PARTIE I Emprisonne .pdf
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PARTIE I
Emprisonné
Le récit qui va suivre est narré par Rhaenor Camus, historien et archiviste alteraki résidant initialement dans la
Bibliothèque de la Pointe Isolée, dans le Comté de Haut-Séjour, en Alterak. Les événements que ce dernier retrace se sont
déroulés en Janvier 2021 après la fondation de l’Empire de Yugonoul, suite à deux ans et demi de conflit contre Glaurung
le Premier Dragon.
Les loups sont des animaux fascinants au caractère social très similaire à l’Homme. Les humains ont
pour habitude de les chasser car les pauvres paysans sont bien souvent terrifiés par les meutes qui s’en
prennent à leur bétails, résident près des villages. Chose étonnante, les biologistes -et les autres experts de la
forêt que sont les druides et les elfes- estiment que les loups en meute ne sont ni les plus agressifs, ni ceux qui
attaquent les pâturages sans raisons. Au contraire, les meutes ont tendance à rester sur leurs territoires et à se
nourrir des chevreuils, sangliers et autres animaux.
Il s’avère que ce sont plutôt les loups solitaires qui se montrent les plus dangereux et les plus agressifs,
surtout après des hivers rigoureux. Ils se retrouvent seuls, soit parce que les membres de la meute ont décidé
de chasser leurs congénères trop belliqueux, soit que les membres sont mort par les méfaits du climat ou d’une
famine soudaine. La peur de ces loups à mourir les poussent bien souvent hors des territoires forestiers et
nous pouvons régulièrement les voir attaquer nos bétails, des petites créatures, et parfois même sans s’en
nourrir. Ils tuent par peur d’être tué, et c’est là que nous voyons dans certains journaux locaux la disparition
de fillettes ou de garçons qui se promenaient dans les bois. On dit que “le Lion est emprisonné dans le corps
d’un Loup”.
Je me permet ce parallèle ici puisque nous pouvons y voir depuis quelques temps nos dirigeants se
prêter à ce jeu parfois macabre. Les fidèles avérés de Glaurung sont systématiquement brûlé sur la place
publique afin de dissuader certains de rejoindre le camp ennemi. Sa Majesté Impériale Aleksander de
Tannissie répète ce schéma des loups solitaires : tuer afin d’éviter d’être tué. Somme toute une stratégie
ancestrale, mais efficace en temps de guerre.
Afin de ne pas déranger Sa Majesté Impériale trop régulièrement, il m’arrivait de m’entretenir avec Son
Altesse Impériale Marie-Aliénor de Tannissie, toujours accompagnée de l’héritier ; avant de prendre des
nouvelles de l’Empereur et de pouvoir archiver les événements, même dans l’intimité de la famille impériale.
Ce qui me frappa le plus, c’est que pour un enfant de deux ans et demi, il portait déjà une curiosité inouïe,
brillant d’une intelligence remarquable et d’une tristesse à fendre le coeur. Son éducation était claire et stricte :
il n’était pas que l’héritier de l’Empereur, il était surtout l’héritier d’Aleksander de Tannissie ; il devait
appréhender le monde et avoir une opinion construite, si jeune. Tous les enfants impériaux, royaux ou issus de
la noblesse en général qui m’a été permis de côtoyer, jouissaient de rires et d’innocence sans se soucier des
affaires de leurs parents… Pas lui.
- Il a bien grandit, fis-je remarquer à l’Impératrice.
- Pas tant que ça, répondit-elle simplement dans un sourire fantôme.
- Sa Majesté Impériale est bien occupé en ce moment, et est pourtant très silencieux en ce qui concerne
la politique et la défense du territoire. A-t-il toujours été ainsi ? Les rumeurs vont assez vite concernant… je
n’osais terminer ma phrase.
- Concernant de possibles dérives mentales ? C’est en effet là la rumeur appréciée du moment. Autant
son silence est inhabituel… Autant les “on dit” ont toujours été une solide tradition.
- Je vois… Ayant eu une formation en analyse du visage humain, je n’arrive pas à discerner un trouble
psychologique chez Sa Majesté. Pourtant, tous parlent de paranoïa…
Le jeune Rlandar levait les yeux vers sa mère et lui tira doucement la manche pour attirer son attention.
Elle passait naturellement sa main dans les cheveux de son fils en posant ses yeux sur lui, puis les deux
s’échangèrent un long regard.
- Qu’est-ce qui te chagrine ? finissait-elle par lui demander, la voix perceptiblement adoucie.
- Paranoïa, ça veut dire quoi ?
Marie-Aliénor poussa un discret soupire avant de s’abaisser à sa hauteur.
- Il n’est pas temps pour toi d’en apprendre la signification, cela ne concerne pas ton père. N’écoute pas
ces idiots... Il est juste… Très occupé. En voyant son fils baisser la tête vers le sol, elle lui attrapa le menton du bout du
doigt pour l’inciter à soutenir son regard. C’est très difficile pour lui en ce moment, tu sais. Il se fait beaucoup de
soucis.
- Je sais pas… soufflait-il, la mine tristement bougonne.
- Crois-moi. Un peu de patience… Et tu pourras enfin le retrouver. Elle caressa la tête de son fils une
dernière fois avant de se relever et de tourner de nouveau son attention vers moi. Aleksander est méconnaissable ces
derniers temps, il est vrai ; tout du moins, je vous dis ça… Je n’ai pas tellement eu l’occasion de lui adresser la
parole. Que je n’arrive non plus, tout comme vous, à cerner le pourquoi du comment, m’attriste. Cependant…
J’ai foi qu’il a ses raisons, et qu’elles ne sont pas à déranger pour l’heure. Je vous prie de ne pas vous
préoccupez des dires qui s’ébruitent et de faire confiance en votre Empereur, concluait-elle calmement.
- Je suis historien, Votre Altesse. Mon devoir est de vérifier les rumeurs et de pouvoir retranscrire la
vérité aux futurs générations. Je vous rassure, j’ai toujours eu une confiance absolue envers Sa Majesté…
Surtout après ses exploits diplomatiques. Cela étant… Je le vois parfois regarder partout autour de lui, comme
s’il était terrifié par quelque chose. Ne vous a-t-il rien dit ? Ne fait-il pas de terreur nocturne ?
- Hmm… Ma foi, rien d’inhabituel. Il dort peut-être un peu moins, mais ses nuits restent toujours
tourmentées. Quant à son regard… Elle se mordit la lèvre un court instant avant de reprendre. Oui… ça, c’est assez
récent.
- Je vois… un comportement étrange, mais pas suffisamment pour parler de folie… Ce qui est de
mauvais augure pour l’Empereur est de mauvais augure pour nous tous.
En plus de pouvoir discuter avec Son Altesse, j’eus aussi l’occasion de participer aux grandes réunions
militaires. Depuis la fin de la Réunion Internationale de 2018, Sa Majesté ne donne presque plus d’ordre
directe quand il s’agit de la politique extérieur. Certains des nobles, et j’ai pu le constater de mes yeux,
accusèrent Sa Majesté de perdre les territoires un à un, mais ses généraux connaissaient la taille des armées
ennemis et même eux finirent par accepter l’inévitable. Les troupes d’Alterak ne purent rien faire face à une si
grande armée, si bien équipée. Mais par anticipation, Rieu, Blanrieu et évidemment Alterak furent protégées.
Aleksander de Tannissie, coupé de toute communication, se retrouva enfermé dans le corps d’un loup.
Je participais a une réunion du conseil d’Alterak pour la mise en place d’une stratégie de défense qui
s’égarait par moment, autour d’une magnifique carte où les maréchaux déplaçaient des pions en bois
symbolisant les troupes. Étaient présents à la réunion les membres habituels : Sa Majesté Impériale Aleksander
de Tannissie, Fenrir d’Edoras le Comte de Haut-Séjour, le chef des Kommandeurs d’Alterak et Comte
Ambroise de Rieu, le Général des Armées Erik de Flution, le Comte Henry de Saint-Edonis, quelques autres
généraux, les gardiens qui assuraient la sécurité, et moi-même afin de noter chaques instants.
Le Comte Henry s’était déjà heurté aux actions de l’Empereur et à son silence à plusieurs reprises, Sa
Majesté étant resté dans un silence et un calme que l’on ne lui connaissait pas. La conversation fut houleuse
lors de cette dernière réunion avant la Grande Bataille pour le Royaume d’Alterak.
- Majesté, Alterak est sur le point de tomber et vous restez dans votre silence. Avez-vous un plan ?
demandait le Comte de Saint-Edonis, attachant ses longs cheveux.
- Oui, j’ai un plan. Et pour la centième fois, je ne peux vous le dire, ajoutait l’Empereur avec agacement.
- Nous aurions pu avoir l’aide de l’In Ecclesia Veritas, et vous les avez viré de la cité, surenchérissaient
Henry. V
ous avez refusé de soutenir la Croisade.
- Méfiez-vous de comment vous vous adressez à l’Empereur, espèce d’abruti ! intervenait Fenrir, le ton
rempli de colère.
- Ça ira Fenrir, merci. Henry. Regardez la carte devant vos yeux. Vous voyez votre comté, n’est-ce pas ?
- Oui.
- Vous voyez bien qu’il est envahi.
- Oui, et alors ?
- Vous croyez pas que je suis déjà investi dans la croisade ? Et pour répondre à votre accusation, non. Je
n’ai pas viré l’In Ecclesia Veritas de la cité, sachez qu’ils sont parti tout seul. Bon… après, avec la manière dont
il m’a parlé, il valait mieux qu’il parte de son plein gré parce que j’avais envie de lui coller mon pied au cul.
Mais ça… c’est surfait.
- Sire… reprit Ambroise, à la dernière réunion, vous nous avez parlé d’un artefact qui nous aiderait dans
le conflit à venir. Avez-vous des nouvelles que vous jugez bon de nous faire part ?
- Pas encore, beau-père. Je suis navré… je ne peux rien vous dire.
Je me souviens encore de l’ambiance dans la pièce à chaques fois que Sa Majesté exprimait le regret de
ne rien pouvoir dire. Certains, comme le Comte de Saint-Edonis, le regardaient de travers. D’autres, comme le
Comte de Haut-Séjour, montraient une inquiétude particulière. Tous se demandèrent si le Grand Aleksander
de Tannissie n’était pas en train de sombrer dans la folie. A mes yeux, non. Les loups solitaires ne sont pas
fous, ils sont juste terrifiés par quelque chose qui les poussent à agir de façon imprévisible. Dans le cas de Sa
Majesté… restait à savoir quoi.
- Majesté, dit Fenrir, je peux prendre la tête de vos hommes et aller au combat et en finir une bonne fois
pour toute.
- J’apprécie votre courage, mais voyez la vérité en face. Ils ont une armée considérable, vous vous ferez
tuer. Nous devons attendre encore un peu.
- Et nous faire charcuter ? agressa Henry. Quel est cet artefact ?! Est-ce que ça a un rapport avec votre
expédition envoyé à l’ouest ? Quel est votre plan ? De quoi vous méfiez-vous ?
Le regard d’Aleksander était foudroyant. Il n’était destiné qu'à une personne, pourtant, tous étaient
resté assis au fond de son siège.
- J’ai des soupçons sur vous, Henry. Des soupçons sur votre incapacité à gérer une situation de crise, à
conserver votre calme et à garder l’étiquette de la noblesse d’Alterak. Je vous déconseille vivement de me
chercher d’avantage.
- Sire, demanda Erik de Flution, les troupes de Glaurung avance à chaque instant et un dragon a été
aperçu survolant Vinyamaria et faisant route par ici. Si on en croit le rapport des espions, il devrait être
présent pour la bataille qui se prépare.
- C’est problématique, en effet… Aleksander marqua un temps. J ’ai envoyé des espions il y a quelques
semaines, je vous avoue qu’ils devraient être rentrés depuis plusieurs jours avec le fameux artefact.
- Et j’imagine que vous ne pouvez pas nous en parler… ajoutait Erik.
- Pourquoi ne pouvez-vous pas nous en parler, hein ? Henry se leva et pencha sa tête vers l’Empereur qui
n’était plus qu'à quelques centimètres. Vous avez peur que quelqu’un vous observe ?
C’était allé si vite. Sa Majesté agrippa le Comte par son gorgerin avec sa main gauche et le regarda
droit dans les yeux, le regard plein d’interrogation. Henry ne pouvait rien voir, mais de là où j’étais,
Aleksander avait sa main droite sur sa dague prête à dégainer. Les kommandeurs en place dans la salle
s’étaient mis en garde, prêt à attaquer eux aussi.
- Vous semblez en savoir bien plus que vous ne devriez, Henry.
- Je… disais ça comme ça, Votre Majesté Impériale… Vous ne nous dites jamais rien après tout…
Aleksander le lâcha, le regard toujours rivé sur lui, avant de reprendre.
- Nous mettrons en défense l’ensemble des armées. Alterak sera imprenable, même pour un dragon.
J’aimerai, Fenrir, que vous vous postiez aux balistes et que vous attendiez le dragon.
- Sire ! interrompit un garde. Un étranger vous demande, il dit que c’est urgent ! criait-il, essoufflé après
avoir couru.
- J’arrive de ce pas, continuez la réunion sans moi.
L’Empereur quitta la pièce si vite que j’avais à peine eu le temps de noter ce qu’il venait de se passer.
Tous dans la pièce se regardèrent.
- Vous pensez qu’Aleksander a rejoint la Sainte Charité ?
- Pour vous, Henry, c’est Votre Majesté Impériale. C’est une question que vous avez posé la dernière
fois, et on vous a répondu que le Père Abbé avait manqué de pragmatisme. J’ai vraiment l’impression que
vous cherchez à vous faire tuer, dit Erik.
- Je n’ai pas de leçon de politique à recevoir d’un Comte de bas étage.
- De politique peut-être pas, mais de respect plus certainement. Votre insolence et vos questions
incessantes vont vous mener à votre perte.
- Et c’est vous qui allez me faire mettre au trou, ou me mettre à mort ? Bah j’vous attend ! Le fait est que
l’ennemi est à nos portes, et que Sa Majesté Impériale ne nous dit rien, et qu’on va se faire rouler dessus si
personne n’agit, rétorqua Henry.
- Qu’est-ce que vous voulez faire ? Le renverser ? demanda un général, sarcastique.
- Je ne parle pas d’arriver à une telle extrémité mais on pourrait déjà prendre des décisions pour la
défense, puis l’éventuelle contre-attaque.
- Sir Henry, vous n’êtes pas militaire, et vous n’avez aucune connaissance des forces en présence.
- Qu’est-ce que je fais ici alors ?
- Vous êtes le représentant d’un territoire conquis par l’ennemi. Votre savoir sur vos terres pourrait
nous aider au moment venu.
- Certes, en attendant, nous avons besoin de savoir la stratégie mise en place, proclama Henry.
- Écoutez, je m'efforce de pas m’énerver. Sa Majesté Impériale fait exécuter des fidèles de Glaurung par
paquets de dix depuis plusieurs mois déjà. Notre Cité est gangrénée. Et votre comportement pousse notre
Empereur a avoir des soupçons envers vous. Ce n’est absolument pas le moment de vous faire remarquer.
- Insinuez-vous que j’ai choisi de collaborer avec Glaurung ? dit-il en se levant en défiant le général du
regard.
- C’est bien possible, répondit-il aussitôt, ne lâchant pas des yeux.
- Nan mais vous foutez pas encore sur la gueule… soupira Erik.
- Qui pense ici que je travaille pour l’ennemi ?
- Moi j’pense pas que vous travaillez pour l’ennemi, mais si vous saviez ce que je pense de vous, vous
tirerez encore plus la tronche, finit par dire Ambroise.
- Moi j’suis même pas sur que vous travaillez, ou que vous foutiez quoi que ce soit, ajouta Fenrir.
- Nan mais là, y a que la tarte dans la gueule. J’ai pas de leçon a recevoir d’un mec qui fait marier sa
fille à son neveu et d’un qui vient de mettre les pieds en politique.
- Ouais… enfin de la part d’un mec qui culbute sa soeur, moi à votre place je la ramènerai pas trop,
rétorqua Erik.
Le Comte de Saint-Edonis dégaina son épée, les gardes suivirent au risque d’une attaque.
- Redites que je culbute ma soeur, juste pour voir, menaçait Henry.
- Vous culbutez votre soeur.
- Vous… il se résigna à attaquer. V
ous paierez rien pour attendre.
- C’est pour ça, Henry. C’est pour ça que l’Empereur vous fera exécuter. Vous êtes impulsif, vous
prenez des décisions stupides, et par-dessus tout, vous avez une grande gueule et rien dans le froc. Pas
étonnant que Sa Majesté vous soupçonne d’être un traître, vous en avez le profil.
L’ambiance était gentiment en train d’escalader à nouveau, quand l’Empereur rentra dans la pièce, l’air
confiant.
- Bien. Notre espion vient de me confier l’artefact que je cherchais et nous allons pouvoir planifier la
bataille.
- Ah… reprit Henry. V
ous avez récupéré l’Orbe des Dieux. Félicitations…
L’Empereur claqua des doigts, les kommandeurs se jetèrent sur le Comte de Saint-Edonis.
- Bien. Cela fait des mois que vous me cassez les couilles, que je ne dis rien, que vous m’accusez des
maux que subit Alterak tous les jours.
- Mais Sire… Qu’ai-je dit ?
- Je n’ai jamais parlé de l’Orbe des Dieux. Vous venez de vous dénoncer tout seul, Henry. Je confisque
vos terres, et vous serez exécuté dans la demi-heure, le temps que les chevaux soient prêt.
- Mais… C’est un scandale ! hurlait le Comte.
- En même temps, à jouer au con depuis plusieurs semaines, ça vous pendait au nez, commenta un
général.
- Majesté… les chevaux ? demanda Erik.
- Oui… On n’a plus de bois.
- Majesté, j’implore votre clémence et votre pragmatisme, je suis innocent !
- Je n’ai parlé de l’Orbe des Dieux qu'à trois personnes qui sont immédiatement parti prendre la mer.
Personne ne pouvait être au courant. J’en déduis simplement que Glaurung vous a demandé de trouver où je
pourrais bien cacher l’artefact. N’est-ce pas ?
- Mais… pas du tout Majesté ! Je vous assure que je n’en savais rien !
- Écoutez Henry. Vous avez raison, je suis pragmatique. Si vous confessez maintenant votre allégeance
à Glaurung, je vous épargne.
Il regardait autour de lui, personne ne le soutenait du regard. Il était désemparé.
- Amusant, avec la conversation que nous venions d’avoir, dit le Comte de Flution.
- Non s’il vous plaît, Comte. La confession est un droit que l’Unique nous accorde à tous après tout.
Allez Henry. Confessez.
- Quand l’émissaire que vous avez vu a quitté le palais… je me suis empressé de discuter avec lui pour
connaître votre décision. Il m’a dit que vous aviez refusé et que si j’acceptais, je retrouverais mes terres et
peut-être plus encore en échange d’informations confidentielles. J’avais peur pour l’avenir du pays, Majesté…
- Je l’avais dit. Rien dans le froc, ajouta Erik de Flution.
- Tu avais peur… Je comprends. Sa Majesté caressa la joue d’Henry. Tu as blessé ton Empereur, et tu lui
as menti. Tu le sais ça ?
- Oui Majesté, j’en suis navré… quelques larmes commencèrent à couler. Merci de m’épargner…
- Quand on ment à son Empereur… Il lui agrippa l’oreille et tira comme une brute. L’Empereur ne tient pas
parole.
- Non ! Pitié !
- Pitié ? Avez-vous eu de la pitié pour tous ces gens qui sont mort ? Avez-vous eu de la pitié pour ces
généraux qui se démènent nuits et jours pour essayer de sauver vos miches alors que n’importe qui pouvait
avoir l’Orbe des Dieux et observer nos moindres faits et gestes ?! Hein ?! Vous le saviez que j’avais peur de cet
artefact qui pouvait être entre les mains de l’ennemi. Vous n’avez eu aucune pitié quand vous avez colporté la
soi-disante paranoïa de l’Empereur… Il reprit son souffle tant il s’était mit à parler vite. M
aintenant… la seule
pitié auquel vous aurez peut-être droit, et le connaissant c’est peu probable, c’est la pitié de l’Unique que vous
allez rejoindre.
- Sire ! Il fallait me comprendre, j’avais et peur et...
- Et vous avez décidé de changer votre allégeance. Vous êtes un salopard de traître.
La réunion était interrompue, évidemment. Le Comte de Saint-Edonis préféra, finalement, garder son
silence jusqu’à la place publique, que nous rejoignîmes peu de temps après. A la fenêtre du palais, je pouvais
apercevoir Son Altesse Impériale Marie-Aliénor de Tannissie observant la scène, l’héritier dans ses bras.
Comme ordonné, des chevaux arrivèrent, tous l’air plus misérables les uns que les autres.
- Si des gens comme moi rejoignent l’ennemi, c’est parce que vous êtes devenu tolérant envers les
non-humains et les hérétiques !
Henry cherchait a faire réagir l’Empereur, mais ce dernier ne bronchait plus depuis deux ans. Même si
certaines choses dans son regard semblaient montrer qu’il était plus confiant, son regard froid et son
“pragmatisme” continuait de le dominer.
- Glaurung vous fait peur, hein ! Vous ne parlez pas depuis tout ce temps car vous étiez terrifié que
l’Orbe des Dieux soit utilisé contre vous. Vous êtes incapable de regarder votre propre mort en face.
Il attendait une réaction… Mais l’Empereur restait impassible quand les gardes mettaient à nu l’ancien
Comte de Saint-Edonis.
- Nous sommes plus puissants que les humains ! Vous pourrez m’imposer toutes les tortures que vous
voulez, je ne hurlerai pas !
La réaction de l’Empereur se fit quand le peuple arrivait pour observer l'exécution.
- Si, tu vas hurler. De tout ton souffle. Tu mourras même d'asphyxie. Mais tu ne hurleras pas
suffisamment longtemps pour que quelqu’un ici n’en ai quelque chose à faire.
- Majesté, interpella un garde. Le cheval est trop vieux pour pouvoir galoper correctement.
- Ah, bah dans ce cas, peut-être qu’Henry hurlera plus longtemps que prévu. Gardes, attachez ses
cheveux à un de ses poignets et à une de ses chevilles.
- Non, Sire ! Pitié. Je vous dirai tout. Le Dragon qui vient se nomme Balion, il est lieutenant des armées
de Glaurung ! Ils vont passer par le fleuve à l’Est de Rieu, je vous en conjure je vous dirais tout !
- Tu m’as trahi moi. Et maintenant, tu trahis Glaurung. Gardes, n’épuisez pas ce pauvre bourrin,
mettez le simplement au pas.
Le garde s'exécuta et fit avancer le vieil animal. Les attributs masculins d’Henry frottaient sur le pavé
nu, et le hurlement atroce résonnait dans toute la cité. Des lambeaux de peaux s’arrachaient et finirent
rapidement par être éparpillés sur le sol. Aleksander cria :
- Dit bien à ton maître que maintenant que l’Orbe des Dieux est entre mes mains, la guerre ne fait que
commencer.
L’Empereur tourna le dos dans l’indifférence et retourna dans son palais afin de terminer la réunion.
Les gens du peuples se remirent au travail. Tous laissèrent dans l’indifférence l’homme hurlant à la mort
traîné au sol pendant plusieurs heures. Je suis resté là, plusieurs minutes à le regarder laisser une mare de
sang derrière lui. Quand le corps a été récupéré, tout le flanc droit avait été arraché, et le corps avait continué
d’être traîné après la mort du bougre. L’Empereur avait insisté à conserver le corps.
Comme tous loups qui attaquent le bétail, le berger n’allait pas tarder à se montrer. Je me tenais sur le
chemin de ronde, le lendemain matin, à regarder la plaine devant la cité. C’était une journée sans nuages,
pourtant, le soleil était masqué par une ombre. Le bruit d’une armée en mouvement, et le nuage de poussière
qui s’en dégageait, est caractéristique. Balion, le lieutenant de Glaurung, était à quelques heures de marche de
la capitale, le siège avait commencé. Toutefois, par le fleuve au nord, des navires aux pavillons de Sartak
étaient venu en renfort, leur Duc à leur tête. Les soldats ne mirent que quelques minutes à se mettre en
formation. La Grande Bataille pour le Royaume d’Alterak venait de commencer.






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