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Nom original: Le Désert2.pdf
Titre: «Je vous ai dit tout cela
Auteur: ARCHRO

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LE DESERT
Seconde Partie
«Je vous ai dit tout cela
pour que vous trouviez en moi la paix.
Dans le monde, vous trouverez la détresse,
mais ayez confiance,
moi, je suis vainqueur du monde.»
Jn 16 33

Dans une première partie nous avions tenté d’appréhender le désert, sa traversée,
comme l’épreuve imposée, tôt ou tard, au parcours de vie de chacun. Chemin
délicat et pénible, à l’écho même de l’esprit négatif de ce désert où règnent la
mort et le démon, qui se veut pourtant édificateur dans l’expérience éprouvée,
hors du monde habituel, hors des habitudes, du quotidien. Car la traversée du
désert est l’occasion, douloureuse peut-être, du retour à soi, en soi, de la
redécouverte de la grâce de l’existence.
Comme une manière de purification.
Alors, dans cet esprit, est-il peut-être possible de devancer ce qui ne serait plus
une épreuve, mais un choix, comme l’expression d’une volonté, d’une démarche
consciente visant à réunir ce qui était épars.
La redécouverte du divin en soi, telle une lumière sourde dans les ténèbres des
fausses vérités du quotidien, des règles des hommes, devient recherche, ce désert
ne se traverse plus, on s’y arrête, s’y pose, s’y purifie.
A l’image des Pères du désert.
Si nous manquons de détails historiques sur l’identité de tous ces moines, de
nombreuses paroles qu’ils ont prononcées pendant leur vie érémitique nous sont

1

parvenues. Réunies la plupart du temps sous forme d’apophtegmes, c’est-à-dire
de recueil de sentences et d’anecdotes, ces paroles nous font entrevoir la
sagesse, l’humilité et le bon sens de la plupart de ces hommes qui vivaient dans
la solitude et le labeur, la pauvreté et le jeûne, la charité et la prière pour ne
former qu’un seul Esprit dans le Christ.
A la fin du troisième siècle, saint Antoine, chrétien né à Alexandrie, se retire
dans le désert d’Egypte à la recherche de l’essence divine que tout homme porte
en lui. Il suscite des vocations et de nombreux autres « chercheurs d’absolu »
suivent son exemple.
Ainsi, à sa suite, entre le IIIe et le VIe siècles, des chrétiens décidèrent
d’abandonner le monde pour aller vivre dans les déserts d’Égypte, de Palestine,
d’Arabie et de Perse. Le désert exerçait une fascination singulière sur ces
personnes qui recherchaient une manière parfaite d’imiter le Christ, avec une
certaine nostalgie de la communauté chrétienne primitive.
Ceux qui furent ensuite appelés les Pères du désert voulaient trouver dans le
désert une certaine préparation au martyre par une vie d’ascèse et de lutte contre
les démons.
La croyance populaire directement héritée de la tradition pharaonique voulait que le
désert, stérile et inhabité, soit le royaume de Seth, dieu du Mal, et par conséquent
du démon. C'est pourquoi sans doute que les moines choisirent le désert afin de
l’affronter… A moins que ce ne fut à l’imitation de St Jean Baptiste volontairement
détaché des astreintes temporelles.

Ces chrétiens, attirés par la solitude totale et désireux de répondre sans réserve à
l’appel évangélique, furent les ancêtres du monachisme, tel qu’on le connaît
aujourd’hui.

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Si certains vécurent dans des grottes (“laures” de Palestine), petit à petit, d’autres

se regroupent, quittant la vie sociale, à la recherche du silence et de la simplicité
de la foi.
Pendant six jours, ils pratiquent l’ascèse et la solitude dans des cellules
individuelles suffisamment éloignées les unes des autres pour ne se voir ni
s’entendre. Jean-Yves Leloup précise : « Dans sa cabane de briques nues le
moine restait seul toute la semaine, partageant sa journée entre le travail manuel,
la méditation et la prière ».
Le samedi soir et jusqu’au dimanche matin, les moines se rassemblent pour y
prendre un repas en commun : l’agapé, et célébrer l’eucharistie. Là, ils partagent
leurs expériences. Leur recherche porte sur la vie intérieure : retrouver l’essence
de l’être, maîtriser ses instincts, ses émotions et ses pensées pour laisser couler
le flux divin en soi. L’objectif dans leur quotidien (microcosme) consiste à vivre
dans l’acte juste, dans la pensée juste, en harmonie avec la nature et l’univers
(macrocosme).
On les qualifie d’origénistes (Origène est un théologien du début du Troisième
siècle qui a enseigné à Alexandrie), parce qu’ils rappellent le caractère
symbolique des écrits bibliques dont le but est d’initier à la vie spirituelle. Ils ont
dressé la liste des passions qui détournent l’homme de son accord avec
l’harmonie universelle. Ils les ont nommées les huit pensées génériques ou
logismoï : la gourmandise, la luxure, l’avarice, la tristesse, la colère, l’acédie 1, la
vaine gloire et l’orgueil.
Deux auteurs de cette époque les évoquent : Evagre le Pontique dans son Traité
Pratique et Jean Cassien dans les Conférences. Leur idée est qu’une solide
1

C'est un mal de l'âme qui s'exprime par l'ennui, le dégoût pour la prière, la pénitence, la lecture spirituelle.
L'acédie peut être une épreuve habituellement passagère, mais peut être aussi un état de l'âme qui devient une
véritable torpeur spirituelle et la replie sur elle-même. C'est alors une maladie spirituelle… Comparable à la
dépression.

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connaissance de soi amène la reconnaissance de sa passion dominante et
qu’alors seulement, l’homme peut entreprendre le chemin de libération de l’ego,
animé par son désir de retrouver sa liberté. Nous sommes là au coeur de toutes
les traditions : nommer l’ego pour pouvoir s’en libérer.
Mais c’est là une voie devenue difficile tant à suivre qu’à exprimer, en effet la
« tradition » moderne, initiée par le siècle des « Lumières », des révolutions, a
contribué à nourrir une méfiance par rapport à la méditation contemplative, à ce
chemin intérieur mystique. La crise quiétiste du XVIIe siècle, entre Bossuet,
Fénelon et Mme Guyon, qui initièrent une recherche de la paix intérieure qui
faisait fi de l’Église et des sacrements, a laissé des traces.
Parce que beaucoup de gens pensent que l’Eglise du Christ, a en quelque sorte
« disparu », ou, comme beaucoup de protestants, même croire qu’elle apostasia
dès le premier siècle après Jésus Christ (comme si une telle chose était vraiment
possible à considérer avec la promesse du Christ d’être avec son Église
« jusqu’à la fin des siècles » (Matthieu 25:20).
Cette séparation de l’esprit et du divin s’est ressentie jusqu’à la Maçonnerie
qu’elle pervertit à son tour. On a condamné le quiétisme et la méfiance est
restée. Il y a aussi cette influence cartésienne qui demeure prégnante sur ce
divorce du corps et de l’esprit, comme si les deux pouvaient être dissociables.
Rappelons-nous que pour les platoniciens, le corps était le tombeau de l’âme.
Les chrétiens ont peur aussi que la méditation ne soit qu’auto-contemplation. Et
pourtant l’Évangile nous dit bien que le Royaume est « en nous ».

On trouve, au IVe siècle, dans la mystique des Pères du désert, des expériences
de contemplation silencieuse, tournée vers la rencontre de Dieu au sein de nousmême. “Assieds-toi, tais-toi et apaise tes pensées”, conseille Abba Arsène au
disciple qui l’interroge sur le bon chemin pour être sauvé. Tandis qu’Évagre le
Pontique explique, dans son Traité des Pensées, “comment ne pas se disperser”.

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Ces sages chrétiens nous parlent bien de l’apaisement de la pensée, de la
nécessaire attention telle que la promeut la pleine conscience. Disparue très vite
de la tradition occidentale, la méditation est restée plus présente au sein de la
tradition orientale chrétienne, jusqu’au XIVe siècle, grâce à la prière du cœur
notamment. Dans les Récits d’un pèlerin russe, nous assistons à la
transformation du mental d’un homme inquiet en un spirituel en harmonie avec
le monde. Nous sommes en Occident devenus très cérébraux. Or, nos
contemporains ont soif d’autre chose. Notre époque encourage la dispersion qui
crée l’épuisement. Tout ce qui peut nous apprendre à être plus présent est
fondamentalement chrétien.
Cette dimension est essentielle, par cette présence se conquiert le salut. Non en
terme juridique, de rachat, mais comme une guérison. Le salut est cette
transformation de l’homme, libéré de ses limites, des limites imposées par le
monde déchu, soumis au pêché et à la mort, qui devient dans le Christ une
créature nouvelle.
Cela passe par un combat méthodique contre les passions qui nous attachent au
monde et nous en rendent victime, par l’exercice des vertus qui nous attachent à
cette part silencieuse et mystique en nous. Moïse l’éthiopien amène ses disciples
en face du principe qui domine la morale chrétienne aussi bien que la spiritualité
monastique : « Nos jeûnes, nos veillés, la méditation de l'Ecriture ne sont pas la
perfection, mais les instruments pour l'acquérir. »
C’est le premier sens du mot ascèse : non pas d’abord des pratiques mortifiantes,
mais un effort, un travail sur soi incessant. La vie spirituelle devient alors cette
synergie entre cet effort et la grâce.
Il est clair que cette lutte contre l’ego va à l’encontre du déploiement de la
personnalité tant encouragée aujourd’hui. Il faut alors admettre que cet ego qui
se nourrit de passions n’est pas véritablement nous-même, mais notre moi
égoïste qui lui fait écran.

5

Examiner la direction de l'Intention sera donc un des premiers exercices.
Il n'est pas toujours aisé à l'homme de reconnaître le motif qui l'entraîne, car son
âme est d'une extrême mobilité, et change promptement et continuellement
d'attitude. Plus grande encore est la difficulté qui vient de la complexité de cet
organisme intérieur, des impulsions en sens contraire. Le gouvernement de ce
royaume mystérieux est malaisé, tant l'illusion est facile.
C’est un trait commun des Pères d’affirmer que le péché et les passions
éloignent l’homme de sa nature véritable et l’aliènent.
Il s’agit de faire « mourir le vieil homme » dont parle Saint Paul le premier, pour
faire vivre l’homme nouveau, qui à sa source et son modèle dans le Christ. Ce
n’est pas à soi et à l’attachement à ce monde que la personne humaine
s’accomplit mais dans l’amour de Dieu et du prochain, oserai-je dire dans la
pratique du devoir d’Hospitalier.
Il faut rapporter toutes les œuvres à la pureté de coeur qui n'est autre chose que
la charité.
Ainsi, à cette imitation tant du Christ que des Pères du désert, devons-nous
comprendre que l’homme doit d’abord se perdre s’il veut se trouver.
Revenir à la porte du Temple, intérieur, y frapper, dépouillé de ses métaux,
conscient et volontaire de ne pas être ni nu, ni vêtu.

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