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Le Lagon des Grées

Dans la teinte opaque de la brume des fonds de bois,
Au rendez-vous burlesque des martyrs sans pudeurs,
Coassent les charognards et résonnent leurs larsens gras
Raclant dans les fosses comme des cuivres et des violons.

Les cadavres, les ménades et les oiseaux de Stymphale
Semblent se prendre au chahut du morbide marécage.
Invités à la fête par les timbales et les cymbales,
Un tonnerre déchire le jour pour une nuit rouge de scandales.

Le cliquetis des horloges et les cornes de Jéricho
Dissonent les notes stridentes d’un profond monde d’arlequins.
Dans les flots noirs d’eau fumante brûlent les nymphes d’Eros,
À table satyres obscènes, un grand viol pour festin !

Les fées et les squelettes dansent comme une offrande,
Des cavaliers étêtes chevauchent les faunes et les anges,
Les sirènes et les centaures s’enlacent, se tordent et se cambrent,
Aux ricanements des harpies, damnées se mordent et se mangent.

Les muses et les pantins se livrent à l’orgasme,
Se dandinent le sang aux lèvres, de cet infernal carnaval !
Les babines dégoulinantes d’une puanteur aux idées sales :
L’euphorie a fait grâce, place au cynisme et au sarcasme.

Les liens de Cerbère cassent, traque les aigles de Caucase,
Le purgatoire est en furie, un sol qui tremble annonce la chasse,
Alors le minotaure, Typhon, le sanglier de Calydon
Dédient leurs fluides aigres et âcres, à la laie de Crommyon.

Hécatonchires, les centimanes se donnent au clou du spectacle,
Les sueurs putrides se confondent au relent de quelques charognes.
Les sous-fifres et les monstres, fiers et droits comme des Spartes
Forcent les entrailles humides, pluie de vices et de besognes.

Extasiantes frénésies d’appétits morfales,
Transcendant hurlements d’un orchestre macabre.
L’idylle aberration de cette scène immorale
Est vouée à distraire vos chimères de marbre.

Paladin