Soins palliatifs .pdf
À propos / Télécharger Visionner le document
Nom original: Soins palliatifs.pdf
Titre: 1Cairn.info
Auteur: 2Cairn.info
Ce document au format PDF 1.4 a été généré par Canon (Infix Pro) / / PDF PT 3.30 (pdf-tools.com), et a été envoyé sur fichier-pdf.fr le 31/08/2013 à 00:20, depuis l'adresse IP 41.137.x.x.
La présente page de téléchargement du fichier a été vue 1449 fois.
Taille du document: 1.1 Mo (18 pages).
Confidentialité: fichier public
Aperçu du document
Les soins palliatifs : enieux éthiques
d'une rencontre
Le soignantface à la personne en fin de vie
1
Dominique Jacquemin x
Introduction
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 41.137.23.145 - 14/08/2013 21h54. © La Doc. française
La rencontre d'une personne proche de la mort représente, pour le soignant,
une exffrience toujours singulière dont une certaine pratique de la médecine risque d'induire une forclusion de valeurs essentielles et de conduire,
dans un souci d'efficacité, à la seule dimension d'immédiateté. Face à la
rencontre de la mort de I'autre, quel recul réflexif serait aujourd'hui possible pour le soignant ? Pour renconfter cette question, que ce soit au niveau
de la pratique soignante ou de la réflexion, la tentation est grande de sombrer dans une logique binaire comme si, non seulement la pratique singulière du soin, avec ce qu'elle implique de présence et d'accompagnement,
mais également la réflexion éthique, pouvaient se donner de manière
manichéenne : ce qui est bon d'un côté, ce qui est à proscrire de l'autre ;
d'un côté les soins palliatifs, de I'autre l'euthanasie. Non pas que le propos soit ici de décrier I'importance des soins palliatifs 2 ou de prôner une
pratique d'euthanasie en quelconque manière. Tout simplement, il semble
évident que la tentation duelle n'aide en rien à penser des problématiques
aussi délicates.
De plus, en envisageant comme une autre manière de rencontrer la mort que
I'euthanasie, le risque est toujours présent d'en faire le seul contrepoint de
cette dernière, de leur en tracer la seule légitimi16 et de négliger, par le fait
même, toute une réflexion en amont sur le lieu d'inscription de cette
double problématique - euthanasie et soins palliatifs - : la question plus
large du mourir dans notre société et la médecine contemporaine. A ce
sujet, le récent avis du Centre consultatif national d'éthique (CCNE) de
janvier 20m < Fin de vie, arrêt de vie, euthanasie > 3 - montre bien,
au-delà des réactions plus ou moins passionnées qu'il a peu suscitées, la
nécessité de tenir ensemble trois lieux de questionnement : l'approche
-
Gseignant
chercheur; Cænre d'éthique médicale, faculté libre de médecine de I'Université catholique de Lille.
Jæs éléments principaux de cere conribution furent exposés lors desjoulées Unesco,
< Ethique et fin de vie >, Paris,
décembre ZX)I.
2 Jacquemin D., << Place des soins palliatifs dans l'évolution d'une philosophie du soin >, in
< Cente d'éÎhiçe ffiicale >>, Manrcl dzs soins palliat'{s, hdq Duro4 2ml, p. 9-109.
3 Comité consulatif national d'éthique, Rqpon 63, <Fin de vie rret de vie, eutbanasie >,
2Tjanvier 2000.
I
ll
f
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 41.137.23.145 - 14/08/2013 21h54. © La Doc. française
I
globale du mourir, I'importance des soins palliatifs, la difficile rencontre
d'une demande d' euthanasie.
En ce sens, avant de proposer un plan de réflexion, nous nous rapporterons
volontiers aux propos de Didier Sicard lorsqu'il invite à ne pas sombrer
dans I'utopie, ce qui m'apparaît être une condition première en vue d'offrir
une certaine pertinence à la réflexion éthique : << Comment se réapproprier
ce moment toujours si proche de la détresse sans céder à I'utopie, une fin
indéfiniment repoussée ou la dépendance d'une extériorité machinale ?
Sans I'utopie non plus d'une "bonne mort" parfois mise en avant de façon
irresponsable et lénifiante. La "bonne mort" proposée cornme la radicale
thérapeutique, mais ce sont peut€tre les gestes, les paroles, les soins qui se
glissent dans cette béance, cetûe quête de l'être souffrant qui rendent plus
inutile qu'interdite cette discontinuité décrétée > 1. Ces quelques propos
illustrent à souhait la double tension que cette contribution voudrait développer. Tout d'abord, il importe de ne pas sombrer dans I'illusion, celle de
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 41.137.23.145 - 14/08/2013 21h54. © La Doc. française
I'hôte : la personne singulière en situation de souffrance et/ou de mort
proche. De plus, c'est davantage au niveau de la rencontre de < cette quête
de l'êfte souffrant > que nous aimerions nous situer plus qu'au seul horizon
des principes et des jugements de valeur si largement développés
aujourd'hui lorsqu'il est question de rencontrer la problématique de
I'euthanasie même si, implicitement, une manière de se situer au regard de
cette dernière sera ici présente.
Aussi, avant d'envisager comment les soins palliatifs permettent au soignant de rencontrer I'autre proche de la mort, il est possible de proposer un
quadruple questionnement qui, à nos yeu! traverse le type de réponse
qu'un soignant est capable de donner face à une demande d'euthanasie ou
en mettant en æuwe une pratique de soins palliatifs : quel est notre rapport
au temps, au corps, à la maînise et à limite, à la norme ? En effeq le déploiement de ces quatre questions dewait offrir un arrière-fond philosophique
suffisant pour pouvoir réfléchir ce qui motive, facilite ou empêche tel ou tel
type de soin, d'accompagnement d'une personne en situation de mort
proche. D'une manière plus profonde encore, I'ouverture à ce questionnement devrait offrir des soubassements éthico-philosophiques à cette question transversale de la problématique ici traitée : quel regard puis-je avoir
sur cet être souffrant que je soigne et que j'accompagne ? Si ces quatre
I-Si""rO n.,
<< Réfléchir avec humilité et sérénité à la vie et à la mort à l'hôpiral
éthiquc La lettre,n" 12.13.14, été-aulomne 2000, APHP, p. 19.
>
,
in Espaæ
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 41.137.23.145 - 14/08/2013 21h54. © La Doc. française
croire qu'il pourrait exister aujourd'hui plus qu'hier, même si d'énormes
progrès d'accompagûement et de prise en charge de la douleur ont été faits,
une << bonne mort >> : considérer la mort et l'accompagnerreste de I'ordre de
la << béance > qu'il s'agit de pouvoir habiter au mieux. Et peut-être, est-ce
bien au cceur de cette identique béance à laquelle tous deux sont confrontés
que les soins palliatifs ou I'euthanasie instaureront une habitation sensiblement différente dans I'accueil et la rencontre de celui qui en restera toujours
tes solns
plllatlfs
: enfeux éthlques d'une rencotrtre
[e solgnant fæe à la penonne m fln de vle
questions nous semblent importantes, c'est parce que nous croyons qu'un
développement de la médecine souvent axé dans le seul axe médico-technique n'est pas le cadre le plus porteur pour décrypter les raisons, les choix
philosophiques profonds qui motivent les décisions.
I
Le rapport au temps
Soctété contem,Iroratne et rapport a,u temps
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 41.137.23.145 - 14/08/2013 21h54. © La Doc. française
nos propres difficultés à appréhender le temps qui dure, ce temps également
de << béance n, de ,. non faire >> qu'est celui de la mort proche.
Dans un article récent r, Michel Delfosse pose la question suivante : dans
notre société, quel est le temps, s'agit-il du temps réel ou du temps de
I'autre ? Et, derrière sa question, il existe bien un enjeu éthique fondamental pour la vie sociale. Il y démontre que, de plus en plus, notre société se
trouve structurée par ce qu'il appelle un < temps réel > construit mais qui ne
touche plus toutes les dimensions de l'existence : comme I'humain tente de
gérer toute I'existence, il court le risque de vouloir gérer le temps avec un
double rétrécissement : celui de I'immédiateté et celui de I'individualité.
Qu'il suffise de penser à I'accélération du temps dont nous sommes tous les
destinataires, qu'on le veuille ou non : rapidité de I'information, médiation
des événements par les médias, satisfaction immédiate des individus.
L'auteur montre ainsi, par tout un ensemble d'éléments de la vie sæiale
qu'il n'est pas possible de reprendre ici, que I'homme contemporain est
ainsi passé du << temps collectif > du vivre ensemble (avec ses mythes, ses
rites, ses traditions), à un << temps de plus en plus privé > où chacun organise son temps, à son rythme, en fonction de ses intérêts et imffratifs personnels. Ce double constat le conduit à I'affirmation suivante : << A
l'échelle humaine, le temps réel est tout le contraire du temps véritable dans
la mesure où, par lui-même, il n'est I'empreinte d'aucune relation, il n'en
provoque ou organise aucune > 2. Qu'il suffise de penser ici au temps virtuel de plus en plus présent où ses dimensions d'immédiateté et de rapidité
risquent d'induire une dislocation des liens sociaux : le temps se trouve de
plus en plus délié d'une dimension interpersonnelle et sociale.
I\{.O"lf*.",<Tempsréelouûempsdefautre?>>,inLaRevueNouvelle,no2,tomelll,
-1
féwier 2ffi0, p. 7,1-87.
2
M. Delfosse, op. cit.,p.16.
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 41.137.23.145 - 14/08/2013 21h54. © La Doc. française
Avant d'envisager à proprement parler le temps de la mort proche, qu' il soit
vécu par le malade ou le soignant, il semble intéressant de pouvoir nous
interroger sur le type de rapport au temps que nous entretenons de manière
assez spontanée. Cette première question dewait permetfte, tout en travaillant nos propres présupposés, de considérer un des lieux d'enracinement de
Par rapport à ce constat, il fait une proposition : l'<< autre > ne pourrait-il pas
devenir un repère au cæur de ce << temps réel > ? I Se rapportant aux analyses de lévinas ( 1948, Le ternp s et l' Autre), il veut insister sur la nécessité de
réintroduire de I'altérité dans la pensée sur le temps, la présence de I'autre
pouvantréintroduire des références existentielles dans le temps. C'est ainsi
que, citant Iévinas, il tente de monEer que seule la réinscription de I'autre
dans le temps social et le temps du monde 2 permettra au temps de redevenir
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 41.137.23.145 - 14/08/2013 21h54. © La Doc. française
On pourrait aller beaucoup plus loin dans l'analyse des propos de cet auteur
mais ces quelques propos suffisent pour introduire I'idée que nous ne sommes peut-être pas indemnes de cette perception du << temps réel > et que
penser et vivre le << temps de l'altérité >> au cæur d'une pratique professionnelle n'est peut-être pas si simple. Le présupposé qui se trouve, donc, sans
cesse à remetffe en question, est bien le suivant : lorsque je dis, je pense, je
vis << le temps >>, dans quel temps suis-je ?
Ie temps de I'autre souffrant
Cette question du rapport au temps constitue une première piste de
réflexion intéressante pour penser un des enjeux essentiels de la pratique
des soins palliatifs mais également pour methe au jour ce que pourrait
impliquer comme rapport au temps l'acte d'euthanasie.
D'une manière globale, il est assez légitime d'affirmer que les soins palliatifs font un pari à l'égard de la temporalité du patient, pari traçant en même
temps une posture professionnelle, celui de respecter la personne souffrante
en son temps. En d'aufres mots, il semble possible d'affirmer, au regard de
la pratique, que rien n'est fait ni pour raccourcir ni pour allonger indûment
le temps de la fin de vie et, d'une manière plus fondamentale encore, il
s'agira d'un effort pour réintégrer le temps dans sa dimension d'histoire et
d'histoire individuelle de tout patient. Cette conviction est empruntée à
Bernard Matray lorsqu'il mettait en évidence deux préalables pour la mise
en æuwe de soins palliatifs : <<... accepter le temps du mourir comme un
iT, L'aure peut-il vraiment servir de référence temDorelle ? Ne lui manoue-t-il Das cette
caractéristiqù - la régularité du mouvement
tion ? >, M. Delfosse, op. cit.,p.79.
-
qui appdraît essentielle pour relmplir cline fonc-
2
<Enfin,ilvadesoiqueletempsdel'autreestaussiceluidel'altéritépluslage,celuidures-
3
M. Delfosse, op. cir., p. 80.
pect de tous les vivanb qui nous environnent. la nahre continuera à nous ofhir sa diversité et
ses rytbmes dens la mesure où notre temps sera aussi le sien. En arendant, envahie par la
grande armée du système technicien, la planète est mise en coupe réglée. La disparition dè millien d'es$ces végélales et animales se porrsuit aux rytbmes normatifs de nosindispensables
machines. Faudra+-il ç'un ogane médiatique nous informe de la disparition du dernier oiseau
pour que notts admeaions enfin que ce æmps-là était don ? >, M. DeHosse , op. cit., p. 85.
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 41.137.23.145 - 14/08/2013 21h54. © La Doc. française
du temps et d'échapper de la sorte au seul temps réel : << L'avenir, c'est
I'autre. La relation avec I'avenir, c'est la relation même avec l'autre. Parler
du temps dans un sujet seul, parler d'une durée purement personnelle, nous
semble impossible > 3.
l,es solns
paffîdfr : enfeux éthlques d'une rcncontre
[e solsunt hce
à
lâ ossonne en ûn de vle
temps qui, marqué d'une particularité propre, n'en est pas moins, lui aussi,
une partie intégrante de I'histoire de la personne ; il est nécessaire, d'autre
part, de tenter, durant ce temps, de >faire société<< avec les grands malades
et leurs familles > I.
Cette acceptaton du temps du mourir comme un temps à viwe demande,
certes, un engagement éthique de tout soignant et nécessite conjoinæment
de lever certaines résistances : il est difficile humainement d'être confronté
à une personne en fin de vie, ne fut-ce que parce qu'elle nous renvoie I'idée
de notre mort proche ; c'est I'imagg de I'autre altêrê, souffrant qui nous
reflète notre propre vulnérabilité ; ce sont ses propos, ses plaintes, ses questions parfois difficiles à entendre et à accepter. Cependant, il importe, dans
ces derniers temps, de continuer à croire et à manifester que le malade,
<< même dans la plus grande détresse... est une personne humaine qui doit
être aidê et respectée comme tout autre > 2. ne s'agit certes pas d'idéaliser la fin de la vie - elle reste le lieu d'une crise, parfois sans solution réelle
d'accompagnement -, m&is bien de continuer à considérer I'autre dans le
respect, I'attention, les soins qu'il mérite.
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 41.137.23.145 - 14/08/2013 21h54. © La Doc. française
Cette dimension de présence à I'autre dans son histoire, dans le temps
ultime qu'il vit encore, où des besoins spécifiques peuvent encore s'exprimer, nécessite une attitude de la part des soignants et accompagnants : celle
de < faire société r, 3 avec le malade, c'est-à-dire d'entrer en sa compagnie
dans une certaine solidarité, d'être présent dans ce lieu où lui se trouve en
cette période de vie. Cetûe attitude consiste à croire qu'au-delà de ce qui
semble perdu, il y a encore quelque chose à faire même s'il faut sortir de ce
qu'on considère habituellement le domaine de la médecine - traiter, guérir
-, c'est-àdire accepter de maintenir, ou de réintroduire le temps du mourir
dans la communication comprise au sens large (gestes, attitudes, présences,
paroles, en un mot tout ce qui continue à faire sens).
Par rapport à cette acception du temps comme un temps à reconnaîEe et à
accompagner dans la présence, certes parfois souffrante, la réponse à une
demande d'euthanasie, conduira à un tout autre rapport à la temporalité
comme le développe B. Cadoré en envisageant la notion de << I'ultime
requête n 4. Iln des enjeux essentiels du rapport au temps, induit par une
réponse positive à une demande d'euthanasie consiste à éduire toute la
temporalité d'une exisûence singulière à la seule maîtrise du dernier
moment comme si le temps du mourir était un temps délié du déroulement
de toute une histoire personnelle : toute une existence risquerait de se trouver qualifiée de << non sens > par la dimension difficilement tenable de son
propre teme, que ce soit pour le malade ou pour ses proches. Cette
demande de mort adressée par autrui ne fait pas que remetfte en question la
i-ÉlUamy,. fas soins palliatifs : approche éthique >, Laennec,Paris,
2 B. Ivlztay, op. cit., p. 7.
3 B.Mafray,op. crr,p.8.
4 B. C-zdsé, L'ultime requêæ,Texb CEM, 29 octobre 2001, 8 p.
octobrre 1Çfl5,p.7.
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 41.137.23.145 - 14/08/2013 21h54. © La Doc. française
I
temporalité de sa propre histoire car elle induit une certaine fracture dans le
temps de celui ou celle qui serait censé répondre à cette demande : << la particularité de la demande d'euthanasie serait donc à situer comme un double
renversement du rapport de I'homme au temps de sa vie et au temps de la
vie d'autrui > l. En effet, c'est un tiers qui se trouve en situation de devoir
faire radicalement imrption - intemrption - dans la vie d'autrui souffrant
alors que le tissu normal de I'histoire commune en humanité, conduirait
normalement le soignant à viwe la solidarité de cette même histoire.
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 41.137.23.145 - 14/08/2013 21h54. © La Doc. française
ment signifiants par un entourage. Dans pareil contexte, seule la clôture du
temps devient I'unique lieu de sens. Cette difficulté de tenir dans le temps
powra êne vécue par le médecin, l'équipe soignante qui ne parviennent
plus, dans leur effort thérapeutique, à soutenir I'espoir, << l'à-venir >>, de la
personne souffrante. Cette attitude sera d'autant plus préguante que le seul
rapport à la maladie et au corps de I'autre souffrant aura été modelé par une
vision technique et d'efficacité dans I'exercice médical : << quand on ne sait
plus rien faire, quel sens aurait encore I'existence ? >. Répondre à la mort
de I'autre comme abrègement de son temps deviendrait ainsi le dernier lieu
de I'efficacité, du << savoir-faire >. Enfin, cette tentation pourra traverser un
entourage épuisé par le temps. Ce sont toutes ces situations où I'entourage
se trouve submergé par un temps de la maladie ou un temps du mourir
auquel, par épuisement dans I'investissement et la durée, il ne parvient plus
à donner sens ; cette posture de I'entourage étant parfois induite par un difficile rapport au pronostic qui, d'une manière indue, s'est prononcé ou a été
compris comme une maîtrise sur le temps : << encore pour autant de
<< trois réalités qui caractérisent
notre rapport au temps se trouvent ainsi profondément déplacées : I'attachement à la vie du sujet lui-même, le soutien >thérapeutique<< de la vie
d'autrui confte ce qui I'emporte, le sens de la relation durable avec autrui
dans la confrontation au tragique de I'existence n 1.
jours... n. Or, en pareilles circonstances
Cette difficulté de rencontrer I'autre dans son temps se trouvera généralement renforcée, comme nous I'avons considéré en préalable, par une tem-
poralité sociale qui rend de plus en plus malaisé le temps long de la
solidarité au profit d'un temps court qu'elle aurait trop tendance à qualifier
I
B.
C-adoré, op. cit.,
p.3.
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 41.137.23.145 - 14/08/2013 21h54. © La Doc. française
D'une façon plus << concrète >> encore, ne peut-on pas postuler que c'est
bien une difficulté de se situer par rapport au temps qui dure, au temps sur
lequel on n'a pas la maîtrise et auquel nous sommes devenus de moins en
moins familiers, qui permettra parfois l'émergence et la réponse à une
demande d'euthanasie ? Cette difficulté peut se fraduire, conrme le souligne B. Cadoré, dans trois directions au moins. Il pounatoutd'abord s'agir
de la personne qui ne supporte plus la durée de ses propres jours, et ce
d'autant plus lorsque ces jours ne lui sont plus renvoyés comme possible-
les solns palltadft : enfeu étûlçer d'une rencontrc
Le solrnant hce à la p€rsonne m ûn de yle
de solidaire par I'exécution du seul geste
<<
ponctuel >, celui de permettre à
I'autre d'en fiinir avec le temps, avec sa vie.
La réflexion sur la temporalité pounait être largement poursuivie I mais les
quelques jalons ici proposés peuvent suffile, non pour clôturer I'une ou
I'autre problématique envisagée, mais pour metfre au jour une première
catégorie philosophique ayant des répercussions éthiques dans le type de
rapport qui y est instauré : notre rapport au temps n'est jamais, neutre.
I
Le rapport au co{ps
La problématique du rapport au corps de l'autre souffrant est également
intéressante à travailler pour tenter de discerner comment une perception
différente du corps de I'autre se trouve à l'æuwe dans les soins palliatifs ou
le passage à I'acte face à une demande d'euthanasie. Ici encore, cette seule
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 41.137.23.145 - 14/08/2013 21h54. © La Doc. française
sa rencontre par le
soignant ne pourrait suffire à délimiter les frontières entre pratique des
soins palliatifs et rencontre de I'aufre souffrant requérant une euthanasie.
Cependant, nous aimerions montrer en quoi la prise au sérieux du corps
souffrant, dans tout ce qu'il est, permet d'appréhender au mieux ce qu'il est
question d'accompagner (et qui) ou de transgresser. En d'autres mots
encore, il s'agit de pouvoir s'interroger sur la conception du corps à laquelle
nous sommes suffisamment familiers, tant d'un point de vue socioculturel
qu'au niveau d'une formation techno-scientifique, pour pouvoir rencontrer
le corps de l'autre dans tout ce qu'il est et le soutenir au point de pouvoir le
porter : quand le corps de l'autre apparaît-il comme une chair proche de la
mort, ce corps est-il réductible à cette seule vision première ? Comme le fait
remarquer J.-F. Malherbe, ( oD touche ici l'aporie fondamentale de la
médecine qui prétend soigner le corps que nous sommes alors qu'elle n'a de
comlÉtence que pour soigner le corps que nous avons > 2. Dès lors, pour
tenter de rencontrer cette question, il est intéressant de réaliser un bref parcours à travers la pensée de certains auteurs - A. Vergote, E. Iévinas, M.
Richir - qui, chacun à leur manière, donnent à saisir que le corps est toujours plus que le colps.
Ie cotps ctnnc
Ueu de
l'être
Nous partirons d'un constat posé par Antoine Vergote : << L'un des faits les
plus marquants de la culture contemporaine, en effet, est la progressive
découverte de I'unité de I'homme, unité dont le corps est le lieu, I'objet et
iEur
pou.ruivre la réflexiou, il serait pertinent de s'arreær à la pensée rl'8. Lévinas par
laquelle il pense I'exisænce humaine avec deux corcepts inséparables se domant mutueilement significa_tion: 19 æmps et la morl Lévinas E., Dicu, la Mort et le Tenps, Paris, Figu-
reVGrasset 19D3,278p.
2 I.-F.Malherbe,Pourutæéthique
de
Ianédccine,Namw,Artel/Fides, 199l0,p.47.
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 41.137.23.145 - 14/08/2013 21h54. © La Doc. française
relecture philosophique du statut du corps de I'autre et de
r. L€ corps se trouve présenté comme lieu d'intégration de
l'humain dans la totalité de ce qu'il est puisqu'il est présenté en tant que
I'agent
>>
lieu, objet et agent : il est non seulement le support d'une vie, d'une 1rcrsonnalité mais il en est également I'agent en la révélant, en attestant une part de
ce qu'est cette vie. C'est ce qu'affinne Vergote lorsqu'il dit qu'il est question de << poser le corps non pas cornme une condition extérieure de I'esprit,
mais comme le lieu de sa formation et comme sa pennanente condition
intrinsèque > 2. Pour donner de mieux saisir ses propos, il distingue trois
niveaux de la vie du corps, ftois niveaux donc à prendre simultanément en
considération dans la relation de soin :
le langage du corps objectif comme machinerie corporelle;
le langage psychologique relatif au corps vécu ;
le langage ontologique, corps envisagé dans son sens biblique de chair.
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 41.137.23.145 - 14/08/2013 21h54. © La Doc. française
Ce sont ces trois niveaux de perception et de << vécu > du corps qui expriment le lieu de vie de la personne malade et qui, de plus, I'inscrtvent dans
unz histoire, dans un temps car, en même temps que le corps change, c'est
aussi la personne qui change dans l'ensemble de ces trois dimensions qui ne
peuvent être séparées et qui font de ce corps un lieu qui nous échappe, que
nous avons à rencontrer dans << son temps >> et sw lequel nous ne pouvons
avoir une prise totale puisqu'il exprime bien plus que ce que nous en percevons superficiellement, qu'il est la trace de ce que nous pourrions nourmer
une dimension << sacrée > comprise ici comme ce qui mérite le plus haut
respect 3.
Le corps,
cuur de la ate spl,rttuelle
Emmanuel Lévinas permet de faire un pas supplémentaire dans cetûe vision
unitive de I'humain en son corps lorsqu'il affinne que le corps constitue
plus que l'objet d'une vie spirituelle puisqu'il en est le ceur. Nous aimerions laisser suffisamment d'espace à ses propos issus des << réflexions sur
la philosophie de l'hitlérisme >> où I'auteur s'efforce de démonter I'impossibilité de réduire quiconque à ses seules caractéristiques physiques
1
A. Vergote, < Le corps. Pensée conûemptràine et catégorie biblique >, in Rane lhéologiqrc
Lowain,lfl9, fasc. 2,p.166..
2 A. Vergoûe, op. cit.,p. 16l.
3 < La complexité du corps psychique tiernt précisément à I'imbrication eirtre deux udres :
celui de la vie et celui du langage, imbrrication qui n'est pas co@nétration harmonieuse,
comme en rêvent mainn philosophes, tel Merleau-Ponty, mais qui est te,nsionnelle, voire conflictuelle ; imbrication qui, cependant, ne p€rmet pas de découper les pôles collicnels entre,
d'une part, le corps, et d'autre part, le sujet : le moi, la volonté ou de çelque nom qu'on appelle
le pôle plus 'spirituel". >, ir A. Vergote, op. cit., p. l7l.
dz
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 41.137.23.145 - 14/08/2013 21h54. © La Doc. française
-
tes colns
plltatlfr
: enleux éthlques d'une rencontre
[e solgrant hce à la pssonne en fln de vle
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 41.137.23.145 - 14/08/2013 21h54. © La Doc. française
La pensée de cet auteur est très intéressante pour notre propos. On y trouve
tout d'abord cette affirmation centrale que le corps est le cæur de sa vie spirituelle : sans ce dernier, aucune vie spirituelle ne serait possible puisque
c'est bien la dimension d'histoire corporelle qui en permet l'émergence et
lamémoire. Eneffet"Iévinas redit àmerveille que leMoi estconstituéde la
corporéité et de son histoire, dans le mystère de cette histoire constitutive et
du corps et du sujet, histoire sur laquelle personne n'a prise. Et, pour lui,
devenir pleinement soi-même, êfte soi-même, c'est consentir à I'acceptation de cet enchaînement d'une histoire en noEe propre corps. En ce sens,
prendre soin d'autrui en son corps consisterait, dans une vision profonde de
la responsabilité de soignant, de toucher le lieu de sa propre histoire, de son
identité essentielle, de rencontrerpleinement le malade dans ce qu'il est : ce
corps que je soigne n'est pas rien, il est révélateur de << l'Autre >.
Ie cotps, rêaélateur d'un
excès
Il
nous semble dès lors important de tirer certaines conséquences de cette
approche du corps si nous voulons prendre en compte ce qu'implique une
relation de soin au cceur d'une médecine techno-scientifique, parfois frop
objectivante. C'est avec notre corps, lieu de notre propre incarnation, de
notre histoire que nous allons à la rencontre du corps malade. Et c'est de la
rencontre de ces deux corps que peut également naltre le questionnement y
i-,. Le corps ne nous estpas seulementplus proche
que le reste du monde erphs familier, ilne
commande pas seulement noEe vie psychologique, noûe humeur et notre activité. Audelà de
ces constatations banales, il y a le sentiment d'identité. Ne nous affrrmons-nous pas dans cette
cbaleur unique de notre corps bien avant l'épanouissement du Moi qui péændra s'en distin*
guer ? Ne résistent-ils pas à touæ épreuve, ces lieux que, bien avant l'éclosion de I'inælligence,
le sang établit ? Dans une dangereuse entreprise sportive, dans un exercice risqué où les gestes
lesouffle de lamort, toutdualismeente lemoi
atteigneotuneperfectionpresqueabstraitesous
et le corps doit disparaîhe. Et dans I'imFasse de la douleur physique, le malade n'éprouve-t-il
pas la simplicitéindivisible de son etre quand il se retoume sur son litde souffrancepour trouver la position de paix ? >, E. Lévinas, I-es imprêvus de I'hisnire, Paris, Livre de Poche
(Biblio. essais n' 4296), p. 28.
2
B.l,.lvims,Lesinprévtudcl'hisroire,Paris,LivredePoche@iblio.essaisn"4296),p.30.
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 41.137.23.145 - 14/08/2013 21h54. © La Doc. française
puisque I'humain n'y est pas réductible, l'impossibilité de croire que la
liberté soit désolidarisée de la réalité corporelle I :
< Iæ biologique avec tout ce qu'il comporte de fatalité devient plus qu'un
objet de la vie spirituelle, il en devient le cæur. Les mystérieuses voix du
sang, les appels de I'hérédité et du passé auxquels le corps sert d'énigmatique véhicule perdent leur nature de problèmes soumis à la solution d'un
Moi souverainement libre. Le Moi n'apporte pour les résoudre que les
inconnues mêmes de ces problèmes. Il en est constitué. L'essence de
l'homme n'est plus dans la liberté, mais dans une espèce d'enchaînement.
Être véritablement soi-même, ce n'est pas reprendre son vol au-dessus des
contingences, toujours étrangères à la liberte du Moi; c'est au conûaire
prendre conscience de I'enchaînement originel inéluctable, unique à nofre
corps ; c'est surtout accepter cet enchaînement. > 2
mÂs
rf
t-2002
compris spirituel : nos esprits ne voguent pas désincarnés. Ainsi, soignants
comme soignés peuvent expérimenter que leur corps est bien plus que le
corps objet ou que le corps sujet mais qu'il est intrinsèquement næud de ces
dimensions, qu'il est réalité, vécue qui les dépasse, qui est, comme le dit
Marc Richir, excès r. En effet, tout soignant peut expérimenter que le corps
qu'il soigne est bien plus qu'un corps matière, qu'il est le lieu d'une vie et
qu'il peut en être I'expression, même si c'est par la négative et on peut ici
renvoyer à toute la problématique du corps altéré, défigwé qui est vécu
jusque dans ce qu'est la personne. Cet excès, les Grecs I'avaient identifié
comme psyché, donnant à penser que dans les sensatons, I'affectivité, les
pensées, les passions, il y avait plus que ce qui pouvait être perçu, identifié ;
ce que la pensée contemporaine identifierait peut-être dans la dynamique
du psychosomatique. Mais, sans tomber ici dans une interprétation risquant
d'être perçue comme pathologisante, ne peut-on pas penser que le corps est
porteur luimême d'un tel dépassement, d'une dimension spirituelle à
comprendre dans son sens séculier - qui dit la personne dans le temps de
son histoire ? En un mot, nous aimerions avancer la conviction suivante : il
est nécessaire, pour saisir la relation de soin dans toute son ampleur et la
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 41.137.23.145 - 14/08/2013 21h54. © La Doc. française
signification implicite d'une réponse à une requête de mort, d'appréhender
le corps vécu, du dedans, verbe intrinsèquement incarné parlant de ce
<< moi >>, de cette personne qui I'habite et qui est aussi ce corps. Ainsi, toute
relation à I'autre souffrant se voulant de le respecter se devrait de renoncer à
toute objectivation se cantonnant à la prise en compte de la seule dimension
organiciste corporelle.
Pour bien faire saisir cette intrinsèque articulation corps-personne-esprit"
laissons une demière fois la parole à M. Richir, même si ces propos peuvent
a prtort sembler bien compliqués :
<< Cela ne signifie pas du tout que le corps phénoménologique soit transparent à la conscience, mais, tout au contraire, que, faisantpartie intégrante de
I'excès du vivre sur le vécu, il ne porte le sens qu'en tant qu'il porte, lui
êre le fondement... > 2
Le tout n'est donc pas d'affirmer ici que le corps dit le tout de la personne,
qu'il serait son lieu spirituel mais bien, d'une part, que cette dimension spiriaussi, comme son énigme, sans en
tuelle ne pourrait êfie appréhendée sans cette inscription incarnée, corporelle,
et que, d'autre part, il en est en même temps une dimension révélafrice,
I
< Cene épaisseur, lieu du "viwe incamé", n'est pensable dans l'expérience que s'il y a, en
quelque sorte, daw le corps, quelque chose qw excède le corps, qui tend à s'en échapper, et
par rapport à quoi le corps paraftra toujours plus ou moiw limité, d'me nanière ou d'wrc
autre.Etc'est.7^îs cet axcès précisément, que viennent se loger les questions métaphysiques
dont nous parlions il y a un instant r, ,n M. Richir, lz corps. Esiai sur l'intériôriié, ônX.
< Optiques philosophie > n' 202, Paris, Haûier, 193, p.7.
2 M. Richir, op. cit.,p.l2.
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 41.137.23.145 - 14/08/2013 21h54. © La Doc. française
-
tes solns pallletlft : enfeur éthlques d'une rencontre
Le solgnant fæe à la penonne
m fln
de vle
puisqu'il la porte, sans qu'on puisse, comme nous I'expérimentons
nous-mêmes l, en avoir ni la maîtrise, ni la compréhension totale.
Une fois encore, cette problématique de la corporéité pounait être amplement affinée mais ces quelques développements semblent suffisants pour
appréhender certains enjeux inhérents à la pratique des soins palliatifs. En
effet, lorsqu'il est question d'entendre une notion qui est chère aux équipes
soignantes, celle de la rencontre du patient dans sa globalité, la prise au
sérieux du corps de I'auffe souffrant permet, put-être, de qualifier davantage cette notion tout en I'enracinant dans toute son ampleur d'existence,
dans toute sa dignité : c'est bien parce que ce corps est plus qu'il n'en laisse
transparaître dans sa souffrance et son altération qu'il mérite le plus haut
respect et la plus grande sollicitude dans I'action de soin. Et peut-être est-ce
bien parce que ce corps est plus que ce corps que metfre fin à son existence
dans la duree représente bien plus que le seul arrêt d'une existence souf-
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 41.137.23.145 - 14/08/2013 21h54. © La Doc. française
r Le rapport à la maîtrise et à la limite
Les deux problématiques soulevées jusqu'ici, celles du rapport au temps et
au corps, conduisent assez facilement à s'interroger sur une notion qui leur
est connexe et leur donnent une dimension de fondement : le rapport à la
maîtrise et à la limite. Faire le pari du respect du temps et du corps n'est-il
pas sous-tendu d'une manière très pratique, tout en en étant I'expression,
par un certain rapport à la maîrise et à la limite ?
Tout d'abord - faut-il le rappeler ? - la confrontation à I'expérience de la
mort de I'autre et à I'avènement toujours possible de sa propre mort constitue une expérience que tout humain aimerait, quasi sous forme spontanée,
toujours vouloir postposer tant cette réalitÉ, lui est généralement source
d'angoisse : << Ce déni, universellement partagê, est le refus de reconnaîfre
la réalité d'une perception traumatisante, à savoir celle de la mort comme la
violence la plus puissante et la plus désorganisatrice de la vie, celle de la
mort comme disparition radicale du corps et de sa conscience n 2. Cette difficulté humaine fondamentale donne sans doute de comprendre combien
une volonté de maîtrise de cet événement aura tendance à se manifester.
S'il
marquant I'humanité, ce risque caractés'agit d'un frait, d'une
propension
certaine
de la médecine contemporaine à vourise surtout une
<<
tentation
>>
iT, No* *.p.
comme corps souffuant, rebelle et mortel, a oujours été, et sera oujours lié à
la cruelle énigme de la mort, dont nous savons qu'elle n'estjamais que provisoirement, le
ûemps que cela vau! un problème à résoudre. Et nous savons tous depuis oujours que oe corps,
opaque à noûe viwe, finira par nous engloutir æls que ûous sollmes ou croyoûs etre en tant que
- et la survivance comme onbne, fantôme oupsyc&l a toujours été, n'en doutons pas, Ie
condensé d'une question. >, in M. Richir, op. cit.,p.7L75.
P. Boire, << Les derniers moments de la vie : un temps à maitriser ? >, in Cenre d'éthique
médrcale, Matwel des soins palliotif,s, Paris, Duno{ 2û1,p.344.
vivants
2
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 41.137.23.145 - 14/08/2013 21h54. © La Doc. française
frante appréhendée dans sa seule organicité.
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 41.137.23.145 - 14/08/2013 21h54. © La Doc. française
I'euthanasie tout comme ce qu'il est
convenu d'appeler I'acharnement thérapeutique en seront parfois le signe
concret et extrôme. Dans un contexte techno-scientifique de plus en plus
marqué par la notion d'efficacité, la mort devient de plus en plus, comme
mortalité, une maladie, un accident et de moins en moins un élément constitutif de la condition humaine << dont il faudrait (à raison ?) s'accommoder
tant bien que mal > l. Cette approche réductrice de l'événement de la mort
par la médecine contemporaine ne fait que renvoyer à une culture qui lutte
<< contre le pouvoir dissolvant de la mort >> 2, une mort considérée largement
comme un ûranque, un défaut à combattre, une réalité de moins en moins
soutenue par un sens possible, y compris pour des raisons philosophiques et
religieuses. Cette approche << instrumentalisable > de la fin de vie se trouve
sous-tendue par une réelle culture technologique où seule la catégorie du
<< faire > modèle le rapport au réel. Dans un tel contexte, et face à la difficulté existentielle de se sifuer par rapport à la mort, il n'est pas surprenant
qu'une certaine part de I'activité médicale instaure ce seul mode
d'approche de la fin de vie, celui du << faire >, renforçant la dimension de
non sens de cet événement lorsqu'une activité à son égard n'est plus possible. Or, un des enjeux essentiels des soins palliatifs sera de réintégrer cet
événement et ce temps du mourir dans un espace de signification qu'est
l'entièreté de la vie d'un patient, s'efforçant de briser ce temps du non
sens 3 en acceptant le risque de la dé-maîtrise comme pari d'une-mort pouvant éventuellement acquérir une signification tant pour le patient que pour
ses proches. Ils y parviendront certes en s'efforçant de réduire au mieux les
phénomènes douloweux de la maladie et de la fin de vie - ce que les soins
palliatifs ont nommé avec C. Saunders << la douleur totale > - mais en
s'engageant dans ce qu'il s'agirait de nommer une éthique de I'accompagnement.
Si la notion de maîtrise constitue une première voie d'interprétation d'une
possible réponse à la demande de la mort de I'autre par un < faire médical >,
il importe peut-être d'aller encore plus loin dans une tentative de compréhension des pratiques d'euthanasie et dans la difficulté parfois éprouvée à
instaurer une prise en charge palliatve. En effet, la confrontation à la limite
se doit d'être envisagée pour elle-même si nous voulons éviter tout simplisme dans I'approche des deux problématiques ici envisagées : demande
d'euthanasie et soins palliatifs comme auEe réponse possible.
iîYoi*,op.
2
3
cit.,p.3u.
P. BcÂtte, op. cit., p. 345.
< Briser I'absurdité actuelle de certaines siûrations de fin de vie à I'hôpial, et lir violence
dont elles sont souvent porteuses, demande que les nédecins et les soignaits admettrlrt de ne
pas inûervenir outre mesure, sns pour autant abandonner les maladés à eux-mêmes. Cela
demande aussi de prendre en compæ, au milieu de la souffrance des situations de fin de vie, la
vie du suje-t qui souffre et qui est probab,lement en Eain de mourir, de lui permethe de symboliserce q!'il vit, éventuellementde signifialesens ou le non sens, pour lui, de sa situatioh. Iln'y
a, eg effet, de sens, y compris de non sens, que rlens I'espace dtune parole d'un sujet vivad,t
s'adressant à d'autres sujets vivants... >, P. Boitte, op. cit.,p.348,
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 41.137.23.145 - 14/08/2013 21h54. © La Doc. française
loir maltriser ce temps ultime :
tes solns
mttkdfr:
enfeur éthlques d'une r€ncontre
Le solmant fæe àla pssonne en ûn devle
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 41.137.23.145 - 14/08/2013 21h54. © La Doc. française
issue, où il n'est plus possible de proposer de nouvelles thérapeutiques, parfois même d'assurer une antalgie suffisante. C-e sont ces situations où les
soignants expérimentent le sens de la limiæ : limite du bien faire, limite de
l'humainement soutenable, limite des pressions familiales, limite de ses
capacités à résister à la tentation de maîtrise, celle qui pourrait se traduire
par I'acquiescement au désir de mort du patient. Il s'agit ici non pas de
juger, même si on peut, d'un point de vue éthique, prendre le parti de la
non-maîtrise et vouloir s'y tenfu, mais bien de reconnaître qu'une limite
dont il faut vouloir tenir compte est I'autonomie d'un patient singulier. Et
combien cette rencontre de I'autonomie de I'autre constitue souventun obstacle qu'il serait tentant de vouloir maîniser de son propre point de vue, ceci
étant vrai pour les deux questions que nous envisageons ici : << Ainsi donc,
nous sommes là inærrogés aux limites de la pratique palliative par I'expression de la liberté autonome d'un sujet. Il ne s'agit pas de mettre en opposition deux pratiques alternatives, mais de s'intenoger sur la manière
d'entendre - et pour certains, de répondre par I'action - la requête qu'un
patient formule du plus intime de sa subjectivité > l.
une autre limiæ dont il importe également de pouvoir prendre acte est celle
de la médecine objectivo-technique en étant simultanément capable d,y
instaurer un rapport critique sans tomber dans une vision faussement manichéenne : << ... le réalisme oblige à considérer comme une véritable tâche
intellectuelle de définir les conditions de possibilité d'articulation d'un réel
sogci de promotion de la subjectivation des sujets soignés avec I'indispensable démarche d'objectivation qui donne sa rigueur à la pratique clinique > 2. Cette dimension de h ùmiæ pose clairlment la qriestion de la
capacité à pouvoir hiérarchiser des priorités dans les plans médicaux, souvent traversés par une dynamique d'efficacité et de productivité, en s'efforçant de ænir ensemble la rigueur d'une démarche scientifique de I'acte de
soigner et une réelle attention à la personne dans la singularité de sa souffrance. Or,la confrontation à l'e4Érience de la limite comme impasse du
<< savoir-faire > conduit parfois au versus << plus rien faire >> sans considérer
qu'il reste cependant un patient singulier à soigner et à accompagner, ou au
rejet tout aussi indu de toutes techniques au seul profit, instauré én principe
pratique, de la relation humaine. Tel est certainement un des enjeux essentiels que nous a rappelés une pratique équilibrée des soins palliatifs.
l. 9. 94grér" Des chrmps éthiques ouverts par les soins palliatifs >, in Actes du V Congrès
dc laSFAP, Strasbourg, 23 et?Ajuin 20(X), p.9.
2
B.Cadné,op. cit.,p.
ll.
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 41.137.23.145 - 14/08/2013 21h54. © La Doc. française
La notion de limite en lien avec ce qui fut développé avec la notion de maîtrise est assez compréhensible : il arrive, dans le déroulement d'une attention portée à un patient singulier, d'être confronté comme à un chemin sans
nrAs N 3-2û12
I
Le rapport à la normativité
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 41.137.23.145 - 14/08/2013 21h54. © La Doc. française
Pour amorcer la réflexion, nous laisserons encore la parole à B. Cadoré :
< La rationalité médicale, en s'affirmant" a été confrontée à ce paradoxe
qu'il lui fallait" malgré la fascinante efficacité acquise, faire place à la réalité de la mort humaine, échappant sans cesse à sa volonté de maîtrise.
S'appuyant sur la résistance de quelques acteurs généreux, tout en acceptant que se développe une pratique palliative, elle a intégré cette pratique
dans sa même ambition d'être le partenaire >naturel<< de I'homme confronté à la mort. Ce faisant, elle s'est affirmée comme médiation ritualisant
ce rapport à la mort. Le développement de la pratique palliative, au fil du
temps, à la fois montre la preuve de sa pertinence et met en évidence
I' impossibilité pour la rationalité humaine d'intégrer de manière définitivement ordonnée cet événement toujours singulier, et toujours tragique, de la
mort du sujet > l. Cette question de la médiation de la médecine comme
seul rapport contemporain à la mort revêt une importance centrale car c'est
bien à I'intérieur de cette même médecine que risque de se figer un seul rapport normatif à la mort, rendant parfois rès difficile une attention suffisante
aux situations singulières. En effet, si la médecine se trouve haversée par
un souci d'efficacité, le risque est grand qu'elle ne normativise son rapport
à la mort dans le registre du tout ou rien, euthanasie versus soins palliatifs,
diktat qui, non seulement traduirait une réelle volonté de maîtrise, mais
emp&herait toute attention suffisante à la complexité et à la singularité de
mourir >>, comme si, au nom d'une norme de soin, il devenait possible
de modeler I'altérité toujours manifestée dans la survenue de la mort
d'autrui. Où et comment pourrait se traduire ce << modelage > normatif ?
Certainement dans la réponse d'euthanasie en réduisant la fin de vie à une
capacité d'y mettre un terme, mode d'être normativisé comme un principe
toujours possible. Parfois dans une réponse palliative en obturant, là aussi
par principe, toute écoute possible d'une demande de mort.
tout
<<
I
B. C-adoÉ, op. cit.,p. 14.
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 41.137.23.145 - 14/08/2013 21h54. © La Doc. française
Une dernière question nous semble pertinente à envisager pour rejoindre
notre problématique : quel est notre rapport à la normativité ? En d'autres
mots, comment une approche norrrativisée de nos propres postures, quelles
qu'elles soient, nous permet une attention suffisante ou non aux relations de
soins et d'accompagnement qui nous sont offertes. En effet, il importe de
pouvoir réfléchir en quoi et comment notre rapport à la mort peut, d'une
manière ou I'autre, devenir une nonne qu'il serait par ailleurs toujours
nécessaire de pouvoir questionner pour ne pas manquer les enjeux éthiques
d'une décision lorsque nous nous situons aux côtés d'une personne en fin
de vie.
Les colns
I
pallldfr:
€nteru éthlques d'une rencoûtre
[e solrnant face à la Deriome en ûn de vle
les soins palliadfs : enieux éthiçres d'une r€ncontre
Venons-en maintenant à quelques conclusions pour repondre à la question
de départ : en quoi, à nos yeux, les soins palliatifs pennettent-ils d'aller à la
rencontre du malade proche de sa mort ? Tout d'abord, ils font un pari éthique, celui d'une vie toujours possible, même dans l'npp.o"he de la mort, et
c'est un pari qui dewa être sous-tendu par des moyens adéquats : thérapeu-
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 41.137.23.145 - 14/08/2013 21h54. © La Doc. française
frante/mourante, nécessité du travail en équipe s'appuyant sur la
complémentarité des postures professionnelles pour rencontrer au mieux
un patient entouré de ses proches.
Cependant, s'il faut maintenir I'acquis de cette perspective différente de
celle de I'euthanasie, il importe de se rappeler que la vigilance critique à
instaurer à l'égard du temps, du corps, de la limite et de la nonne - catégories mises en évidence pour pointer le caractère difficilement audible d'une
demande de mort - reste tout aussi fondamentale pour une mise en æuwe
adéquate des soins palliatifs. En effet, un juste rapport à I'autre souffrant en
soins palliatifs devra toujours vérifier que le temps du malade est toujours
le sien, qu'il lui appartient en propre et qu'il importe de cesser de s'illusionner sur une notion de temps idéal, temps ni trop long ni trop court, qui
devrait permetEe aux soignants de mettre en æuwe une approche parfois
idéalisée du temps nécessaire << pour la bonne mort >>, bien traitée et adéquatement accompagnée. Il sera également toujours nécessaire de se rappeler I'importance de cette dimension du corps dont il est question de prendre
soin et de ne pas réduire le sujet souffrant à sa seule dimension subjective
désincamée comme si, seule la rencontre de ses dimensions psychiques,
suffisait à respecter l'autre pour ce qu'il est et vit ; c'est bien dans et par son
corps que le malade vient peu à peu à la mort. Enfin, les notions de maîrise
et de limite devraient aussi rester pertinentes pour la pratique des soins palliatifs t : il importe, par principe et par respect de la réalité, que la violence
de la mort puisse rester tout aussi présente, même lorsque tout a été fait pour
bien faire. La mort de l'autre ne peut pas toujours cadrer avec un désir légi-
I
Qn
p"yto t:l.pportg.è
Iiatifs : nécessité
imaginaire des soins pal: Jacquemin D., Mallet D., < ?iscours sl
et modalité d'une distance critique
bec (à paralrredécembre
2ffi1).
>>,
in Izs Cahiers dcioiru
palliulft,evé-
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 41.137.23.145 - 14/08/2013 21h54. © La Doc. française
tiques et d'accompagnement toujours à vérifier. Ensuite, ils s'efforcent
d'aller au-delà des apparences, même au cceur d'une demande de mort,
pour tenter de décrypter ce qu'elle peut encore porter comme demande de
vie, s'efforçant d'offrir au mieux une réponse audible et viable pour tel
patient singulier. En un mot, la réponse sensiblement différente par rapport
à I'acte d'euthanasie réside essentiellement, de notre point de vue, dans une
posture éthique d'un respect de la vie du mouranÇ principe qu'ils tendent à
rencontrer par une prise en charge spécifique ayant non seulement acquis
statut de principe de prise en charge palliative mais ayant surtout pris figure
de pratique professionnelle en assurant la légitimité et la faisabilité : rencontre de la douleur totale, visée de soutenir globalement la personne souf-
time d'apaisement, de présence : la mort de I'autre reste le lieu d'une altérité toujours à respecter. Cette vigilance critique, tout comme elle se trouve
d'application pour la question de I'euthanasie, ne dewait pas être érangère
aux soins palliatifs : la non inclusion du mourir dans une nonne, quelle
qu'elle soit.
Les éléments d'attention critique ici développés dewaientpermettre au soigÊant" au cæur de la relation, de mesurer les enjeux de la rencontre du
patient proche de sa mort et de pouvoir prendre distance à l'égard d'une ûen-
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 41.137.23.145 - 14/08/2013 21h54. © La Doc. française
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 41.137.23.145 - 14/08/2013 21h54. © La Doc. française
tation, celle de I'immédiateté. Aller à la rencontre de I'autre souffrant
nécessite une prise de distance, un questionnement personnel, certains
déplacements parfois, que les soins palliatifs ont eu le mérite de réintroduire au cæur de la médecine contemporaine.
les solns pllladfs: enfeux éthlquer d'utre rencotrtre
[e solsrant
face à la oersonne en fln de vle
Bibliographie
Boitte P., Cadoré 8., Castra M., de Bouvet A., Deschamps Cl., Jacquemin D., Sauvaige
<< Point de vue sur le rapport n" 63 du Comité consultatif national d'éthique : >Fin de
vie - Anêt de vie - Euthanasie<< >>, in Cahiers du CCNE,n' 24,20æ, p. l1-14.
M.,
<< Iæs derniers moments de la vie : un temps à malriser ? >, ia Centre d'éthique
médicale, Manuel dzs soins palliatifs, Paris, Dunod,2001, p. 343-349.
Boitte P.,
Cadoré B., << Médicalisation de la mort : déni ou créativité ? >, in Ethica
mars 1998, p. 3-10.
Clinica,rf 9,
Cadoré 8., << Des champs éthiques ouverts par les soins palliatifs >, in Aaes du
dc la SFAP, SFasbourg, 23 etfu4 janier2O0O,p.9-14.
Cadoré B.,
<<
Congrès
Tout dépend-il de la médecine ? >, in Centre d'éthique médicale, Manuel dcs
palliatifs, Paris, Duno4 2fi)1, p. 742-754.
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 41.137.23.145 - 14/08/2013 21h54. © La Doc. française
Cadoré 8.,
L'ultimc requête, Texte CEM,29 octobre 2001,
Collectif,
<<
Soins palliæifs et euthanasie >, in Ethica,n" 26, 1998, p. 3-41.
Collectif,
<<
L'euthanasie en question >, in Lette de l'espace éthique AP-HP,2C[{J.,
f
8 p.
l2-13-14,p.19-26.
Collectif,
<<
Fin de vie, euthanasie ou soins palliatifs ? >, in 5oiw,2000, n" 648, p. 33-56.
Delfosse M.,
<<
Temps réel ou temps de I'autre 2
>>,
in La Revue Nowelle, n" 2, tome I 11,
février20([, p.7Ç87.
Jacquemin D., Boitte P., < La mort dans la société et la médecine contemporaine : pour
appéhender la problématique de I'euthanasie >, in Lwnière & Vie,rf 238, juillet 1998,
p.7-18.
Jacquemin D., << Place des soins palliatifs dans l'évolution d'une philosophie du soin >>, ia
Centre d'éthiçe médicale, Manuel des soins palliatg&, Paris, Duno{ 2001, p. 99-109.
Jacquemin D., Mallet D., << Dscoun et imaginairc des soins palliatifs : nécessité et
modalité d'une distance critique >>, in lzs Cahiers de soins palliatfs, Québec (à paraltre
décembre 2001).
Iægros 8., << Sur I'opportunité d'instituer une exception d'euthanasie en droit français >,
in Médccine & Droit, n" 46, janvier-féwier 2fi)1, p.7-16.
Iévinas E., Dieu, la Mon et le Temps, Puis, FigureVGrasset , 1993,
2i78
p.
Longneaux J.-M., < Soins palliatifs, euthanasie, quel (s) rapport (s) ? (Quand ni les soins
palliatifs ni I'euthanasie ne sont une bonne soluton) >, in Revuc des quesrtow
s c ienl ifique s, 2æ| 17 2 (3), p. 233 -244.
Malherbe J.-F., Pour une éthiquc de lamédecine, @il.
199O,207 p.
<<
Catalyses >, Namur, ArteVFides,
Mallet D., Herbaut A., Soyez S., Chekroud H.,
<< Le refus de soins : qui refirse qui ?
Inclusion, exclusion" modelage des patients par l'institution soipante >, in Ethica
Clinica, n" 22, juin 20fJl,p.2l-26.
Maftay B., << La mort euthanasiée n'est pas la mort humaine >, in Ethique,rf 6-7,
r99u+199311, p.7G80.
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 41.137.23.145 - 14/08/2013 21h54. © La Doc. française
soins
7
nFA|
rf
3-2002
Matray B.,
<<
Iæs soins palliæifs : approche éthique >, in Laennec, Paris, octobre 1995,
p.7-10.
<<
Optiques philosophie
>>
n'2(D, Paris,
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 41.137.23.145 - 14/08/2013 21h54. © La Doc. française
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 41.137.23.145 - 14/08/2013 21h54. © La Doc. française
Richir M., lz corps. Essai sur l'intériorité, coll.
Hattieç 1993,77 p.
Sur le même sujet..
document
temps
corps
toujours
rapport
francaise
cairn
personne
21h54
telecharge
soins
euthanasie
question
palliatifs
depuis