
furent prises pour offrir une meilleure protection
aux troupes, en
même temps
les
insurgés descen-
daient au premier étage de la maison de pierre où
des murs épais leur assuraient
et
ils
continuaient leur
un bon rempart,
meurtrier
feu
contre
l'ennemi.
Vers une heure de l'après-midi, voyant
la
résistance plus sérieuse qu'il ne l'avait imaginée,
et
désireux de mettre fin à une bataille inutile,
colonel Gore
de
la
commanda un mouvement de
le
flanc,
gauche, voulant envelopper une partie du
village et cerner le poste des insurgés.
Ce mouvement
Markham, un
fut conduit par le capitaine
habile et brave
officier.
Il fit trois
charges qui furent rencontrées par une vive
lade des maisons sur
le
chemin.
Durant sa quatrième
capitaine
Markham
fut
fusil-
et dernière charge,
gravement blessé
le
et désar-
çonné, ce qui mit la confusion dans les rangs et
HISTOIRE DE LA REBELLION DE
les soldats reculèrent
leur brave
La
1837-38.
emportant dans leurs bras
commaudant
retraite fut difficile et ils avaient à peine
rejoint le corps principal, en arrière d'une
grange
45
grande
plusieurs piles de bois qu'une nouvelle
charge furieuse était faite contre eux.
et
Du
renfort était
venu aux insurgés, de
Saint-
Antoine et Contrecœur, de l'autre côté de la rivière,
et de Saint-Ours
Un corps de troupe essaya
vainement de s'opposer à la traversée de ces nouveaux venus, en entretenant une fusillade sur les
chaloupes et
même
et
les
bateaux
;
vinrent renforcir
ils
les
abordèrent quand
rangs de leurs
compatriotes
liendus de fatigue, tourmentés par la faim,
n'ayant pas eu de ration d-^pais la veille,
les
soldats reçurent l'ordre de cesser la lutte
et ils
retraitèrent sur Sorel, pour renouveler
leurs
forces.
abandonnèrent leur canon, qu'ils ne pouvaient ramener avec eux.
Ils
Les insurgés ne
lière
;
étant
firent
eux-mêmes
aucune poursuite régu-
très fatigués, ils se con-
tentèrent de retourner au village en chantant
leur
triomphe
et
amenant
trois
ou quatre prisonniers.
HISTOIRE DE LA IIEBELLION DE
46
La version anglaise de
ce
1837-38.
combat
diffère con-
sidérablement de celle que nous venons de souCertain écrivain dit que l'armée de Grore
mettre.
fut transportée par eau, de Sorel à Saint-Ours
que
le colonel fut prié
de continuer en bateaux à
vapeur jusqu'à Saint-Denis où
par surprise.
il
est avéré
;
il
prit le village
Cette histoire est sans fondement
que l'armée suivit
la route
;
de terre
depuis Sorel jusqu'à St-Denis, par St-Ours.
D'après une autre relation, on aurait conseillé
à
Gore de ne pas diviser
ses forces à Saint-Ours,
mais de suivre, en phalange serrée
le
chemin de
la Iteine.
Que
tel
saurait être
donné ou non,
avis ait été
blâmé pour
la
car sa défaite n'a pas été
ses forces,
l'état
mais à
Grore
ne
conduite qu'il a tenue,
due à
la distribution
de
la sage tactique de l'ennemi et
d'épuisement dans lequel se trouvaient
les
soldats,
On
blessés,
puis,
du
nombre de tués et
avec huit prisonniers, du côté de Grore
a
mis à quarante
le
;
côté des insurgés,
blessés et douze morts,
un
certain
nombre de
parmi lesquels on remar-
quait Charles Ovide Perreault.
•
un contentement
un grand nombre se
Cette victoire décisive créa
général chez les rebelles et
lirSTOlRE
DE LA REBELLION DE
rallièrent sous
la
bannière
l'on avait
47
de leurs chefs.
clôture prochaine de la navigation et
que
1837-38.
La
la certitude
de ne voir arriver aucun contingent
important d'Au^çleterre, avant le printemps,
et
cela avec l'assurance de secours des
Etats-Unis
augmentèrent puissamment
les
espérances des
insurgés.
Le
colonel Gore avait été forcé d'abundonner
cinq de ses blessés qui reçurent
attentifs
du Dr Nelson dont
l'habileté
comme médecin
commandant des
Montréal.
des ordres
et
en dépit de son
une des meilleures
titre
de
talent, et
familles de
C'est en traversant le chemin, porteur
du Dr Nelson
la mêlée, étaient
Denis
durent reconnaître
un jeune avocat de
à
gés, qu'il trouva la mort.
dans
plus
rebelles.
Perreault était
appartenait à
ils
les soins les
un
petit corps d'insur-
Tous
les autres,
tombés
de loj^aux citoyens de Saint-
de Saint-Antoine.
Un nommé
Louis Page, devenu plus tard un
des principaux marchands de Saint-Denis,
dut à
l'intelligence de sa
femme de conserver
sa vie.
Elle avait placé sur la poitrine de
son mari une
rame de papier épais sur lequel elle avait
boutonné l'habit. Durant le combat une
balle venant