Nymbathe Ostara 2022 .pdf
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Titre: Nymbathe Ostara 2022
Auteur: Nymbathe
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NYMBATHE
JOURNAL
L'ÉSOTÉRISME AU FIL DU TEMPS
LA LOUVE
CAPITOLLINE
Interview : KALA
Beauté
APOLLON ET
ARTÉMIS,
LES JUMEAUX DE
L'INACCESSIBLE
Les poisons dans le monde Antique
LE TIRAGE DE LA MÉNADE
NYMBATHE JOURNAL OSTARA
LE MONDE
ANTIQUE
L'Antiquité, si lointaine et pourtant si proche à
la fois. Qui est celui qui, malgré les millénaires
qui nous séparent, ne s'est pas au moins une fois
senti touché par l'écho d'un mythe, la lumière
d'un philosophe, le murmure d'un dieu oublié ?
Dans cet ultime numéro du Nymbathe Journal,
nous vous proposons de traverser les siècles à
rebours, d'avancer sur des terres où les divinités
étaient plus nombreuses que les hommes, et
l'espace d'un instant, oublier les convulsions de
notre monde sous le bruissement des oliviers.
Toute l'équipe du Nymbathe vous adresse un
grand et chaleureux merci pour avoir été les
fidèles lecteurs de ses numéros. Nous espérons
que chacun d'entre eux vous aura apporté de
mémorables découvertes et un peu plus de
sagesse.
Nam et ipsa scientia potestas est
Savoir, c'est pouvoir
N O M A D I CXenia
| Vetsera
24
LA REPRODUCTION, MÊME PARTIELLE, DES ARTICLES, PHOTOS
ET ILLUSTRATIONS PUBLIÉS DANS CE MAGAZINE EST INTERDITE
NYMBATHE
Edito
01
Sommaire
02
Célébration
Divination
Les Bacchanales 03
Tirage de la Ménade 11
Culture
Leto, les poisons & la mode 15
Plantes
Le Laurier noble 28
Nature
Les jumeaux de l'inaccessible 36
Interview
KALA Beauté 41
Beauté antique 54
Do it yourself
Les recettes de l'Olympe
Regard sur...
58
Au Jardin d'Hespéris 61
Animaux et créatures
La louve
69
capitolline
Divertissements
74
Invités
87
Remerciements
88
N.B : LES ARTICLES DE NOS INVITÉS ENGAGENT LEUR
VISION DU MONDE, PERSONNELLE ET PROPRE.
ORIGINES DES IMAGES : LIBRES DE
DROITS/ACHETÉES/DES RÉDACTEURS ET INVITÉS/WEB
CÉLÉBRATION
MARS 2022
04
LES BACCHANALES
Célébrations antiques mystérieuses pour les contemporains que nous sommes, les
Bacchanales ont enflammé les esprits et l'inconscient collectif, à l'image du dieu
Dionysos/Bacchus qui les préside. Liées aux célébrations du retour du printemps, tentons d'en
dessiner les contours pour chasser l'hiver avec enthousiasme !
Par Pandora
Feu divin, né deux fois, caché dans la cuisse
de Jupiter, enfant replet et jovial entouré de
nymphes et de satyres, élevé comme une
fillette, éphèbe androgyne séduisant et
trompeur, éternel étranger ou bonhomme
ventru et hédoniste, Bacchus/Dionysos est une
figure divine subtile, difficile à cerner.
Il est facile d'en faire une figure de débauche
tant sa place dans le panthéon antique grécoromain se joue des codes moraux de son
époque. Dieu du vin, de l'ivresse et des excès,
de la folie et de la fureur, du théâtre et du
travestissement, il est un principe libérateur et
subversif, qui nous relie à nos instincts
primaires et notre quête perpétuelle du plaisir.
Les célébrations en son honneur, appelées
Bacchanales à Rome, sont tout à fait à son
image, polymorphe et insaisissable. Partons
donc à la découverte de ces cultes alors que les
jours sombres laissent place à la joie retrouvée
du printemps.
Origines
L'origine des Bacchanales remonte à des
temps archaïques et l'on ne peut avec certitude
les dater, ni même leur donner une origine
géographique précise, si ce n'est orientale.
Culte d'abord rural en Grèce, très certainement
lié à la fertilité, il consistait en des
déambulations appelées Phallophories, où l'on
portait une représentation de sexe masculin
gigantesque. Les participants se grimaient à
l'aide de lie de vin, et le cortège, à la manière
d'un corso carnavalesque, se livrait à des
démonstrations grotesques et obscènes. Les
célébrations faisaient aussi certainement
recours à des jeux de feu, comme ceux que l'on
peut retrouver chez les slaves.
OLD GYPSY FORTUNE TELLER, DMITRI KESSEL, 1949
Ces célébrations primitives mettent l'accent
sur le lien, voire la confusion entre les divinités
du Thiase de Dionysos : celui-là même, mais
aussi le Dieu Pan, et Priape. On retrouve
cependant la base de ce qui devint des siècles
plus tard à Rome les Bacchanales : un air de
débauche, du vin et du déguisement grotesque.
Au IVᵉ siècle avant notre ère, ces Dionysies
rustiques sont reprises dans le cadre des cités,
afin de mieux les contrôler. Naissent alors les
grandes Dionysies, consistant en des concours
de représentations théâtrales dramatiques,
NYMBATHE JOURNAL
CÉLÉBRATION
MARS 2022
05
LA DANSE DES BACCHANTES, CHARLES GLEYRE
organisées à plusieurs dates entre le solstice
d'hiver et l'équinoxe de printemps. Ces grandes
Dionysies sont alors l'occasion d'instruire les
citoyens, et les tragédies montrent le prix à
payer quand on se laisse aller à ses instincts ou
que l'on suit les principes du monde ancien.
On cherche donc à réprimer le subversif, en le
cantonnant à la scène et en lui offrant un cadre
officiel.
Néanmoins, le culte de Dionysos fait aussi
l'objet d'un culte à mystère, et c'est celui-là
même qui assurera la pérennité des
célébrations à Rome. On sait peu de choses sur
les cultes à mystère, car ils impliquent le secret
des initiés, mais les cultes dionysiaques étaient
à l'origine essentiellement féminins. Les
prêtresses étaient nommées Bacchantes et les
célébrations avaient lieu dans un bosquet sacré.
Ces cultes sont liés à l'Orphisme, courant
spirituel grec parallèle, qui conteste l'ordre
établi des religions de la cité et appelle ses
adeptes à se mettre "hors de la cité".
Le passage à Rome transforme en
profondeur la forme des célébrations : d'un
culte exclusivement féminin et diurne, on
passe à une initiation mixte et nocturne. D'une
célébration en trois temps entre le solstice
d'hiver et l'équinoxe de printemps, on passe à
des célébrations hebdomadaires tout le long de
l'année.
Les
Bacchanales
vont
alors
correspondre à l'image d'Épinal que l'on s'en
fait, celle d'orgies démesurées laissant libre
cours à tous les excès. À tel point qu'elles
finirent par être interdites par Rome à la suite
d'une controverse publique attestée par Tite
Live et une plaque en bronze sur laquelle est
gravée la décision officielle d'interdiction.
Les cultes dionysiaques sont introduits à
Rome vers 300 avant notre ère, en passant par
la civilisation étrusque qui viendra influencer
leur forme de Bacchanales. À Rome, ces
célébrations ne furent jamais établies de façon
publique et restèrent des pratiques secrètes
entre initiées : c'est une superstitio.
NYMBATHE JOURNAL
CÉLÉBRATION
MARS 2022
06
Cela est rendu possible par le déguisement,
le travestissement et le grotesque étant des
attributs du Dieu, qui fut caché sous différents
aspects durant son enfance, et plus tard
n'apparaitra jamais sous sa véritable forme lors
de ses épiphanies. Cette inversion de l'ordre
social et moral est à l'origine des différentes
répressions contre ces célébrations, car elles
étaient vues comme le berceau possible de
révoltes. Les représentations théâtrales lors des
Grandes Dionysies grecques ont tenté de
contenir cet esprit du travestissement et de
l'inversion des rôles ; les acteurs étaient tous
des hommes, et donc travestis s'ils jouaient des
rôles féminins, et les histoires mettaient en
scène toutes les transgressions possibles.
SATYRE ET MÉNADE, HENRI GERVEX
Un Culte Subversif
Maintenant que nous avons une image de
l'évolution
des
rites
liés
au
dieu
Dionysos/Bacchus, nous allons nous pencher
plus en profondeur sur la substance même de
ces rites. Pour ce faire, nous allons dresser un
parallèle entre mythologie et pratiques.
Tout commence donc avec la figure divine
de Dionysos, qui peut être considéré comme
l'essence même de la transgression. Il n'est ainsi
pas étonnant que les célébrations en son
honneur soient elles-mêmes basées sur la
transgression, et que malgré les efforts des
institutions de leur donner un cadre, les rites
bachiques s'en sont toujours échappés.
Ce qui caractérise en premier lieu ce culte,
c'est l'inversion : inversion de l'ordre et des
statuts sociaux, des codes moraux. Depuis leurs
origines, les Dionysies sont un temps de liberté
totale : citoyens, étrangers et esclaves prennent
part sans distinction aux festivités.
Les Bacchantes, et plus tard les Bacchants,
s'organisent en sectes secrètes. Les sources sont
lacunaires sur ce qui se déroulait réellement au
sein de ces sectes, mais toutes s'accordent
autour de pratiques de transe, d'enthousiasme
(littéralement une possession par les dieux) et
de sacrifices sanglants dont les cris se faisaient
entendre au loin.
Des pratiques que l'on retrouve au ProcheOrient, comme les Derviches Tourneurs,
peuvent nous orienter pour comprendre
comment les femmes accédaient à cette transe,
à travers la danse ou des balancements
frénétiques. Les Bacchantes n'étaient, du moins
à l'origine, pas des femmes enivrées au vin, le
breuvage étant plutôt réservé aux hommes. Ces
transes permettaient d'accueillir le délire
bachique, but même du culte, qui a pu avoir
une dimension thérapeutique. La transe n'était
cependant pas une pratique conventionnelle, et
réputée étrange ; en effet, lorsque l'on rentre
en transe, on se retrouve hors de soi, étranger à
nous-mêmes.
Dionysos est un dieu de fureur, de folie. La
pièce d'Euripide, Les Bacchantes, dépeint un
portrait très sombre de ces rites, où les femmes
en délire, possédées par le désir de vengeance
de Dionysos, finissent par déchiqueter le jeune
homme Penthée, faisant écho avec la
vengeance d'Héra qui aurait démembré
Dionysos à sa naissance selon la tradition
orphique.
NYMBATHE JOURNAL
CÉLÉBRATION
À Rome, il sera même reproché aux
bacchants de pratiquer des sacrifices humains,
où la chair des victimes était consommée crue.
Il n'y a pas de preuves sur la véracité de ces
faits, et la mauvaise réputation des Bacchanales
dans l'opinion publique a pu influencer l'image
qui nous en est parvenu, juxtaposant mythes et
fantasmes sur la réalité. Cependant, ce que ces
rumeurs d'homophagie nous confirment, c'est
que les rites dionysiaques relèvent du tabou, le
cannibalisme étant le plus grand d'entre tous
dans les sociétés occidentales.
La temporalité des célébrations nous offre
aussi des pistes de réflexion. À l'origine, elles
commençaient au cœur de la saison sombre,
synonyme d'intériorité, de repli, et par
extension, du feu secret. Par trois fois, les
bacchantes se réunissaient, afin de préparer la
venue du printemps. Dans certaines traditions,
Dionysos est à l'origine le fils de Perséphone.
C'est donc l'idée d'une gestation souterraine,
dans les tourments du monde du dessous, qui
peut venir nous éclairer sur une hypothétique
dimension symbolique du culte.
BACCHANALE (VERSION DU MUSÉE POUCHKINE) - RUBENS
MARS 2022
07
La dernière célébration se fait au moment
de l'équinoxe de printemps, ou un peu avant,
et en marque l'apogée, la fin de l'initiation des
nouvelles bacchantes. C'est donc dans un
déferlement de joie extatique que le printemps
peut renaître, au prix du sacrifice de l'hiver.
Cette lecture symbolique est encore une
fois une inversion : plutôt que de se rattacher
au retour de la lumière, la saison sombre
permet de naviguer dans les zones d'ombres de
la société, d'explorer les tabous, et c'est ce
passage par la folie, la fureur, la vengeance et
les excès qui permet de renaître.
Cela répond parfaitement à l'histoire de la
naissance du jeune Dieu et de son enfance :
Dionysos, arraché du ventre de sa mère ou luimême déchiqueté, recueilli par son père Zeus
en son sein, né une une seconde fois, caché
sous diverses formes, (une chèvre, une petite
fille, brisant de fait des conventions morales, le
travestissement étant une pratique hautement
subversive dans les sociétés gréco-romaines),
ne se présentant jamais sous sa qualité de dieu,
mais s'adonnant à des vengeances cruelles, à la
tromperie et à la ruse.
On retrouve cette idée de renaissance par les
ombres dans l'alchimie, avec son Nigredo,
jusque dans la psychanalyse jungienne, avec le
concept de l'Ombre. Le chrétien Jean de la
Croix, lui, fait référence à la nuit obscure de l'âme.
Ces concepts sont abondamment repris,
simplifiés, voire tordus dans le New Age, mais
font toujours référence à un passage difficile,
destructeur de l'ordre établi, avant de trouver
une nouvelle lumière.
L'histoire des Bacchanales et du culte de
Bacchus est donc avant tout l'histoire de nos
représentations mentales autour de la
subversion et de la transgression. Aujourd'hui
encore, la période précédant l'équinoxe de
printemps est celle des carnavals, où l'on se
déguise et où l'on peut se permettre d'agir de
façon grotesque, obscène. Il est un moment de
liesse désorganisé, de folie collective. Le terme
carnaval fait d'ailleurs référence à la chair.
Dans la société judéo-chrétienne, le carnaval
est célébré le Mardi gras (jour de Mars), et fait
référence au fait de manger de la viande avant
de ne plus pouvoir pendant le carême, jusqu'à
Pâques, soit le retour du Printemps.
NYMBATHE JOURNAL
CÉLÉBRATION
MARS 2022
08
CHASSER L'HIVER
La Saison Sombre est désormais derrière nous, et même si les jours se font encore frileux, il est
temps d'accueillir la chaleur et l'enthousiasme printaniers dans nos cœurs. Et pourquoi ne pas
s'inspirer des Bacchantes pour ce faire ? Je vous propose un rituel de bannissement et de libération de
votre hiver intérieur afin de laisser place aux bourgeons de joie qui n'attendent que d'éclore !
Par Pandora
Avertissement
Comme nous avons vu dans l'article
précédant, les célébrations dionysiaques sont
un moment de grand lâcher prise, de
débordements de joie et de transe.
Le rituel qui suit s'inspire de ces pratiques, et
comme tout rituel, il n'est pas anodin. Le but
ici n'est pas d'entrer dans une transe si vous
n'êtes pas à l'aise avec cette pratique, mais
comme tout acte de libération et de
bannissement, il peut être exigeant pour votre
psyché. Il est donc important de connaitre vos
propres limites, et de vous approprier ce qui
suit à votre convenance.
Préparation
BACCHANTE, JEAN-BAPTISTE GREUZE
Afin de réaliser le rituel, il vous faut réunir
quelques éléments :
Une couronne végétale
Une baguette en bois, ou tout autre objet
phallique
Un verre, du vin, ou une infusion de lierre
terrestre si vous ne buvez pas d'alcool.
Un lieu où vous pouvez danser, sauter, crier
ou faire du bruit et faire du feu ou allumer
une bougie en toute sécurité.
Du papier et des crayons.
Éventuellement, un instrument de musique
type tambourin, crécelle, cymbales à doigts.
Rituel
Ce rituel se déroule en deux temps,
idéalement sur deux jours, mais il peut se faire
le matin puis le soir de la même journée.
La première partie est un temps de
réflexion et d'introspection. Pensez à l'hiver qui
vient de passer, que vous a-t-il apporté, de
positif et de négatif ? Que voulez-vous laisser
dans ses ombres ? Quelles sont les blessures, les
injustices que vous avez subies ? Comment les
gérez-vous ?
NYMBATHE JOURNAL
CÉLÉBRATION
Une fois ce tour d'horizon mental et
émotionnel fait, focalisez-vous sur ce que vous
avez besoin de libérer ou ce que vous souhaitez
bannir de votre nouvelle vie qui s'apprête à
naitre. Écrivez-le sur une feuille de papier, ou
dessinez-le, et réservez ceci pour la seconde
phase du rituel.
Ensuite, réfléchissez à la personne que vous
voulez être ou devenir pour ce nouveau cycle.
Que souhaitez-vous cultiver au printemps ?
Visualisez vous naître une deuxième fois, et
acceptez dans votre cœur que cette naissance
est douloureuse, mais que vous prendrez votre
revanche.
Vous pouvez faire suivre ces réflexions
d'une séance de méditation ou toute chose qui
vous fait du bien, pour dire au revoir à cet
hiver intérieur.
MARS 2022
09
La seconde phase du rituel est plus active.
Rendez-vous au lieu choisi avec les éléments
précédemment listés. Allumez votre feu ou
votre bougie si vous faites le rituel dans un
espace clos.
À l'aide de la baguette, ou tout autre objet long
et droit, tracez un cercle autour d'un feu ou
d'une bougie, et des éléments du rituel, dans le
cercle inverse des aiguilles d'une montre.
Consacrez ce cercle à Dionysos, aux Nymphes,
à Pan, à l'Homme Vert, ou tout autre divinité
primordiale et sauvage de votre choix avec une
prière où vous vous remettez entre leurs
mains. Votre prière sera personnelle, mais si
vous manquez d'inspiration, elle peut se
présenter ainsi :
Par ce cercle je t'invoque, Dionysos, grand Dieu,
Roi sauvage et mystérieux !
Que ma voix se joigne à la tienne, pour chasser cet
hiver qui n'en finit pas !
Je t'offre ce feu et un doux breuvage,
pour que tu m'accordes tes faveurs.
Je m'abandonne à toi et reçois ton enthousiasme,
afin de sacrifier le passé et renaître
par la folie et dans la joie !
Coiffez-vous de votre couronne dans le
cercle : ici vous êtes souverain et non plus
esclave. Ce "déguisement" vous permet de ne
plus être vous-même, de renverser l'ordre
établi. Buvez votre verre de vin ou votre
infusion à la santé du printemps, et saisissezvous de votre instrument si vous en avez un,
ou commencez à chanter, crier ou taper des
mains. Le bruit chasse les mauvais esprits.
BACCHUS ET ARIANE PAR EUSTACHE LE SUEUR
Quand vous vous sentirez rempli d'énergie
et porté par le rythme des sons, vous pouvez
danser autour du feu, dans le sens inverse des
aiguilles d'une montre : ainsi on défait ce qui a
été fait dans le passé. Laissez vous entrainer et
sentez peu à peu l'hiver partir de votre cœur.
À ce stade, il n'est plus important de rester dans
le cercle, vous vous libérez des carcans, et
surtout de ceux que vous vous êtes imposés.
Laissez s'exprimer vos émotions, pleurez s'il le
faut, hurlez de rage, jurez, riez aux éclats... La
folie des Bacchantes vous accompagne !
NYMBATHE JOURNAL
CÉLÉBRATION
MARS 2022
10
Continuez jusqu'aux premiers signes de
fatigue, il est inutile et dangereux de vous
épuiser.
Revenez dans le cercle : servez-vous un
nouveau verre de vin ou d'infusion, mais ne le
buvez pas tout de suite. Prenez votre feuille de
papier où est marqué ou dessiné ce que vous
souhaitez bannir ou libérer, et brûlez-le dans le
feu, ou à l'aide de la bougie. Prenez plaisir à le
voir disparaître dans les flammes : c'est là votre
revanche.
Ôtez la couronne de votre tête, ou
ramassez-la si elle est tombée. Jetez-la au feu,
ou prenez une de ses feuilles et brûlez-la avec
votre bougie : vous n'avez plus besoin de cet
accoutrement pour être autre, vous avez repris
le trône de votre existence.
Une fois consumés, buvez une gorgée de
votre breuvage, et jetez le reste sur la flamme,
en remerciant les divinités qui vous ont
accompagné. Éteignez le feu si ce n'est déjà fait.
Défaites le cercle à l'aide de la baguette, en
traçant cette fois le cercle dans le sens des
aiguilles d'une montre, car l'ordre doit revenir.
Il est alors temps de vous reposer, le cœur
et l'esprit moins lourds, prêt à accueillir un
printemps fécond.
LA BACCHANTE À LA PANTHÈRE, CAMILLE COROT
L'IVRESSE DE BACCHUS,SCULPTURE DE MICHELANGELO BUONARROTI
NYMBATHE JOURNAL
Par
Pandora
DIVINATION
MARS 222
12
TIRAGE DE LA MÉNADE
Les ménades, ces femmes folles des mythes anciens, membres du Thiase de Dionysos,
nous enseignent la colère et le sauvage du féminin. Ce tirage qui s'inspire d'elles nous offre
l'opportunité d'explorer ces émotions, véritables puissances de notre feu intérieur.
Par Pandora
Mythes et Archétype
PROCESSION DIONYSIAQUE, MUSÉE ARCHÉOLOGIQUE NATIONAL DE NAPLES
À l'origine, les Ménades étaient les nymphes
qui avaient recueilli l'enfant Dionysos sur le
Mont Nysa et qui formèrent plus tard son
cortège
mythologique.
Elles
cristallisent
l'apparence de la Ménade, vêtue de peaux de
bêtes, la nébride et brandissant le thyrse, bâton
surmonté d'une pomme de pin. Accompagnées
des satyres, elles personnifient le délire
dionysiaque : folie, furie, danse, musique
frénétique, luxure... leur nom est d'ailleurs
dérivé du terme grec mania, qui signifie folie.
Ce délire n'est pas forcément funeste, il sert
autant à guérir qu'à châtier. Dans les mythes et
autres œuvres littéraires comme Les Bacchantes
d'Euripide, l'accent est mis sur leur attitude
sauvage, loin des attitudes conformes à la Cité.
Mi-femmes
mi-bêtes,
elles
commettent
sacrifices et crimes sanglants au son de leurs
cris.
La Ménade est l'archétype opposé de la femme
domestiquée, silencieuse et cloîtrée dans le
gynécée.
Si le Ménadisme fut une pratique rituelle
attestée, avec des collèges de Ménades, vierges
consacrées à Dionysos, nous nous attacherons
ici uniquement à l'image mythologique pour
ouvrir une réflexion sur la puissance de cet
archétype, primaire et complexe.
La Ménade peut symboliser la femme
sauvage qui réside en nous tous. Elle préside à
nos instincts premiers, à nos désirs pulsionnels.
C'est en elle que nous retrouvons l'expression
de notre colère et de notre sexualité la plus
crue.
La Ménade ne se laisse pas domestiquer : elle
agit. On ne peut la raisonner, elle n'est
qu'expression. La rage est son moteur pour
mettre fin à ce qui est devenu intolérable. Elle
guérit par le feu, le sang et la perte du Soi.
Cette folie n'est pas douce, mais faut-il la
craindre pour autant ? Non au contraire, il faut
la regarder telle qu'elle est, pour écouter son
message, et enfin dire "Je me libère".
NYMBATHE JOURNAL
DIVINATION
MARS 2022
13
Si dans les images devant vous certaines vous
fâchent, ou vous provoquent des émotions
négatives, cela signifie qu'elles sont très
importantes pour la suite du tirage.
4
2
1
7
AN INCANTATION [A BACCHANTE] DE JOHN COLLIER
Tirage
Et si nous allions à la rencontre de notre
Ménade intérieure, pour voir ce qu'elle a à
nous dire ?
Dans un premier temps, je vous invite non
pas à un temps de méditation calme, mais au
contraire, à un moment de pure "folie" :
défoulez-vous ! Criez, dansez, allez courir
librement, tapez dans un sac de frappe ou
n'importe quelle activité qui vous donne une
sensation à la fois d'abandon total et d'énergie.
Il s'agit ici de réveiller ce feu intérieur, et de
laisser s'exprimer librement à travers le corps
les tensions, frustrations et ressentiments que
vous retenez en vous.
Une fois arrivé au pic de cette énergie, il est
temps de saisir votre outil divinatoire et de
tirer de façon intuitive 7 cartes. Déposez-les
comme suit, face à vous pour voir les images :
imprégnez-vous d'elles, sans réfléchir à leur
signification dans un premier temps. Quels
sont les éléments qui attirent instinctivement
votre regard ?
6
3
5
Cet exercice de visualisation intuitive a dû
vous calmer un peu, juste assez pour procéder
à l'interprétation. Je ne peux que vous
conseiller à ce stade de saisir un carnet pour y
noter vos observations, car une fois revenu
dans un état calme, il se pourrait que vous ne
vous souveniez plus très bien de tout ce qui
aura pu vous traverser pendant le tirage.
Le tirage se lit ainsi :
Au centre, la première carte représente
votre Ménade : sous quel jour se présente-t-elle
à vous ? Comment s'exprime-t-elle ? Cette carte
vous permet d'en faire le portrait symbolique.
Si vous ne vous reconnaissez pas du tout en
elle, ou avez des difficultés à faire un lien entre
votre personnalité et cette carte, ce n'est pas
grave du tout, c'est même plutôt bon signe !
La deuxième carte représente sa façon de
s'exprimer à travers vous, comment elle vous
possède, tandis que la troisième va vous
orienter sur les situations qui la réveillent, les
déclencheurs.
Cette première ligne de cartes est à analyser
comme ce qui vous semble être "hors de vous",
"hors de contrôle", en d'autres termes, ce qui
vous rend fou !
NYMBATHE JOURNAL
DIVINATION
MARS 2022
14
Enfin la dernière carte évoque la destruction
et la guérison qui en résulte. Quelles choses
votre Ménade vous pousse-t-elle à détruire, à
ôter de votre vie ? Quels sacrifices vous inspiret-elle à faire pour vous libérer ? Que pouvezvous guérir grâce à son aide ? Comment y
parvenir ?
Ce tirage peut être assez éprouvant, et il est
important de vous aménager un temps calme
après, pour revenir à vous. Comme tout travail
de l'ombre fait avec des outils divinatoires, il
est impératif de savoir mettre à distance le
tirage et surtout d'analyser les émotions
provoquées par les messages délivrés, plus
encore que les messages en eux même.
MÉNADE FURIEUSE PORTANT LE THYRSE ET LA NÉBRIDE, ET TENANT UNE
PANTHÈRE, COUPE À FOND BLANC DE MACRON, VERS 480 AEC
Les quatre cartes suivantes vont vous
donner l'occasion d'explorer les différents
domaines que peut influencer votre Ménade.
En quatrième position, nous retrouvons les
pulsions. Quels sont vos comportements
impulsifs, vos idées intrusives ? Comment les
gérez-vous ? Vers quoi dirigez-vous vos
actions, négatives comme positives ? Êtes-vous
à l'aise avec ces pulsions ?
Apprendre à regarder votre Ménade est
aussi l'occasion de trouver les ressources
intérieures pour puiser dans sa force tout en
prévenant les dégâts qu'elle peut causer.
Soyez indulgents avec vous-même, et si ce
tirage fait résonner en vous des aspects de
votre personnalité qui vous semblent très
problématiques ou évocateurs de difficultés,
n'hésitez pas à faire appel à l'aide de
professionnels : un tirage ne saurait se
substituer
à
un
accompagnement
psychologique.
La cinquième carte vous parle de désir. Que
désirez-vous ardemment ? Comment ces désirs
vous portent ils, vous inspirent ? Comment
l'exprimez-vous ? Êtes-vous à l'aise avec ces
désirs ?
La sixième carte, elle, s'intéresse à votre
colère, à la violence, à la rage. Qu'est-ce qui
vous met en colère ? Qu'est-ce qui est
insupportable pour vous ? Comment gérezvous cette colère ? Quel est votre rapport à la
violence ? Êtes-vous à l'aise avec cet aspect de
votre personnalité ?
MÉNADE FURIEUSE, COUPE À FOND BLANC DE MACRON, VERS 480 AEC
NYMBATHE JOURNAL
CULTURE
MARS 2022
16
LETO
Divinité oubliée et très peu évoquée, elle recèle pourtant en son sein des valeurs profondes et
essentielles à remettre en avant dans l’agitation de notre monde moderne.
Par Moïra
Dans le panthéon grec, lorsque l’on pense à
l’aspect féminin, naturellement nous viennent
à l’esprit des figures plutôt sensuelles ou dans
l’image de la jeune fille ou de la femme. On
pourrait évoquer par exemple Artémis, Eos,
Héméra ou encore Nyx.
Mais lorsque l’on se penche sur la maternité
et le foyer, le plus souvent, c’est à Gaïa, Héra ou
Hestia que l’on fera référence. Il en demeure
cependant une qui ne doit pas être ignorée, ni
mise de côté : Léto.
Pleinement ancrée dans la protection des
femmes
enceintes,
des
accouchements
difficiles et des douleurs liées à l’arrivée de
l’enfant, cette divinité moins connue démontre
une humanité surprenante en comparaison
aux déesses précédemment citées.
Gonflée de compassion, d’amour pur et
inconditionnel, autant que de bonté, elle aurait
la réputation de répondre à toute demande
issue d’une volonté sincère du cœur, autant
pour les hommes que pour les dieux.
Première épouse de Zeus, et mère d’Artémis
(déesse de la chasse, des accouchements et de la
nature dans sa fonction la plus sauvage) et
d’Apollon (dieu des arts, de la beauté et de la
lumière au monde), elle démontre déjà autravers de ses enfants à quel point elle s’efforce
de leur donner le meilleur, par leur beauté
physique et leur grandeur d’âme.
Son image pure et bienveillante fera
d’ailleurs que, malgré le remariage de Zeus à
Héra, elle demeurera sa maîtresse favorite.
LÉTO ENCEINTE DES JUMEAUX DIVINS ARTÉMIS ET APOLLON,
HENDRICK GOLTZIUS
Du fait, elle subira à maintes reprises les colères
légendaires d’Héra. Mais Artémis et Apollon,
tellement accrochés à leur mère, la défendront
et protégeront jusqu'au bout.
Il semble que sa vénération ait plutôt été
tenue à Délos, au même titre que celle de ses
deux enfants, aux abords d’un lac que l’on
tenait pour sacré. C’est d’ailleurs en ce lieu saint
que l’on venait lui adresser prières et offrandes
pour lutter contre les souffrances, les maladies,
les problématiques de fertilité et les angoisses
liées à la famille.
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PYTHON, LETO ET SES ENFANTS, GRAVURE, XIXE SIÈCLE
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LÉTO ET SES ENFANTS APOLLON ET ARTÉMIS,
PAR WILLIAM HENRY RINEHART
De toutes les divinités grecques féminines
représentant la Mère, Léto demeure celle qui a
le plus d’amour à donner. Elle agit avec son
prochain dans une acceptation, une tendresse
et une affection totale qui, parfois, lui attire
jalousie et méchanceté. Mais elle démontre par
l’équité et l’égalité qu’elle offre via ses réponses
apportées à chaque demande, que le rang ou la
richesse ne changent rien. Seule compte
l’innocence, seule compte la sincérité de la
demande.
Son culte aujourd’hui beaucoup moins
répandu, mériterait pourtant de renaître pour
ramener l’humanité à une plus grande
tolérance et un amour maternel enveloppant et
protecteur.
À chacun d’entre nous de devenir son enfant,
ou d’incarner sa grandeur.
LATONE ET LES PAYSANS DE LYCIE, JEAN JOUVENET, 1700
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CULTURE
MARS 2022
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LE POISON DANS LE MONDE
ANTIQUE
Dans l'Antiquité, l'utilisation des poisons était une chose courante. Un voisin trop bruyant ? Un
amant infidèle ? Un dirigeant trop faible ? L'affaire était réglée en quelques gouttes ou gorgées.
Aujourd'hui, je vous invite à voyager dans le temps afin de découvrir les différents poisons que l'on
pouvait trouver à cette époque, leur magie, leurs effets ainsi que certains adeptes de cette méthode
pour se débarrasser d'une personne gênante.
Par Nymbathe
Dans le monde Antique, les auteurs n'ont
que très peu mentionné les poisons (vient du
grec φάρμακον, phármakon, qui veut dire :
remède, drogue ou philtre) ou la toxicologie de
manière plus globale. Galien mentionne
d'ailleurs ceci :
"Il est imprudent de traiter des poisons et d'en faire
connaître la composition aux vulgaires qui
pourraient en profiter pour commettre des crimes."
Celui chez qui nous pouvons lire une
Histoire des Poisons est Nicandre de
Colophon. Quant à Dioscoride, il explique à ses
contemporains comment utiliser les contrepoisons. Ces trois auteurs sont donc les
principales sources que nous possédons
aujourd'hui sur la toxicologie dans l'Antiquité.
Tous s'accordent sur la marche à suivre en cas
d'empoisonnement. Le meilleur moyen d'y
remédier est le vomissement. Ils préconisent
donc une solution aqueuse à base d'huile.
Nicandre nous parle également d'un mélange à
base de lait, de cendre ou de noyau de pêche
écrasés.
On trouve beaucoup de traces de poison en
archéologie grâce à l'étude des lieux d'aisance.
On
remarque
que
ce
sont
d'ailleurs
principalement les hommes qui sont victimes
de ces empoisonnements. C'est pourquoi,
certains parlent "d'armes de femmes". L'art des
poisons est devenu, à cette époque, l'ennemi
numéro un des politiques romains.
Certaines victimes de ces phármakon sont
plus célèbres que d'autres. Agrippine la Jeune
(Ier siècle av JC) s'est d'ailleurs particulièrement
bien illustrée dans ce domaine.
LE PHILTRE D'AMOUR, D'EVELYN DE MORGAN
Petite-fille de Tibère, fille de Germanicus,
sœur de Caligula, et mère Néron, cette femme
a évolué dans les cercles les plus restreints de la
politique romaine. Néanmoins, n'étant pas née
homme, elle n'a jamais pu assouvir sa soif de
pouvoir comme elle l'entendait. Agrippine
souhaitait plus que tout gouverner, comme les
hommes de sa famille.
Elle épousa en première noce, à l'âge de
treize ans, le consul Cnaeus Domitius
Ahenobarbus, de vingt ans son aîné. Comme
vous l'aurez très certainement compris, ce
mariage est une union politique commandée
par Tibère.
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19
La jeune fille faisant partie d'une illustre
famille, elle était une épouse de choix. Son
grand-père lui ordonna de ne pas avoir de
descendance avec son mari, car l’empereur ne
voulait pas que le sang Ahenobarbus coule
dans les veines de sa descendance. Ce n'était
vraiment qu'une union qui servait aux desseins
du pouvoir.
Néanmoins, Tibère mourra quelque temps
plus tard, ce qui permettra à la jeune femme de
commencer à suivre son destin. Elle donna
naissance au futur empereur Néron. Pendant
ce temps, son frère Caligula hérita du pouvoir.
Il invita ses sœurs à régner à ses côtés, mais le
peuple de Rome voyait bien ce qui se tramait
dans l'ombre.
Agrippine, ayant perdu son mari dans des
circonstances suspectes, essayait par tous les
moyens de tomber enceinte de son frère afin
de pouvoir avoir un droit sur le principat. Les
perversités et les vicissitudes de l’empereur
engendrèrent une révolte au sein du peuple
romain et son frère bien-aimé fut assassiné.
C'est ici que va réellement commencer la vie
tumultueuse de cette femme incroyable.
Agrippine se cherche un nouvel époux afin
de servir son ascension vers le trône de
l'Empire. Elle jette d'abord son dévolu sur
Galba, un homme qui devait succéder à
Caligula. Mais ce dernier étant déjà marié et
fidèle à sa femme, elle ne put le convaincre de
la choisir.
Cependant, elle ne se décourage pas et va
vers un très riche banquier de Rome. Elle
adopta son fils et offrit une belle fortune à son
épouse. Agrippine, n'étant toujours pas
satisfaite, fit empoisonner son mari et hérita de
plus de 200 millions de sesterces.
À nouveau libre, Agrippine réfléchissait à
qui pouvait bien correspondre à ses critères
d'ambition. C'est alors que le destin lui sourit :
la femme de l'empereur Claude disparut.
L'ambitieuse se fit introduire dans le palais
impérial afin de se retrouver en tête-à-tête
avec lui. Mais peut-être devrais-je vous préciser
que Claude, n'était autre que son oncle ? Et oui,
le pouvoir est une affaire de famille.
CAMÉE, BUSTES D’AGRIPPINE L’AÎNÉE EN CÉRÈS ET AGRIPPINE LA JEUNE
EN APHRODITE OU HÉRA, BNF
Cet homme tomba alors sous le charme
d'Agrippine. À partir de ce moment, elle en fit
ce qu'elle voulut. Elle réussit à écarter du
pouvoir le fils naturel de Claude, Britannicus,
et à faire adopter son propre fils Néron, ainsi
devenu héritier du trône. La voilà devenue plus
proche du trône que jamais.
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Elle empoisonna Claude et devint la
"régente" le temps que son fils devienne un
homme. Elle chérissait cette période de sa vie,
car elle avait enfin accès à ce qu'elle avait
toujours désiré. Toutefois, Néron grandit et
décida d'écarter sa mère, car il la soupçonnait
de vouloir l'empoisonner, lui aussi. Il l'exila
dans une villa, loin de la capitale, loin de lui.
Elle sera mise à mort par son fils quelque
temps plus tard, puisque trop inquiet de
l’ambition de sa mère. Ainsi mourra l’une des
plus fameuses empoisonneuses de l’Histoire.
Voici maintenant l’histoire d’un empoisonné
et
non
d’un
empoisonneur.
Peut-être
connaissez-vous déjà le philosophe Socrate. Il
est fort probable, car sans son illustre mort et
Platon, on aurait oublié qui était ce personnage.
Nous n’allons pas débattre de philosophie ici,
mais plutôt des raisons de sa condamnation à
mort et de la manière dont elle fut appliquée.
Nous sommes alors à la fin des années 400 av
JC en Grèce.
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Socrate a été formé par les sophistes et
Anaxagore et il a participé à la fameuse guerre
du Péloponnèse. Il était très connu pour son
talent d’orateur et commence à dispenser son
savoir à Athènes. Parmi ses élèves, se trouvent
Platon et Xénophon qui, plus tard, nous
transmettrons le savoir de leur illustre
enseignant grâce à divers écrits.
Socrate ne s’implique que peu dans la vie
politique de la cité, ce qui attire sur lui
l’animosité de ses contemporains. On estime
qu’il était pourtant très avenant et avait
confiance l’être humain. Alors, on commence à
dire de lui qu’il distille dans l’esprit des jeunes
Athéniens, des idées qui vont à l’encontre des
dogmes de la cité. De plus, on pense qu’il
profane les divinités par la parole et en
refusant de perpétuer certaines traditions
religieuses. C’est pourquoi, à la suite de ça, on
lui interdit d’enseigner.
Le philosophe sentait que le vent tournait en
sa défaveur, mais il refusa de fuir. Il pensait
qu’affronter ses détracteurs serait bien plus
honorable que de ne pas pouvoir exposer sa
pensée et son jugement. Il décide donc de
rester et d’exposer sa philosophie. Bien
entendu, dans cette épreuve, ses élèves le
soutiennent et continuent de le défendre. Voici
son accusation :
« Mélétos de Lampsaque accuse, sous la foi du
serment, Socrate d’Alopèce, fils de Sophronisque, des
crimes suivants : Socrate est coupable de ne pas
croire aux Dieux reconnus par la Cité et d’en
introduire de nouveaux ; il est également coupable
de corrompre la jeunesse. Pour ces crimes : la mort. »
THÉMISTOCLE BUVANT LE POISON, PAR HENRI-CAMILLE DANGER
Après quelques provocations envers ses
juges, Socrate fut condamné à mort par la
Grande Ciguë. On y ajoutait du Datura et de
l’Opium afin de diminuer la douleur que
pouvait causer ce cocktail mortel. Il but cette
ciguë un mois après sa condamnation. La mort
arriva lentement en commençant par les
jambes puis en atteignant le cœur.
Ainsi disparut l’un des plus grands noms de
la philosophie grecque, à l’âge canonique de
soixante-dix ans.
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CULTURE
Le poison n’est cependant pas réservé aux
futilités humaines. Loin de là. Ils servent le
panthéon gréco-romain depuis toujours. Il est
peu probable que vous connaissiez le premier
dieu que nous allons aborder ensemble. Elle
fait partie de la mythologie grecque, mais on
ne parle que peu de cette divinité.
Achlys est considérée comme une divinité
mineure de la mort. Elle serait celle qui, lors
des batailles, vient couvrir le regard des
hommes avec son voile. Fille de Chaos et de
Nyx, elle est également, et c’est là que ça nous
intéresse, la divinité des Malheurs et des
Poisons. Achlys est une divinité du Tartare où
elle reste prisonnière. Hésiode nous offre une
description de la déesse, pas vraiment flatteuse
:
« À leurs côtés [Clotho, Lachésis et Atropos (les
Moires)] se tenait la Tristesse [Achlys] désolée,
horrible, pâle, desséchée, consumée par la faim,
chancelant sur ses épais genoux. De ses mains
s'allongeaient des ongles démesurés ; une impure
émanation s'échappait de ses narines et le sang
coulait de ses joues sur la terre. Debout, elle grinçait
des dents avec un bruit terrible et ses épaules étaient
couvertes des tourbillons d'une poussière humide de
larmes. »
Cette déesse aime voir souffrir les mortels.
Nous ne savons pas pourquoi, car nous n’avons
que peu d’informations sur cette divinité
mineure. Néanmoins, on sait qu’elle adorait
utiliser le poison comme un outil de torture
afin de pouvoir ensuite donner la mort aux
hommes. Charmant !
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Abordons maintenant une autre figure des
poisons : Médée. Elle est fille du mortel Æétès,
roi de Colchide et d'une des Océanides : Idyie.
Elle est par conséquent la nièce de la très
fameuse Circée.
Comme beaucoup d'histoires tragiques, où
se mêlent l'amour et la trahison, la femme se
retrouve à perpétuer d'irrémédiables actes
infâmes. Celle de Médée commence sur l'île de
Colchide. Un jour, alors qu'un bateau
débarque, elle remarque Jason, un jeune
homme venu conquérir la Toison d'Or.
Toutefois, son père ne le voit pas d'un bon œil
et demande au jeune conquérant de repartir.
C'est alors que Médée décide de l'aider, car elle
était tombée follement amoureuse.
Magicienne et prêtresse d'Hécate, elle
maîtrise l'art des poisons, des mixtures, des
filtres… Elle prépare alors un onguent dont
Jason doit s'enduire le corps afin de résister aux
flammes du dragon. La jeune femme lui offrit
aussi une pierre magique qu'il jeta parmi les
gardes afin qu'ils s'entre-tuent. C'est ici que
l'amour fit faire à Médée des choses
dramatiques et que sa vie bascula dans les
ténèbres.
Pour la remercier, Jason demande à la jeune
magicienne de l'épouser. Alors folle de
bonheur, elle décide de le suivre. Afin d'être
certaine que son père ne pourrait pas s'opposer
à son vœu le plus cher, elle assassina son frère
et le découpa en petits morceaux qu'elle
dispersa derrière elle. Mais hélas, elle ne
s'arrête pas là.
Par amour pour son futur époux, elle
engendre le chaos partout où elle passe. Ainsi,
elle réussit à convaincre les filles de Pelias, que
si elles tuaient leur père et le découpaient pour
ensuite mettre les morceaux dans un
chaudron, elles seraient jeunes et belles pour
l'éternité !
Médée et Jason furent donc chassés et
arrivèrent à Corinthe où naquirent leurs fils.
L'idylle n'était pas faite pour durer, car le mari
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de la prêtresse vit un jour un joli minois du
nom de Créüse passer devant lui. Fille de roi,
elle aussi, elle réussit à s'attacher le père de
famille qui répudia Médée et ses fils.
Femme bafouée et trahie, elle laissa alors
exploser sa colère divine. L'empoisonneuse
répandit sur une tunique un filtre et l'offrit à la
nouvelle épouse de l'amour de sa vie. La
malheureuse, lorsqu'elle l'enfila, se mit à brûler
et le palais s'envola en flammes avec elle. Noncontente de cette vengeance, elle décida de
faire encore bien pire.
Médée commit l'inacceptable. Crime
passionnel ou par folie, je vous en laisserai en
juger. Ici, je me permettrai de vous poser le
décor, fictif, afin de vous plonger dans
l'horreur.
Nous sommes au beau milieu de la nuit. La
voûte céleste est doucement bercée par Séléné,
la Lune. Une femme trahie, blessée, à l'agonie
comme
une
bête
traquée,
s'approche
lentement du tendre visage de ses enfants.
D'une main tendue, elle caresse leurs boucles
en bataille et les regarde dormir dans les bras
de Morphée. La ressemblance avec leur père
est frappante. La blessure du cœur se met à
couler sans pouvoir cesser. C'est alors qu'un
éclat argenté surgit dans cette obscurité et vient
glisser vers les gorges des deux fils de Jason et
Médée.
À la suite de cet acte abominable, elle
s'enfuit pour Athènes, sur un char tiré par des
dragons, où elle prendra un nouvel époux, à
qui elle donnera aussi un fils. Mais rassurezvous, ils vécurent sans que Médée mette fin à
leurs jours. On raconte que bien plus tard, elle
prit l'illustre héros, Achille, pour mari dans les
Champs-Élysée.
Pour maîtriser l'art du poison, il est très
important de connaître les propriétés des
ingrédients que l'on utilise. Je compte faire une
énumération, non exhaustive, de ce que l'on
pouvait trouver dans l'Antiquité pour faire
notre petite tambouille.
MÉDÉE SUR SON CHAR D’OR, GERMÁN HERNÁNDEZ AMORES
Tout d'abord, sachez qu'à cette époque, on
utilise une cinquantaine de poisons différents.
On pouvait distinguer trois groupes : le monde
minéral, le végétal et l'animal.
Du premier, il y avait le gypse, le mercure, la
chaux et l'arsenic. Si vous vouliez offrir en
cadeau une mort douce et paisible, il ne faillait
certainement pas se pencher sur l'arsenic. En
effet, il provoque une corrosion des intestins ce
qui va progressivement et irrémédiablement
les détruire. Je vous laisse imaginer la douleur
atroce ! Pour certains, il existe un remède qui
serait les sucs de mauves avec une décoction de
graine de lin et d'eau de riz.
Dans le monde végétal, nous avons les stars
des poisons, que nous connaissons au moins de
noms. Voici donc venir l'aconit, la ciguë, la
mandragore, le pavot et le colchique. Nicandre,
au IIème siècle av JC écrit sur le pavot :
"Celui qui boit, dit-il, un breuvage dans lequel entre
le suc de pavots tombe dans un sommeil profond. Les
membres se refroidissent ; les yeux deviennent fixes ;
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CULTURE
MARS 2022
une abondante sueur se déclare sur tout le corps.
La face pâlit, les lèvres enflent, les ligaments de la
mâchoire inférieure se relâchent ; les ongles
deviennent livides et les yeux excaves présagent la
mort. Cependant, ne te laisse pas effrayer par cet
aspect ; donne vite au malade une boisson tiède,
composée de vin et de miel, et remue le corps
violemment, afin que le malade vomisse."
On apprend aussi que la ciguë est en fait
un savant mélange du suc de la tige, de la
fleur, de ses graines et de ses feuilles. Les
contemporains de Nicandre avançaient que
le seul remède à cette potion n'était autre
que du vin... Qui a soif ?
Enfin, le monde animal n'est pas en reste.
Nous
pouvons
utiliser
les
chenilles
processionnaires du pin, les sangsues, le miel
d'Héraclée (il est butiné par les abeilles sur
les fleurs d'absinthe et d'aconit, ça doit être la
fiesta dans ces ruches !), le sang de taureau, le
lait caillé (comme quoi, les Bretons n'ont
rien inventé avec le lait ribot) et les
cantharides. Mais que faire avec tous ces
ingrédients ?
Eh bien, avec le sang de taureau par
exemple, vous pouvez le laisser fermenter
durant quelques jours puis le verser dans le
verre de votre voisin. Cette manière
d'empoisonner est l'une des plus courantes
chez les Athéniens ! Si jamais vous avez une
petite hésitation, vous pouvez toujours
utiliser les cantharides. Ce sont des petits
insectes d'un vert-jaune magnifique. Ils
ressemblent un peu (pardon pour les fans de
coléoptères) à des scarabées. Si vous les
écrasez et que vous en faites une petite
poudre, vous pourrez déclencher des
troubles génito-urinaires. Autant vous dire
que ce n'est pas très agréable. Mais ce n'est
pas mortel donc parfait pour punir votre
meilleure amie qui vous a piqué votre toge
préférée !
C'est ici que s'achève notre remontée dans
le temps où le poison régnait en maître chez
les dieux comme chez les mortels. J'espère
vous avoir appris quelques petites choses.
CIRCE INVIDIOSA PAR HOHN WILLIAM WATERHOUSE
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CULTURE
MARS 2022
LA MODE À L'ANTIQUITÉ
Par Diane Snotra
Au tout début de l’humanité, la fonction
du vêtement était avant tout de protéger le
corps
des
intempéries,
des
attaques
d’animaux sauvages ou encore des blessures
de la vie quotidienne nomade.
Avec l’Antiquité, la hiérarchie sociale a fait
son apparition et le vêtement a commencé à
prendre une notion de valeur identitaire. Le
savoir-faire a également évolué et les peaux
de bêtes primitives ont laissé place à des
étoffes plus nobles et travaillées telles que la
laine, le lin, le chanvre ou le coton.
Il y a environ 6 000 ans, dans la ville de
Çatal Höyük, les habitants tissaient la laine
de chèvre et de chameau et les tissus étaient
ensuite décorés à l’aide de cachets d’argile.
En 2900 avant J.-C, les Sumériens
portaient des jupes et des châles à partir de
laine et de lin finement tissés. Plus tard, vers
2700 avant J.-C, les nobles de la ville d’Ur se
couvraient d’une tunique de tissu à longs
poils appelée « kaunakès ».
Quant à l’Égypte, les pharaons et les
nobles s’habillaient de lin très fin et portaient
des perruques sophistiquées ainsi que de
splendides bijoux en or ornés pour la plupart
de lapis-lazuli, de chrysocolle et de
cornaline.
Les fresques égyptiennes nous montrent
d’ailleurs qu’on utilisait déjà des métiers à
tisser rudimentaires il y a environ 5 000 ans.
Quatre piquets enfoncés dans le sol
permettaient de tendre les fils du canevas,
entre lesquels passaient ceux de la trame.
Plus tard, le métier à tisser vertical permit
d’obtenir des trames plus denses et
d’améliorer la qualité du tissu.
En Asie Mineure et le long du bassin
méditerranéen, les peaux firent place à des
vêtements en fibres végétales et en laine,
bien plus pratiques et mieux adaptés au
climat.
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CULTURE
MARS 2022
Le premier procédé utilisé pour obtenir
des tissus appropriés fut probablement le
feutrage : la laine était démêlée, mouillée
puis battue jusqu’à former un textile. L’étape
suivante était le tissage qui a permis
d’exploiter d’autres fibres qui servirent de
vêtements au cours de l’antiquité.
Grâce à ces nouvelles techniques, de
nombreuses civilisations en profitèrent pour
se vêtir, comme les Hittites qui portaient des
vêtements courts, des jupes et des souliers
recourbées vers le haut en plus de leur
casque pointu.
Les Juifs à l’époque d’Abraham
s’habillaient
de
tuniques
en
laine
agrémentées de motifs géométriques et dont
le grand prêtre hébreu revêtait un habit sans
manche appelé « éphod » avec un ornement
carré reposant sur sa poitrine et qui n’était
autre qu’un rappel des douze tribus d’Israël.
Les habitants des terres nordiques, quant
à eux, améliorèrent les techniques de
tannage et de traitement des peaux pour
mieux adapter leurs vêtements au froid
tandis que les Olmèques portaient pour seul
vêtement un pagne appelé « maxtlatl » ainsi
que des coiffes très étudiées qui variaient en
fonction du rang social.
Au cours de l’Antiquité, la couleur pourpre
était une teinte très recherchée, car très
difficile à obtenir. En effet, un demi-kilo de
pourpre nécessitait plus de 50 000
coquillages de murex ! Cette teinture valait
donc très cher, c’est pourquoi les tissus teints
en rouge devinrent symbole de prestige et
de richesse.
Les marchands phéniciens firent ainsi
fortune en exportant des tissus teints en
pourpre dans tout le bassin méditerranéen.
Capturant des murex dans de petits filets, ils
les mettaient à tremper dans du sel pendant
trois jours. Puis, les coquillages étaient
décantés dans des chaudrons où ils
bouillaient durant six jours avant de pouvoir
servir de teinture textile.
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25
CULTURE
La laine par exemple, était plongée cinq
heures dans les chaudrons pour être ensuite
lavée et peignée.
Cette manie du pourpre s’exporta
également chez les Perses dont la garde
royale arborait de longues tuniques amples
retenues par une ceinture, des chaussettes
pourpres et des chaussures jaunes mais aussi
chez les Assyriens sur leurs longues tuniques
richement décorées portées sous un châle à
franges et noué en bandoulière ou encore
chez les Chinois où les personnes de haut
rang portaient de la soie pourpre très fine.
Et vous n’êtes pas sans savoir que les hauts
dignitaires romains avaient l’honneur de
porter des toges pourpres.
Ces derniers avaient pour coutume de
porter deux types de vêtements bien connus
: la tunique dont les premiers modèles
ressemblaient au chiton grec (cette sorte de
longue robe aux bras dégagés et fixée par des
fibules au niveau des épaules) avant que des
manches y soient ajoutées et celle propres
aux citoyens, utilisées depuis le VIᵉ siècle
avant J.-C et dont la forme et les dimensions
ne cessèrent d’évoluer.
MARS 2022
mais ces derniers restèrent toutefois fidèles
aux tons clairs et aux tissus légers.
Les Grecs, de leur côté, portaient le «
péplos » : un ample rectangle de tissu peu
drapé qui se fermait sur les épaules et le long
des bras à l’aide de fibules.
Chez les Celtes, les habits de laine longs
jusqu’aux chevilles, les pantalons et les capes
d’hommes aux motifs géométriques étaient
de rigueur.
Les Parthes et les Scythes aussi portaient
des pantalons. Ceux des Parthes étaient
amples et ceux des Scythes, rentrés dans des
bottes en cuir et des chapeaux à oreillettes.
Sans oublier nos ancêtres les Gaulois qui
portaient les braies sous une tunique coute et
près du corps. D’ailleurs, ce sont les Perses
qui furent les premiers à porter le pantalon
qui fut ensuite adopté par d’autres
civilisations.
Les citoyens ordinaires en portaient une
version courte, appelée « toge virile » tandis
que les fonctionnaires de la cité portaient la «
toge prétexte » bordée d’une bande pourpre
qui retombait à la verticale sur le devant.
Après les victoires militaires, les généraux
revêtaient des « toges pictes » brodées d’or.
Les femmes arboraient une cape de laine
fermée par une fibule : la « palla » et les
jeunes filles portaient une sorte de soutiengorge appelé « strophium » ainsi que des
sandales
dotées
de
lanières
qui
enveloppaient le pied et la cheville que l’on
appelait « caligœ ». La semelle était renforcée
avec plusieurs couches de cuir maintenues
par des clous spéciaux.
La mode romaine influença les vêtements
des derniers rois d’Égypte, les Ptolémées
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CULTURE
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En Asie, l’art de tisser la soie apparu en
Chine, environ 2 000 ans avant J.-C.
Certaines découvertes suggèrent même des
productions plus anciennes. Très appréciée
pour sa douceur et sa résistance, ce tissu était
destiné aux personnes de rang élevé.
Les techniques d’élevage du ver à soie et
du tissage restèrent secrètes très longtemps :
les larves des vers à soie étaient élevées sur
des châssis où elles étaient nourries de
feuilles de mûrier.
Dès que l’animal s’enfermait dans son cocon,
il était plongé dans l’eau chaude afin de le
dévider. Le filament servant à produire le fil
était alors enroulé sur des bobines pour être
tissé. La soie obtenue était ensuite teinte et
battue pour adoucir sa texture.
La plus belle soie s’obtenait en
entrecroisant six ou sept fils, qui étaient
travaillés au métier à tisser pour réaliser des
étoffes aux tons unis ou enrichies de motifs
ornementaux colorés.
Bien entendu, l’empereur chinois Qin Shi
Huangdi portait des robes en soie précieuse
et sa coiffe à rideau de franges dite « mianliu
» témoigne de son rang impérial.
Au Moyen-Orient, les étoffes servant à
confectionner les habits étaient de grande
qualité, notamment grâce à une fabrication
locale florissante et au réseau très dense
d’échanges commerciaux avec l’Inde, la
Chine et l’Afrique.
Les Byzantins arboraient le tablion qui
était un double rectangle de tissu
ornemental porté sur une cape retenue à
l’épaule par un fermoir.
Du côté des Mayas, le vêtement masculin se
résumait à une écharpe de coton nouée à la
ceinture, celui des femmes à une robe
informe, ample et ouverte sur les côtés.
SUR CETTE STATUE, LA DÉESSE ATHÉNA PORTE UN HIMATION SUR SON
PLEPLOS
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PLANTES
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LE LAURIER NOBLE
Originaire du bassin méditerranéen, le laurier est une des plantes les plus
illustres et symboliques de l'Antiquité. Allons à la découverte ou re-découverte de
cette plante qui peut nous sembler si commune, mais qui recèle de magie…
Par Astarthea
Laurus nobilis est l'un des symboles les plus
prestigieux du dieu grec Apollon. Divinité des
arts, de la musique, du chant, de la poésie, de la
beauté masculine et de la lumière, il est aussi le
dieu de la purification et de la guérison.
C'est lors de sa victoire contre le serpent
Python,
vivant
dans
une
grotte
sur
l'emplacement actuel du sanctuaire de
Delphes, que le dieu s'éleva dans la vallée de
Tempé. Couvert de feuilles de laurier et
couronné de ses rameaux, il pénétra en
vainqueur dans Delphes, où les habitants de la
région, terrorisés par le monstre, l'attendaient.
Dès lors, le laurier devint le symbole de la
victoire, de l'immortalité acquise par celle-ci,
de la sagesse, de l'héroïsme et du respect. Il sera
depuis utilisé pour orner les têtes des héros,
des hommes victorieux, des sages, des génies et
des poètes.
BRANCHE DE LAURIER, WILLIAM BOUGUEREAU
Même de nos jours, laurier et distinctions ne
font qu’un car le laurier est présent sur les
diplômes du brevet des collèges et du
baccalauréat ainsi que sur la médaille de la
légion d’honneur. Le mot “baccalauréat” vient
d’ailleurs du latin bacca « baie, olive, arbre à
baies » et laureatus « couvert de laurier », « orné
de laurier », « couronné de laurier » d’où «
triomphant ».
Lauréat a une origine identique : c'était la
couronne
qui,
jusqu'à
la
Renaissance,
récompensait les poètes, les artistes et les
savants qui s'étaient hautement distingués.
NYMBATHE JOURNAL
PLANTES
MARS 2022
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Pausanias, géographe et grand voyageur qui
a parcouru la Grèce à l'apogée de Rome, relate
qu'à Delphes, sanctuaire du dieu Apollon, situé
au pied du mont Parnasse en Phocide, le plus
ancien des temples consacré à Apollon était
bâti en branches de laurier.
Le laurier nécessaire à la construction de ce
temple proviendrait de la vallée de Tempé, en
Thessalie. Il était d'ailleurs d'usage de rendre
honneur au dieu victorieux tous les neuf ans,
en réalisant une procession partant de Delphes.
On venait alors jusqu'à Tempé pour cueillir le
laurier, plante sacrée, avant qu'il serve à
couronner les vainqueurs des Jeux Pythiques.
Considéré comme le plus bel arbre du
Parnasse, ce n'est pas pour rien que le laurier
en reste le préféré d'Apollon. Ovide raconte
dans ses Métamorphoses l'histoire de la nymphe
Daphné.
Daphné, nymphe à la beauté incroyable, est la
fille de Pénée -dieu du fleuve de Thessalie- et
de Gaïa (ou de la naïade Créuse, selon les
sources).
Apollon, fou d'amour et de désir pour la
nymphe, ne cessait de pourchasser la belle,
toujours fuyante. Le mythe raconte qu'Éros
aurait touché Apollon d'une flèche d'or et
Daphné d'une flèche de plomb : la belle ne
ressentait que répulsion à l'amour alors
qu'Apollon brûlait de désir pour la nymphe.
Tandis qu'Apollon, poursuivant Daphné
jusqu'à l'épuisement, était sur le point de
d'attraper la belle, elle supplia son père de lui
venir en aide. Daphné se métamorphosa alors :
“ Une lourde torpeur saisit ses membres,
sa poitrine délicate s'entoure d'une écorce
ténue, ses cheveux deviennent feuillage, ses
bras des branches, des racines immobiles
collent au sol, son pied, naguère si agile, une
cime d'arbre lui sert de tête ;
ne subsiste que son seul éclat ".
APOLLON & DAPHNÉ, JOHN WILLIAM WATERHOUSE
Daphné échappe physiquement aux ardeurs
du dieu. Néanmoins, celui-ci, entendant le
cœur de la nymphe battre à travers l'écorce,
embrasse l'arbre. Apollon lui fait alors une
promesse :
“ Puisque du ciel la volonté jalouse
Ne permet pas que tu sois mon épouse,
Sois mon arbre du moins : que ton feuillage
heureux
Enlace mon carquois, mon arc et mes cheveux !
Aux murs du Capitole, à ces brillantes fêtes,
Où Rome étalera ses nombreuses conquêtes,
Tu seras des vainqueurs l'ornement et le prix.
Tes rameaux respectés des foudres ennemis
Du palais des Césars protégeront l'entrée ;
Et comme de mon front la jeunesse sacrée
N'éprouvera jamais les injures du temps,
Que ta feuille conserve un éternel printemps"
La nymphe, dont le nom signifie laurier du
grec Δάφνη / Dáphnê, capitule et accède
finalement aux désirs d'Apollon, pliant ses
branches et sa cime en signe d’acceptation.
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PLANTES
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D'après Pline, dans Histoire naturelle - Livre
XV, le laurier est considéré comme pacifique et
épargné par la foudre.
Il est par ailleurs interdit de couper le laurier
pour un usage profane. On peut aisément faire
le lien entre la nature de Daphné ainsi que de
l'affection que porte Apollon à l'arbre, le
protégeant de fait de tout danger.
L'arbre apollinien possède également une
forte symbolique divinatoire. La Pythie, aussi
appelée Pythonisse, était l'oracle du temple
d'Apollon à Delphes. Son nom est sans
équivoque lié au légendaire serpent vaincu par
Apollon, Python, et au nom archaïque de
Delphes, Pytho.
La Pythie rendait à l'origine ses oracles une
seule fois par an, au septième mois de Bysios
(février-mars), jour célébré comme étant
l'anniversaire de la naissance d'Apollon. Par la
suite les consultations devinrent mensuelles, à
l’exception des trois mois d’hiver pendant
lesquels
Apollon
séjournait
chez
les
Hyperboréens et laissait le sanctuaire sous
l’autorité de Dionysos.
La Pythie est connue pour se tenir sur un
trépied sacrificiel, où mâchant des feuilles de
laurier en tenant un rameau à la main, elle
déclamait ses oracles. La transe de la
prophétesse était due à la possession par le
dieu
Apollon,
rendant
ses
oracles
incompréhensibles par le profane. Ils devaient
être interprétés par les exégètes, des prêtres
présents lors de la cérémonie, qui rendaient
l'oracle final sous forme de réponse écrite.
D'ailleurs, ceux pour qui l'oracle de la Pythie
était annonciateur d'un destin victorieux,
repartaient avec une couronne de laurier.
L'utilisation du laurier n'était pas réservée
qu'à la Pythie ou aux sybilles, prêtresses
d'Apollon. Lors de la célébration des mystères
d'Éleusis et des cultes liés à Dionysos, la
manducation du laurier était également
d'usage. Par exemple, les Ménades ritualisaient
lors de cérémonies dionysiaques en mastiquant
des feuilles de laurier, dans la vallée de Tempé,
en Thessalie.
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PLANTES
MARS 2022
Le laurier conservera cette symbolique
prophétique, puisque devins et magiciens
continuent d'utiliser la feuille de laurier pour la
clairvoyance, la divination et les rêves
prémonitoires.
On utilise le laurier infusé avec ou sans ses
baies, ou bien en fumigation lorsqu'on souhaite
utiliser la plante de façon prophétique.
Plusieurs traditions méditerranéennes, tant
bien
européennes
qu'arabes,
viennent
confirmer l'usage du laurier en vue d'obtenir
des visions ou de vivre des voyages extracorporels.
Laurus nobilis est aussi un fort symbole de
protection, de purification et de guérison. À
l'Antiquité, vivre à côté d’une forêt de lauriers
était synonyme de bonne santé. Les médecins
grecs recommandaient son utilisation pour se
protéger de la maladie.
Les prêtresses du culte d'Asclépios -fils
d'Apollon et dieu de la médecine- mâchaient
ou brûlaient, puis inhalaient la fumée du
laurier afin de prophétiser. Ces prophéties
étaient d'ailleurs très différentes de celles de la
Pythie et ne concernaient que la sphère
médicale.
Dans la Rome antique, une branche de
l'arbuste était souvent fixée aux portes des
personnes souffrantes. Au temps de la peste
noire, ces rameaux étaient brûlés dans l'âtre
des cheminées pour garantir des miasmes
contagieux et utilisés dans les célèbres masques
des médecins de la peste.
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XXXXXX
D'après Scott Cunningham dans
l'Encyclopédie des herbes magiques, "brûlé,
éparpillé, ou répandu en décoction, son
feuillage aromatique sert à purifier les autels et
les lieux de culte depuis l'Antiquité la plus
reculée. C'est avec des rameaux de Laurier que
l'on brasse les bains qui vont servir aux
ablutions rituelles".
On retrouvera bon nombre de superstitions
populaires au long de l'histoire en Europe,
imprégnées par le christianisme, qui vont
reprendre les croyances antiques et païennes
de divination, protection, purification et
guérison du laurier.
Il y a aussi une corrélation entre le laurier et
Hermès/Mercure. En effet, chaque 15 mai à
Rome, la fête des marchands avait lieu, durant
laquelle les commerçants et marchands
bénissaient toutes leurs marchandises grâce au
pouvoir du laurier. Ils se rendaient à une
fontaine commune pour y puiser de l’eau ;
dans cette eau, ils plongeaient une branche de
laurier, et avec cette branche, ils bénissaient
toute leur marchandise.
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Vertus Magiques
En magie, le laurier est associé au Masculin,
au Soleil et à l'élément Feu. Les divinités
correspondantes sont Apollon, AsclépiosEsculape, Déméter-Cérès. On retrouvera
néanmoins Dionysos, les muses, les déesses
Libertas et Salus -déesse de la Liberté et déesse
du bien-être social, mais aussi Hercule et autres
héros portant la couronne de laurier.
Le laurier peut aussi être porté comme une
amulette pour éloigner la négativité et le mal.
On le retrouve brûlé ou répandu lors des
rituels d'exorcisme.
Dans les rituels, il pourra être utilisé comme
purificateur, protecteur, dans les sortilèges de
guérison, mais aussi pour le succès, la force et
la puissance virile.
Placé dans les embrasures de fenêtres, il
protégera de la foudre et sera suspendu pour
empêcher les revenants de faire des tours
pendables dans la maison.
Initialement, le laurier était une essence qui
couvrait la plus grande part du bassin
méditerranéen qui possédait par les temps
anciens un climat plus humide et doux que de
nos jours. Le laurier formait alors de grandes
forêts.
Ses feuilles persistantes sont de formes
lancéolées à bord ondulé. Elles sont plutôt
épaisses et se déchirent avec difficulté, d'un
vert foncé sur la face supérieure et d'un vert
plus tendre sur la face inférieure.
Au printemps apparaissent des
inflorescences blanchâtres-ivoire, regroupées
en quatre à cinq petites ombelles. Leur fruit,
noir et amer, ne contient qu'une seule graine,
mesurant de dix à quinze millimètres.
Cette graine ne sera mature qu'à partir du
milieu
de
l'automne,
nécessitant
plus
d'humidité et des températures plus fraîches
pour prendre.
Laurus nobilis est un arbuste dioïque allant de
quinze à vingt mètres de haut, de la famille des
Lauracées.
Sa tige est droite, grise dans sa partie basse
pour s'éclaircir sur le vert dans la hauteur. Les
sols frais ont la faveur de cette essence.
Selon Pline, le laurier proteste contre le feu
par un pétillement manifeste, et par une sorte
d’aversion.
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PLANTES
MARS 2022
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Il faut différencier le Laurier noble des
autres
plantes
communément
appelées
"laurier", dont il est le seul à faire partie des
Lauracées. Le Laurier rose (Nerium oleander) de
la famille des Apocynacées, qui est une
magnifique plante aux fleurs roses, souvent
utilisée en ornementation.
Prudence toutefois, car il s'agit d'une essence
extrêmement toxique !
Il y a également le Laurier cerise ou amande
(Prunus laurocerasus) de la famille des Rosacées
ainsi que le Laurier du Portugal de la même
famille puis le Laurier tin (Vilburnum tinus) une
Caprifoliacée, le laurier d’Alexandrie (Danae
racemosa), le laurier de Madère (Laurus azorica),
les lauriers indiens (Codiaeum variegatum,
Syzygium polyanthum), etc.
L'un des autres noms de cette essence est
Laurier sauce : pour cause, c'est un aromate
très populaire dans nos cuisines. Il compose le
bouquet garni que nous ajoutons aux bouillons,
potages et aux sauces.
Le laurier est source de vitamine C, bêtacarotène,
d’antioxydants,
de
potassium,
magnésium et de phosphore, bien qu'en raison
de sa faible quantité dans nos plats, nous ne
bénéficions de ses bienfaits que de façon
minime.
Le laurier possède une odeur et un goût
formidable. Il est souvent séché avant d'infuser
dans nos préparations son goût aromatique,
alors qu'en Inde il est utilisé frais pour
parfumer le ghee, le beurre clarifié. Les baies
peuvent être utilisées comme la noix de
muscade, mais en les râpant avec parcimonie
afin d'éviter trop d'amertume.
Le laurier peut également se déguster en
infusion ou dans un café, afin de profiter de ses
bienfaits médicinaux ou magiques, mais peut
également être croqué en début de repas pour
couper l’appétit. Vous pouvez infuser aussi une
feuille dans de l'huile d'olive, qui donnera à vos
vinaigrettes ou cuissons un goût subtil.
Il reste néanmoins très efficace sur le plan
phytothérapique, où il est utilisé pour ses
feuilles, baies et fleurs.
Les baies, ressemblent à des olives, possèdent
un goût âcre alors que les feuilles ont une
saveur amère et aromatique.
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PLANTES
MARS 2022
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On utilise les feuilles et les baies en infusion,
décoction, poudres et bain de feuilles. Il est
aussi possible de réaliser des macérats huileux
de feuilles fraîches et d'utiliser les baies dans
des onguents.
L'huile essentielle de laurier est un must-have à
avoir, si vous appréciez l'aromathérapie.
Attention néanmoins, elle nécessite d'être
utilisée avec précautions.
La récolte des feuilles de laurier peut se faire
en toute saison, mais la meilleure période pour
réaliser les cueillettes est en été. Ses baies
néanmoins ne pourront qu'être cueillies une
fois
maturité
complète,
vers
octobrenovembre.
Laurus nobilis est reconnu pour ses qualités
anti-fongiques, antibactériennes, antivirales,
antalgiques et anti-inflammatoires.
Il possède des propriétés sédatives et
rééquilibrantes du système nerveux, luttant
contre l'anxiété et l'angoisse. Il peut aussi, à
forte
dose,
posséder
des
propriétés
narcotiques. À l'inverse, le laurier noble peut
également lutter contre l'adynamie et devenir
stimulant et tonique.
C'est une plante très efficace dans le cadre
d'affections virales, respiratoires et troubles
ORL, d'infections buccales et cutanées.
Il permet aussi de réguler la glycémie, le
cholestérol et les triglycérides.
Le laurier peut aussi apaiser les troubles de la
sphère gynécologique comme les règles
douloureuses ou l'aménorrhée, et de façon
olfactive apaiser lors des accouchements.
Il permet aussi d'activer Viśuddha, le chakra de
la gorge.
Le Laurier est de plus utilisé en cosmétique
depuis l'Antiquité, notamment dans le savon
d'Alep. Savon originaire de Mésopotamie, il se
compose d'huile d'olive et d'huile de laurier. Ce
savon possède une odeur caractéristique, d'une
couleur terreuse et d'aspect rugueux alors
qu'en son cœur, il est plus tendre. Il est utilisé
pour laver les textiles, les sols, mais il est
surtout excellent pour notre peau.
Ce savon pur et surgras fait des miracles sur les
peaux sensibles et réactives, atopiques, grasses
et sujettes aux imperfections. Il convient biensûr également aux autres types de peau, et peut
servir pour le visage, le corps, les mains ou
encore les cheveux.
Il est aussi possible d'utiliser de l'hydrolat de
laurier, resserrant les pores, prévenant la chute
de cheveux, purifiant et régulant les peaux
mixtes et grasses. C'est un excellent bain de
bouche,
antiseptique
et
rafraîchissant.
L'hydrolat peut aussi être ingéré, délicieux
dans la cuisine, ou pour apaiser l'inconfort
digestif.
L'huile végétale de laurier est aussi une alliée
pour le bien-être animal, où elle est utilisée
depuis l'Antiquité pour son action répulsive
contre les parasites et insectes (mouches,
moustiques, puces). Elle est idéale pour le soin
au naturel des animaux à cornes et à sabots.
Voilà bon nombre de raisons, sacrées comme
profanes, d’utiliser le Laurier d’Apollon
comme un allié dans nos quotidiens.
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NATURE
MARS 2022
APOLLON ET ARTÉMIS,
LES JUMEAUX DE L'INACCESSIBLE
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Par Asteria Mageia
LA MORT D'ACTEON, TITIEN
Comme la nature, les dieux de la Grèce
appartiennent à l'ordre du monumental. Il y a
dans leurs cultes une expérience de la
contemplation avant tout.
On dit que l’homme grec pénètre la nature,
celle qui se trouve en lui-même et au dehors.
Pour lui, le magique et le naturel ne font qu'un.
Je citerai le vœu de Faust qui représente cet
esprit :
La nature est donc la première image du
divin, mythologie sans voix, d'où tout émerge.
Pour le Grec, le divin se manifeste dans les
rayons brûlants du soleil et la clarté tricheuse
de la lune : jumeaux mythiques et voyageurs se
tournant autour pour se croiser quelques
heures.
“Que ne puis-je éloigner la magie de mon sentier,
désapprendre les incantations ! Je me tiendrais
nature ! En homme seul devant toi, cela vaudrait
alors la peine d'être un humain.”
Dans de nombreux mythes, le jumeau
solaire est considéré comme éternel, sage. Son
comportement est plus correct, car il respecte
les normes qu'il a lui-même créées. Il est
mesuré, il est apollinien !
Pour le peuple grec, l'individu se trouvant
lui-même, trouve son monde et parvient à son
accomplissement. Pour les anciens, plus
préoccupés par l'avenir et la pérennité de
l'espèce qu'aujourd'hui, la nature doit être
respectée.
Le jumeau lunaire, lui, évolue dans un cycle
de mort-vie perpétuel.
Différent à chaque résurrection, il enfreint les
tabous, donne, retire, triche, n’a de lois que
celles de l'instant qu’il enfreint aussitôt.
Les règles sont établies jusque dans les
moindres détails entre les rapports hommenature, Cela n'étant possible que dans une
société de la polis (communauté de citoyens
libres et autonomes œuvrant ensemble pour le
bien collectif), où le bien-être de tous est audessus des intérêts individuels.
À travers les mythes et les rites, la
transmission se fait par la morale ; celle de la
nécessité de sauvegarder l'équilibre de la
société des hommes et de la nature des dieux.
Levons la tête un instant vers ce soleil
éblouissant que l’on ose regarder trop
longtemps.
C’est Apollon ! Le dieu aux manifestations
grandioses ! Sa divinité s'exprime lumineuse et
pénétrante.
À lui revient la supériorité de la
connaissance, celle qui crée par l'esprit.
Apollon, entre l’arc et la lyre, vise loin et juste.
Sa majesté rayonne de son visage, l'autorité de
ses yeux, la supériorité de ses lèvres.
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NATURE
MARS 2022
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Ses flèches invisibles portent la douce mort,
l’assoupissement merveilleux. Loin d'être
chtonien, il rappelle juste à l'homme l’hybris de
vouloir être l'égal des dieux. Il nous demande
de reconnaître nos limites et de ne pas oublier
que la terre sera un jour notre linceul.
Il rejette la proximité excessive, l'ivresse
mystique. Il ne convoite pas l'âme, mais
l'esprit; noble distance et élargissement du
regard.
Apollon est le plus grec de tous les dieux, car
l'esprit apollinien surmonte et combat la
démesure.
De Delphes, il part avec l’hiver, pour revenir
au printemps florissant avec ses oracles, alors
ses prêtres chantent les voyelles qui guérissent.
Dieu salutaire, il use de son pouvoir dans la
grandeur spirituelle. Purifiant le coupable de la
souillure qui fait son malheur, libérant
l'homme de toute culpabilité physique et
morale. Il conseille les infortunés et fournit un
idéal de tenue.
Il enseigne que la couronne de vie que l'on
peut gagner c’est le souvenir de ses vertus,
l’esprit de ses perfections et de ses œuvres, le
voici donc patron des arts et des sciences.
Ainsi il désigne Socrate comme le plus sage
des hommes.
Socrate prend alors pour destin de sacrifier sa
vie à la recherche de la connaissance, de
l’épreuve de lui-même et des autres.
Ce dieu qui mène à la compréhension est de
fait l’instaurateur des lois. Son savoir secret
découle de l'élévation de l’esprit tout comme sa
musique qui met en émoi la nature toute
entière.
Pour
les
lumineux,
c'est
un
ravissement, mais pour les monstrueux un son
crispant. Oh ! Comme il faut être mesuré pour
percevoir Apollon !
APOLLON, FRESQUE ANTIQUE DU IER SIÈCLE, POMPÉI
NYMBATHE JOURNAL
NATURE
Il est ainsi tout à la fois : musicien,
purificateur, ordonnateur de règles, connaisseur
du juste et de l’avenir.
Grâce aux accents de sa lyre, il maintient
l’univers en harmonie, son médiator n'est autre
que la lumière du soleil.
Nous voici arrivés au crépuscule, l'heure est à la
rencontre des luminaires, seuil de tous les
possibles.
L’apparition des jumeaux dans la poésie ou
les arts atteste qu'ils sont les plus sublimes des
dieux.
À part grâce à leur pureté et leur sainteté.
Vénérés sous les noms de phoibos et hagnos,
pur et sain, ces deux ont quelque chose de secret
qui tient à distance.
Oeuvrant de concert dans une éternelle
complémentarité, Artémis désigne les lieux où
l'homme doit bâtir et Apollon les lois qu'ils
devront y rédiger.
À elle les gynécées, à lui les champs de
bataille.
MARS 2022
39
Et voilà que l'éblouissant laisse entière place
à la pureté de la nuit et à sa jumelle lunaire.
Dans cet univers féminin où le miroir est la
nature virginale.
Non la grande-mère sacrée qui enfante,
nourrit et reprend en son sein, mais la jeune
fille sauvage et inaccessible, pleine de
splendeur et de sauvagerie, de dédain et de
cruauté autant que d’innocence et de soucis de
ses habitants.
Dans cette vie grouillante d'agitation où tout
est apparenté, c'est l’esprit divin de la nature
pure qui s’exprime. C’est celle qui nous mène à
l'extase sans pouvoir aimer elle-même !
C’est la chasseresse qui cajole l’ourson et
défie les cerfs à la course, c'est Artémis ! Elle est
hagnos celle qui symbolise les éléments intacts
de la nature, souveraine des montagnes rudes,
prêtresse des sources, la très belle que l'on
honore en dansant. Liée à tout ce qui vit, elle
materne les animaux tout en leur donnant la
chasse.
À Apollon, la liberté spirituelle où la pureté
est acquise en se libérant des entraves de la
démesure et des excès.
La masculinité stable, tel le soleil dans son
attractif éclat aveuglant. Donneur de vie, force
gravitationnelle attirant la terre et maintenant
l’axe du kosmos.
À Artémis, les idéaux de l’existence physique
où la pureté réside dans le virginal. La féminité
transfigurée, telle la lune dans sa mobilité et
dans son étrangeté qui attire d'autant plus
violemment l’homme qu'il en est exclu avec
dédain.
Archers frappant au loin sans être vus et
astres lumineux qui règlent la vie sur terre. II est
le soleil, unique source de chaleur, dieu de
l’esprit.
Elle est la lune, seule lumière dans la nuit, déesse
de la matière.
APOLLO ET ARTEMIS PAR GAVIN HAMILTON, 1770
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NATURE
MARS 2022
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Elle est Artémis phosphoros, la porteuse de
lumière, une torche dans chaque main, elle
conduit sur les chemins lointains avec son
cortège d'esprits errants.
Déesse lune, on raconte les histoires de
démence qu'elle suscite et que prise de
miséricorde elle guérit.
Timide adolescente fuyante, faite du charme le
plus suave et de la dureté du diamant. Elle
condamne d’un sourire avec une sauvagerie
qui touche à l'effroyable, là sont les traits de la
nature libre à laquelle Artémis appartient.
Elle est créatrice et destructrice, les animaux
dont les sabots sont séparés tels deux croissants
de lune, lui sont consacrés et sacrifiés.
Ses prêtresses ont neuf ans, 3 fois 3 morts
lunaires. Elles s'enduisent le visage d'argile
pour Artémis alpheia, la blanche, obtenant
ainsi l'apparence de l’astre rond.
Artémis agit du fond de la nature dans le
secret du gynécée, main gauche qui punit et
droite qui bénit.
Elle provoque douleurs menstruelles et fièvre
puerperale, pourtant, c'est bien elle qu’on
invoque lors du passage à l’état de femme et
dans la douleur de l’accouchement. Déesse de
la délivrance, elle est locheia.
FRESQUE DE DIANE, VILLA ADRIADNE À POMPÉI,
IER SIÈCLE APRÈS J.C
Protectrice, elle se fait kourotrophos, celle qui
nourrit les enfants.
Comme son frère, elle veille à la croissance, au
passage à l'âge adulte, et à la décroissance. Tour
à tour, Artémis dans les vertes forêts, Séléné
brillante au firmament, Hécate ou Perséphone,
enfin aux enfers.
Elle est gardienne des espaces chastes jamais
pénétrés,
reine
inconstante
de
l’exil,
magicienne sauvage.
Pour aller plus loin
Les œuvres d'Homère
Oedipe à Colonne, Sophocle
Le sexe des astres, Levi-Strauss
Les grandes figures religieuses, Silvia m.s de Carvalho
Cette solitude de la nature a pour l'homme
un attrait infiniment touchant, où malgré
toutes les mises en œuvre pour la rendre
familière et utilisable, le secret ne se révèle
jamais complètement. Elle se dérobe à lui, se
retrouve partout où il n'est pas.
Il peut la détruire, mais jamais vraiment la
comprendre.
NYMBATHE JOURNAL
INTERVIEW
MARS 2022
42
Avec KALA Beauté, ça a été le coup de foudre : esthétisme, inspiration, naturel et éthique,
tout y était pour me séduire. La démarche au cœur de la marque représente pour moi tout
ce que devrait être la cosmétologie. Plusieurs des produits de la gamme font partie de ma
routine (beauté externe comme interne) depuis quelque temps déjà. Il était impensable
pour moi de ne pas consacrer à KALA Beauté quelques pages pour ce numéro.
Par Astarthea
Astarthea : Bonjour à toutes les deux ! C’est un
plaisir d’accueillir KALA Beauté pour ce
numéro consacré à l’Antiquité. Afin de vous
présenter à nos lecteurs, dites-nous, qui se
cache derrière KALA Beauté ? Quel est votre
rôle au sein de l’entreprise ?
KALA Beauté : Tout d’abord, merci infiniment
de nous avoir conviées dans ce numéro, tu
connais notre amour pour l’antiquité.
Derrière KALA, il y a deux petits gémeaux
aux caractères bien trempés (Margot & Emma).
Sans revenir en détail sur nos parcours
respectifs, ce qu'il faut savoir, c'est qu'on ne
s'ennuie jamais. Nous sommes des passionnées,
on voit le monde avec des cœurs d'enfants
joyeux.
On invente et fabrique comme des savants
fous. On étudie et fouille comme les plus
curieux des archéologues. Puis, on travaille
comme des abeilles, non-stop, depuis bientôt 3
ans. Nous avons conscience que le monde qui
nous entoure n'est pas que beau… Mais nous
avons décidé de le nourrir d'amour à notre
façon.
Nous allons t’épargner la totalité des tâches
que nous exécutons, ça serait trop long... Tout
faire de façon indépendante et ne rien soustraiter implique une charge de travail
considérable, mais c’est le prix à payer pour
mettre au monde un projet de sens.
De façon générale, Margot est très structurée et
permet à KALA d'avoir de grandes lignes
directives, elle s'occupe de tout ce qui est
finance, administratif, stratégie business, le
développement produits...
EMMA ET MARGOT, CRÉATRICES DE KALA BEAUTÉ
Emma est plus sur l'univers et l'image de la
marque, le community management, le story
telling, la manutention, les préparations
commandes, les relations presse... Quoi qu'il
arrive, nous discutons de tout à deux et il y a
plein de tâches sur lesquelles nous devons être
ensemble.
Pour faire très bref, nous proposons des
produits de beauté DIY avec les matières
premières conditionnées dans des ampoules.
(tu peux retrouver une vidéo sur notre page
Instagram où nous utilisons notre machine à
ampoule). Ainsi que des cures, tisanes, bains
aux plantes médicinales.
NYMBATHE JOURNAL
INTERVIEW
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MARS 2022
A : KALA évoque la notion de “ beauté
créatrice”. Pouvez-vous développer celle-ci ?
KB : On ne répétera jamais assez à quel point il
est important de faire les choses en conscience.
Nous avons tendance à fonctionner comme
des automates, habitués à réaliser les tâches
quotidiennes rapidement sans y prêter la
moindre attention.
KALA est une invitation à ouvrir des espaces
pour soi. C'est prendre quelques minutes pour
se reconnecter à l'instant présent. Il y a là un
processus nouveau; prendre soin de sa beauté
n'est plus seulement appliquer un produit.
LE COFFRET HERA
A : Comment vous est venue cette idée de
proposer une marque de produits de beauté
inspirée par la mythologie grecque ?
KB : Tu l’as remarqué, il y a un attrait
grandissant pour les méthodes de soins
traditionnels, un réel besoin de retour à la
simplicité, à la source.
Bien que l’Ayurvéda ou la médecine chinoise
par exemple soient absolument passionnants,
nous nous sommes demandé où étaient nos
traditions de soins ? Pourquoi sont-elles si peu
présentes? Qui a écrit à ce propos? Quels sont
les méthodes qui étaient utilisées?
D'abord on le fabrique de ses mains. On sait
que les matières premières proviennent du
territoire français et ont été cultivées avec soin
par des amoureux de la Terre. En les utilisant,
on contribue à l'économie en circuit-court et
on offre un débouché aux petits producteurs
laissés à l'abandon par le capitalisme.
Puis, en appliquant le produit, on pose une
intention. La pensée influence directement la
matière. Au lieu de souhaiter corriger
miraculeusement ces différences qui nous
rendent si uniques, KALA propose de
s'accepter tel que l'on est. La beauté est propre
à chacun, pourquoi la définir selon des codes?
C’est à travers nos recherches
bibliographiques
autour
du
bassin
méditerannéen (où nous habitons) et notre
exploration spirituelle que petit à petit la
mythologie grecque s’est présentée à nous. En
étudiant
les
contemporains
Galien,
Théophraste ou encore Dioscoride nous avons
découvert une mine d’or.
Au-delà des produits de bien-être traditionnels,
nous avions envie de créer un univers plein de
magie et de légendes…
CRÈME DE JOUR
NYMBATHE JOURNAL
INTERVIEW
MARS 2022
Nous avons ritualisé nos soins en nous
inspirant des méthodes des civilisations
antiques méditerranéennes. A l'époque, les
rituels de beauté s'accompagnaient toujours
d'incantations. Les anciens croyaient au
pouvoir de dialoguer avec leur propre corps.
A : Qu’est-ce que la KOSMOTIQUE ?
Avoir conscience que la beauté va au-delà de
l'apparence physique. Et voir qu'en décidant de
prendre soin de soi avec des produits naturels,
notre beauté contribue à prendre soin des
autres et de la Terre. Elle devient créatrice.
Il est toujours très intéressant de revenir à
l'étymologie des mots afin d’en comprendre
leur essence. Cosmétique vient du grec ancien
« kosmos » qui signifie « ce qui ordonne le
monde ».
C’est l’harmonie de l’Univers dans toute sa
splendeur. L’équilibre des êtres et de la nature.
La résonance des astres les uns avec les autres.
Le grand tout unifié en mouvement.
Cette beauté créatrice, nous avons eu envie
de savoir ce qu’elle animait chez les personnes
de notre communauté, c’est pourquoi nous
leur avons demandé d’écrire à ce propos… OH
MERVEILLES! Tu as d’ailleurs toi aussi
participé à ce projet d’écriture collective! Nous
continuons à publier les textes que nous
recevons, ils nous inspirent et insufflent un peu
de lumière dans ce monde.
(Si les lecteurs de Nymbathe souhaitent
participer, c’est avec plaisir qu’ils peuvent nous
envoyer leur inspiration à propos des mots
“Beauté Créatrice” à contact@kalabeaute.com)
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KB : Nous ne nous retrouvions pas dans le mot
cosmétique. Ce que nous faisons est différent,
nous avons donc décidé de nommer notre
concept d’une autre façon.
Au fil de l'Histoire, « kosmos » est assimilé à «
la parure, l’ornement ». Plus tard, le mot perd
de son sens car les Latins le traduisent par «
cosmetes » qui signifie « l'esclave chargé de
soigner la parure de son maître ».
Puis, arrive « cosmétique » au sens que nous
connaissons ; « qui prend soin de l’apparence ».
La traduction latine nous est encore très
proche; nous devons prendre soin de notre
enveloppe, l'embellir, la modeler afin de
répondre aux préceptes de la société. En ce
sens, l'esprit est esclave, le corps est le maître...
L’ère est au changement, cet accord tacite n'a
plus lieu d'être.
La cosmétique ne prend soin que de
l’extérieur. KALA vient réunifier le corps et
l'esprit en créant la KOSMOTIQUE.
C’est le retour à l’équilibre de la beauté telle
qu’elle a toujours été, loin des définitions
dénaturées qu’on lui octroie. Cette beauté
immuable et en même temps propre à chacun.
L'HUILE FLORALE
Nous sommes Créatrices d'essentiels, les
produits viennent directement de la Terre et
ne prétendent pas miraculeusement changer
votre apparence.
Utiliser la KOSMOTIQUE c’est s’engager vers
une beauté plus saine, car elle prend soin de
l’Esprit, du Corps et de la Terre.
Les traditions antiques en témoignent depuis
des millénaires; nature et beauté ne font qu’un.
NYMBATHE JOURNAL
INTERVIEW
A : La gamme HERA est un must-have à
découvrir. De quel type de produits est-elle
composée ?
KB : Le but de cette gamme c’est de te
permettre réaliser tes produits visage en
maîtrisant totalement leurs compositions en
quelques minutes à la maison ! Tu peux
fabriquer:
une eau botanique
une crème de jour
une huile florale
Les ingrédients naturels que nous utilisons
sont très peu transformés, tu pourras retrouver
des huiles végétales, des hydrolats ou encore
des macérats huileux tous issus de petites
productions françaises.
C’est vraiment simple et ludique, pour
fabriquer un produit, il suffit de craquer les
ampoules, mélanger et le tour est joué!
Nous voulions aller un peu plus loin, donc
chaque produit est disponible en 8 versions
différentes afin de correspondre au besoin des
différentes peaux.
(Margot a même créé un questionnaire dont on
n'est pas peu fière que tu peux consulter sur
notre site)
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A : Pourquoi avoir choisi la déesse Héra en
particulier ?
KB : Son énergie nous a beaucoup porté,
surtout au début de la création de KALA…
Nous avions envie de faire passer nos
messages de façon poétique c’est pourquoi
nous avons tourné un court-métrage en son
honneur.
Nous avons créé notre propre mythe en
nous inspirant des divinités et de la mythologie
existante. Il ne faut pas trop en dire, nous vous
invitons plutôt à visionner la vidéo afin que
vous compreniez pourquoi nous avons choisi
Héra et ce qu’elle incarne pour nous..
Spoiler : Emma a obligé Margot à jouer
Artémis. Les trois minutes de vidéo
représentent deux jours entiers de tournage
sous la canicule de Grèce.
Toutes les scènes sont tournées dans des lieux
sacrés sur L’île d’Aegina.
IMAGE TIRÉE DU COURT-MÉTRAGE HÉRA PAR KALA BEAUTÉ
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INTERVIEW
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Nous avons passé beaucoup de temps à
tester, goûter les mélanges, étudier les
propriétés des plantes. Nous avions envie de
remettre au goût du jour l’usage traditionnel
des plantes médicinales françaises.
Les Naïades qui sont les nymphes protectrices
de la nature se sont imposées comme une
évidence pour nommer les produits et les
envelopper d’histoires.
A : Pouvez-vous nous parler des cures de
plantes que vous avez créées ?
CURE DE SAISON
KB : Parlons d’abord des cures de saisons qui
sont faites spécialement pour soutenir
l’organisme face au changement...
Toutes les traditions nous enseignent les vertus
de l'alternance qui ne fait que refléter les
grands cycles naturels. La cure de saison
reprend cet enseignement; elle doit être
rafraîchissante en été et détoxifiante en hiver,
tonifiante en automne et dépurative au
printemps ! L'intérêt est simplement de
prévenir troubles et maladies sans attendre
qu'ils nous surprennent.
Nous conseillons de la prendre durant trois
semaines avant d’accueillir la nouvelle saison.
A : Vous offrez également les tisanes des
Naïades, composées de différentes plantes.
Pouvez-vous nous présenter cette gamme ?
KB : Nous avons pensé une gamme de tisane à
base
de
plantes
médicinales
afin
d’accompagner les petits dysfonctionnements
et petits maux du quotidien. Il y en a dix pour
soutenir les grands systèmes du corps humain;
tisane digestive, articulaire et musculaire,
immunitaire et respiratoire ect…
Nous n’utilisons que 26 plantes différentes
pour faire nos mélanges, tu commences à
comprendre que derrière tous nos choix il y a
une raison…
Les plantes devaient être disponibles chez
un petit producteur français
être cultivées en agrobiologie
être connues et utilisées durant l’antiquité
avoir un mythe associé
TISANE BIEN-ÊTRE DES NAÏADES
NYMBATHE JOURNAL
INTERVIEW
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Nous avons aussi pensé à une cure qui se fait
sur les cycles de la lune en résonance avec la
déesse Hécate. Ce qui est génial avec celle-ci
c’est que tu peux la commencer n’importe quel
mois de l’année au lendemain de la pleine lune
lorsqu’elle entame sa phase décroissante.
Débute alors la Phase I de détox qui va durer 14
jours. Tu continues ensuite avec la Phase II,
énergisante qui se réalise également pendant 14
jours en lune croissante.
C’est un bon moyen de se recentrer si on
sent que notre corps et notre énergie partent
un peu dans tous les sens. Tu seras d’accord
avec nous pour dire qu’on découvre bien des
trésors lorsque l’on prend le temps de s'aligner
avec les astres…
BAIN VISAGE
A : Les bains de plantes aux noms
enchanteurs de Naïades offrent du rêve.
Comment ces synergies sont-elles pensées ?
De quelle façon les utilise-t-on ?
KB : L’usage des plantes médicinales dans les
bains était très répandu durant l’antiquité.
Nous avions envie de mettre en avant ces
pratiques à travers des bains vapeurs visages.
Ils s’utilisent comme une inhalation, la
vapeur va purifier la peau en profondeur. Ils
ont tous une base de thym et de romarin pour
également avoir un effet sur les voies
respiratoires.
- CURE LUNAIRE D'HÉCATE
Nous proposons également des bains pour
le corps ou les pieds ! Nous conseillons de
préparer une grande marmite d’infusion à
verser dans le bain, puis de parsemer l’eau des
fleurs et plantes à la guise de chacun. Les
mélanges sont pensés pour détendre, booster
l’organisme, hydrater ou purifier.
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INTERVIEW
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A : J’ai pu tester vos Perles du Phénix ainsi
qu’un encens en résine. Je les aime
énormément, notamment en offrande sur
mon autel. Votre palette d’encens, totalement
naturelle, s’est étendue dernièrement. Sous
quelle forme se présentent-ils ? D’où sont-ils
issus ?
KB : C’est nos petits trésors… Nous proposons
trois résines différentes de conifères des Alpes.
En fonction de l’altitude nous lui conférons
différentes propriétés. Pour son utilisation, il
convient de la mettre sur un charbon
incandescent.
C’est un ami de la montagne qui nous a fait
découvrir cette tradition. La résine que tu
retrouves chez nous est ramassée uniquement
par lui. Ainsi, nous nous assurons que les arbres
ne sont pas “saignés” pour leur résine, il prend
uniquement la sève qui coule le long des
troncs.
Il fabrique aussi des petites perles d’encens,
le procédé utilisé pour la fabrication est le
même que le papier d'Arménie. L’odeur qui se
dégage est également celle de la résine mais
moins forte.
PERLE D'ENCENS
ENCENS RÉSINE
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BAIN D'ARGILE ET DE FLEURS
A : N’oublions pas non plus la gamme des
argiles de Prométhée. Une nouvelle fois,
pouvez-vous nous révéler l’essence de ces
produits ?
KB : Comme tu l’as très bien remarqué, tous les
produits portent des noms liés à la mythologie.
Pour les argiles nous avions envie de rendre
hommage aux terres de Grèce, c’est pourquoi
nous leur avons donné des noms de monts ou
terres sacrées.
Lorsque tu parcours le site, tu peux voir que
les “familles” de produits ont toujours une
légende associée, voici celle de Prométhée…
“ Le mythe raconte que Prométhée façonna les
premiers Hommes dans l’argile. Athéna,
admirant son art, anima les créatures encore
inertes. Mais les enveloppes charnelles étaient bien
vides de sens, pas une étincelle dans leur regard...
Prométhée s’empressa de voler du feu à Héphaïstos
afin de rendre les Hommes lumineux. Cette
flamme insérée aux creux des êtres devint leur
âme... il paraît que cette même braise brûle encore
dans le ventre de l'humanité. ”
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