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Auteur: Gérard Touati
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EN PARTENARIAT AVEC
Les clés d’un nouveau départ
20e ANNÉE - N° 208 - Novembre 2013 - www.rebondir.fr
DOSSIER
FAITES RIMER
handicap
Retrouver
un emploi
Entretien,
et emploi !
entraînez-vous
à rester vous-même
Tribune
La Garantie
Jeunes, l’autonomie
par l’emploi
Formation, réseaux,
valorisation des
compétences...
toutes les pistes pour
avancer et dépasser
les préjugés.
Secteur
Construire sa
carrière dans le BTP
INTERVIEW
1 000
postes
par an
1200
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CV original :
ENQUÊTE
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3 000 € pour la première année + 1 500 € par semestre supplémentaire.
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à l’issue du contrat en alternance : 4 000 €.
Forfait de 1 500 € ou 3 000 € (doublé pour les personnes de 45 ans et plus).
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Alternance
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dre indd 1
10/10/2013 15:59:15
P002-003_REB_208_Mise en page 1 22/10/13 17:03 Page3
N°208
NOVEMBRE 2013
ÉDITO
Mathieu CÉCÉ,
directeur des rédactions.
Mais où va-t-on ?
Loin de moi l’idée de critiquer trop sévèrement le gouvernement actuellement en place. Je ne
suis pas du monde politique, et en plus, par chance, ce n’est pas mon travail. Néanmoins, il ne
faut pas sortir d’une grande école pour analyser la situation et se dire que, décidément, il y a
quelque chose qui ne va pas dans notre pays.
Depuis l’arrivée des socialistes au pouvoir (et bien avant, il faut l’avouer), nous avons tous
l’impression que l’intérêt personnel prend régulièrement le pas sur l’intérêt commun. J’ai personnellement le sentiment que cela est d’autant
plus flagrant depuis deux ans. L’affaire Cahuzac en
est un exemple criant.
Pour ne rien arranger, outre les grands scandales
politiques qui ont toujours existé, depuis quelques
mois, chaque problème, petit ou grand, est prétexte
à une cacophonie gouvernementale. De la position
des écologistes à, plus récemment, l’affaire Leonarda,
tout, mais absolument tout, sonne faux.
La France et chacun de
“
nous ont besoin d’hommes et
de femmes fiables et honnêtes
pour tenir le gouvernail
du bateau sur lequel nous
sommes embarqués.
”
Notre président et notre Premier ministre ne
savent-ils pas tenir leurs troupes ? Y-a-t-il un manque d’expérience au sein de notre
gouvernement ? Des problèmes d’ego ? Je ne sais pas. Mais à l’heure où la France s’enfonce
dans la crise, où bon nombre de Français galèrent pour trouver un emploi et boucler leurs fins
de mois, j’ai la naïveté de penser que nous ne méritons pas cela.
Bref, je ne veux pas être trop excessif, mais je ne peux m’empêcher de me dire qu’il n’y en a pas
un pour rattraper l’autre. Ceux qui m’ont appris le journalisme me réprimanderont s’ils ont
l’occasion de lire cet éditorial : j’ai commencé par une phrase interrogative et je sens que ce sera
le cas pour ma conclusion. C’est néanmoins le signe de ma grande perplexité. La France et
chacun de nous ont besoin d’hommes et de femmes fiables et honnêtes pour tenir le gouvernail
du bateau sur lequel nous sommes embarqués. Ceux qui nous gouvernent doivent arrêter de
perdre leur temps dans des luttes intestines et servir le pays. Il est urgent maintenant de
trouver des solutions. Nous en sommes tous conscients. Seulement voilà : y-a-t-il vraiment
quelqu’un pour essayer de redresser la barre ?
www.rebondir.fr
5
REBONDIR N° 208 NOVEMBRE 2013 -
3
P004-005_REB_208_Mise en page 1 23/10/13 11:12 Page4
V
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SOMMAIRE
OFFRES
D’EMPLOI
ACTUALITÉS
DÉCOUVRIR
6 Zapping
30 Enquête
Le CV original :
une arme à double tranchant
www.rebondir.fr
Pages 55 à 75
Consultez nos annonces
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N° 208 - NOVEMBRE 2013
u
7 Tribune
“La Garantie Jeunes,
l’autonomie par l’emploi”
32 Travailler en…
Picardie : une région
en voie de redynamisation
10 L’Interview du mois
Par Emmanuelle Wargon,
déléguée générale à l’emploi
et à la formation professionnelle.
EN PARTENARIAT AVEC
Alexandre Poitou,
36 Un pays, des emplois
Autriche : l’expérience avant
les diplômes
directeur du réseau Best Western France.
39 Lignes de vies
Pascale Verbe :
Retour aux sources
BEST WESTERN
40
recrute :
1000 postes par an
SECTEURS PORTEURS
© Élodie Ravaux
LE BTP
14 Rendez-vous
16
EN PRATIQUE
LE GRAND DOSSIER
46 5 étapes pour…
Faire son CV en anglais
47 Diversité
Un collectif pour le droit
des femmes
48 Retrouver un emploi
Entretien de recrutement :
rester soi-même en s’entraînant
49 À vos côtés
CNED : se former ou se remettre
à niveau à distance
50 Vos droits
La CMU : faciliter l’accès
aux soins de santé
HANDICAP :
PEUT-IL RIMER AVEC EMPLOI ?
51 Créez
Jeune chef d’entreprise
cherche local désespérement
52 À lire
81 Courrier
82 Bons plans
Joël, participant de la dernière campagne Agefiph accompagnée du slogan
“Dans l’automobile, les personnes handicapées réussissent… et c’est normal”.
www.rebondir.fr
80 Offre promotionnelle
d’abonnement
REBONDIR N° 208 NOVEMBRE 2013 -
5
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ACTUALITÉS ZAPPING
SALAIRES NON-CADRES :
UNE PROGRESSION PLUS FAIBLE QU’EN 2012
Les salaires des non-cadres
ont augmenté de 1,8 % sur
un an, soit un rythme de progression plus faible qu’en 2012
(2,2 %), révèle le baromètre
Randstad. Cette plus timide
augmentation s’est tout de
même traduite par un gain,
même modéré, de 0,9 % de
pouvoir d’achat grâce à la
revalorisation du Smic au
1er janvier 2013.
La rémunération moyenne
d’un salarié non-cadre s’élève
à 1 521 euros brut au premier
semestre 2013. La hausse
représente 1,8 % sur un an,
contre 2,2 % en 2012.
Un salarié non-cadre gagne
donc en moyenne 6,3 % de
plus que le Smic. Au 1er semestre 2013, c’est le BTP qui est
le secteur le plus rémunérateur (salaire moyen de 1 600
euros brut). Les hausses de
rebondir.fr
RECRUTEMENT :
IDEX EMBAUCHE
400 NOUVEAUX
COLLABORATEURS
D’ICI FIN 2014
salaires les plus importantes
ont bénéficié aux moins de
25 ans, avec une revalorisation de 2,2 %. Mais leur
rémunération moyenne reste
tout de même la plus faible
(1 493 euros brut mensuels).
D’ailleurs, l’évolution du
salaire des non-cadres à tra-
vers le prisme de l’âge fait
ressortir une faible progression de leur rémunération au
cours d’une carrière. Ainsi,
le salaire moyen d’un salarié
de “50 ans et plus” n’est supérieur que de 3,7 % à celui
d’un collaborateur âgé de
“25 ans et moins”.
■
EMPLOI : LES DISCRIMINATIONS À L’EMBAUCHE
SONT FRÉQUENTES SELON LES CHÔMEURS
Et si la crise agissait comme un facteur
augmentant les discriminations à l’embauche ? C’est ce que considèrent 84 % de
chômeurs interrogés par l’Ifop. Cette étude*
révèle que 87 % des sondés estiment que
celles-ci sont fréquentes. Ils sont un peu
moins nombreux à ressentir ce phénomène
dans les Zus (76 %).
La lutte contre les discriminations dans
l’accès à l’emploi est jugée importante pour
93 % des interrogés. 37 % des demandeurs
d’emploi déclarent avoir déjà été victimes
6 - REBONDIR N° 208
NOVEMBRE 2013
RETROUVEZ
TOUTE L’ACTUALITÉ EMPLOI
ET FORMATION SUR
personnellement d’une discrimination. Près
d’un quart (24 %) estime l’avoir subie plusieurs fois. En Zus, le taux s’établit à 29 %
(18 % plusieurs fois).
L’entretien d’embauche apparaît comme la
première situation de discrimination dans
l’accès à l’emploi pour 69 % des chômeurs,
devant le moment de la réception ou l’examen du CV (34 %, 52 % pour les Zus). Les
expériences de discriminations sont imputées
à une grande variété de critères. Les plus
souvent évoqués sont l’apparence physique
(obésité, vêtements, etc., pour 29 %), le
statut de chômeur (26 % de l’ensemble,
46 % des 18-24 ans), le genre (24 % de l’ensemble, 35 % pour les femmes, contre 11 %
pour les hommes).
■
* Effectuée pour le Défenseur des droits et l’OIT, sur un
échantillon de 1 004 personnes, représentatif des
demandeurs d’emploi âgés de 18 ans et plus et sur un
échantillon de 502 personnes, représentatif des demandeurs
d’emploi résidant en Zone urbaine sensible (Zus) âgés de 18
ans et plus, fin juin - début juillet 2013.
Pour accompagner son développement et assurer le
renouvellement de ses compétences, Idex, spécialisé
dans l’efficience énergétique,
recrute près de 400 personnes en CDI d’ici fin 2014.
Les embauches concernent
toute la France.
Les salariés d’Idex ont pour
mission d’optimiser l’efficacité énergétique des bâtiments ou encore d’assurer
l’exploitation des réseaux de
chaleur et de froid pour le
compte des collectivités
locales. Parmi les 400 postes
recherchés, environ soixante
concernent des fonctions
cadres. Les autres recrutements sont principalement
des postes de techniciens,
de formation bac professionnel ou BTS. Selon les profils,
ils devront être dotés de
solides connaissances en
CVC (chauffage, ventilation
et climatisation), électromécanique, froid ou traitement
de l’eau. Le groupe est
implanté dans toute la France
avec plus de 100 agences et
3 500 collaborateurs.
■
www.rebondir.fr
P006-007_REB_208_Mise en page 1 22/10/13 14:14 Page7
ACTUALITÉS TRIBUNE
“La Garantie Jeunes,
l’autonomie par l’emploi”
“L’emploi avant tout”: aider les jeunes en grande précarité
à s’installer de façon autonome dans la vie active. Pour y
parvenir, la Garantie Jeunes, dont l’expérimentation a débuté
le 1er octobre, repose sur l’engagement conjoint de l’État,
des jeunes, des missions locales et des entreprises.
Par Emmanuelle Wargon, déléguée générale à l’emploi et à la formation professionnelle.
a Garantie Jeunes a été lancée par le gouvernement ce
1er octobre 2013 et elle est
un engagement fort en
matière de lutte contre la
pauvreté des jeunes. À bien des égards,
cette démarche est une approche tout
à fait innovante de la prise en charge
des jeunes les plus précaires pour les
amener vers l’emploi. Testée d’abord
sur 10 territoires, elle concerne dans
ce premier temps jusqu’à 10 000 personnes. Ils seront rejoints par d’autres
territoires en 2014, ce qui promet plus
de jeunes accompagnés, et plus de
parcours vers l’emploi réussis.
L
ACCOMPAGNEMENT ET
ENGAGEMENT DU JEUNE
Qui peut entrer dans la démarche ?
Le jeune concerné a de 18 à 25 ans et
n’est ni en emploi, ni en études, ni en
formation. En situation de grande précarité, il n’a pas d’aide de sa famille et
est parfois sans domicile fixe. Mais il
est volontaire pour travailler, et s’en
sortir. S’il est accepté dans la démarche
Garantie Jeunes, il va être accompagné
pendant un an, et s’engager à suivre
un véritable parcours vers l’insertion
professionnelle, en multipliant expériences individuelles et collectives. Il
s’engage à s’investir à temps plein et à
accepter les opportunités d’emploi.
www.rebondir.fr
LE RÔLE DU CONSEILLER
De son côté, la mission locale s’engage
à accompagner le jeune avec des ateliers
collectifs et un conseiller référent, à
l’aider à résoudre ses difficultés en
matière de mobilité, de santé, de logement, avec les partenaires du territoire,
à l’appuyer dans sa recherche d’expériences d’emploi et de formation. Le
rôle du conseiller est d’identifier ses
points forts et ses compétences,
d’accès à l’emploi. La Garantie Jeunes
ne lui fera pas perdre le bénéfice
des aides qu’il pouvait percevoir par
ailleurs.
PERMETTRE AU JEUNE
DE S’AFFIRMER COMME
UN PROFESSIONNEL
L’accompagnement Garantie Jeunes
doit permettre au jeune de s’affirmer
comme un professionnel avec des com-
jeune concerné a de 18 à 25 ans
“etLen’est
ni en emploi, ni en études,
ni en formation.
”
acquises dans l’action, y compris non
professionnelles (sport, culture) et
qu’il pourra utiliser dans la vie professionnelle.
UNE ALLOCATION
DE 433,75 EUROS
Et l’allocation ? D’un montant de
433,75 euros, elle vise d’abord à stabiliser la situation des jeunes. Elle ne se
substitue pas aux prestations sociales
existantes et n’est pas un droit ouvert
mais une condition préalable pour
s’engager dans une démarche construite
pétences et des capacités, avec des
objectifs progressifs d’accès à l’emploi,
de développer sa culture professionnelle, de se familiariser avec les règles
de la vie en entreprise, comme les
contraintes d’horaires. Portée par l’engagement des acteurs de l’emploi et
des jeunes, la Garantie Jeune est une
réponse adaptée, réactive et sécurisée
à leur exclusion, avec pour maître-mot
l’accès à l’autonomie par l’emploi. ■
REBONDIR N° 208 NOVEMBRE 2013 - 7
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SNCF PUBLI-REPORTAGE
SNCF
Un engagement innovant
sur le handicap
Une démarche volontariste
de recrutement
Depuis 1992, SNCF
s’est engagée
dans une politique active
en faveur de l’intégration
et du recrutement des
personnes en situation
de handicap.
Vingt-cinq ans plus tard,
l’entreprise développe
son 6ème accord
et compte plus de
5 900 collaborateurs
handicapés.
Pour favoriser l’intégration des personnes
en situation de handicap, SNCF mise
sur le développement des compétences
et les reconversions professionnelles.
Depuis 2012, l’entreprise propose ainsi
un dispositif de formation innovant en alternance baptisé « HANTRAIN ».
En partenariat avec des centres de rééducation professionnelle, SNCF forme
à ses métiers techniques et commerciaux. Ce dispositif se déroule en trois
phases :
• une préformation de trois mois, qui
permet d’apprendre les codes de l’entreprise
• suivie d’une formation en apprentissage
ou en contrat de professionnalisation
de dix-huit mois,
• puis d’une embauche en CDI, sous réserve de la validation du diplôme.
« Ce dispositif adapté aux exigences de
l’entreprise intègre des modules ferroviaires et des modules spécifiques aux
métiers préparés, précise Michèle Delaporte responsable de la Mission handicap & emploi de SNCF. Les alternants
suivent ainsi le même cursus de formation que les nouveaux embauchés. »
Pour les alternants c’est la garantie d’acquérir
une expertise unique et d’obtenir un diplôme
reconnu, deux véritables atouts pour
construire leur parcours professionnel
au sein de l’entreprise.
Un dispositif pour
rendre les métiers plus
accessibles
SNCF souhaite attirer les personnes
en situation de handicap vers des métiers « inhabituels » qui pourraient
leur paraître inaccessibles. Les candidats
ont ainsi la possibilité de préparer un
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diplôme d’électricien de maintenance
des systèmes automatisés pour ensuite
devenir opérateur de maintenance des
trains ou des infrastructures ; ou un
bac professionnel Accueil et relation
clients pour s’orienter vers le métier
de commercial en gare. Cette solution
permettra de former sur la période
2012-2015 près de 100 personnes en
situation de handicap sur des métiers
phare.
« Avec ce dispositif inédit, nous innovons
pour répondre aux difficultés de sourcing, de recrutement et de connaissance
de nos métiers. D’une part, ce dispositif
va participer à notre objectif de recrutement avec la création d’un vivier de
recrues potentielles en situation de handicap ; d’autre part, l’offre d’un parcours
qualifiant professionnel en alternance
réduit les échecs d’intégration et les préjugés » indique Michèle Delaporte.
Sans limite d’âge, ce dispositif s’adresse
aussi bien à des jeunes qui souhaitent
acquérir une formation, qu’à des personnes éloignées de l’emploi désirant
se réorienter.
CHIFFRES CLÉS 2012
Des engagements forts
Outre le dispositif Hantrain, SNCF a
pour objectif le recrutement de 500 personnes en situation de handicap de 2012
à 2015, dont 200 personnes en alternance. Pour l’entreprise il n’existe pas
d’emploi « réservé », l’ensemble de ses
métiers est ouvert aux travailleurs handicapés ; les postes de travail pouvant
être adaptés à certaines formes de handicap. Par exemple, en 2011 et 2012
près de 2000 postes ont été aménagés.
L’accessibilité est ainsi un chantier
phare pour SNCF et une notion qui
doit être prise en compte dans tous les
projets.
■
Plus de
5900
collaborateurs handicapés
dans l’entreprise
152
salariés handicapés recrutés
36
alternants dont
34 sur le dispositif Hantrain
85 % DES HANDICAPS SONT
NON VISIBLES. POUR SNCF,
100 % DE VOS COMPÉTENCES
SONT VISIBLES.
C’EST POURQUOI NOUS FAISONS CONFIANCE
À PLUS DE 5 500 PERSONNES EN SITUATION
DE HANDICAP, DANS TOUS NOS MÉTIERS.
SNCF RECRUTE SUR SNCF.COM
P010-013_REB_208_Mise en page 1 23/10/13 12:17 Page10
La problématique
“
majeure aujourd’hui
dans nos métiers, c’est
la fidélisation des
employés.
Hôtels :
Plus de 300 en France.
Environ 4 000 à l’étranger.
Salariés :
Environ 5 000 dans les hôtels
en France et 80 au siège.
Crédit photo : Élodie Ravaux.
”
BEST WESTERN
EN CHIFFRES
10 - REBONDIR N°208
NOVEMBRE 2013
www.rebondir.fr
P010-013_REB_208_Mise en page 1 23/10/13 12:18 Page11
ACTUALITÉS
L’INTERVIEW DU MOIS
Best Western
“Des parcours qui permettent
de s’épanouir”
L’hôtellerie recrute et Best Western ne déroge pas à cette règle. La coopérative cherche
à attirer des candidats dans les hôtels de son réseau, en valorisant davantage ses
métiers et en travaillant sur la fidélisation. Objectif notamment : faciliter l’obtention de
CDI à temps plein. Entretien avec Alexandre Poitou, directeur du réseau Best Western
France.
Entretien réalisé par Aline GÉRARD
Vous avez signé récemment
une convention avec Reso France,
une association de groupement
d’employeurs spécialiste des
métiers de l’hôtellerie, de la
restauration et du tourisme.
Pourquoi cette initiative ?
Tout d’abord, nous trouvions que
celle-ci était nouvelle. Nous ne
connaissions pas de démarches
de groupement d’employeurs avec
un caractère associatif autour de
nos métiers de l’hôtellerie et de la
restauration. Reso en tant qu’association est un groupement fait
par des employeurs pour des
employeurs, par des professionnels
pour des professionnels. À la
manière de Best Western qui est
une coopérative, dirigée par un
conseil d’administration formé
d’hôteliers, eux-mêmes élus par
l’ensemble des hôteliers [du
réseau] en France.
Reso est un mouvement en plein
développement. Aujourd’hui, ils
sont dans une petite vingtaine de
départements. Nous souhaitions
les accompagner car pour nous
cela répond à une problématique
www.rebondir.fr
forte. Ce n’est pas nouveau, mais
l’emploi est un enjeu crucial dans
les métiers de l’hôtellerie et de la
restauration. La valeur ajoutée de
Reso réside dans le fait de prendre
ses responsabilités. Il s’agit de faire
des efforts pour employer des gens
à temps partiel et de leur trouver
un job pour que la multiplicité de
ces temps partiels constitue un
emploi à temps plein pour le salarié. Ce groupement ne se cache
pas derrière un employeur. S’il
reste deux jours à couvrir dans la
semaine pour que le salarié soit
totalement satisfait parce qu’il est
à la recherche d’un temps plein,
c’est Reso qui, au travers de ses
membres, de ses adhérents, va
aller chercher le complément d’emploi pour ce salarié. Cela permet
à la fois aux entreprises de fonctionner de manière souple, avec
flexibilité, de s’adapter à leurs
contraintes opérationnelles et de
marché, mais aussi d’offrir de la
sécurité à l’employé. Car il y a des
gens qui font le choix de travailler
à temps partiel mais d’autres aussi
qui le subissent.
Les personnes qui passent par ce
système auront-elles
à coup sûr un temps plein ?
Reso ne peut pas pour autant
inventer un job s’il n’existe pas,
cela ne marche pas à tous les
coups. Mais c’est la volonté du
groupement Reso de faire tout ce
qui est possible pour essayer de
répondre aux attentes de l’employé.
Reso est dans une démarche de
fidélisation, on parle bien de garder
quelqu’un. On n’est pas sur de
l’intérim, sur de la mission courte,
on est sur un besoin qui est
pérenne. Et la problématique
majeure aujourd’hui dans nos
métiers, c’est la fidélisation des
employés.
De quelle façon Best Western France
s’intègre-t-il dans ce dispositif ?
Ce qu’il faut comprendre, c’est
qu’un hôtel Best Western a en
moyenne 50 chambres en France,
ce qui veut dire qu’on va avoir une
petite dizaine d’employés dans
chaque structure. Nous avons donc
affaire à des TPE. Une personne
malade, une personne absente… u
REBONDIR N°208 NOVEMBRE 2013 - 11
P010-013_REB_208_Mise en page 1 23/10/13 12:18 Page12
ACTUALITÉS L’INTERVIEW DU MOIS
évidemment tous une réception et font
et c’est une grosse part du personnel
tous de la location de chambres. Chez
qui n’est pas là pour servir le client,
Best Western, l’accueil doit pouvoir être
pour assurer le travail. Ce sont des entrefait 24 heures sur 24, c’est une norme
prises qui ont besoin de variables d’ajusinternationale dans tous les hôtels Best
tement et parfois de 3,5 réceptionnistes
Western dans le monde. Quand il faut
en moyenne dans le temps, toute l’année.
couvrir 24 heures non stop, il y a de la
C’est extrêmement difficile pour elles
rotation.
de trouver ce 0,5 réceptionniste. Nous
C’est un métier sur lequel nous avons
avons beaucoup d’hôtels Best Western
beaucoup de difficultés à recruter des
qui ont besoin de mi-temps, de tierspersonnes de valeur. Pourquoi ? Parce
temps sur certaines fonctions et c’est
que c’est un métier qui est sous-évalué,
pourquoi le groupement d’employeurs
a du sens.
Ce sont d’ailleurs des hôteliers
Best Western qui nous ont
fait part au siège de cette initiative. Certains ne nous ont
pas attendus pour s’intégrer
dans ce mouvement qui est
avant tout un mouvement
local, à l’échelle départementale. Nous avons voulu aider
Reso à promouvoir son dispositif, et c’est la raison pour
laquelle nous avons signé un
partenariat national pour que
l’ensemble des hôtels Best
Western potentiellement intéressés par ce type de dispositif
de flexi-sécurité (flexibilité pour Hostellerie Du Chapeau Rouge, Dijon.
l’employeur, sécurité de l’emploi
pour le salarié) puisse en profiter.
sous estimé. On l’associe encore trop
souvent à un donneur de clés. Sauf qu’aujourd’hui, le réceptionniste est tout simDe manière générale, combien
plement la personne qui est garante de
y a-t-il de recrutements chez Best Western
la satisfaction du client, tout au long de
chaque année ?
son séjour à l’hôtel. C’est la personne
Tout confondu, ce sont environ 1 000
qui l’accueille, celle qui le met à l’aise,
recrutements chaque année. Si je dis tout
qui l’oriente, qui résout ses problèmes
confondu, c’est qu’il ne s’agit pas forcément
s’il en rencontre. C’est celle qui fait le
de 1 000 temps plein. Cela comprend
check out et clôt la prestation avec le
des extras, des saisonniers ou encore des
client. C’est aussi celle qui commercialise
apprentis… mais en ce qui concerne les
l’hôtel, bien sûr vis-à-vis de la clientèle
emplois, les trois quarts le sont en CDI.
de passage, mais surtout aujourd’hui sur
C’est important de souligner que c’est un
Internet. Il va choisir les sites partenaires
secteur qui recrute en CDI, toujours avec
pour effectuer sa commercialisation, sa
cette problématique d’intéresser les gens,
distribution, les catégories de chambre
de se démarquer par rapport à d’autres
et le nombre mis à disposition sur chacun
domaines qui pourraient paraître plus
des sites en fonction de leur positionnefaciles au niveau des horaires, de la dureté
ment, de la typologie de leur clientèle,
du travail, etc. Notre métier se doit de
du moment dans la semaine... C’est donc
proposer des avantages, le CDI en fait
quelqu’un qui doit être pointu d’un point
partie.
de vue commercial, distribution et Internet. Et c’est aussi souvent la personne
Quels sont les métiers sur lesquels vous
qui suit la réputation de l’hôtel à travers
avez le plus de besoins ?
les avis, modère, explique. Et la réputation
Le métier numéro un, c’est celui de récepde l’hôtel, c’est le chiffre d’affaires de
tionniste. C’est assez logique car nous
demain. Le réceptionniste est donc non
avons un peu plus de 300 hôtels, ils ont
u
12 - REBONDIR N°208
NOVEMBRE 2013
seulement garant de la satisfaction du
client, du chiffre d’affaires d’aujourd’hui
mais aussi de celui de demain. C’est vraiment le poste le plus stratégique d’un
hôtel d’une cinquantaine de chambres.
Dans un 200 chambres, vous allez avoir
un réceptionniste, un premier de réception, un chef de réception, un responsable
d’hébergement, un responsable commercial, etc. C’est différent.
L’autre métier a trait à la restauration.
Nous avons moins de besoins car nous
avons à peu près 130 restaurants en France. Une
grosse majorité de nos établissements sont à Paris
intra-muros et aucun d’entre
eux ne possède de restaurant.
C’est assez logique car quand
on est sur du 3 ou 4 étoiles,
on n’a pas de restaurant associé, il y a tellement de choix
à Paris que ce n’est pas pertinent. En province, environ
un hôtel sur deux a un restaurant. Dans ceux-là, les
métiers à la fois de cuisine
(cuisinier) et de salle (serveur) sont très recherchés.
Ensuite dans le Top 4, arrive
la femme de chambre.
Quelles qualités faut-il avoir ? Et avez-vous
des exigences en matière de diplôme ?
Il faut avoir envie de faire plaisir, envie
de servir. Des gens qui sont, comme on
dit chez nous, “hight care”, qui prennent
soin du client et font tout pour qu’il soit
satisfait sont assez difficiles à trouver.
Les réceptionnistes doivent être animés
de ce sens du service.
Ensuite, je pense que pour effectuer les
fonctions que j’ai évoquées, un diplôme
d’hôtellerie de type Bac + 2, BTS hôtelier
ou équivalent est suffisant. La grande
différence va se faire sur la motivation
du candidat.
Nombre d’hôteliers vont embaucher des
candidats qui n’ont pas de connaissances
dans le milieu de l’hôtellerie mais qui
sont volontaires, qui ont envie, qui veulent
s’investir. Et aujourd’hui, il y a quand
même beaucoup de personnes qui changent de métier pour devenir réceptionniste. Nous privilégions la motivation au
diplôme parce que nous ne trouvons pas
de personnes qui possèdent ce diplôme
et qui sont motivées.
www.rebondir.fr
P010-013_REB_208_Mise en page 1 23/10/13 12:31 Page13
Quel message souhaitez-vous faire passer
aux demandeurs d’emploi qui ne se
destinaient pas forcément à ces métiers,
réputés contraignants ?
Le secteur recrute. Il est en pénurie de
main d’œuvre. Il y a donc des opportunités
un peu partout en France, ils peuvent
dans une certaine mesure choisir leur
région. Nous le faisons de plus en plus
en temps pleins et
l’association avec
Reso va aussi nous
aider à les favoriser.
S’ils ont le sens du
service et sont motivés pour réussir, Best
Western et le secteur
proposent des parcours qui permettent
de s’épanouir et de
monter en compétences. Je prêche évidemment pour ma paroisse, mais chez
nous, vous êtes dans un environnement
d’une dizaine de personnes, avec un
patron. Vous savez pour qui vous travaillez.
Cela peut être agréable et ce n’est pas si
courant que cela d’avoir le propriétaire
de l’établissement qui est dans son hôtel.
Nous sommes sur un management de
TPE, de PME, donc plutôt familial. On
ne travaille pas pour un fonds d’investissements, mais pour un patron qui doit,
en théorie, faire tout ce qui est en son
pouvoir pour satisfaire ses employés et
les fidéliser. Car son pire cauchemar, c’est
le recrutement qui est très difficile. Ce
sont donc des personnes qui déroulent
des dispositifs de fidélisation de leurs
employés et nous les y aidons.
Si je suis candidat, comment dois-je
procéder pour être recruté ?
Vous postulez plutôt directement au
niveau des hôtels, le siège ne sélectionne
pas de candidats pour eux. L’employeur
du salarié sera le responsable de l’établissement et il est tout à fait sain que
ce soit cette personne qui recrute.
Néanmoins, on a parfois des demandes
directes de la part de
nos hôteliers sur des
profils spécifiques. En
outre, des candidats
nous envoient des candidatures au siège que
nous essayons de qualifier et segmenter.
Nous les renvoyons soit
aux hôtels qui nous
semblent concernés,
soit nous les invitons à postuler sur
notre site en ligne, pour alimenter les
hôteliers qui sont en recherche.
Le métier
“
de réceptionniste
est sous-évalué,
sous-estimé.
En revanche, n’y a-t-il pas moins
d’opportunités de carrière dans une TPE ?
Oui, vous avez raison. C’est pour cela
que nous avons créé le fameux passeport
de formation Best Western (lire l’encadré)
pour permettre aussi aux employés qui
veulent changer de région, aller dans un
hôtel plus grand, partir à l’étranger, de
prouver des compétences Best Western
qui seront également recherchées dans
d’autres hôtels de l’enseigne. Le système
de réservation est identique, la stratégie
de satisfaction également, etc. C’était
notre volonté de pouvoir formaliser de
façon très factuelle des acquis et des
compétences des salariés, pour leur permettre d’évoluer aussi dans d’autres hôtels
Best Western.
www.rebondir.fr
”
Outre le travail sur les temps partiels,
que proposez-vous comme outils de
fidélisation ?
Nous avons tenu à ce que tous les salariés
aient une carte d’appartenance. Elle leur
donne évidemment des réductions sur
leurs nuitées au travers du réseau mais
aussi des avantages dans plus d’une centaine d’enseignes nationales. Nous nous
sommes rapprochés d’une société qui
propose cette prestation. Le siège va
payer un certain nombre d’abonnements
pour que l’ensemble des salariés puisse
faire des achats à moindre coût. C’est en
quelque sorte un dispositif pour se substituer à un comité d’entreprise que les
hôtels n’ont pas.
■
QUEL EST LE
PROCESSUS DE
FORMATION EN
INTERNE ?
Cela va se faire avant tout par
lʼhôtelier. Ensuite, Best Western,
au siège, va pouvoir les former
sur demande de ce dernier à des
programmes bien spécifiques.
Pour les réceptionnistes, le
programme clé est lié à lʼoutil de
centrale de réservation. Il y a
également une formation qui est
le programme High Care. Nous
essayons de faire comprendre
au réceptionniste quel rôle il a,
jusquʼoù il peut aller pour
résoudre un problème, comment
il peut anticiper, comment poser
des questions ouvertes, etc.
Nous avons également des
programmes plus pointus.
Sur les autres métiers, nous
sommes plus sur du technique.
Il sʼagit de programmes plutôt
courts, entre un et trois jours à
chaque fois. Cela se fait à
discrétion du directeur
dʼétablissement, mais nous
avons lancé un passeport
formation à destination des
salariés. Lʼobjectif est quʼeux
aussi puissent avoir une vue sur
tout ce quʼil est possible de faire
et de créer lʼenvie pour quʼils
puissent basculer sur de
nouvelles formations et monter
en compétences.
Hôtel Princesse Flore, Clermont-Ferrand.
REBONDIR N°208 NOVEMBRE 2013 - 13
P014-015_REB_208_Mise en page 1 22/10/13 14:15 Page14
ACTUALITÉS RENDEZ-VOUS
Innocentia AGBE
À SUIVRE CE MOIS-CI
Tous les lundis, mardis, jeudis et vendredis à 10h10, Katia Schmitt
présente “Lʼédition de lʼemploi” sur France 3 Lorraine. Le magazine
souhaite favoriser la recherche dʼemploi, la formation ou les nouvelles
orientations professionnelles.
candidats à la franchise, qu’aux autoentrepreneurs, aux dirigeants de
TPE/PME ou aux jeunes entreprises
innovantes.
TOP FRANCHISE MÉDITERRANÉE
Les 18 et 19 novembre se tiendra le
salon Top Franchise Méditerranée à
Marseille. L’événement est organisé
sous la houlette de la Chambre de
commerce et d’industrie Marseille
Provence (CCIMP) et la Fédération
française de la franchise. Il réunit des
dizaines d’enseignes qui exposent leur
concept et offrent aux visiteurs une
solution pour se reconvertir, créer ou
développer leur entreprise en franchise.
C’est aussi l’occasion de participer aux
ateliers gratuits animés par des experts
du marché et les franchisés. Des
banques partenaires de la franchise
seront aussi présentes.
18 et 19 novembre
Entrée libre
Marseille, Palais de la Bourse
www.topfranchisemed.fr
SALON DES ENTREPRENEURS
NANTES GRAND-OUEST 2013
Organisé les 20
et 21 novembre
par le groupe
Les Échos, le
salon des entrepreneurs Nantes
Grand-Ouest a
pour vocation de
mettre à votre
disposition un concentré d’informations,
de solutions et d’expertises pour assurer
la réussite de votre projet. Ainsi vous
pourrez par exemple obtenir des conseils
sur mesure, chercher des financements,
assister à des conférences et ateliers et
développer votre réseau et échanger
avec d’autres entrepreneurs. Le salon
souhaite aussi bien s’adresser aux
14 - REBONDIR N° 208
NOVEMBRE 2013
20 (9h-18h30) et 21 novembre (9h-18h)
Entrée libre
Cité des Congrès, Nantes
www.salondesentrepreneurs.com/nantes
“société de services”, “franchise et commerce associé” et “innovation”. Des
nouveautés marqueront aussi cette
édition comme Trans’met qui organisera des ateliers sur le thème de la
transmission d’entreprise dans le secteur des métiers de l’artisanat.
PARIS DE L’EXPÉRIENCE
ET DE L’EMPLOI DES SENIORS
21 (9h à 20h) et 22 novembre (9h à 18h)
Entrée gratuite
Parc des expositions de Rouen
www.espritentreprendrenormandie.com
La Mairie de Paris et Carrefours pour
l’Emploi organisent le 21 novembre le
forum de recrutement “Paris de l’expérience et de l’emploi des seniors” à
l’espace Centquatre à Paris. Près de
150 structures proposeront des offres
d’emploi et de formation qui touchent
la plupart des secteurs. Celles-ci sont
destinées à des candidats seniors
(cadres ou non) de tout niveau d’études.
21 novembre de 10h à 18h
Entrée libre
Espace Centquatre, 5 rue Curial,
75019 Paris
www.carrefouremploi.org
SALON ESPRIT D’ENTREPRENDRE
EN NORMANDIE
Les 21 et 22 novembre aura lieu le
salon Esprit d’entreprendre en Normandie. Les créateurs et chefs d’entreprise en quête de solutions pour le
développement de leur structure pourront retrouver plusieurs pôles : “accompagnement”, “gestion et juridique”,
“financement, assurances et social”,
SALON DES SERVICES
À LA PERSONNE
Le Salon des services à la personne,
du 5 au 7 décembre à Paris, s’adresse
à plusieurs publics. Il est un lieu pour
les particuliers qui cherchent des aides
pour eux ou leurs proches. Ces personnes pourront bénéficier de la présence d’experts pour les orienter.
Ensuite, les créateurs et dirigeants de
structure y trouveront des solutions
pour développer leur activité. Enfin,
c’est aussi l’occasion pour les intervenants à domicile ou les demandeurs
d’emploi de rencontrer de potentiels
employeurs.
5, 6 et 7 décembre, 10h à 18h. Paris,
Porte de Versailles. L’entrée est gratuite
en s’inscrivant sur le site Internet :
www.salon-services-personne.com
■
www.rebondir.fr
P014-015_REB_208_Mise en page 1 22/10/13 16:19 Page15
PUBLI REPORTAGE
Les compétences
n’ont pas de handicap
Cassidian, une entreprise
« handi-accueillante » ?
tabous. Il faut sans cesse en parler pour
que cette idée d’enrichissement par la
Oui, tout d’abord en termes d’accessi- diversité fasse son chemin. «C'est la
bilité. Nous avons notamment installé raison pour laquelle nous lançons régudes rampes d’accès, des portes élargies lièrement des campagnes de sensibiliet des dispositifs d’ouverture automa- sation auprès de nos salariés. L'occasion
de leur rappeler que
tique, mis en place des
le handicap ne se
procédures d’évacuation spécifiques, et faiChez Cassidian, remarque pas nécesRappelons
sons régulièrement
le handicap ne fait pas sairement.
que le handicap est
appel à un ergonome
de différence.
visible dans 10% des
pour adapter les postes
cas seulement» soude travail. Nous avons
ligne Didier Lepitre,
par exemple récemment ajusté les conditions de travail (Directeur du site d'Elancourt et resd’un ingénieur malentendant en CDD : ponsable du fonctionnement des sites
c’est un engagement fort sur lequel Européens).
s’appuieront nos actions futures. Nous
communiquons auprès de l’ensemble Comment concilier
des salariés sur les apports de la diversité efficacement recrutement
et sur l’acceptation du handicap visible et handicap ?
et invisible. En effet, 90% de nos colla- «Lorsque je rencontre des jeunes hanborateurs sont des cadres et/ou ingé- dicapés sur les Forums Emploi je suis
nieurs et beaucoup pensent que se décla- toujours bluffé par leur envie et leur
rer en situation de handicap risque de ténacité. Ils sont malheureusement peu
mettre un frein à leur carrière. Pourtant, nombreux à poursuivre de longues
chez Cassidian, le handicap ne fait pas études post-Bac, ce qui constitue un
de différence.
frein à l’embauche chez Cassidian qui
recrute principalement des Bac+5 expérimentés. Toutefois, nous examinons
Comment un manager œuvrerégulièrement des CV de candidats en
t-il en faveur du handicap ?
Le manager est un catalyseur d’inté- situation de handicap qu’il faut savoir
gration pour ses équipes. S’il doit être lire entre les lignes : outre les compéattentif à ce que le salarié en situation tences, nous devons surtout y déceler
de handicap évolue dans un contexte des potentialités. C’est pourquoi nous
porteur de réussite, il ne doit pas pour formons tout le personnel RH aux proautant le surprotéger, bien au contraire : blématiques relatives au handicap»
il a le profil requis, c’est donc un colla- déclare Pascal Baudin (Responsable
borateur comme un autre. Et récipro- d'une direction d'ingénierie). Le service
quement, le salarié ne doit pas « jouer » de recrutement du groupe a créé une
de sa différence. L’entreprise fait en cellule Diversité spécialisé dans le recrusorte qu’il réussisse mais ne transige tement des personnes en situation de
■
jamais sur les compétences. Elle s’efforce handicap.
également de faire tomber certains
“
MetaPole: Le site de Cassidian à Elancourt (Yvelines).
Cassidian, la division de
défense d'EADS,
prochainement Airbus Group,
est un leader mondial en
matière de solutions de
défense et de sécurité.
Convaincue que la diversité
est un vecteur de
performance, elle met en
œuvre de nombreuses
initiatives en faveur de
l’insertion des personnes en
situation de handicap. Depuis
2009, Cassidian est signataire
d’un accord d’entreprise qui
s’articule autour de 3 axes
majeurs : recrutement et
accompagnement
professionnel, information
et communication et
adaptation.
mission-handicap@cassidian.com
www.jobs.eads.com
”
P016-19_REB_208_Mise en page 1 22/10/13 14:17 Page16
LE GRAND DOSSIER
Handicap
peut-il rimer
avec emploi ?
16 - REBONDIR N° 208 NOVEMBRE 2013
www.rebondir.fr
P016-19_REB_208_Mise en page 1 22/10/13 14:18 Page17
SOMMAIRE
20
LA FRANCE EST-ELLE UNE BONNE
ÉLÈVE ?
22
UN TRAVAIL DE DÉCONSTRUCTION
DES STÉRÉOTYPES DOIT AVOIR LIEU
24
METTEZ TOUTES LES CHANCES
DE VOTRE CÔTÉ !
28
“NOUS EN APPELONS À UNE RÉVOLUTION
DES ESPRITS ET DES PRATIQUES”
En 2005 était votée la loi pour
l’égalité des droits et des
chances, la participation et
la citoyenneté des personnes
handicapées. Toutefois,
huit ans après, des progrès
restent à faire car les personnes
en situation de handicap
peinent toujours à accéder
à l’emploi.
Dossier réalisé par Julie TADDUNI
Joël, participant de la dernière
campagne Agefiph accompagnée
du slogan “Dans l’automobile,
les personnes handicapées
réussissent… et c’est normal”.
SEMAINE SUR L’EMPLOI
ET LE HANDICAP
La 17e semaine pour lʼemploi des
personnes en situation de handicap
se tiendra du 18 au 24 novembre.
Coordonnée par lʼAgefiph, le FIPHFP
et lʼAdapt, cette semaine a pour
objectif de sensibiliser le plus grand
nombre à ces problématiques. Des
actions viseront à faire changer le
regard des citoyens.
www.semaine-emploi-handicap.com
www.rebondir.fr
l coûtera plus cher et sera moins productif ”.
En 2013, certains employeurs ont encore
cette opinion des travailleurs en situation
de handicap. Une population touchée de
plein fouet par le chômage. 97 200 établissements privés étaient assujettis à l’obligation
d’emploi des travailleurs handicapés en 2010, et l’on
recensait 336 900* travailleurs handicapés dans ces
structures, soit un taux d’emploi en équivalent temps
plein de 2,8 %. Or, la loi fixe à tout établissement
privé ou public d’au moins 20 salariés une obligation
d’emploi de ces personnes représentant 6 % de
l’effectif total. Alors que l’on communique de plus
en plus autour du sujet pourquoi les employeurs
semblent-ils toujours aussi frileux ?
“I
UN DÉFICIT DE FORMATION ?
“Il y a toujours des freins forts à l’emploi. Ils viennent
de l’ignorance des employeurs qui doutent des capacités
de ces personnes”, explique Benoît Pontroué, directeur
général de Socia3, filiale du Groupe Soregor qui
emploie 80 % de travailleurs en situation de handicap,
éloignés du monde professionnel, dans le secteur de
la comptabilité. “Les salariés handicapés ont toujours
une mauvaise image auprès de certains employeurs,
explique Valérie Lacomme, responsable mission handicap chez SGS, elle-même salariée handicapée. u
REBONDIR N° 208 NOVEMBRE 2013 - 17
P016-19_REB_208_Mise en page 1 22/10/13 14:50 Page18
LE GRAND DOSSIER
Faites rimer emploi et handicap !
Les salariés
“handicapés
ont toujours
une mauvaise
image auprès
de certains
employeurs.
”
u “On pense qu’ils sont souvent absents, qu’ils ne
sont pas fiables, pas à 100 % de leurs moyens, pas
productifs et qu’ils coûteront plus chers que les autres
sur la durée. Certaines entreprises ont l’image d’une
personne en fauteuil roulant, sans être conscientes
qu’elle peut avoir exactement le même rendement
que d’autres salariés”.
La différence et l’inconnu font toujours aussi peur.
En outre, la modification des aides de l’Agefiph depuis
fin 2011 achève de convaincre les entreprises. Avant,
toute entreprise qui recrutait une personne handicapée
recevait une aide financière. Depuis le 1er janvier 2012,
ces soutiens sont attribués en fonction du profil des
personnes embauchées ou maintenues dans l’emploi.
“En France, on a peur de la différence car on y est
encore mal préparé, constate Thomas Enfrin, cofondateur de l’association HandiCap sur le monde.
On n’ira pas vers l’autre si on ne le connaît pas. En
outre, il existe un vrai problème de formation”. En
effet, seuls 22 % des demandeurs d’emploi handicapés
ont un niveau de diplôme égal ou supérieur au baccalauréat contre 42 % des demandeurs d’emploi
tous publics (Source : Pôle emploi, décembre 2011).
Selon les statistiques, un chômeur en situation de
handicap est donc un homme, âgé, peu qualifié et
qui reste inactif pendant plus d’un an.“Il est parfois
difficile de recruter au sein de cette population, confie
Valérie Lacomme. Nous avons un contrôleur et des
standardistes en situation de handicap. Mais nous
cherchons également certains profils de niveau Bac + 4
18 - REBONDIR N° 208 NOVEMBRE 2013
et Bac + 5 que nous peinons à trouver”. En outre,
selon le rapport du Conseil national des personnes
handicapées (CNCPH) publié en 2010, les travailleurs
handicapés accèdent quatre fois moins à la formation
que les travailleurs valides en raison des difficultés
qu’ils rencontrent en termes d’information, d’orientation, d’accès aux lieux, d’adaptation des rythmes
de travail, de rémunération, etc.
FAVORISER L’EXPÉRIENCE
Heureusement, Valérie Lacomme précise que les
salariés handicapés ont aujourd’hui plus de reconnaissance qu’autrefois et que les choses tendent tout
de même à évoluer dans le bon sens. “Bien souvent,
les gens sont surpris. Nous avons des établissements
qui se situent sur des docks. Personne ne concevait
qu’il puisse y avoir des travailleurs handicapés parmi
eux. Quand on leur a dit qu’il y en avait trois, ils ont
tous été très surpris”, se souvient-elle. Car l’idée que
l’on se fait du handicap est souvent galvaudée.
Pourtant pour Thomas Enfrin, recruter des salariés
en situation de handicap peut avoir des conséquences
que beaucoup n’imaginent pas et il constate que les
employeurs se rendent compte que cela contribue à
avoir une ambiance de travail plus apaisée. “Nous
avons eu le cas d’un établissement dans la restauration.
Cela criait en permanence en cuisine. Lorsqu’une
personne sourde a été recrutée, il a fallu que l’équipe
fasse l’effort de réapprendre à communiquer en se
regardant et l’ambiance est devenue moins stressante
www.rebondir.fr
P016-19_REB_208_Mise en page 1 22/10/13 14:50 Page19
pour tout le monde”, constate le co-fondateur de
HandiCap sur le monde.
Benoît Pontroué ajoute qu’il est primordial de mieux
former ces populations : “Il faut favoriser les stages
en entreprise, créer des rencontres entre les demandeurs
d’emploi handicapés et les recruteurs. Cela passe
avant tout par la communication”. Un bon moyen
pour combler le manque d’adéquation qui existe
entre les compétences et la demande des employeurs.
ADAPTER LES FORMATIONS
Afin que les entreprises se mettent à considérer les
demandeurs d’emploi handicapés comme les autres,
plusieurs choses restent à faire selon Thomas Enfrin.
“Pour pouvoir recruter ces personnes sur leurs compétences avant tout, il faut intégrer le fait qu’il existe
un vrai problème lié à la formation. C’est pourquoi
je pense que le système doit être repensé dans sa globalité. Il faut mettre le doigt sur ce qui coince avant
même d’accéder à l’emploi. Ensuite seulement nous
pourrons proposer des formations qui soient réellement
adaptées”, précise-t-il.
DES MANAGERS BIEN LOIN DE LA RÉALITÉ...
17 %
des managers connaissent l’obligation
légale d’embaucher 6 % de personnes en
situation de handicap.
24 %
des évocations libres de managers renvoient
le handicap à la lenteur, à la fragilité, à
l’inadaptation ou à l’incompétence.
Estimation
LES DIFFÉRENTES FORMES DE HANDICAP des
cadres Réalité
Sur fauteuil
12 %
2%
Sensoriel (auditif et visuel) et psychique
27,5 %
16 %
7%
23 %
Suite à une maladie invalidante
Source : IMS-Entreprendre pour la cité, avril 2011
Lire : Les managers estiment le taux de personnes en situation de handicap sur fauteuil à 12 %
alors qu’il est de 2 % dans la réalité.
existe un vrai problème
“Il lié
à la formation.
”
Les salariés ont aujourd’hui encore peur de faire
valoir leur handicap. Un sentiment qui est plus dû
au regard de leurs collègues que de leur direction,
selon Valérie Lacomme. “Une politique visant à
ouvrir l’ensemble des postes à tous doit être menée
dans chaque entreprise. Au sein de ma société, les
mentalités ont évolué depuis quatre ans. Je suis
actuellement en télétravail. Lorsque mon responsable
a annoncé que je travaillerais de cette manière, nous
avons entendu : ‘Il y en a qui ont de la chance !’. J’ai
une sclérose en plaques… Mais nous essayons de
faire évoluer ces mentalités et les choses ont changé.
Pour moi, le handicap n’est pas un frein au travail.
Dans une année, je ne suis jamais en arrêt de travail,
c’est aussi une question de mentalité”, ajoute la responsable mission handicap.
Car certains salariés en situation de handicap s’avèrent
bien plus performants que leurs homologues valides.
“Nous avons récemment recruté une personne autiste,
rapporte Benoît Pontroué. La comptabilité est quelque
chose de très normé, qui lui convient parfaitement.
En effet, il s’agit de personnes extrêmement rigoureuses.
En outre, ils présentent souvent une forte appétence
pour les chiffres. Quand on cherche ce genre de
qualités, on peine parfois à en trouver à un tel niveau
chez les personnes valides”.
■
*Source : “Les personnes handicapées et l’emploi”. Agefiph et FIPHFP Mai 2013.
www.rebondir.fr
Anita, participante de la dernière campagne Agefiph.
REBONDIR N° 208 NOVEMBRE 2013 - 19
P020-021_REB_208_Mise en page 1 22/10/13 14:51 Page20
LE GRAND DOSSIER
Faites rimer emploi et handicap !
La France est-elle
une bonne élève ?
Dans l’Hexagone, les mentalités peinent à évoluer en entreprise. Toutefois,
les personnes en situation de handicap rencontrent-elles moins de difficultés
à l’étranger ?
ujourd’hui encore, les personnes handicapées peinent plus que les autres à
accéder à l’emploi en France. L’association HandiCap sur le monde a été créée
en 2012 par Emmanuelle Touzard et
Thomas Enfrin. Son objectif ? Promouvoir l’intégration
des handicapés dans l’emploi et le sport. Pour cela,
leur premier projet a constitué à faire un tour du
monde entre septembre
2012 et mars 2013 à travers
onze pays, pour aller à la
rencontre d’associations qui
œuvrent aussi en ce sens.
“Nous avons rencontré différentes bonnes pratiques à l’étranger et il peut être
intéressant de s’en inspirer”, rapporte le co-fondateur.
Mais où se situe la France dans tout cela ?
A
handicap. Mais elle ne communique absolument
pas sur ce point. Elle se contente de mettre en avant
le fait qu’elle est compétitive, au même titre que
n’importe quelle entreprise”. Pour lui, dans ces pays,
on regarde avant tout les compétences de quelqu’un
en entretien d’embauche. Ensuite seulement, on
réfléchit aux éventuelles
adaptations qui seront
nécessaires. Toute-fois, en
2006, la Nouvelle-Zélande
recensait seulement 45 %
d’actifs chez les personnes
handicapées pour 77 % chez
les non handicapées.
L’association souhaite cependant faire perdurer les liens
créés avec les différentes structures étrangères et
l’association argentine devrait prochainement se
déplacer à l’occasion d’un événement dédié à l’emploi
des personnes handicapées.
En France, on regarde
“avant
tout ce que ces
personnes ne peuvent
pas faire.
”
CHANGER LES MENTALITÉS
En France, le taux d’emploi des personnes handicapées
âgées de 16 ans et plus s’élevait à 50 % (pour 71 %
de personnes non handicapées) en 2009* contre
57 % au Danemark, 55,5 % au Luxembourg ou 55 %
en Finlande.
Une des choses qui a frappé Emmanuelle Touzard
et Thomas Enfrin pendant leur périple, est que le
handicap est traité de manière inégale à travers le
monde. “Il y a une différence de culture. En Nouvelle-Zélande par exemple, les handicapés font partie
de la communauté au même titre que les autres. Ils
sont Néo-zélandais avant d’être des personnes en
situation de handicap, explique Thomas Enfrin.
Tout est fait pour que leur déficience n’en soit pas
vraiment une”. Le co-fondateur souligne que, parmi
les pays qu’il a visités dans le cadre de ce projet,
l’Australie et la Nouvelle-Zélande sont exemplaires
en termes d’aménagements, de pratiques et surtout
de mentalités. “Nous y avons rencontré beaucoup de
personnes handicapées devenues entrepreneurs,
notamment une personne qui a créé une entreprise
qui emploie plus de 80 % de salariés en situation de
20 - REBONDIR N° 208
NOVEMBRE 2013
VOIR LE VERRE À MOITIÉ VIDE…
Mais pourquoi la France est-elle à la traîne, notamment en termes d’emploi ? “C’est une question de
tolérance, de mentalité. Il y a un travail de fond à
faire dans le pays, ce que l’on oublie trop souvent :
changer les mentalités. Et ce n’est pas chose facile.
Ici, on regarde avant tout ce que ces personnes ne
peuvent pas faire”.
Si la France ne figure pas parmi les pays les plus
irréprochables, d’autres s’avèrent beaucoup plus
en retard. En effet, le taux d’emploi n’était que de
31 % à Malte en 2009, de 29,5 % en Roumanie
(pour 70 % chez les personnes non handicapées) ou
encore 31 % en Hongrie. “C’est plus une question
politique mais la Birmanie est un mauvais élève en
ce qui concerne le handicap, se souvient Thomas
Enfrin. Mener une lutte sociale y est très compliqué
car il faut pour cela lutter contre son propre gouvernement. Il y a même des aides destinées aux associations qui disparaissent !”.
■
*Source : Ciesep - Eurostat.
www.rebondir.fr
P020-021_REB_208_Mise en page 1 22/10/13 16:18 Page21
Une enseigne
qui donne leur chance
à tous les talents !
Benoît
Directeur
de magasin
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Allions nos différences,
ouvrons-nous à tous les talents !
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Chez Simply Market, chacun a sa place pour valoriser ses
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P022-023_REB_208_Mise en page 1 22/10/13 14:51 Page22
LE GRAND DOSSIER
Faites rimer emploi et handicap !
“Un travail de déconstruction
des stéréotypes doit avoir lieu”
Vincent Poirel est responsable égalité des chances et RSE chez Page Group.
En charge de former ses collaborateurs au recrutement sans discrimination,
il évoque l’accès à l’emploi des personnes en situation de handicap.
Vincent Poirel, responsable
égalité des chances
et RSE chez Page Group.
Selon vous, comment peut-on
favoriser l’emploi des personnes en
situation de handicap et peu
diplômées ?
Il y a une question essentielle à
prendre en compte dans un premier temps. C’est celle de la formation et de l’accueil de ces personnes dans les établissements.
Ensuite vient la question de la formation en tant que demandeur
d’emploi.
Il existe des entreprises d’insertion
ou de travail temporaire d’insertion
avec des effectifs en charge d’accompagner des personnes handicapées, des anciens SDF, etc.
Sur des populations moins éloignées de l’emploi et en situation
de handicap, il faut actionner tous
les réseaux possibles, qu’ils soient
personnels ou professionnels. Il
ne faut négliger aucune piste et
ne pas hésiter à s’inscrire sur des job boards et à
envoyer des CV, à répondre aux annonces… Il y a en
outre des sites totalement dédiés à l’emploi des personnes en situation de handicap.
Il faut également penser aux Ésat (Établissements
et services d’aide par le travail) et aux EA (Entreprises
adaptées). Ce sont de très bonnes voies de professionnalisation qui permettent d’aller ensuite vers le
milieu plus “ordinaire” du travail.
Quels conseils donneriez-vous à une personne
handicapée à la recherche d’un emploi ?
Les mêmes qu’à une personne qui ne le serait pas.
C’est-à-dire de travailler sur sa recherche, de bien
s’y préparer, d’organiser son parcours, de cibler les
22 - REBONDIR N° 208
NOVEMBRE 2013
annonces, de préparer les entretiens. Vous pouvez
vous rendre dans des structures comme Cap Emploi
qui aide les travailleurs handicapés à aller vers le
monde de l’entreprise.
Doivent-ils faire part de leur situation ?
Cela va dépendre du handicap et de la manière dont
la personne a envie de le gérer. Si elle l’accepte et est
très à l’aise avec cela, et si elle connaît les éventuels
besoins d’aménagement de poste qui seront nécessaires, alors oui. Sinon, il ne vaut mieux pas car en
n’étant pas à l’aise avec ce sujet, elle peut rater son
entretien. Il faut également savoir que l’on peut plus
facilement échanger autour des handicaps non évolutifs. En revanche, on peut tout à fait dire que l’on
est bénéficiaire d’une RQTH (Reconnaissance de la
qualité de travailleur handicapé) sur son CV, sans
s’étaler.
Pourquoi ces personnes rencontrent-elles aujourd’hui
encore des difficultés concernant l’accès à l’emploi ? Les
entreprises ne sont-elles pas sensibilisées ?
C’est difficile de répondre car je me pose moi-même
cette question. Encore une fois il y a un vrai problème
au niveau de la formation. Toutes ne sont pas adaptées
à l’ensemble des handicaps. Et je pense que, même
si c’est de moins en moins le cas, c’est encore quelque
chose qui fait peur à certains. C’est pourquoi il y a
un vrai travail de déconstruction des stéréotypes qui
doit avoir lieu. Dès que l’on parle handicap, les recruteurs imaginent immédiatement un fauteuil roulant
ou une canne blanche.
Je me suis récemment rendu dans les locaux de
Vivre FM et il y avait un non voyant derrière la
console. Un recruteur qui ne serait pas sensibilisé
aurait dit non d’entrée de jeu. Beaucoup omettent
également que le handicap peut être du diabète, une
lombalgie… Et un même handicap sera différent
www.rebondir.fr
P022-023_REB_208_Mise en page 1 22/10/13 14:52 Page23
si c’est de moins en moins
“Même
le cas, le handicap est encore
quelque chose qui fait peur
à certains.
”
suivant les personnes concernées. Huit ans après la
loi de 2005, il y a toujours du travail à faire, notamment concernant les performances des personnes
handicapées.
Comment vous y prenez-vous en matière de recrutement
de ces personnes ?
Mon travail consiste à former mes collaborateurs au
recrutement, sans discriminer. Nous avons, en ce
sens, bien évidemment intégré les questions liées au
handicap. Avec l’association À compétences égales,
nous organisons des job datings avec des candidats
potentiellement discriminés sur leur âge, leur sexe,
ou encore leur handicap. Nous coachons non seulement les candidats, mais aussi les recruteurs. Pour
cela, nous appliquons au quotidien quelques règles
simples. Pour commencer, nous n’avons pas le droit
d’indiquer des éléments qui font référence au handicap
du candidat, même si celui-ci le demande. Libre à
lui de prendre contact avec le recruteur après. Mais
nous sommes convaincus que c’est à lui de le communiquer s’il le souhaite. Ainsi, si son poste nécessite
des aménagements particuliers, nous préciserons
simplement “à contacter par mail uniquement”, si la
personne est sourde par exemple.
Quels sont les stéréotypes qui persistent aujourd’hui dans
les entreprises ?
On se dit d’une personne en situation de handicap
qu’elle ne va pas être formée correctement, que les
postes ne sont pas adaptables alors que la majorité
d’entre eux le sont, qu’elle sera souvent absente et
s’intègrera difficilement, qu’elle travaillera moins
www.rebondir.fr
que les autres, qu’elle ne sera pas performante ni
dynamique, qu’elle véhiculera une mauvaise image
de l’entreprise… La liste est longue et les excuses ne
manquent malheureusement pas.
■
DES PROGRÈS RESTENT À FAIRE :
Selon la Dares 1,8 million de personnes
handicapées étaient en âge de travailler
(15-64 ans) en 2011. Toutefois, leur taux
dʼemploi nʼétait que de 35 % (contre 65 %
pour la population active globale). Leur taux
de chômage avoisinait les 19 % contre 9,5 %
de la population active globale.
Néanmoins, le ministère du Travail note
également que le nombre dʼentreprises ayant
atteint un taux dʼemploi supérieur à 6 % avait
progressé en 2011 (49 %).
Enfin, un livre blanc réalisé par Hangagés
(réseau dʼentreprises mobilisées pour lʼemploi
des personnes handicapées) et Taïnos
(association qui regroupe des experts
complémentaires sur les sujets de la diversité
et du handicap) rappelle que 90 % des
travailleurs handicapés nʼont besoin dʼaucune
adaptation de leur environnement de travail.
Pour les autres, les coûts liés à un éventuel
aménagement peuvent être pris en charge par
lʼentreprise ou financés, au moins partiellement,
par lʼAgefiph.
REBONDIR N° 208 NOVEMBRE 2013 - 23
P024-027_REB_208_Mise en page 1 22/10/13 14:52 Page24
LE GRAND DOSSIER
Faites rimer emploi et handicap !
Mettez toutes les
chances de votre côté !
Il est encore difficile aujourd’hui de faire rimer emploi avec handicap. Mais c’est
loin d’être impossible. Pour cela, vous allez devoir balayer les craintes de votre
interlocuteur et mettre en avant vos compétences.
a recherche d’emploi est un travail à plein
temps, quel que soit le profil du demandeur.
Mais les personnes en situation de handicap
vont certainement être conduites à faire
plus d’efforts dans leurs démarches, afin
de rassurer au maximum celui qui sera peut-être
leur futur employeur.
L
MISEZ SUR VOS ATOUTS
“L’important pour un demandeur d’emploi handicapé
est d’axer ses démarches sur ses compétences et de bien
travailler dessus”, explique Benoît Pontroué, directeur
général de Socia3, filiale du Groupe Soregor qui
emploie 80 % de travailleurs en situation de handicap.
Il en va de même pour Thomas Enfrin, co-fondateur
24 - REBONDIR N° 208
NOVEMBRE 2013
de l’association HandiCap sur le monde. “C’est important de savoir valoriser ses atouts. Comme lorsqu’il
s’agit d’une personne valide, on présente d’abord ses
qualités, on parle de ce que l’on sait faire”. Pour lui,
il est avant tout primordial de ne pas baisser les
bras en se sentant battu d’avance. Et si cette option
vous tente, Thomas Enfrin conseille de ne pas rester
seul, de ne pas hésiter à solliciter de l’aide et de bien
s’entourer.
Il insiste également sur le fait de ne pas exclure de
créer sa propre entreprise car trop souvent, les personnes en situation de handicap pensent que le challenge de la création n’est pas à leur portée.
Laurence Simon est chef d’études chez SGS France
et souffre d’une déficience auditive. Elle conseille u
www.rebondir.fr
- Crédit photo : © Olivier Roller
P024-027_REB_208_Mise en page 1 23/10/13 12:34 Page25
www.ladapt.net
L’A D A P T - a s s o c i a t i o n p o u r l’ i n s e r t i o n s o c i a l e E T p r o f e s s i o n n e l l e d e s p e r s o n n e s h a n d i c a p é e s
P024-027_REB_208_Mise en page 1 23/10/13 12:24 Page26
LE GRAND DOSSIER
Faites rimer emploi et handicap !
aux demandeurs d’emploi de maîtriser leur sujet
ainsi que les questions liées au handicap. “Il me
paraît important de se renseigner sur les éventuels
aménagements qui peuvent être nécessaires pour certaines pathologies. Cela permet d’arriver en entretien
en rassurant son interlocuteur et en minimisant l’impact financier qui est souvent surestimé”. Mais en
tant que salariée handicapée, elle confesse également
u
plus leurs craintes
“C’est
qui les freinent que
le handicap en lui-même.
”
qu’il faut aussi savoir admettre qu’il n’y a pas toujours
de solutions. “J’ai aujourd’hui franchi le cap vers un
appareillage. Cela m’a complètement changé la vie.
Mon handicap n’est pas quelque chose qui pénalise
mon travail, mais en étant honnête, on sait que ce
n’est pas toujours possible sur l’ensemble des postes.
Même pour un handicap auditif comme c’est mon
cas. S’il devient plus sévère, je ne vois pas comment je
pourrai effectuer toutes mes tâches professionnelles”.
Alors faut-il vivre caché pour être recruté ?
LE DIRE… OU NON ?
Pour beaucoup de demandeurs d’emploi dans cette
situation se pose la question de le dire ou non avant
l’épreuve de l’entretien, pendant, ou bien pas du
tout. “Je n’ai aucun problème à en parler, mon
appareil est visible parce que j’ai aussi choisi de ne
pas spécialement tout faire pour le cacher. J’ai plutôt
fait la démarche de reconnaissance de mon handicap
pour aussi aider les employeurs à payer moins de
taxes grâce à mon embauche, je le leur présente
comme un avantage financier”, souligne Laurence
Simon. Mais elle avoue que si elle a choisi de jouer la
transparence, la situation n’est pas toujours vécue
de cette manière.
En revanche, Valérie Lacomme, responsable de la
mission handicap chez SGS France et elle-même
salariée en situation de handicap, déconseille de
tout miser sur les aides aux entreprises. “Très franchement, je ne suis pas certaine que ce soit cela qui
encourage à embaucher. S’il est vrai que ça peut
jouer, ce n’est heureusement pas ce qui compte
in fine, même si on peut encore en avoir à passer par
là”, regrette-t-elle. Se cacher n’est toutefois pas
toujours la stratégie la plus productive en la matière.
“Il existe des sociétés qui sont à la recherche de travailleurs handicapés pour remplir leur obligation.
Bien sûr, vous ne pouvez pas directement en être
informé en envoyant votre candidature, c’est donc
26 - REBONDIR N° 208
NOVEMBRE 2013
compliqué de savoir si l’on doit le dire en amont ou
non”. Faire preuve de transparence peut donc s’avérer
payant et votre honnêteté n’en sera que récompensée.
Si ce n’est pas le cas, vous passerez donc à côté d’un
employeur discriminant. Vous n’en tirerez que du
positif.
Patrick Blum, consultant senior chez Accordia (cabinet
de conseil spécialisé dans l’accompagnement des
politiques de diversité) et notamment coordinateur
de l’ouvrage Comment recruter sans discriminer ?
d’À Compétences Égales, recommande de taire son
handicap jusqu’à la signature du contrat si celui-ci
n’est pas visible, sauf si l’on postule à des annonces
d’entreprises dites handi-accueillantes. “Il faut en
parler à partir du moment où il y a des contraintes.
Mais sur le CV ce n’est pas nécessaire car il est source
de fantasme et l’on va vous imaginer en fauteuil
roulant d’entrée de jeu, conseille Patrick Blum. Si
vous avez besoin d’aménagements pour passer l’entretien, dites-le après que l’on vous ait donné un
retour positif de votre candidature. Sinon, attendez
la fin de l’entretien, cela passera mieux car un lien est
déjà créé. La clé est de ne jamais se faire rattraper par
son handicap en le taisant alors que l’on a besoin,
par exemple, d’horaires aménagés. Enfin, il faut en
parler de manière positive, c’est le plus difficile souvent
pour ces personnes”.
■
Lʼassociation HandiFormaBanques
fait le lien entre les banques,
les réseaux associatifs et les
candidats potentiels. Pour postuler,
il faut avoir le statut de bénéficiaire
de la loi du 11 février 2005 à jour
(RQTH ou équivalent),
correspondre aux pré requis
(casier judiciaire numéro 3 vierge,
diplôme obtenu a minima CAP ou
BEP, etc.), habiter à distance
raisonnable dʼune des villes qui
sont citées dans les opérations
régionales sur le site, et déposer
sa candidature sur
www.candidat.hfbs.fr.
www.rebondir.fr
P024-027_REB_208_Mise en page 1 23/10/13 12:36 Page27
BRISEZ 5 STÉRÉOTYPES EN ENTRETIEN
par Patrick Blum*
1 - Le fauteuil. “On ne peut pas lʼéviter, cʼest
le symbole du handicap que lʼon voit partout
depuis toujours. Cʼest pareil pour les cannes
blanches. On oublie que parmi les personnes
qui les utilisent, il nʼy a pas tant de non voyants
que cela et quʼils ne nécessitent pas forcément
des aménagement de poste de ce fait”.
2 - Il y aura des aménagements de postes et ils vont
coûter cher. “Seuls 30 % des handicapés en
ont besoin et cela peut être un repose-pieds,
qui ne creusera pas trop le budget de
lʼentreprise, ou simplement des horaires décalés
dʼune demi-heure”.
3 - Ces gens ne sont pas formés. “Les personnes
en situation de handicap ne sont pas très
diplômées, certes. Mais cela nʼempêche pas
de recruter des contrats professionnels. Cela
permet de sensibiliser ses collaborateurs et de
fidéliser la jeune recrue qui sera reconnaissante
de la main qui lui est tendue”.
4 - Les personnes handicapées ne sont pas
performantes. “Un salarié qui marche avec deux
cannes résistera peut être mieux à la pression
que vous et moi étant donné ce quʼil a vécu”.
5 - Il ne va pas s’intégrer. “On ne va pas lʼintégrer ? On se cache derrière des stéréotypes
sans réfléchir au problème”.
■
*consultant senior chez Accordia (cabinet de conseil spécialisé
dans l’accompagnement des politiques de diversité) et
notamment coordinateur de l’ouvrage Comment recruter sans
discriminer ? d’À Compétences Égales.
Sébastien est malentendant
CHEZ DÉCATHLON
JAMAIS
UN HANDICAP N’EST
UNE BARRIÈRE.
on.fr
recrutement.decathl
C E C I
N ’ E S T
P A S
U N
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C E C I
N ’ E S T
P A S
U N
O B S T A C L E
P028-029_REB_208_Mise en page 1 22/10/13 14:52 Page28
LE GRAND DOSSIER
Faites rimer emploi et handicap !
“Nous en appelons à une
révolution des esprits
et des pratiques”
Une génération, c’est le temps qui s’est écoulé
depuis l’adoption, il y a vingt-cinq ans, de la loi
sur l’obligation d’emploi des personnes
handicapées. Quelle est aujourd’hui la place
dans l’entreprise des personnes en situation
de handicap ?
© S. Le Clezio
Par Alain Rochon, président de l’Association des paralysés de France (APF).
vons-nous progressé au bénéfice de l’inclusion professionnelle des personnes
en situation de handicap ? Le regard
posé sur le professionnel handicapé, sur
ses compétences et l’attention portée
aux aménagements raisonnables liés à la situation
de travail se sont-ils améliorés ? À coup de renforcement de la législation, à travers l’influence d’engagements sociétaux de plus en plus marqués en faveur
de l’égalité et de la diversité,
les entreprises avancent. Près
de 800 000 personnes en
situation de handicap exercent aujourd’hui une activité
professionnelle. Pourtant, le
taux d’emploi dans les entreprises assujetties à l’obligation
d’emploi stagne à moins de
3 % dans le privé et à peine
plus de 4 % dans le public. À
ce rythme, il faudrait encore
A
La solution passe par
“une
réelle volonté de
sécuriser les parcours
professionnels des
personnes en situation
de handicap.
”
28 - REBONDIR N° 208
NOVEMBRE 2013
deux générations pour atteindre le plancher de 6 %
fixé par la loi. Est-ce acceptable ? L’exemplarité, en
dépit des discours, n’est pas encore à l’ordre du jour.
DES ÉVOLUTIONS INSATISFAISANTES
Il ne s’agit pas de dire ici que rien ne change. On
peut même se réjouir du fait que 50 % des entreprises
privées respectent, voire dépassent le taux des 6 %
d’obligation d’emploi. On peut être rassuré par la
progression du nombre de personnes handicapées
en emploi. Mais de quoi parle-t-on ? En vingt ans, le
nombre de salariés en situation de handicap a progressé d’un quart. Dans le même temps, le nombre
d’entreprises concernées par le périmètre de l’obligation progressait symétriquement de 25 %. Évolution
réelle ou évolution en trompe l’œil ?
La dernière enquête menée par la Dares souligne de
son côté la précarité de plus en plus subie par les
personnes en situation de handicap (plus de CDD,
plus de temps partiel). Évidemment, cette tendance
suit celle du marché du travail dans lequel évoluent
www.rebondir.fr
P028-029_REB_208_Mise en page 1 22/10/13 14:52 Page29
les personnes en situation de handicap. Cependant,
rien ne doit justifier que l’on accepte qu’elles soient
pénalisées et trop souvent réduites à la précarité et
au sous-emploi.
Les esprits ont évolué, soit. Mais les représentations
peinent encore à sortir des caricatures, les mots de
la stigmatisation... Bien évidemment, nous constatons
tous autour de nous une évolution, mais qu’elle est
lente et que de freins faut-il encore lever chaque
jour ! Des fonds privés et publics ont été institués,
des outils créés, des dispositifs mis en place. Et pourtant, il n’y a jamais eu autant de demandeurs d’emploi
en situation de handicap. Ils sont près de 400 000 à
la recherche d’un emploi, 22 % des personnes handicapées, soit le double de la population valide à la
recherche d’un emploi. Et surtout en augmentation
de 60 % par rapport à 2009. Cette évolution et ce
taux de chômage sont inacceptables eux aussi. Depuis
vingt-cinq ans, les mêmes constats sont posés sur le
nécessaire renforcement du niveau de formation et
de qualification des demandeurs d’emploi en situation
de handicap, sur l’écart existant entre l’offre et la
demande d’emploi, sur le mille-feuille complexe des
dispositifs, sur l’insuffisance du niveau d’information
des employeurs... Combien d’années encore avant
que ces constats trouvent de réelles solutions ? Ils
constituent des freins importants à l’accès à l’emploi
des personnes en situation de handicap.
AGIR EN AMONT
Aujourd’hui encore, il n’y a pas suffisamment d’actions
précoces. Pour l’APF (Association des paralysés de
France), la solution passe par une réelle volonté de
sécuriser les parcours professionnels des personnes
en situation de handicap. Cela implique des engagements concrets pour favoriser le maintien dans
l’emploi des personnels, ainsi qu’un accompagnement
renforcé des personnes qui perdent leur emploi du
fait d’une inaptitude médicale (plus de 50 000 par
an). Cessons dès à présent de nous satisfaire des statistiques qui révèlent qu’une personne en situation
de handicap qui perd son emploi met en moyenne
quatre ans avant d’en retrouver un, faisant ainsi le
lit d’une désinsertion sociale et professionnelle prévisible et critiquable.
Cette sécurisation passe par une prise en compte dès
l’amont des situations, chacun dans ses responsabilités,
en mobilisant les acteurs et dispositifs de droit commun
et ceux plus spécialisés. Ces passerelles, dont on entend
tant parler, doivent résolument être organisées, notamment pour les plus jeunes entre la scolarité et l’emploi.
L’apprentissage, les emplois d’avenir, le service civique
représentent de réelles opportunités dont il convient
de se saisir effectivement. Le contrat de génération
doit parfaire la gamme des outils à mobiliser.
Sachons enfin accompagner et prendre en considération les singularités. Prenons le temps et donnons
www.rebondir.fr
les moyens de la qualité. Tous ensemble, État, partenaires sociaux, acteurs du dialogue civil, prenons le
parti d’investir pour l’emploi des personnes en situation de handicap.
Les représentations peinent
“
encore à sortir des caricatures.
”
C’est aujourd’hui à une vraie révolution des esprits
et des pratiques que nous en appelons. Trop souvent
encore, alors que tant de personnes recherchent un
emploi, on m’invoque l’impossibilité d’atteindre le
Graal des 6 % dans les entreprises. Certains envisagent
même parfois de réformer le baromètre... Ce discours
n’est plus audible ! L’humain doit être au cœur de
nos préoccupations. J’entends trop souvent des histoires gâchées, des parcours interrompus, des compétences suspendues, attendant l’employeur, ce héros
ordinaire qui en permettra le développement et
l’épanouissement. Le temps n’est plus à l’attente. Le
temps de l’action concertée est venu.
Sur tout cela, l’Association des paralysés de France
porte un regard résolument optimiste mais définitivement ferme et engagé. Nous espérons que la feuille
de route tracée par le CIH (conseil interministériel
du handicap) réuni le 25 septembre dernier et les
négociations sur la formation professionnelle soient
porteuses de véritables avancées et d’engagements
précis au bénéfice de centaines de milliers de personnes
en situation de handicap en emploi ou en recherche
d’emploi.
■
TROIS CONSEILS À UN DEMANDEUR
D’EMPLOI EN SITUATION DE HANDICAP,
par Alain Rochon, président de l’APF :
1
Prenez un soin particulier dans la préparation et
la validation de votre projet professionnel (en prenant
notamment en considération son réalisme au regard
du marché du travail, votre état de santé, vos besoins
de compensation éventuels et vos potentiels).
2
Veillez à bénéficier d’un accompagnement adapté dans
les démarches (reconnaissance d’un titre de bénéficiaire
de l’obligation d’emploi, accès au service public de
l’emploi ou au réseau spécialisé d’accompagnement
Cap emploi, mobilisation des mesures favorisant l’accès
à l’emploi développées par l’Agefiph ou le FIPHFP).
3
Armez-vous de patience et de courage et informez-vous
sur vos droits.
REBONDIR N° 208 NOVEMBRE 2013 - 29
P030-031_REB_208_Mise en page 1 22/10/13 14:53 Page30
ller
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DÉCOUVRIR ENQUÊTE
Le CV original :
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M
Z
NCE
!
une arme
à double tranchant
LA
Les demandeurs d’emploi sont nombreux et les postes rares… Pour se différencier, certains
candidats optent pour des CV originaux, diffusés en ligne ou fabriqués de toute pièce. Le
document permet de se faire remarquer, mais trop d’originalité peut jouer contre le
postulant si la qualité n’est pas au rendez-vous. L’objectif premier doit être de démontrer
concrètement ses compétences, et non de faire parler de soi.
t si vous rédigiez votre
CV sur… une tablette
de chocolat, un compte
Twitter, un ruban de
scotch ? Osée, l’expérience s’est révélée plus que fructueuse pour Philippe Dubost. En
recherche d’emploi comme chef
de produit Web, il a décliné son
expérience sous la forme d’une
page Amazon. “J’avais envie de
travailler pour cette société, confiet-il. En même temps, je trouvais
que la présentation du site était
universelle et que l’idée pouvait
E
faire sourire !” La page a été créée
en janvier 2013. Au début, Philippe
Dubost envoyait des candidatures
classiques et n’indiquait son CV
original qu’en lien. “Le but, c’était
qu’on me rappelle. Cela a fonctionné !” Puis, un blog a diffusé sa
candidature. L’effet de propagation
du Web a exercé sa magie. “Le
nombre de visites s’est mis à exploser. Fin janvier, ma page avait été
consultée un million de fois en une
semaine.” Rédigé en anglais, parce
que Philippe Dubost convoitait
un poste à l’international, le CV
“Le but, c’était qu’on me
rappelle. Cela a fonctionné !”
Philippe Dubost. En recherche d’emploi comme
chef de produit Web, il a décliné son expérience sous la forme d’une page
Amazon.
30 - REBONDIR N° 208 NOVEMBRE 2013
s’est facilement répandu dans les
pays anglo-saxons. “J’ai eu des
opportunités au Japon, en Allemagne. J’ai dû recevoir 150 mails
de propositions et passer une vingtaine d’entretiens.” Il a finalement
été recruté à New York par la
société Birchbocks. Il devait commencer début octobre.
FAIRE DE L’HUMOUR
SÉRIEUSEMENT
D’autres candidats ont confectionné des bouteilles de vin, certains ont réalisé des vidéos type
journal télévisé présentant la
recherche d’emploi… Un CV qui
sort de l’ordinaire suffit-il à décrocher un entretien ? “C’est une arme
à double tranchant, estime Laurent
Brouat, directeur associé de Link
Humans, un cabinet qui conseille
les entreprises sur les stratégies
de recrutement. La condition première pour qu’un CV original porte
ses fruits consiste d’abord à réaliser
quelque chose de qualitatif. Un
candidat prend des risques avec
ce type de démarche, il faut que
cela démontre ses capacités et ses
compétences mais sans en faire
trop non plus.” L’originalité peut
www.rebondir.fr
P030-031_REB_208_Mise en page 1 22/10/13 14:53 Page31
Ronan Boussicaud, candidat souhaitant se faire
recruter comme social media manager à l’agence
de publicité Marcel, a monté toute une opération sur
Twitter autour de sa candidature.
en effet très vite agacer, d’autant
plus qu’avec le Web, une vidéo ou
une page ratées auront vite fait
de faire le tour de la Toile. “Un
candidat avait organisé un salon
pour lui-même. Au final, il a eu
peu de retour car cela donnait
plutôt une image désespérée et ses
compétences n’étaient pas valorisées.” Le résultat final doit être
peaufiné à la perfection et aucun
détail ne doit être négligé. Ce sera
une manière de démontrer son
professionnalisme et son sérieux,
mais avec un peu d’humour !
GARE À LA MISE
EN VENTE GRATUITE
Démontrer son savoir-faire dans
la construction de son CV ajoute
en effet de la valeur à sa candidature. Mais cela signifie que tous
les secteurs ne se prêtent pas aussi
facilement à ce jeu. Les candidats
qui postulent à des professions
qui ne font pas appel à la créativité
comme les finances ou la comptabilité ne gagneront rien à réaliser
un CV hors du commun. “Être original pour être original ne suffit
pas, souligne Fabrice Mazoir, responsable éditorial chez RegionsJob.
Le CV doit montrer que vous êtes
un professionnel. La publicité, par
exemple, intègre la dimension
virale du Web.” Réussir à faire le
buzz correspond donc à ce qui est
demandé. Ronan Boussicaud, un
candidat souhaitant se faire recruter comme social media manager
à l’agence de publicité Marcel, a
monté toute une opération sur
Twitter autour de sa candidature.
“Il a acheté des mots clés pour être
référencé et a mis en œuvre tout ce
qu’il aurait eu à organiser s’il était
intégré dans l’entreprise pour travailler sur un projet”, analyse Laurent Brouat. Comme le dit l’intéressé lui-même sur la page de son
blog de candidature : “Le but avoué
est simple, me distinguer tout en
démontrant mes compétences et
www.rebondir.fr
“L’opération a été
plutôt bien accueillie.”
mon audace”. Le candidat a finalement obtenu un entretien. Au
moment de la rédaction de l’article,
il était toujours dans l’attente
d’une réponse. “J’ai été sollicité
par d’autres sociétés mais plutôt en région, déclare-t-il. Globalement, l’opération a été plutôt
bien accueillie. Elle m’a permis de
matérialiser mes compétences.
Mais comme c’était sur Twitter, il
y a forcément des personnes qui
n’ont pas aimé, des professionnels
du secteur n’ont pas trouvé ma
page terrible.” Fabrice Mazoir
conseille d’ailleurs à ceux qui veulent tenter le CV original de se
préparer aux critiques. “Même si
le produit est objectivement réussi,
il y aura toujours des réactions
négatives. On peut trouver les CV
réalisés ridicules, ou l’on peut critiquer la démarche elle-même : à
savoir se mettre soi-même en vente.”
Enfin, chercher à se différencier
en imitant les autres ne servirait à
rien. Inutile de recopier ce qui a
déjà été fait. Pour se lancer dans la
confection d’un CV original, il faut
surtout se demander à qui l’on
s’adresse, quelles sont les compétences à valoriser et comment souligner sa personnalité, mais sans
perdre de vue l’objectif : décrocher
un entretien.
■
“PENSEZ À UNE
STRATÉGIE MULTICANAL”
À défaut de faire
décrocher un entretien,
un CV qui sort de
lʼordinaire aide
à se faire
connaître. “Ce
type de CV offre un coup
de projecteur, explique
Fabrice Mazoir,
responsable éditorial
chez RegionsJob. Les retombées
sont surtout médiatiques, mais cela
permet de faire remonter le CV en
haut de la pile.” Pour que votre
candidature finisse entre les bonnes
mains, il faut travailler à la faire
circuler au maximum. “Pensez à
une stratégie multicanal, conseille
le responsable. Il faut donner de la
visibilité au CV en le diffusant sur
Facebook, sur Twitter et autres
réseaux sociaux.” Un véritable plan
de bataille doit être mis en place.
“Sʼil sʼagit dʼun produit, il faut prendre
de belles photos pour valoriser lʼobjet
lors de sa promotion. Même chose,
si vous voulez réaliser une vidéo,
faites-vous aider par des
connaissances qui maîtrisent
la technique.”
Chloé GOUDENHOOFT
INSPIREZ-VOUS !
Des CV originaux sont à découvrir
en ligne sur :
• www.cv-originaux.fr
• www.blog-emploi.com
(le blog de RegionsJob)
REBONDIR N° 208 NOVEMBRE 2013 - 31
P032-035_REB_208_Mise en page 1 22/10/13 14:54 Page32
DÉCOUVRIR TRAVAILLER EN...
Picardie :
Canal de la Somme
à Amiens.
une région en voie
de redynamisation
La Picardie a souffert de la crise. Fortement industrialisée, la région a perdu
beaucoup d’emplois. Pourtant, elle continue à recruter, notamment des profils
techniques que les recruteurs ont parfois du mal à trouver. De plus, les Picards
peuvent profiter d’une politique extrêmement volontariste en termes de formation.
a situation de l’emploi
n’est pas facile en Picardie. “La région a beaucoup souffert de la crise
de 2008-2009 car elle
est très industrielle, malgré son
image rurale. C’est l’une des régions
où le nombre de demandeurs
d’emploi augmente le plus vite”,
explique Didier Parent, responsable du service statistiques de
Pôle emploi Picardie. Ainsi, le taux
de chômage y était de 12,3 % au
premier trimestre contre 10,4 %
en France métropolitaine selon
les chiffres de l’Insee. De son côté,
Isabelle Jouvenaud, gérante de la
société de recrutement Accueil
R.H. & Cie et présidente du Club
L
32 - REBONDIR N° 208
NOVEMBRE 2013
des entreprises en zone franche
urbaine, remarque tout de même
un certain dynamisme notamment
grâce à la mise en place d’aides :
“Nous sommes dans une région
où il y a eu beaucoup de dispositions de la préfecture en termes de
contrats aidés. Il y a donc des
recrutements à ce niveau-là”. Il
en est de même pour les zones
franches urbaines. Elles permettent
aux entreprises de 50 salariés
maximum qui s’y installent d’être
exonérées de certaines charges
sociales, si elles embauchent une
partie de leurs collaborateurs dans
la zone concernée. En général, il
s’agit de quartiers dits difficiles
ou défavorisés et où une partie de
la population est éloignée de l’emploi. Isabelle Jouvenaud s’occupe
de celles d’Amiens et Amiens-Nord.
Elle rencontre des difficultés à
recruter, alors qu’environ 160 entreprises y sont installées. “La difficulté est la mise en relation entre
offreurs et demandeurs. Quand
une société veut recruter dans sa
zone, elle ne peut pas le mentionner
dans l’annonce, sinon c’est de la
discrimination”. Certains habitants
de ces quartiers n’ont donc peutêtre pas conscience que ces offres
cherchent particulièrement à les
cibler. Selon Isabelle Jouvenaud,
les missions concernent beaucoup
de postes dans le bâtiment, des
informaticiens, des commerciaux,
www.rebondir.fr
“
P032-035_REB_208_Mise en page 1 22/10/13 14:55 Page33
des conducteurs de travaux et des
fonctions administratives. “Les exigences sur les diplômes sont souvent
peu élevées et les débutants acceptés”, ajoute-t-elle.
DES DOMAINES EMBAUCHENT
Concernant le marché du travail
dans sa globalité, Isabelle Jouvenaud note “qu’il y a des postes à
pourvoir mais que les entreprises
sont encore un peu frileuses par
rapport à la conjoncture”. Ainsi,
elle constate une recrudescence
des demandes de commerciaux
“pour redynamiser l’activité” et
aussi “quelques postes dans l’informatique avec des personnes qui
ont des compétences en program-
La région a beaucoup
“souffert
de la crise de
2008-2009 car elle est
très industrielle.
”
mation sur des langages très particuliers”. Du côté de Pôle emploi,
ils ont remarqué “un fort recours
à l’intérim avec la moitié des missions dans l’industrie et notamment dans le bâtiment”, explique
Didier Parent. Mais depuis le début
de l’année, ils ont vu l’activité
réduite reprendre, même si cela
Maisons près du canal de la Somme à Amiens.
www.rebondir.fr
ne se traduit pas toujours par des
contrats de longue durée à cause
du manque de visibilité. Les secteurs qui recrutent le plus par rapport aux offres reçues sont les
services à la personne et aux collectivités. Le commerce, la vente
et la grande distribution (fortes
demandes pour les forces de vente,
le commerce non alimentaire et
les prestations de confort) sont
aussi concernés. C’est également
le cas pour l’industrie (mécanique,
travail des métaux, préparation et
conditionnement). “Ensuite dans
le transport et la logistique, les
offres sont assez fortes pour le
magasinage et la manutention des
charges et le personnel de conduite
de transport routier”, ajoute Didier
Parent. L’hôtellerie-restauration
fait aussi partie des domaines qui
recrutent.
TOUJOURS DES DIFFICULTÉS
DE RECRUTEMENT
Comme dans la plupart des
régions, les recruteurs en Picardie
ont du mal à trouver des candidats
pour certains postes. Ainsi, Pôle
emploi rencontre quelques difficultés sur plusieurs métiers actuellement porteurs. Il s’agit des postes
de conduite d’équipement d’usinage, de personnel de cuisine, de
service en restauration, d’installation et maintenance d’équipements industriels ainsi que de u
La Cathérale de Beauvais.
CAP SUR LA FORMATION
La Région Picardie investit
beaucoup dans des programmes
dʼaides à la formation. Si cette
nécessité se fait sentir dans la
plupart des régions de France,
cʼest particulièrement le cas là-bas.
“Une des caractéristiques est que
lʼon a un taux de qualification des
actifs plus faible que la moyenne
nationale, même si cela sʼaméliore”,
explique Frédéric Leprêtre, directeur
de la formation et de lʼapprentissage
au Conseil régional de Picardie.
À cela, sʼajoute une autre raison :
“Lʼéconomie est surtout basée sur
lʼindustrie et lʼagro-alimentaire, avec
des besoins en qualification de plus
en plus pointus”, développe-t-il.
Le Conseil tente donc de mettre en
place des actions très volontaristes.
Pour en profiter, les trois principaux
référents sont Pôle emploi, les
missions locales et les Cap emploi.
Il existe différents programmes
comme des parcours de découverte
de métiers porteurs (chaudronniers,
soudeurs, etc.). Du côté des
formations qualifiantes, elles vont du
CAP au niveau master. “Le principe
est la gratuité. La région finance la
totalité des frais pédagogiques. Un
demandeur dʼemploi qui entre en
formation ne paye rien”, explique
Frédéric Leprêtre. Du côté de la
rémunération, vous pouvez être
payé par lʼentreprise dans le cas de
lʼalternance ou continuer à toucher
vos indemnités chômage. Sinon, le
Conseil a fait le choix de fournir un
revenu à tous les stagiaires. Il existe
aussi une aide au déplacement
calculée au kilomètre. À noter que
les apprentis peuvent bénéficier dʼun
support financier pour leurs premiers
équipements.
REBONDIR N° 208 NOVEMBRE 2013 - 33
P032-035_REB_208_Mise en page 1 22/10/13 14:55 Page34
DÉCOUVRIR TRAVAILLER EN...
chaudronnerie et tôlerie. À noter
qu’au contraire, il faut éviter de
s’aventurer sur le marché de l’emploi picard si vous recherchez un
poste
dans
le
secteur
u
partie sud de la Picardie
“La
bénéficie du dynamisme
de la région parisienne.
”
tertiaire. “À ce niveau-là, ce n’est
pas une des régions les plus dynamiques. Il n’y a pas de grandes
métropoles et les entreprises sont
plutôt tournées vers l’industrie”,
explique Didier Parent. Par contre,
une niche intéressante est l’aéronautique, avec un besoin de personnel avec quand même un minimum de qualification.
COINCÉE ENTRE L’ÎLE-DEFRANCE ET LE NORD
Vos opportunités dépendront aussi
énormément de votre lieu de résidence. Car la région a une situation
géographique un peu particulière.
Le Château de Compiègne. Cette résidence royale fut construite pour Louis XV entre 1751 et 1788.
“Nous sommes coincés entre l’Îlede-France et le Nord. La partie
sud de la Picardie bénéficie du
dynamisme de la région parisienne”, explique Didier Parent.
En effet, beaucoup de gens de
cette zone vont travailler en Îlede-France et inversement des personnes qui exercent leur métier
en Île-de-France choisissent d’y
habiter. Un chassé-croisé qui offre
un certain dynamisme au sud de
la Picardie. Tandis que le nord de
l’Aisne et une partie de la Somme
ERDF : ENTRE 40 ET 50
RECRUTEMENTS EN PICARDIE
ERDF (Électricité réseau distribution France)
prévoit entre 40 et 50 embauches en CDI en 2014
pour les personnes non-cadres en Picardie.
Lʼentreprise recrute essentiellement des
électriciens, quel que soit le niveau. Elle recherche
aussi des techniciens dʼintervention clientèle (ils se
déplacent chez les clients pour les petites interventions),
des cartographes (ils font la mise à jour des bases de
données du réseau). ERDF compte aussi entre 20 et
25 personnes en alternance par an sur les mêmes
métiers, avec en plus des postes de techniciens
dʼintervention réseau (ils exploitent et dépannent le
réseau de distribution). La société embauche sur les trois
départements et est implantée dans toutes les grandes
villes de Picardie. Les qualités recherchées sont le sens
du service client, le goût du travail en équipe et le respect
des engagements vis-à-vis des clients.
34 - REBONDIR N° 208
NOVEMBRE 2013
sont beaucoup plus isolés. “Il n’y
a plus d’industrie ou de secteurs
porteurs. Cela se sent au niveau
de la population qui est en déclin”,
illustre Didier Parent. En revanche,
il reste tout de même des villes
dynamiques et qui se portent bien
comme Amiens, Compiègne, Creil
et Beauvais.
■
Innocentia AGBE
PARC ASTÉRIX :
1 000 POSTES EN 2014
Situé à Plailly dans lʼOise, le Parc Astérix lancera sa
prochaine grande phase de recrutement à partir de
février 2014, avec 1 000 postes saisonniers. Lʼentreprise
recherche aussi bien des personnes débutantes que
qualifiées, souhaitant acquérir une expérience dans
le domaine du tourisme parmi différentes filières. Ainsi
sont concernés les métiers de lʼaccueil et des attractions
(hôtes parking, hôtes de caisse, hôtes dʼaccueil, etc.),
les professions de la restauration et de lʼhôtellerie
(managers, serveurs, cuisiniers, employés polyvalents…),
les professionnels de la vente (vendeurs conseil),
de la propreté (agent de propreté) et de la technique
(techniciens de maintenance, plombiers, électriciens,
peintres, menuisiers…). Des temps pleins et partiels
seront proposés.
www.rebondir.fr
P032-035_REB_208_Mise en page 1 22/10/13 16:28 Page35
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ET DE L’EMPLOI DES SENIORS
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P036-039_REB_208_Mise en page 1 22/10/13 14:55 Page36
DÉCOUVRIR UN PAYS, DES EMPLOIS
Centre-ville de Salzburg.
Autriche :
l’expérience avant
les diplômes
L’Autriche peut constituer un réel
tremplin pour les candidats français
en recherche de nouvelles
opportunités. Le pays bénéficie
d’un taux de chômage très bas
et les employeurs apprécient
particulièrement l’expérience, plus
que les diplômes. Mais, il n’y aura
pas de miracle sans efforts. Il vous
faudra notamment apprendre
l’allemand et vous adapter à un
marché du travail plus souple.
Vue aérienne de la
vieille ville de Vienne.
vec un taux de chômage de 4,9 %*, l’Autriche a de quoi susciter les convoitises.
Deux régions du pays,
Salzburg et Tirol, avec un taux de
2,5 % ont même remporté en 2012
la première place ex-æquo des
régions où le chômage est le plus
bas à l’échelle de l’Union européenne des 27. “C’est l’un des pays
de la zone euro où le marché du
travail est le plus performant au
point de vue fluidité et résultats”,
explique François Pétré, conseiller
Eures au Pôle emploi international.
A
36 - REBONDIR N° 208
NOVEMBRE 2013
Un constat que semble partager
Franck Runge, conseiller du commerce extérieur de la France et
dirigeant de la société de conseil
en recrutement Servithink en
Autriche : “La situation de l’emploi
est assez exceptionnelle. Le pays
s’en sort aussi très bien en ce qui
concerne le travail des jeunes”. En
effet en 2012, les 15-24 ans sur le
marché du travail étaient 5,2 % à
être au chômage. De plus, les recruteurs autrichiens seraient plus
regardants sur l’expérience professionnelle que sur le parcours
scolaire. “D’une manière générale,
les pays germaniques apprécient
l’expérience. C’est bien d’avoir des
diplômes, mais ils ne s’arrêtent pas
à cela. Les personnes qui ne sont
pas très diplômées, qui ont de l’expérience professionnelle et parlent
allemand ont de bonnes chances
de trouver un emploi”, témoigne
Franck Runge. Cela se ressent d’ailleurs dans la typologie de la jeunesse du pays : Il y a proportionnellement moins d’étudiants en
Autriche qu’en France. En effet, les
bacs professionnels autrichiens
sont très appréciés et très demandés
par les employeurs. Les Français
www.rebondir.fr
P036-039_REB_208_Mise en page 1 22/10/13 14:56 Page37
rg.
implantées en Autriche. Cela peut
constituer un premier axe de
recherches. Avec la Chambre de
commerce Franco-Autrichienne,
Franck Runge et sa société Servithink ont créé une plateforme
dédiée à l’emploi francophone**.
Ils sont en relation avec environ
750 entreprises. Il s’agit autant de
filiales de sociétés françaises que
d’entreprises autrichiennes qui
souhaitent se développer dans
l’Hexagone. “Tous les niveaux sont
demandés. Cela peut aller d’un
restaurant français qui embauche
un cuisinier à une entreprise internationale qui recrute un expert”,
explique Franck Runge. Sinon, ce
sont les fonctions commerciales,
administratives et comptables qui
sont les plus recherchées. “Le plus
gros problème est qu’il faut quand
même savoir parler allemand.
Même s’il existe toujours des exceptions comme dans la recherche ou
les nouvelles technologies où l’anglais peut parfois suffire”, rappelle-t-il. Ainsi, même en passant
par ce chemin, vous ne couperez
pas à la question de la langue. La
connaissance de l’allemand est
fortement recommandée avant de
s’aventurer sur le marché de l’emploi autrichien. De plus, notamment au moment de rédiger votre
CV, il faut penser à faire attention
aux différences entre l’allemand
“classique” et celui d’Autriche.
peuvent être considérés comme surdiplômés, en particulier pour les
fonctions où le niveau d’études
requis est le baccalauréat. À titre
d’exemple, pour un poste d’assistant
ou de secrétaire, un employeur
autrichien exigera en général un
baccalauréat professionnel en
commerce (“Handelsakademie”),
diplôme plus valorisé en Autriche
qu’en France”, note la Maison des
Français de l’étranger (MFE).
L’ATOUT DE L’EMPLOI
FRANCOPHONE
Selon la MFE, un peu plus de 260
filiales d’entreprises françaises sont
www.rebondir.fr
L’HÔTELLERIE-RESTAURATION,
DES MÉTIERS D’EXCELLENCE
Du côté du marché en général,
Franck Runge remarque que l’industrie recrute beaucoup de profils
notamment dans la biotechnologie.
Tandis que pour François Pétré,
les profils les plus recherchés sont
les technico-commerciaux et les
professions techniques. D’ailleurs,
la MFE note que “l’Autriche
devrait, dans les prochaines années,
manquer de travailleurs de formation technique ou en sciences
naturelles”. Selon l’organisme, la
branche bois, carton, papier et
emballage est aussi très performante. Le tourisme et la restau-
ration sont également de gros
pourvoyeurs d’emplois. “Il existe
de nombreuses offres saisonnières
dans le secteur de l’hôtellerie et de
la restauration pour des emplois
de service et de cuisinier (diplômes
exigés pour les postes de chef cuisinier)”, rappelle la MFE. Selon
Avec un taux de chômage
“
de 4,9 %, l’Autriche a de quoi
susciter les convoitises.
”
François Pétré, bien qu’accessibles,
ces professions demandent un réel
effort d’adaptation de la part des
candidats français. “En Autriche,
ce sont des métiers d’excellence. Ils
fonctionnent en réseau. C’est-à-dire
que quelqu’un qui est à la réception
d’un hôtel ne se contente pas de
connaître simplement son poste
mais sait aussi comment fonctionne
la logistique, par exemple”, illustre-t-il. C’est une différence qui
peut nécessiter plusieurs mois d’accommodation selon le conseiller
Pôle emploi international.
PLUS DE SECTEURS
À TENTER QU’À ÉVITER
En définitive, les domaines qui
recrutent et où les Français peuvent
tenter leur chance sont plus nombreux que ceux qui risquent de
leur poser problème : “Il y a beaucoup d’offres dans le secteur de la
vente et de la distribution, dans
celui du contrôle de gestion et de
la comptabilité, ainsi que dans les
professions techniques (ingénieurs
et techniciens). Les assistantes de
direction trilingues françaisallemand-anglais sont également
très recherchées, mais le niveau
d’allemand doit être excellent. Les
profils de technico-commerciaux
possédant des connaissances en
langues étrangères sont également
assez demandés”, résume la MFE.
Les jeunes filles au pair venues de
l’Hexagone sont aussi appréciées.
À l’inverse, il n’y a que deux secteurs qui sont vraiment à éviter u
REBONDIR N° 208 NOVEMBRE 2013 - 37
P036-039_REB_208_Mise en page 1 22/10/13 14:56 Page38
DÉCOUVRIR UN PAYS, DES EMPLOIS
Graz, seconde plus grande ville d’Autriche.
pour les Français. Il s’agit d’une
part du marketing car selon François Pétré, “il demande des connaissances fines de la culture”. À ce
propos la MFE, qui ne recommande pas non plus ce domaine,
parle de “difficultés linguistiques
et culturelles”. D’autre part, l’enseignement est aussi à proscrire,
u
Un peu plus de
“
260 filiales d’entreprises
françaises sont implantées
en Autriche.
”
le marché étant bouché, comme
l’explique la MFE : “Il n’existe pratiquement aucune possibilité d’emploi salarié dans les écoles autrichiennes. Le chômage national
dans ce secteur est très important.
Même si de nombreuses possibilités
existent dans l’enseignement privé
(cours particuliers, écoles privées),
la situation des enseignants français non fonctionnaires y est souvent très précaire”.
RIGUEUR ET DÉTENTE
En Autriche, il faudra vous familiariser avec un monde du travail
qui est très différent du modèle
français, notamment en ce qui
38 - REBONDIR N° 208
NOVEMBRE 2013
La vieille ville d’Innsbruck.
concerne les règles qui régissent
les niveaux de rémunération. “Il
n’y a pas de salaire minimum.
Des barèmes sont fixés par des
conventions collectives par métier
et valables dans tout le pays”,
explique Franck Runge. À noter
que le marché du travail est de
manière générale plus souple qu’en
France, un peu sur le modèle
anglo-saxon. Ce qui a ses avantages
et ses inconvénients. “C’est beaucoup plus facile d’avoir un CDI
car les employeurs peuvent licencier
sans difficulté. Ils ont donc moins
peur de s’engager car ils savent
qu’ils ont une voie de sortie. Il
n’existe donc pas cette séparation
entre CDI et CDD comme il y a en
France”, illustre Franck Runge.
Pour François Pétré, il y a aussi
“moins de distance hiérarchique
car les organigrammes sont plus
plats”. Petite chose à avoir en tête,
les employeurs apprécient chez
les candidats la capacité à être à
la fois “rigoureux et détendus”. ■
Innocentia AGBE
*En août 2013, chiffres Eurostat.
** L’emploi francophone en Autriche (EFA).
LIENS UTILES
Lʼagence autrichienne pour lʼemploi :
www.ams.at
Les journaux en ligne :
Der Standard :
http://derstandard.at/karriere
Die Presse : www.willhaben.at/iad/job
Der Kurier : http://jobmedia.kurier.at
Sites dʼemploi :
www.jobpilot.at
www.stepstone.at
www.jobnews.at
Sites dʼemploi spécialisés dans
lʼhôtellerie et la restauration :
www.gastrojobs.com
www.hogastjob.com
www.teamwork-one.at
www.hotel-career.at
Agences intérimaires et bureaux
de placement à Vienne :
Adecco : www.adecco.at
Starpeople : www.startpeople.at
Eurojobs GMBH : www.at.issworld.com
Powerserv Austria : www.powerserv.at
Manpower GMBH : www.manpower.at
Liste des sociétés françaises
en Autriche :
www.ccfa.at
Droit du travail autrichien :
www.arbeiterkammer.at
Sécurité sociale :
www.cleiss.fr
www.sozialversicherung.at
Source : Ambassade de France en Autriche et
Pôle emploi international. Liste non exhaustive.
www.rebondir.fr
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DÉCOUVRIR LIGNES DE VIES
Retour
aux sources
Pascale Verbe a travaillé 26 ans dans une agence de
communication et de design. À la suite d’un licenciement,
elle a créé une boutique - atelier pour laisser libre cours à
son talent créatif. Issue d’une formation aux Beaux-arts, sa
reconversion se trouve correspondre à ses envies d’origine.
ascale Verbe tient LukiAtelier, un lieu polyvalent, depuis octobre
2011. Boutique de
petites créations (jeux,
porte-monnaie, petits sacs…), fabriquées par ces soins ou ceux d’autres
créateurs, le lieu se transforme en
atelier d’arts créatifs pour enfants
en fin de journée. “Les samedis
et dimanches après-midi, j’organise aussi des anniversaires. Les
vacances, les ateliers durent sur
des journées ou des demi-journées,
et comprennent des sorties, des
visites ou des jeux.” C’est la première
fois que Pascale Verbe travaille
avec des enfants et elle en est ravie.
Car Luki-Atelier est le fruit d’une
reconversion professionnelle.
P
UN PROJET DÉJÀ-LÀ
Pascale Verbe a exercé toute sa
carrière au sein d’une agence de
design et de communication. “J’ai
eu la chance de grandir en interne,
c’est rarement le cas dans le monde
de la publicité.” Mais après 26 ans
de présence, et alors qu’elle était
directrice artistique, elle s’est fait
licencier. “Je m’y attendais un peu,
mais ce n’est jamais très agréable.
J’avais 45 ans, et retrouver un
emploi dans le design aurait été
très compliqué.” Cette étape difficile
est pourtant ce qui lui a permis de
réaliser un projet déjà présent dans
sa tête. “J’avais suivi les Beauxarts à Paris et l’atelier préparatoire
de l’Esag (Établissement privé d’enseignement supérieur) Penninghen.
www.rebondir.fr
Mon métier dans le packaging
était donc un peu loin de ma formation. L’idée de travailler avec
des enfants sur des projets de création m’intéressait déjà depuis
quelques années. Dans mes carnets,
j’avais noté l’idée de Luki-atelier”.
Pascale Verbe a donc saisi la liberté
que lui offrait son licenciement
pour se lancer dans l’aventure.
SURMONTER LES AFFRES
DE LA CRÉATION
Son idée était dans la droite lignée
des études qu’elle avait suivies.
Son travail au sein de l’agence de
communication et de design lui
avait appris à maîtriser la relation
avec les clients. Il ne lui manquait
plus que le bagage entrepreneurial.
“Je m’en sentais capable, mais
j’avais besoin d’une validation
extérieure. Je suis donc allée faire
un bilan de compétences auprès
de Pôle emploi. Le résultat m’a
confirmée dans mon projet.” Pascale
Verbe s’est ensuite fait conseiller
sur les différents moyens de financement, sur la manière de monter
son projet, notamment grâce aux
Boutiques de gestion (aujourd’hui
BGE). Elle a également suivi des
stages au Créapass, un dispositif
mis en place par Pôle emploi pour
la création d’entreprise. “J’ai eu
beaucoup de difficultés parce j’étais
novice, reconnaît-elle. Toute l’administration était très lourde, pour
la création de la société comme
pour l’aménagement des travaux
de l’atelier.” L’année de lancement
a été un peu difficile, notamment
en termes de finance, et ce d’autant
plus que son mari était lui aussi
dans un questionnement professionnel. “En revanche, la deuxième
L’idée de travailler avec
“
des enfants sur des projets
de création m’intéressait déjà.
année s’est révélée bien plus positive
et la troisième année commence
déjà à porter ses fruits”, se réjouitelle. À tel point que son mari a
désormais rejoint l’aventure de
Luki-Atelier à ses côtés.
■
”
Chloé GOUDENHOOFT
À VOIR
Ce parcours est issu de la série
Lignes de vies, produite par
Pôle emploi. Retrouvez le reportage
sur la reconversion de Pascale Verbe
sur le site www.pole-emploi.fr, dans
les rubriques Actualités puis Médias.
REBONDIR N° 208 NOVEMBRE 2013 - 39
P040-041_REB_208_Mise en page 1 22/10/13 14:58 Page40
SECTEURS PORTEURS ÇA RECRUTE DANS...
AU SOMMAIRE
42 - Fiches métiers
Conducteur d’engins
Peintre en bâtiment
43 - Postuler dans le BTP
44 - Le conseil du mois
“Présenter sa candidature
physiquement sur les chantiers
porte ses fruits”
Le BTP
Ne vous arrêtez pas à la mauvaise image qu’inspire le BTP.
Très diversifié, le secteur donne sa chance aux candidats
motivés et offre des perspectives d’évolution.
Dossier réalisé par Chloé GOUDENHOOFT
al payé, éreintant,
dévalorisant… le
secteur du bâtiment
et des travaux
publics évoque au
premier abord tout un panel de
clichés. Certes, la plupart des fonctions restent éprouvantes physiquement, mais le BTP rassemble
une grande variété de métiers et
présente de vraies opportunités.
“Le secteur comporte cinq grandes
familles d’activité, explique JeanMarc Meillaud, président directeur
général de Praxion, cabinet de
recrutement dédié à l’énergie et
au bâtiment. Il y a d’abord la maîtrise d’ouvrage, c’est-à-dire le financement, les permis, l’achat de
terrain. Ensuite, l’engineering correspond aux différentes études à
réaliser avant chantier, qui concernent l’analyse du sol par exemple.
M
Cela exige le recours aux architectes
et à d’autres ingénieurs. Viennent
ensuite les industriels du bâtiment,
qui fabriquent le matériel, tel que
les briques, les tuiles, etc., puis les
distributeurs de ces produits. Ce
n’est qu’en bout de chaîne qu’interviennent les entreprises de
construction proprement dites.”
Les métiers de maîtrise d’ouvrage
et d’engineering requièrent souvent des travailleurs diplômés de
bac + 2 à bac + 5. Le reste du secteur recrute plus facilement les
moins diplômés, mais à conditions
qu’ils se forment en interne ou de
manière initiale et qu’ils se montrent motivés (voir p 44-45). Dans
les métiers de construction pure,
il faut encore distinguer le bâtiment, qui réfère à la construction
d’édifice et qui comprend le gros
œuvre et le second œuvre, et les
LE BÂTIMENT : PAS QUE POUR LES HOMMES !
Depuis les années 2000,
la Fédération française du
bâtiment œuvre à la féminisation du bâtiment. Selon le
site de lʼorganisme, le secteur
comptait 11,1 % de femmes
en 2010. Selon Pascal Marion,
directeur multi sites chez
Adecco, ce manque de parité
sʼexplique encore par une
façon de présenter le secteur
comme viril ou essentiellement
masculin. La multitude de
métiers existants nʼest
pourtant pas interdite aux
40 - REBONDIR N° 208
NOVEMBRE 2013
femmes. “Chez un de nos
plus gros clients, une femme
gère 200 à 300 hommes !
Mais en 10 ans de carrière,
je nʼai rencontré quʼune
femme grutier et quʼune
conductrice dʼengin. Elles
sont peut-être moins
présentes sur les métiers de
production, en revanche,
elles occupent des postes
dans la gestion du chantier,
comme conducteur de
travaux, par exemple.”
travaux publics, qui se chargent
des infrastructures : routes, tunnels, ouvrages d’art et génie civil
(ponts, barrages…).
ESPRIT D’ÉQUIPE
Selon la Fédération française du
bâtiment, ce secteur précis recruterait 80 000 personnes par an,
qu’il s’agisse d’ouvriers qualifiés,
de compagnons, de techniciens
ou de l’encadrement des chantiers.
Même si la FFB déplore un ralentissement de l’activité (- 3,5 % en
volume) et la perte de 40 000
emplois (y compris l’intérim) en
2013, le secteur a toujours besoin
de main d’œuvre. La demande
varie néanmoins entre les régions,
certains bassins recrutant mieux
que d’autres. “La Bretagne présente
de belles opportunités pour se former et se positionner, souligne
LES FEMMES
DU BÂTIMENT
EN CHIFFRES
1,6 % des ouvriers
47,1 % des employés
et techniciens
15,4 % des cadres
27 % des PME-TPE ont
une femme à leur tête
www.rebondir.fr
P040-041_REB_208_Mise en page 1 22/10/13 14:59 Page41
David Boisdron, co-gérant de
Human Building, cabinet de recrutement spécialisé dans le secteur.
Rhône-Alpes recrute en permanence, et la région parisienne se
confronte toujours à des problèmes
de pénurie. Les villes dynamiques,
comme Toulouse, ou encore la
région Paca recrutent aussi.” Malgré la conjoncture difficile, certaines branches manquent même
de candidats, comme le coffrage
ou le ferraillage. “Le BTP est un
secteur comparable à la restauration, estime Jean-Marc Meillaud.
Il n’y a pas de raison qu’une personne motivée qui se situe sur le
territoire français ne trouve pas
de travail. Le métier juge sur pièce.
Les entreprises recherchent des
compétences plus que des diplômes,
elles font confiance aux gens de
valeur.” Elles embauchent beaucoup sur du savoir être. Non seulement parce que le savoir-faire
s’apprend, mais aussi parce que
le travail sur un chantier est avant
tout un travail d’équipe. Il implique
convivialité et compagnonnage.
PERSPECTIVES DE CARRIÈRE
Dans le bâtiment, il existe en tout
32 corps de métiers de haute technicité. Les emplois du BTP en
général requièrent bien sûr un
apprentissage technique, mais
outre les CAP et bac pros, il existe
des passerelles pour se former un
minimum et intégrer le métier
même sur le tard. “Il faut choisir
un corps de métiers comme maçon,
plâtrier, peintre, chauffagiste. et
suivre une formation auprès d’organismes type Afpa (association
pour la formation professionnelle
des adultes) ou Greta (groupements d’établissements publics
d’enseignement). La formation est
variable selon le profil de la
personne mais elle dure environ
9 mois et se pratique en partie
sur le terrain”. Si certaines formations sont conditionnées pour
des questions d’âge, souvent limité
à 26 ans, quelques exceptions sont
faites, notamment pour les
demandeurs d’emploi inscrits au
Pôle emploi.
www.rebondir.fr
recherchent
“Lesdesentreprises
compétences plus
que des diplômes.
”
Le bâtiment recrute environ 80 000 personnes chaque année selon la FFB.
BÂTIMENT
Salariés : 1 167 000
ÊTRE À SON COMPTE
Une fois ses premières armes
faites, il est assez facile d’évoluer
sur le terrain grâce à l’expérience.
“Avec un CAP ou un Bac pro, il
est possible de devenir chef de
chantier au bout d’un certain
temps, indique David Boisdron.
Pour devenir conducteur de travaux, il faudra au moins avoir
passé un BTS.” Sans même en
venir à occuper un poste managérial, un salarié peut juste augmenter en compétences et devenir
expert dans sa spécialité. Un travailleur bien expérimenté peut
même espérer travailler un jour à
son compte. “Il devra passer des
certifications pour attester de ses
compétences comptables, en passant par les chambres de commerce
ou par la FFB, mais cela reste
possible.”
Si la pénibilité du métier a été
réduite dans les quarante dernières
années, grâce à l’application de
normes de sécurité et à l’utilisation
d’appareils de manutention et de
technologie, le secteur ne paye
toujours pas très bien. “Néanmoins,
si un salarié commence au Smic,
soit à 1 200 euros net, son salaire
peut sans problème grimper à
1 600, voire 1 700 euros”, estime
David Boisdron. Les chefs de chantier peuvent toucher dans les
3 000 euros bruts par mois. Les
salaires varient néanmoins en
fonction des entreprises.
■
Ouvriers : 871 000
(74,6 %)
Effectifs du gros
œuvre :
374 000 (32 %)
Effectifs du second
œuvre :
793 000 (68 %)
CA : 130 milliards dʼeuros HT
Données 2012, FFB
TRAVAUX PUBLICS
Salariés : 259 000
Ouvriers : 167 000
(64,3 % du total)
CA en France :
40,5 milliards dʼeuros
CA à lʼexportation :
22,9 milliards dʼeuros
Données 2011, FNTP
LES SITES À CONSULTER
www.batiportail.com :
site de la construction
et du bâtiment, qui contient
notamment une bourse
dʼemploi.
www.ffbatiment.fr
www.fntp.fr
REBONDIR N° 208 NOVEMBRE 2013 - 41
P042-043_REB_208_Mise en page 1 22/10/13 14:59 Page42
SECTEURS PORTEURS FICHES MÉTIERS
Code ROME
(Il vous sera utile
pour vous
renseigner et
trouver une offre
d’emploi sur le
site de Pôle
emploi) :
F1302.
Conducteur d’engins de
terrassement et de carrière
MISSIONS :
COMPÉTENCES REQUISES :
Le conducteur d’engins manipule
différents types de véhicules lourds
de chantier destinés au creusement, au terrassement, au nivellement ou à l’extraction. Il peut
transporter des matériaux, des
minerais ou des déblais sur des
emplacements de chantiers déterminés. Il peut aussi prendre en
charge l’acheminement de l’engin
sur le chantier à l’aide d’un véhicule
porteur. Le métier consiste à effectuer l’entretien de l’engin, à décaper
les talus et accotement, creuser
un support, niveler le terrain... La
profession peut impliquer des
déplacements de plusieurs jours.
Le conducteur d’engin doit posséder des éléments de base en
mécanique générale. Il doit connaître les règles de sécurité, maîtriser
la lecture de plan et le guidage
d’engins (à la voix, au sifflet, aux
gestes conventionnels).
REBONDIR
FORMATIONS :
L’emploi est accessible avec un
CAP/BEP en conduite d’engins,
mais aussi sans diplôme avec une
expérience professionnelle sur
chantier. Un ou plusieurs Caces
(certificats d’aptitude à la conduite
en sécurité) conditionnés par une
aptitude médicale à renouveler
périodiquement sont requis. Les
permis CE, C1E (précédemment
EC) complétés par la FIMO (for-
mation initiale minimale obligatoire), sont exigés pour la conduite
de véhicules de type porte engin.
Un renouvellement périodique de
la FIMO est exigé.
PERSPECTIVES
D’ÉVOLUTION :
Pour évoluer, le conducteur d’engins peut se former sur différents
véhicules, acquérir de nouvelles
techniques de conduite, comme
le laser, ou approfondir d’autres
types de travaux (souterrains, maritimes, enrochements). Avec des
compétences techniques, il peut
devenir chef d’équipe.
■
Sources : Pôle emploi (www.pole-emploi.fr) et l’Onisep (www.onisep.fr).
Code ROME
(Il vous sera utile
pour vous
renseigner et
trouver une offre
d’emploi sur le
site de Pôle
emploi) :
F1606.
Peintre en bâtiment
MISSIONS :
COMPÉTENCES REQUISES :
Le peintre en bâtiment réalise les
finitions et embellissements des
surfaces par application de peinture, résine, vernis, après préparation manuelle ou technique des
supports. Il applique aussi des
revêtements muraux et peut poser
des revêtements de sol, des vitres,
etc. Il doit implanter et sécuriser
le chantier par l’installation d’échafaudages, de gardes de corps antichutes, de lignes de vie, et des
stocks de matériaux.
Le peintre en bâtiment doit maîtriser les techniques d’application
d’enduit, de peinture à la brosse,
et celles de peinture à la taloche.
Il doit savoir utiliser les électroportatifs et monter un échafaudage.
FORMATIONS :
Cet emploi est accessible avec un
CAP ou un BEP en peinture du
bâtiment, mais aussi sans diplôme
avec une expérience profession-
nelle. Un diplôme de niveau bac
peut être demandé pour les postes
d’encadrement d’équipe.
PERSPECTIVES D’ÉVOLUTION :
Il est possible de devenir chef de
chantier pour les titulaires d’un bac
pro, voire de s’installer à leur compte
pour ceux qui possèdent des notions
de gestion et de comptabilité. ■
REBONDIR
Sources : Pôle emploi (www.pole-emploi.fr) et l’Onisep (www.onisep.fr).
42 - REBONDIR N° 208
NOVEMBRE 2013
www.rebondir.fr
P042-043_REB_208_Mise en page 1 22/10/13 14:59 Page43
SECTEURS PORTEURS POSTULER DANS…
“Les sortants de l’apprentissage
ne couvrent pas le besoin des
entreprises”
Le besoin de main d’œuvre dans le bâtiment devrait se faire sentir
à partir de 2014. Les candidats intéressés ont donc tout intérêt à
préparer dès maintenant leur candidature. Miguel Martin, conseiller
Pôle emploi Rennes Est, vous livre quelques recommandations.
vant de postuler, il me
semble déjà primordial de se renseigner
sur le secteur en question, le bassin d’emploi
et bien sûr l’entreprise sur le territoire. La situation économique du
bâtiment est marquée par une
réduction sensible d’activité, cependant de nombreux chantiers (en
neuf et réhabilitation) débuteront
à compter de 2014 et s’inscrivent
dans la durée suivant les régions.
Ces projets vont dynamiser un
besoin de main d’œuvre sur tous
les corps d’état. Aujourd’hui la rénovation énergétique (équipements
de chauffage, isolation par l’extérieur) progresse légèrement et dans
ce cadre des opportunités existent.
Il y a bien un potentiel d’offres
d’emploi dans le BTP, en effet les
jeunes diplômés sortant de l’apprentissage ne couvrent pas le
besoin annuel des entreprises.
A
L’INTÉRIM COMME
MOT D’ORDRE
Les commandes publiques sont restées stables, mais les délais de
réponses aux marchés figent les
recrutements principalement dans
les grandes entreprises. En effet,
par manque de visibilité sur les
marchés à venir, Pôle emploi ne
décèle pas d’embauches durables.
Pour les petites entreprises, la tendance est à la prudence avec cette
www.rebondir.fr
peur de devoir licencier. La plupart
des entreprises rencontrées sur 2012
ont une vision à court terme avec
des carnets de commandes remplis
Nous conseillons
“
de mettre en avant les
compétences réelles
qui peuvent être
immédiatement
mobilisables.
”
pour trois mois. Pour les plus grandes
entreprises, le recours à l’intérim
est le mot d’ordre. Si les employeurs
misent sur la sécurité, ils n’en sont
pas moins exigeants sur les profils
recherchés : demande de qualifications importantes (formation initiale,
habilitations), d’autonomie et d’expérience et font de plus en plus
appel aux agences d’emploi.
FORCE DU CONTACT
PHYSIQUE
Partant de ce constat, nous sommes
amenés au sein de Pôle emploi à
conseiller et rédiger des CV qui
parlent aux employeurs (les agences
d’emploi). Nous conseillons bien
sûr de mettre en avant les compétences réelles qui peuvent être
immédiatement mobilisables (ce
qui nécessite de se poser la question
de ce que l’on sait faire), et nous
insistons surtout sur la précision
des informations. En effet il est
impératif de bien mettre la durée
d’emploi, l’employeur et le plus : le
nom du chef de chantier, ainsi que
le nom du chantier sur lequel la
personne a œuvré. Cependant, dans
ce secteur, le contact direct avec les
recruteurs est à privilégier. Difficile
de se passer d’un CV, mais impossible de ne compter que sur lui !
En se présentant sur un chantier,
le CV ou une carte de visite en
poche, vous gagnez des chances
supplémentaires d’être contacté.
UTILISER DES VERBES
D’ACTION
Il n’existe pas un seul modèle de
CV, cependant il doit attirer l’attention du lecteur et piquer sa
curiosité, il faut mettre en évidence
des éléments essentiels en rapport
avec le poste et l’entreprise, c’est
un moyen rapide pour se faire une
idée d’une candidature. Il est accompagné d’une lettre de motivation
qui peut reprendre les termes de
l’offre, elle doit identifier certaines
compétences et pour cela il faut
utiliser des verbes d’action (ex :
organiser, négocier, calculer…). Lors
de l’entretien d’embauche, il faut
savoir présenter son parcours, ses
motivations et surtout valoriser ses
savoir-faire et qualités, ce qui nécessite une préparation en amont. ■
REBONDIR N° 208 NOVEMBRE 2013 - 43
P044-045_REB_208_Mise en page 1 23/10/13 13:54 Page44
SECTEURS PORTEURS LE CONSEIL DU MOIS
“Présenter sa candidature
physiquement sur les
chantiers porte ses fruits”
Le BTP offre de belles opportunités d’évolution même
à ceux qui se lancent sans bagage. Mais les métiers
du secteur sont éprouvants physiquement et
requièrent une grande vigilance quant aux règles
de sécurité. Seuls les plus motivés parviendront à
gravir les échelons. Pascal Marion, directeur
multi sites chez Adecco, répond à nos questions
et apporte ses conseils pour réussir son insertion
dans le secteur.
Pascal Marion, directeur multi sites chez Adecco.
Que conseilleriez-vous aux
demandeurs d’emploi qui décident
de s’orienter dans le BTP ?
Je soulignerais d’abord l’importance de connaître le secteur et
de savoir ce que l’on veut exercer
comme profession, car il existe
une multitude de métiers. Il faut
se demander ce que l’on se sent
de faire, pour le moins physique-
un travail d’équipe.
“IlC’est
faut donc respecter la
hiérarchie et les horaires.
”
ment, et se renseigner sur la
branche du métier choisi. Pour
donner une idée des possibilités,
il y a d’abord ce qui touche au
gros œuvre et qui consiste en la
construction des bâtiments. Les
métiers du second œuvre correspondent plutôt à la finalisation
44 - REBONDIR N° 208
NOVEMBRE 2013
des projets avec la peinture, la
menuiserie, l’électricité… Existent
encore les travaux publics, qui
consistent en du travail de terrain,
pour construire des canalisations,
des voieries, par exemple. Cette
dernière famille de métiers
implique un travail très physique,
en extérieur et donc soumis aux
intempéries, réalisé parfois de nuit.
En tant que manœuvre, le travailleur est amené à faire du terrassement. Dans le gros œuvre, même
si le chantier débute à l’extérieur,
les ouvriers peuvent très vite se
retrouver à l’intérieur. Une fois
que le métier précis est identifié,
le candidat devra se renseigner
sur les formations spécifiques qu’il
aura besoin de suivre. Même au
premier échelon du secteur, il faut
connaître des règles de sécurité
et maîtriser certaines techniques.
Si le candidat bricole chez lui, s’il
a déjà aidé un tiers à construire
sa maison ou autre, il faut le sou-
ligner, cela montre un certain penchant pour le domaine d’activité.
Quelles qualités
ce secteur requiert-il ?
Parce que ce sont des métiers physiques, il faut d’abord être très
motivé. Il y a beaucoup de candidats qui se découragent et arrêtent
vite pour cette raison. Il ne faut
pas avoir peur de se salir les mains
et être endurant physiquement.
Ceux qui aspirent à travailler dans
ce secteur doivent aussi être
mobiles. Il y a des entreprises qui
travaillent par exemple sur toute
l’Île-de-France. Vous pouvez un
jour être appelé à travailler à
5 minutes de chez vous, mais
6 mois après, il est possible que
vous ayez un chantier à 60 kilomètres de votre habitation. Vous
aurez aussi besoin d’être à l’écoute.
Il ne faut pas se présenter en
croyant tout savoir faire. Le débutant doit apprendre des plus
www.rebondir.fr
P044-045_REB_208_Mise en page 1 22/10/13 15:00 Page45
Le BTP est
le 3e secteur
utilisateur
d’intérim
derrière
l’agroalimentaire
et l’industrie.
Source : Pôle emploi
anciens. C’est un travail d’équipe.
Il faut donc respecter la hiérarchie
et les horaires. Le secteur fait rarement travailler le samedi ou le
dimanche, mais les journées
commencent parfois tôt, à 7 ou
8 heures, ce qui peut être conséquent lorsqu’il faut travailler loin.
Enfin, il faut avoir de l’ambition.
Le secteur du BTP présente l’avantage d’offrir des opportunités d’évolution. Certaines entreprises recrutent dans le but de former leurs
ouvriers et d’en faire des chefs de
chantier par exemple. Le candidat
ne doit pas hésiter à communiquer
ses envies de progression si c’est
son objectif.
Quelles démarches effectuer
pour obtenir un poste ?
Dans le secteur, l’envoi de candidatures spontanées fonctionne très
bien si le candidat a de l’expérience.
S’il se montre très motivé, les
sociétés lui donneront sa chance.
En agence, nous nous rendons
compte aussi que présenter sa candidature physiquement sur les
chantiers porte ses fruits. Dans ce
cas de figure, les entreprises nous
envoient les candidats pour les
recruter comme intérimaires sur
leur chantier. Le passage par une
agence d’emploi constitue d’ailleurs
un bon angle d’approche. Parmi
les entreprises qui font appel à
nos services, certaines demandent
www.rebondir.fr
à recruter en intérim pour ensuite
proposer des CDI. Par exemple,
elles peuvent passer par une agence
pour trouver un manœuvre et le
faire évoluer par formations
internes en chef de chantier. L’intérim représente pour ces sociétés
une manière de tester les candidats
sur un temps plus long que sur
une période d’essai. D’autres entreprises recourent néanmoins à l’intérim du fait de la saisonnalité du
secteur et donc pour une activité
uniquement temporaire (voir encadré).
Le passage par des agences
d’intérim permet-il de palier
le manque de formation ?
En ce qui nous concerne, nous ne
recrutons quasiment que des candidats avec diplôme. Les profils
qui ne sont pas diplômés ont au
moins acquis des expériences sur
le terrain. Les intérimaires de
longue date ont droit à des formations qui peuvent les faire
évoluer dans le secteur, comme
le CDPI (contrat de développement
professionnel intérimaire). Elles
sont dispensées par le Fastt
(Fonds d’action sociale du travail
temporaire) et accessibles après
450 heures d’activité. Il nous est
néanmoins déjà arrivé de recruter
un candidat directement sur une
formation dans le cadre d’un CAP
d’un an. L’entreprise avait pour
ambition d’embaucher l’intérimaire en CDI. Comme il y a une
pénurie de travailleurs sur certains
métiers, les clients sont obligés
d’en passer par ce genre de système
pour embaucher du personnel
formé.
■
LE BTP PAR L’INTÉRIM : UN CHOIX DE VIE ?
“Certains intérimaires du secteur BTP
choisissent de conserver ce statut et de ne
pas devenir salariés. Ils gagnent ainsi plus
de liberté et changent régulièrement
dʼentreprises. Ces intérimaires ont aussi
lʼimpression de gagner plus dʼargent. Ils
touchent en effet leur brut en net, soit
environ 20 % de plus quʼun salarié, grâce
aux indemnités de fin de mission, à la prime
de précarité mais aussi aux congés payés,
auxquels ils nʼont plus droit. Ce choix peut
être contraignant pour contracter un prêt
immobilier par exemple*. Il faut enfin savoir
que certaines entreprises cherchent plutôt
à embaucher des intérimaires qui auront
lʼintention dʼêtre recrutés en CDI.”
*À noter que le Fastt propose des solutions pour palier
les difficultés engendrées par le statut d’intérimaire,
par exemple pour trouver un logement.
REBONDIR N° 208 NOVEMBRE 2013 - 45
P046-047_REB_208_Mise en page 1 22/10/13 15:00 Page46
EN PRATIQUE 5 ÉTAPES POUR...
Faire son CV
RÉFLÉCHIR
EN ANGLAIS
1
“Il faut que le candidat
se mette à réfléchir en
anglais. S’il ne le fait
pas, il y a de grands
risques pour qu’il écrive en ‘franglais’”, insiste Brenda Turnnidge,
consultante-formatrice en communication interculturelle au sein
de CSP Formation. En effet, faites
attention aux fameux “faux amis”.
Dans cette catégorie, Brenda Turnnidge a même dressé son top 3
des fautes les plus courantes : l’utilisation du mot “society” pour traduire “société” (vous pouvez par
exemple utiliser “company”) “a
formation” pour dire “en formation” (le mot correct est “training”)
ou “stage” pour un stage, alors
que cela se dit “internship”.
2
CONNAÎTRE LES
DIFFÉRENCES
CULTURELLES OU
RÉGLEMENTAIRES
Au-delà de la langue, il
ne faut pas oublier que
même dans la forme les CV français et anglais sont différents. Vous
ne pouvez pas vous contenter de
le traduire sans rien changer d’autre. Celui-ci doit se fondre avec
les candidatures des autochtones.
Pensez donc à faire des recherches
sur les différences culturelles voire
réglementaires. “Pour commencer,
il faut mettre le prénom en premier
puis le nom de famille, mais pas
en majuscules. Ensuite, il ne doit
pas y avoir de photo ou tout élément qui pourrait être discriminatoire comme la date de naissance, le statut marital ou le
nombre d’enfants”, cite par exemple
Brenda Turnnidge.
46 - REBONDIR N° 208
NOVEMBRE 2013
3
en anglais
FAIRE ATTENTION
AUX TITRES DES
DIPLÔMES ET
DES POSTES
“Il faut faire des
recherches pour savoir
comment traduire les diplômes”,
rappelle Brenda Turnnidge. Pour
la présentation, celle-ci conseille
de mettre d’abord l’intitulé en
français et entre parenthèses “equivalent to*” avec le terme anglais.
Soyez également vigilant quant à
la traduction des métiers. Par
exemple “commercial”, ne peut
être repris tel quel. En anglais, on
parle de “sales representative”. “A
commercial”, étant une publicité
à la télévision ou à la radio.
4
LES PETITES
ASTUCES AU
MOMENT DE
LA RÉDACTION
Pensez à vous renseigner sur les
petites choses que
les recruteurs anglophones aiment
retrouver dans un CV. Les utiliser
montrera notamment que vous
maîtrisez les codes. Par exemple,
commencez-le avec un petit encadré en haut, intitulé “professional
profil” ou “career objective”. Il s’agit
juste de quelques lignes pour dans
le premier cas, lister vos compétences clés et dans le second vos
objectifs de carrière. “Le recruteur
n’a pas beaucoup de temps. C’est
ce qu’il va regarder en premier”,
explique Brenda Turnnidge.
Ensuite, il ne faut pas hésiter à
donner des preuves lorsque vous
parlez de vos missions, par exemple
à l’aide de chiffres. Le “je” (“I” en
anglais) est aussi à éviter. Les
recruteurs aiment les verbes d’ac-
tion, qu’il faut diversifier, comme
“created”, “designed”, “improved”,
“negociated”, “obtained”**, etc. Sur
un CV, vous pouvez les utiliser
sous cette forme, c’est-à-dire au
passé sans le “I” (j’ai) devant pour
vos anciens postes. Et à la fin du
CV, n’hésitez pas à mettre des références avec les coordonnées d’anciens employeurs ou autres.
SE FAIRE RELIRE
5
Si vous avez autour
de vous quelqu’un
qui a un bon niveau
d’anglais, n’hésitez
pas à le mettre à
contribution. Un
deuxième avis n’est pas négligeable
quand vous n’écrivez pas dans
votre langue maternelle. Sinon,
traquez tout ce que vous auriez
pu laisser passer, comme les sigles.
En effet, si vous écrivez “SNCF”, il
y a de fortes chances pour que le
recruteur ne sache pas de quoi il
s’agit. Mettez lui la traduction
entre parenthèses (French national
railway). Faites aussi attention aux
différences d’orthographe entre
l’anglais britannique et américain.
Il faut que l’ensemble de votre CV
soit cohérent, choisissez l’un ou
l’autre.
■
Innocentia AGBE
*“Équivalent à”.
** J’ai créé, j’ai conçu, j’ai amélioré, j’ai négocié,
j’ai obtenu.
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P046-047_REB_208_Mise en page 1 22/10/13 15:01 Page47
EN PRATIQUE DIVERSITÉ
Un collectif
pour les droits des femmes
Violences, emploi, avortement… sont autant de thématiques abordées par
le Collectif national pour les droits des femmes. À travers des initiatives,
des actions et des conférences, la structure se bat notamment pour une meilleure
égalité dans le monde de l’entreprise.
ondé en 1996, le Collectif national pour les
droits des femmes a vu
le jour suite à la manifestation inscrite dans
le mouvement de 1995, impulsée
par la Coordination des associations pour le droit à l’avortement.
Depuis, du chemin a été parcouru,
mais la structure qui regroupe des
partis politiques, des associations
et des syndicats, continue de militer contre les violences faites aux
femmes et pour une meilleure
égalité en entreprise.
F
LA SÉGRÉGATION SUBSISTE
“À travail de valeur égal, nous
voulons un salaire égal, indique
Maya Surduts, porte-parole du
collectif. Nous avons lancé une
campagne sur l’égalité salariale
car la ségrégation subsiste entre
hommes et femmes dans l’entreprise”. En effet, l’écart salarial est
encore d’environ 20 % de nos
jours.
Néanmoins, si certaines femmes
demeurent aujourd’hui éloignées
de l’emploi, c’est aussi en raison
de l’état du marché du travail,
d’après Suzy Rojtman, seconde
porte-parole du collectif. “Dans ce
genre de situation, elles doivent
essayer de se faire aider au maximum par Pôle emploi, mais les
choses sont compliquées actuellement lorsque l’on est sans diplômes.
C’est pourquoi ce que l’on peut
avant tout conseiller, c’est de se
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cas de harcèlement,
“En une
femme doit
absolument se faire aider
par une association.
”
renseigner sur les formations qui
peuvent leur être payées, de se faire
accompagner et de ne surtout pas
perdre confiance en elles”, insiste
Suzy Rojtman.
Spécialisée dans les violences, elle
explique que celles-ci sont toujours
bien présentes en entreprise et
que la loi du silence est encore de
mise.
DEMANDER DE L’AIDE
En cas de harcèlement sexuel, la
porte-parole conseille d’essayer de
réunir des témoins, bien qu’elle
confesse que souvent, l’agresseur
fait en sorte de rester relativement
discret. “Quoi qu’il en soit, en cas
de harcèlement, une femme doit
absolument se faire aider par une
association. C’est primordial. Si
possible, elle doit également en
parler à des personnes de confiance
au sein de la société et voir si la
section syndicale serait apte à
entendre ce genre de récit”, explique
Suzy Rojtman. Elle insiste sur
l’importance d’être soutenue, une
fois l’agresseur dénoncé. “Mais
avant, il faut s’assurer d’un non
franc et massif en réponse aux
avances de ce dernier. On peut
ensuite faire part de son comportement à sa hiérarchie, aux
prud’hommes ou carrément à la
justice, en fonction de la situation
et des faits”.
Encore trop souvent, elle constate
que des femmes préfèrent quitter
leur entreprise alors qu’elles ne
sont pas responsables, mais tout
simplement parce qu’elles se taisent et ne peuvent plus supporter
la situation. C’est pourquoi il est
indispensable de ne pas rester
seule si l’on veut se battre et dénoncer des actes inappropriés. Un
soutien qui peut venir d’associations, d’amis, ou de la section syndicale de votre entreprise.
■
Julie TADDUNI
REBONDIR N° 208 NOVEMBRE 2013 - 47
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EN PRATIQUE RETROUVER UN EMPLOI
Entretien de recrutement : rester
soi-même en s’entraînant
L’entretien apparaît bien souvent comme une
épreuve. Pour valoriser au mieux ses qualités,
il ne faut pas négliger la préparation. Roland Guéret,
directeur associé de Serene Conseil et Formation,
intervient auprès des demandeurs d’emploi comme
bénévole et partenaire du Fonds de dotation Ereel.
Il livre ses conseils.
Par Roland Guéret, directeur associé de Serene Conseil et Formation,
bénévole et partenaire du Fonds de dotation Ereel.
a clef de l’estime de soi
face à un recruteur est
la préparation de l’entretien mais pas n’importe laquelle. Cette préparation vise à ce que vous soyez
convaincu vous-même que vous
êtes fait pour ce poste. Pour les
critères objectifs (diplômes...), vous
êtes déjà en partie prêt parce que
c’est LE critère de sélection pour
atteindre l’entretien.
Il reste donc à identifier les critères
subjectifs (rigueur, charisme...) du
poste. Vous pouvez le faire grâce
à l’annonce de recrutement ou à
L
Un entretien est un
“
concours dont on ne connaît
pas les concurrents.
”
votre expérience personnelle ou
encore par Internet où vous trouvez
de nombreuses descriptions de
postes disponibles. Il ne vous reste
qu’à dénicher au sein de vos expériences professionnelles ou scolaires, des exemples de situations
où vous avez mis en œuvre les critères subjectifs attendus dans le
poste. C’est un point essentiel. De
48 - REBONDIR N° 208
NOVEMBRE 2013
dire que l’on est rigoureux est bien,
de présenter une expérience où
vous avez mis en œuvre votre
rigueur est beaucoup plus efficace.
DÉFAUTS ET QUALITÉS
L’idéal pour la confiance est de
mettre en cohérence l’ensemble
de votre carrière. Même si vous
avez l’impression de ne pas avoir
choisi votre parcours professionnel,
il est important, pour l’entretien,
d’unifier votre propre histoire pour
que les étapes paraissent fluides.
Vous devez trouver des arguments
positifs et fiables pour toutes les
transitions. Même les trous de
carrières peuvent s’expliquer. Il
faut juste trouver l’explication
cohérente avec vous-même.
Quant à la fameuse question des
défauts et des qualités ? Le recruteur connaît déjà la réponse. Il
veut juste savoir si vous vous
connaissez bien. Pour les défauts,
une idée simple : ne pas les nier
mais montrer, par des exemples,
comment vous compensez ces
défauts. Ainsi, si vous êtes parfois
un peu rigide, n’hésitez pas à le
présenter comme tel, mais ajoutez
des exemples qui montrent que
vous savez être souple quand il
faut atteindre les objectifs de l’entreprise. Toute cette préparation
nécessite une répétition pour être
efficace. Se filmer avec son smartphone et partager la vidéo avec
ses amis est une bonne idée pour
se décomplexer avant l’entretien.
GAGNER EN CONFIANCE
Après cette préparation, vous devriez
avoir des preuves que vous êtes
capable de réussir dans ce poste.
Votre confiance ne peut qu’augmenter. Mais il est rare de posséder
tous les critères requis pour un
poste. Ce n’est pas pour autant qu’il
faut arriver défaitiste à l’entretien
(ou pire, mentir : déconseillé face
à un professionnel !). Un entretien
est un concours dont on ne connaît
pas les concurrents. Le gagnant est
celui qui correspond le mieux aux
critères, pas nécessairement celui
qui correspond à tous les critères.
Pour donner le meilleur de vousmême lors de l’entretien, écoutez
la musique que vous trouvez la
plus stimulante. Même si vous
n’êtes pas assez préparé pour ce
rendez-vous, si le principe d’un
entretien de recrutement vous
angoisse, il faut tout oublier en
passant la porte.
■
www.rebondir.fr
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EN PRATIQUE À VOS CÔTÉS
CNED :
se former ou se remettre à niveau à distance
Le Cned* permet à toute personne qui le souhaite de suivre un parcours
de formation à distance, que celui-ci soit professionnel ou éducatif. Le Cned est
un établissement public. En passant par cet organisme vous êtes donc assuré
de suivre des formations conformes aux programmes officiels.
outes les formations diplômantes, que cela
soit au niveau
CAP, bac professionnel, bac général ou même les
préparations aux concours, sont
conformes aux programmes officiels.
D’ailleurs, elles sont quasiment toutes
rédigées par des enseignants de
l’Éducation nationale”, illustre Laetitia Bertrand, conseillère en formation au sein de l’organisme.
Celles-ci concernent des domaines
variés et peuvent être prises aussi
bien pour votre culture personnelle,
pour faire une remise à niveau ou
obtenir un diplôme. Selon Laetitia
Bertrand, les formations non diplômantes les plus demandées concernent les langues vivantes, la bureautique (Word, Excel, etc.), la
comptabilité ou la gestion. Pour les
formations universitaires, il s’agit
en fait d’une double inscription
entre le Cned et un établissement
partenaire. Ce qui vous permet de
suivre vos cours à distance tout en
ayant la possibilité d’aller passer
vos examens dans une structure
physique. Le Cned propose aussi
des formations aux concours de la
fonction publique (catégories A, B
et C), aux entrées en école dans le
secteur sanitaire et social (infirmier,
“T
www.rebondir.fr
assistante sociale, auxiliaire de puériculture…), ou dans l’enseignement
(Capes, agrégation, etc.). À noter
qu’il n’y a aucun prérequis pour
pouvoir s’inscrire auprès du Cned,
les critères dépendent de chaque
programme.
TENTER LE FINANCEMENT
Par contre, le Cned ne dispense pas
de formations gratuites, celles-ci
ont un coût, qui est très variable
d’un programme à un autre. Cependant, il est possible d’obtenir un
financement grâce à différents dispositifs. “Par exemple, les salariés
ont la possibilité d’utiliser leur Dif**
ou les demandeurs d’emploi peuvent,
sous certaines conditions, avoir une
aide de Pôle emploi”, explique
Laetitia Bertrand. C’est à vous d’en
parler à votre conseiller pour voir
ce qu’il est possible de mettre en
place. Sachez qu’en ce qui concerne
les formations scolaires (Lycée, BTS,
université…) vous pouvez prétendre
à une bourse au même titre que les
personnes qui étudient sur place.
Il est possible de suivre
“des
cours si vous êtes
à l’étranger.
”
pas d’incidence sur votre organisation. En effet, vous recevez et envoyez
vos copies par voie postale. “Vous
n’avez à vous déplacer qu’au moment
de l’examen”, rappelle Laetitia
Bertrand. Et, vous allez normalement les passer au centre d’examen
de votre Académie. Il est donc possible de suivre des cours si vous
êtes à l’étranger. “Mais il y a des
formations plus difficilement réalisables dans un autre pays à cause
des stages à effectuer par exemple”,
rappelle Laetitia Bertrand. À noter
que pour certains parcours, les inscrits ont la possibilité de coupler
leur enseignement à distance avec
une présence physique via les Greta
(groupement d’établissements) ou
d’autres structures. La plupart du
temps, cette option est payante. ■
Innocentia AGBE
ALLIER COURS À DISTANCE
ET PRÉSENCE PHYSIQUE
Plusieurs Cned sont répartis sur
toute la France. Chaque établissement gère un certain type de formations. Mais cela n’a absolument
* Centre national d’enseignement à distance.
**Droit individuel à la formation. À noter que
si vous êtes au chômage, vous avez aussi la
possibilité d’utiliser votre crédit d’heures de
Dif acquis et non utilisé dans votre ancienne
entreprise. À condition notamment que la fin
de votre contrat donne droit à l’indemnisation
chômage.
REBONDIR N° 208 NOVEMBRE 2013 - 49
P050-051_REB_208_Mise en page 1 22/10/13 15:02 Page50
EN PRATIQUE VOS DROITS
La CMU :
faciliter l’accès
aux soins de santé
La Couverture maladie universelle est divisée en deux dispositifs. La CMU
de base et la CMU complémentaire. Ils vous permettent, sous certaines
conditions, de profiter d’aides pour financer vos frais médicaux.
a CMU est ce qui
permet à tout un
chacun, même
ceux qui n’ont
pas de revenus,
de pouvoir profiter d’un minimum
de soins”, résume Gontrand Cherrier avocat au barreau de Rouen.
Celui-ci explique aussi qu’il ne
rencontre pas de contentieux face
à cette disposition. Tout de même,
il peut être très utile d’en connaître
les contours si vous êtes dans une
situation précaire. En fait, il existe
deux dispositifs au sein de la Couverture maladie universelle : la
CMU de base et la CMU complémentaire. Dans les deux cas, pour
en profiter, il faut résider en France
de façon stable et régulière. C’està-dire que vous devez habiter sur
le territoire de manière ininterrompue depuis plus de 3 mois.
Vous avez aussi l’obligation d’être
“L
en situation régulière au regard
de la législation sur le séjour des
étrangers en France (par exemple,
avoir un titre de séjour en cours
de validité).
LA CMU DE BASE
Pour bénéficier de la CMU de
base, vous ne devez appartenir à
aucun régime d’assurance maladie.
Elle vous permet donc d’être remboursé de la part obligatoire au
même titre que les autres assurés
(par exemples les salariés). Il reste
donc quand même à votre charge
la part complémentaire, le forfait
journalier en cas d’hospitalisation,
la participation forfaitaire* et les
franchises médicales**. À noter
que la CMU de base est également
attribuée aux personnes de votre
foyer qui ne sont pas couvertes
par l’assurance maladie. Mais
attention, celle-ci est entièrement
EXEMPLE D’UNE CONSULTATION CHEZ VOTRE MÉDECIN TRAITANT
23 €
Montant total de la consultation
AVEC LA CMU DE BASE
15,10 €
AVEC LA CMU COMPLÉMENTAIRE
Part remboursée par
la Sécurité sociale
(appelée part
Montant pris en charge
obligatoire)
par la CMU de base.
15,10 €
Part remboursée par
la Sécurité sociale
(appelée part
Montant pris en charge
obligatoire)
par la CMU de base.
gratuite uniquement si vos revenus
ne dépassent pas un certain plafond. Sinon, vous devez payer une
cotisation égale à 8 % du montant
du revenu fiscal de référence mentionné dans votre dernier avis
d’imposition (déduction faite du
plafond d’exonération).
LA CMU COMPLÉMENTAIRE
La CMU complémentaire permet,
quant à elle, de bénéficier de la
prise en charge gratuite de la part
complémentaire des dépenses de
santé. En fait, cela correspond à
la partie qui peut être remboursée
par une mutuelle payée par le
patient lui-même. Outre les critères
de résidence régulière et stable en
France, vous devez avoir des ressources inférieures à un certain
plafond pour y avoir droit. Ce sont
vos revenus des 12 derniers mois
qui sont pris en compte. À noter
que ce plafond varie selon le lieu
de résidence et la composition du
foyer. Par exemple, pour un foyer
d’une personne résidant en France
métropolitaine, le plafond à ne
pas dépasser est de 8 593 euros.
Vous pouvez effectuer une simulation sur le site www.cmu.fr. La
CMU complémentaire est accordée
pour un an et doit être renouvelée
chaque année. Dans tous les cas,
vous pouvez vous renseigner
auprès de votre caisse d’assurance
maladie.
■
Innocentia AGBE
6,90 €
Part complémentaire
6,90 €
À votre charge ou pris en charge
par votre complémentaire santé.
Participation forfaitaire
1€
50 - REBONDIR N° 208
Montant pris en charge
par la CUM-C.
1€
À votre charge.
NOVEMBRE 2013
Part complémentaire
Participation forfaitaire
Éxonération pour les
bénéficiares de la CMU-C.
* Une participation forfaitaire de 1 euro vous
est demandée si vous êtes âgé de plus de 18 ans
pour les consultations ou actes réalisés par un
médecin, les examens radiologiques et les
analyses de biologie médicale.
** 0,50 euro par boîte de médicaments et par
acte paramédical et 2 euros par transport
sanitaire.
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