LE MAGHREB ET L'EUROPE : QUE FAIRE DE LA MÉDITERRANÉE ? par Kacem BASFAO et Jean-Robert HENRY


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Esprit méditerranéen caressé par les intellectuels et les artistes, Andalousie perdue, utopies anti-islamistes, incantations modernisatrices : tout fait de cette mer disputée une référence contradictoire et paradoxale, un fossé et un trait d'union.

Plan de l’article :
- Rêve méditerranéen
- Andalousie perdue
- Mer réconciliatrice
- Scénarios
- Unité des écrivains

Nom original: K.-BASFAO_JR-HENRY_MEDITERRANEE_article_1991.pdf
Titre: LE MAGHREB ET L'EUROPE : QUE FAIRE DE LA MÉDITERRANÉE ?
Auteur: Kacem BASFAO et Jean-Robert HENRY
Éditeur: Persée, Vingtième siècle, revue d'histoire, Sciences Po, France
Mots-clés: Méditerranée, Andalousie, Europe, Maghreb, littérature, imaginaire, représentation, interculturel

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LE
QUE

MAGHREB ET

FAIRE

DE

LA

L'EUROPE :

MÉDITERRANÉE ?

Kacem Basfao, Jean-Robert Henry

La tension entre le Maghreb et
l'Europe n'est pas seulement diplomatique,
démographique ou économique. Elle est
largement redevable du choc entre
univers mentaux d'une rive à l'autre de la
frontière maritime. Esprit méditerranéen
caressé par les intellectuels et les artistes,
Andalousie perdue, utopies
anti-islamistes, incantations modernisatrices :
tout fait de cette mer disputée une
référence contradictoire et paradoxale, un
fossé et un trait d'union.

à l'événement et aux effets qu'il était supposé
engendrer sur les relations euro-arabes. Une
fois de plus, ce qui était en cause, au Maghreb
comme en France, c'était donc moins les
faits eux-mêmes (l'engagement militaire
français et celui du Maroc aux côtés des EtatsUnis n'étaient pas décisifs pour la conduite
des opérations) que le choc des imaginaires.
La crise, bien que largement externe à la
Méditerranée occidentale, mettait en jeu les
images que les sociétés de cette région se
font d'elles-mêmes et de leurs interrelations.
En ramenant à la surface tout le poids et
le rôle des univers mentaux, elle révélait
bien cette dimension essentielle de la
structure des rapports entre le Maghreb et la rive
nord de la Méditerranée, refoulée d'ordinaire
sous la coopération économique et les
relations diplomatiques.
Le fait que, sitôt passée la crise, les
politiques se soient employé à en adoucir
les effets passionnels par une reprise en force
de la coopération économique, confirme
l'étrange rapport entretenu dans cette zone
de relations internationales entre le
psychologique et l'économique, au point que le
second y fait souvent figure d'épiphénomène
et le premier de nature profonde. Plus d'une
fois, les soubresauts et les aléas de la
coopération économique ont été expliqués par
l'émergence de ce refoulé, dans un sens
positif ou négatif. Cette logique complexe
d'interaction et de compensation entre
réalisme économique et jeu des imaginaires

Comme toute grande crise
internationale affectant l'aire méditerranéenne,
la guerre du Golfe a rappelé l'extrême
sensibilité des sociétés maghrébines aux
relations avec la France, l'Europe, l'Occident.
Au travers des cris : « Mitterrand assassin »,
l'adversaire désigné par la rue à Alger, Tunis
ou Casablanca était beaucoup plus le voisin
proche, à qui on reprochait d'avoir déçu les
espoirs mis dans l'action de la France, que
le lointain président américain. Et en France,
cette réaction du Maghreb, qui n'était
objectivement qu'une incidence mineure de la
guerre, a souvent pris rang de préoccupation
majeure dans les médias et chez les hommes
politiques.
Réaction paradoxale, puisque le théâtre
d'opérations militaires ne concernait pas la
Méditerranée occidentale et que des sociétés
plus directement impliquées dans la guerre,
comme l'Egypte, réagissaient avec placidité
43

K. BASFAO, J.-R. HENRY
O LE REVE MÉDITERRANÉEN

touche bien sûr au premier chef les relations
du Maghreb avec la France, mais est
fortement présente aussi dans ce qu'on observe
avec l'Italie et l'Espagne1.
Dans cette crise, l'assujettissement des
faits aux représentations et la dramatisation
des relations du Maghreb avec ses voisins
du Nord ont été bien illustrés par la position
des intellectuels maghrébins. En majorité,
ils ont davantage accompagné les réactions
« populaires » que légitimé les positions de
leurs gouvernements. Ceux-ci, de leur côté,
se sont montrés très attentifs à modérer la
« rue » et à gérer, comme leurs homologues
français, leur crainte, pas vraiment justifiée
au total, des dérives de l'imaginaire et des
effets destructeurs qui pourraient en résulter
sur le fragile équilibre des relations entre
rive nord et rive sud. Mais, ici aussi,
l'appréhension est une forme de dramatisation,
qui témoigne de la forte conscience que tous
les acteurs ont de la dimension mentale des
relations entre les sociétés concernées. Les
mémoires collectives, et le jeu des imaginaires
croisés qui s'y exprime, charrient ici tout
un passé et un présent : la conquête sarrazine
et la Reconquista, la colonisation qui a si
fortement modélisé le Maghreb moderne,
enfin le dit et le non-dit des rapports actuels
entre Nord et Sud, à commencer par la crise
du mythe du développement. Tout ce passif
et cet actif font de l'univers mental des
relations en Méditerranée occidentale un
théâtre privilégié du drame euro-arabe.
Dans cette tension psychologique entre
leurs sociétés, que les acteurs de la région
s'efforcent d'assumer pour en tirer le meilleur
parti possible, quelle place tient l'idée
méditerranéenne ? Est-elle pertinente au
Maghreb ? N'est-ce qu'un rêve d'intellectuels et
de politiques isolés en quête d'utopies solidaristes anti-islamistes ? Ou bien la
Méditerranée y est-elle plutôt synonyme de
« grand fossé » et d'affrontements ?

La première réponse à ces questions est
qu'au Maghreb comme en Europe du Sud
la Méditerranée est une référence
contradictoire et paradoxale qu'il faut accepter comme
telle. On peut y voir tantôt une frontière,
tantôt un confluent civilisationnel, tantôt
une zone de tempêtes, tantôt un « lac de
paix ». Plutôt que de se fixer sur telle ou
telle de ces dimensions et verser
alternativement dans l'angélisme ou le pessimisme,
on gagne à embrasser globalement toute
cette diversité éclatée de la référence
méditerranéenne et à essayer de saisir comment
elle peut être à l'œuvre utilement, à la fois
comme réalité et comme symbole, comme
discours des origines et comme destin
mobilisateur (c'est-à-dire au sens propre comme
mythe), pour des sociétés différentes et en
des moments différents de leur histoire. C'est
le projet de ce numéro spécial, mais aussi
de rencontres précédentes aux titres
révélateurs, par exemple le colloque de
Casablanca de décembre 1989 sur « Les deux
rives de la Méditerranée : conflits et
interdépendance » 2.
Il est vrai que l'idée méditerranéenne n'a
pas le même sens au Maghreb et en France,
et qu'elle est une illustration exemplaire des
faux consensus. Sous son appellation et sa
configuration actuelles, le mythe
méditerranéen est venu au Maghreb depuis la culture
européenne, même si celle-ci a pour une
part formulé sa méditerranéité en terre nordafricaine au contact d'un monde arabe
colonisé. Cet héritage colonial pèse sur la façon
dont le Maghreb actuel s'est réapproprié le
thème à son usage.
C'est à la fin des années 1930 que l'Afrique
du Nord a été touchée par l'effervescence
de la méditerranéité avec le mouvement
littéraire qui s'est développé autour des
Cahiers de barbarie (A. Guibert à Tunis), de
Rivages (E. Chariot et A. Camus à Alger),

1. Cf. les communications de B. Lopez Garcia et
M. Hernando de Larramendi à la table ronde «Le Maghreb,
l'Europe et la France », Aix-en-Provence, décembre 1990, à paraître dans Y Annuaire de l'Afrique du Nord.

2. H. El Malki (dir.), Les deux rives de la Méditerranée : conflits
et interdépendance, Casablanca, Fondation Al Saoud et Paris, Edidons du CNRS, sous presse.
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LE MAGHREB ET L'EUROPE
de A.guedal (H. Bosco à Rabat). Ce
mouvement résonnait avec l'entreprise des Cahiers
du Sud en France et avec toute une sensibilité
méditerranéenne qui s'exprimait depuis
l'Espagne jusqu'en Egypte et au Liban, et avait
trouvé dans la « patrie méditerranéenne » de
Gabriel Audisio son meilleur interprète. Mais
la perspective méditerranéenne prenait en
Afrique du Nord une connotation
particulière. L'universalisme méditerranéen se posait
en réaction contre l'idéologie
ultra-colonialiste qui, dans la célébration du « Centenaire
de l'Algérie », avait exhibé tout à la fois son
triomphalisme politique et sa médiocrité
intellectuelle assise sur la symbolique usée de
la latinité. La quête d'une « patrie
méditerranéenne » ouverte à toutes les composantes
de l'Afrique du Nord, était une façon de
dépasser cet enfermement du conflit colonial,
et de poser d'autres fondations que la «
Méditerranée latine » à l'existence du melting
pot méditerranéen issu des poussées
coloniales Nord-Sud. Mais, pour séduisant qu'il
soit aux yeux des jeunes et rares intellectuels
maghrébins de l'époque, ce recours à un
vaste sentiment d'unité méditerranéenne était
une évasion un peu facile et ambiguë du
conflit colonial. Il n'empêchera pas les
nationalistes maghrébins d'opposer à Audisio
comme à Bertrand leurs propres lectures des
origines. Face à « l'éternel méditerranéen »
d' Audisio, J. Amrouche campera un Eternel
Jugurtha (1946), tout aussi exclusif finalement
que l'ancêtre mythique latin de L. Bertrand.
Surtout, l'évasion méditerranéenne
deviendra une position intenable lorsque le conflit
colonial atteindra en Algérie sa phase
terminale, dominée par une logique de violence
et de rejet de l'Autre.
C'est précisément dans ce pays où elle
avait connu ses plus beaux germes, et où
elle aurait dû avoir le plus de chance et de
sens à s'enraciner, que l'idéologie
méditerranéenne fut finalement le plus mise à mal.
C'est ici que sa contestation et son rejet ont
été passionnellement radicaux. Les Algériens
ont beaucoup reproché à Camus, partagé
entre « sa mère et la justice », de ne pas

avoir joué pleinement son rôle de moraliste
durant la guerre d'Algérie. On se souvient
de l'exécution publique et officielle de
l'œuvre camusienne par le ministre de la
Culture, Ahmed Taleb, dans les premières
années de l'indépendance, lorque se
développait une nombreuse jeunesse formée en
langue française, et qui n'était pas indifférente
aux thèmes et aux racines de l'écrivain. Plus
tard, des nuances furent apportées à cette
condamnation de « Albert le Pied-Noir,
Camus l'Algérien ». Mais comme mythe
fondateur et système de références, la méditerranéité a été disqualifiée dès cette époque en
Algérie. Et il n'est pas inconcevable, à côté
de beaucoup d'autres raisons, d'interpréter
la montée en puissance des idées islamistes
dans ce pays comme l'occupation d'un terrain
progressivement vidé de toute idéologie
alternative ou complémentaire crédibles : déjà
radicalise par les frustrations des
désenchantés du développement, l'islamisme dans
sa version algérienne apparaît totalement
incompatible avec un mythe conciliateur.
Toutefois, si elle a échoué globalement,
l'idéologie méditerranéenne a aussi produit
des individualités remarquables, des types
d'« homme-frontière » d'une exceptionnelle
richesse humaine, des intellectuels «
libéraux », des écrivains et des artistes qui restent
jusqu'à aujourd'hui en étroite connivence
par-delà les frontières.
En Tunisie et au Maroc, la déception a
été moins grande car l'adhésion au mythe
méditerranéen était moins vive. C'est avec
plus de sérénité que les intellectuels et le
pouvoir s'y affirment aujourd'hui
méditerranéens1. Mais la méditerranéité y est peutêtre plus instrumentalisée que vécue
passionnellement. Dans son désir de se
rapprocher de l'Europe, le Maroc de Hassan II a
su jouer à fond cette carte, et des faiblesses
que certains Européens ont pour le mythe
méditerranéen. C'est en fait l'idée d'Anda1. Cf., par exemple, H. El Malki (dir.), « Le Maroc et le
devenir méditerranéen », Signes du présent (Rabat), 2, printemps
1988 (n° spécial).
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K. BASFAO, J.-R. HENRY
lousie qui rencontre dans ce pays plus d'écho
spontané, et qui, conjuguée avec le thème
méditerranéen, contribue à donner à celuici sa signification marocaine.

ils sont associés à des mythes unitaires
dominants : européen, d'un côté, arabe de
l'autre. Dans l'un et l'autre cas, la référence
méditerranéenne/andalouse complète ou
tempère, mais dans des sens différents, ce
que la référence dominante peut porter
d'exclusif ou d'excessif.
En Europe, particulièrement en France
et chez des voisins méridionaux, la méditerranéité vient compléter l'européanité. La
Méditerranée est à l'Europe « l'âme de son
esprit », pour pasticher Jean Amrouche.
L'idée européenne se veut avant tout
raisonnable, fondée sur la logique économique,
le dépassement des conflits séculaires et la
nécessité réaliste de répondre aux contraintes
externes. La référence méditerranéenne des
Européens, c'est l'indispensable dose
d'idéalisme, de passion et d'affect, c'est la
compensation de tout le réalisme technocratique,
économique et politique du « machin »
européen par un discours des origines et des
destins exclusivement culturel. Déjà avant
la guerre de 1939, la «patrie
méditerranéenne » d'Audisio se voulait plus grecque
que romaine, se posait comme une
inspiration revivifiante contre le matérialisme
frénétique. Aujourd'hui, la problématique
n'a guère changé : la Méditerranée, c'est le
symbole d'un patrimoine culturel et spirituel
à sauvegarder contre les croissances mal
contrôlées et les libéralismes sauvages. A
coups de « Plans bleus » et autres entreprises
purificatrices, on en oublie volontiers que
nos rivages se sont longtemps bien
accommodés de la forte odeur de l'or noir !
Mais, pour l'Europe, la Méditerranée n'est
pas seulement aujourd'hui une alternative
écologique et spirituelle. Elle est également,
à l'intérieur même de l'idéologie européenne,
une sensibilité sudique qui tend à servir de
contrepoids au pôle montant de l'euro-germanité. La relance de l'idée méditerranéenne
en France, en Espagne, en Italie intervient
comme un facteur d'équilibre idéologique
intra-européen, dans une conjoncture bien
particulière. C'est une fonction un peu
semblable à celle que le mythe méditerranéen

O L'ANDALOUSIE PERDUE
On peut faire à propos de la notion et
du mythe d'« Andalousie » les mêmes
remarques sur l'ambiguïté des mots qu'à
propos de « Méditerranée ». La mythologie
méditerranéenne associe souvent les deux
termes, mais ils ne se confondent pas. Le
mythe andalou est à l'origine une part
constitutive de la mémoire maghrébine. Mais il a
été réapproprié par l'Espagne, la France et
l'Europe du Sud à un point tel
qu'aujourd'hui la cuisine servie dans l'auberge andalouse apparaît plus européenne que
maghrébine. Ici aussi, on ne s'épargne ni
les quiproquos ni les faux consensus. Les
« Andalousies perdues » sont pour les
Européens les espaces et moments de dialogues,
peut-être plus symboliques que concrets, où
ont dialogué dans la tolérance les grandes
cultures méditerranéennes. C'est bien sûr
aussi un moyen de réécrire l'histoire et
d'oublier la Reconquista, et tout le sentiment
de culpabilité qu'elle charrie depuis l'époque
des Lumières1. Pour le Maghreb, la perte
de l'Andalousie, ce n'est pas seulement celle
du dialogue. C'est aussi celle du joyau de
la civilisation maghrébine, qui lui fait
aujourd'hui si cruellement défaut dans sa quête
d'identité, aussi bien vis-à-vis de l'Europe
que de l'Orient arabe.
La diversité des sens donnés à
Méditerranée et Andalousie, selon qu'on se situe au
Nord ou au Sud, n'est pas seulement une
question d'interprétation du contenu interne
de ces mots à forte charge affective. Elle
dépend aussi de leur place dans la
configuration mythologique globale des sociétés
concernées. Les mythes méditerranéen et
andalou ne sont pas en effet seuls à l'œuvre
en Europe et au Maghreb. De chaque côté,
1. Ce sentiment est perceptible par exemple dans l'œuvre
de Florian (Convolve de Cordoue ou Grenade reconquise, 1786).
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LE MAGHREB ET L'EUROPE
remplit aujourd'hui au Maghreb par rapport
à l'arabité et à Fislamité.
Toutefois, la coïncidence des
conjonctures, qui fait que le thème méditerranéen
a aujourd'hui le vent en poupe des deux
côtés de la mer, ne signifie nullement qu'il
apporte au Maghreb les mêmes réponses
qu'en Europe : il ne s'inscrit pas ici dans
les mêmes défis et enjeux.
Au Maghreb, il rime encore pour certains
avec nostalgie, avec Andalousie et âge d'or
de la civilisation arabo-musulmane : une
conception centripète et exclusive qui répond
à la Reconquista espagnole ou mussolinienne, et au national-universalisme français.
En quelque sorte, une revisitation de la
conquête et de la fécondation par l'islam de
l'espace méditerranéen. Mais, plus
majoritairement, la référence méditerranéenne est,
au Maghreb, chargée de modernité. Elle est
ici « la raison de l'âme » arabe, le discours
de complémentarité avec l'Europe qui vient
tempérer la charge émotionnelle de l'arabité.
Elle est prise de conscience de la logique
inexorable des interdépendances et des
solidarités, au-delà des conflits passés et des
disparités présentes. Elle signifie
appartenance au même espace culturel, économique
et stratégique que l'Europe : une
appartenance commune qui légitime toutes les
tentatives de dialogue euro-arabe ou euromaghrébin. C'est au nom de sa méditerranéité — synonyme de communion avec
l'Europe — que le Maroc demandait il y a
peu son adhésion à la CEE. Cas extrême
qui découle de la position géographique
particulière du Maroc (pensons à la fameuse
image de l'arbre marocain qui a des racines
africaines et un feuillage européen), mais qui
montre combien, à la limite, la référence
méditerranéenne peut être complètement
concurrente de l'arabité et la refouler. Une
concurrence qui n'est d'ailleurs pas absente
du projet de l'Union du Maghreb arabe : la
logique du sous-régionalisme maghrébin,
fortement accélérée, si ce n'est imposée, par
les échéances européennes, contredit en
réalité l'étiquette « arabe ». La méditerranéité

tournée vers l'Europe devient un moyen de
spécifier le Maghreb dans le monde arabe.
Au-delà de cette vision majoritaire d'une
Méditerranée symbole de modernité, certains
Maghrébins ne seraient-ils pas en train
d'impulser un nouveau changement de centre de
gravité de l'idée méditerranéenne ? Pour
quitter politiquement l'oumma musulmane
restreinte et ses exclusives, et la remplacer
par une communauté des croyants plus large
et œcuménique, celle des « gens du Livre »
(Ahl Al Kitab) : la communauté et le destin
méditerranéens, berceau du monothéisme.
La Méditerranée, communauté d'origine et
de destin, et gestion moderne de l'oumma
comme communauté des croyants ? Ce
déplacement, cette ouverture du système des
repères d'appartenance laisseraient à penser
que la promotion de l'idée méditerranéenne
n'est pas ici étrangère à la recherche d'une
solution symbolique à la montée des
mouvements « intégristes » (du Nord et du Sud)
qui se construisent comme idéologies de
l'exclusion de l'Autre, de la négation d'un
espace et d'une histoire partagés. Une façon
donc de saper le discours d'irréductibilité
des particularismes et de promouvoir
l'acceptation des différences, la tolérance,
l'harmonisation des intérêts par le dialogue, les
droits de l'homme1.
O LA MER RÉCONCILIATRICE
On a pris soin d'insister ici sur les
diversités de sens et d'usage que prend au
Maghreb la référence méditerranéenne, par
rapport à celles qui ont cours en France et
en Europe. De même convient-il de prêter
attention à la subjectivité et à la relativité
du mythe méditerranéen, c'est-à-dire à la
façon dont ses variantes s'inscrivent dans
un espace et un temps donnés, et servent
l'idée qu'une société se fait d'elle-même et
de son rapport au monde à un moment de
son histoire2. Mais ce n'est pas pour nier
1. Cf. la Déclaration constitutive du Groupement d'étude
et de recherche sur la Méditerranée (GERM), Casablanca, 1990.
2. J.-R. Henry, « La France et le mythe méditerranéen »,
dans Les deux rives de la Méditerranée ; conflits et interdépendances , op.
cit.
Al

K. BASFAO, J.-R. HENRY
instrumentaux de celui-ci, notamment par
les politiques. Ancienne et jamais dépourvue
d'arrière-pensées, l'instrumentalisation du
mythe imprègne aujourd'hui les débats du
« dialogue euro-arabe », ou du « Forum
méditerranéen », et fait apparaître tout
consensus sur l'idée méditerranéenne comme la
poursuite en commun d'objectifs
méditerranéens sensiblement divergents.
Les avatars et les quiproquos du « Forum
méditerranéen » en sont une illustration
exemplaire, à commencer par le jeu sur les
mots, puisque le Forum s'est aussi appelé
sur nos rivages « Initiative française en
Méditerranée » \ II s'agissait effectivement
d'une proposition lancée par le président
Mitterrand en 1983 à Rabat, mais qui avait
rencontré les réticences espagnoles et
algériennes, car elle résonnait trop avec le temps
colonial où la France dominait cet espace.
Si le Forum a pu finalement se réunir en
1988, c'est parce qu'entre temps le Maghreb,
aux économies de plus en plus fragilisées,
s'est trouvé contraint de faire face, avec un
minimum de cohérence, aux échéances
européennes de 1992. Sa situation géopolitique,
peu prometteuse à l'Est (crise de l'unité
arabe), comme au Sud (l'activisme
diplomatique ou militaire vers l'Afrique noire
n'est plus de mise) lui imposait d'abord de
s'unir — ce fut l'Union du Maghreb arabe
fin 1988 — puis de négocier collectivement
ses relations avec l'Europe, seule direction
ouverte réellement à son action
diplomatique. Tabler sur le pôle sud-européen pour
resserrer les liens économiques et
démographiques avec la rive nord (sans casser la
négociation avec Bruxelles) apparaissait un
bon calcul pour le Maghreb, un calcul qui
rejoignait l'intérêt des pays de 1'« arc latin »
(Espagne, France, Italie) à s'appuyer sur la
« région en formation » de la Méditerranée
occidentale pour constituer au Sud de
l'Europe un pôle d'équilibre face à l'Eurogermanie.

:

à l'opposé ce que le Nord et le Sud partagent
cependant dans cette référence. La
Méditerranée reste un espace concret d'échanges, et
un stock commun de patrimoines
symboliques dans lequel puise le travail permanent
de recomposition des mythologies nationales
et régionales.
Le fonds commun, c'est bien sûr la
conscience partagée de ce patrimoine. La
Méditerranée est objectivement le lieu des
origines pour plusieurs civilisations qui s'y
sont développées et croisées dans le temps
et dans l'espace, même si au Nord et au
Sud on a ensuite construit autre chose contre
cette culture « maternelle » commune. Mais
la Méditerranée, c'est aussi le rapport OrientOccident dans toutes ses dimensions, à
travers une mer qui sépare et relie à la fois.
C'est principalement autour de ce rapport
Orient-Occident que tend à se déployer le
mythe méditerranéen selon une gamme de
formules limitées, qu'on peut réduire à deux
principales façons de gérer la mythologie
méditerranéenne : une gestion conquérante
ou dominatrice, une gestion pacifique ou
conciliatrice.
Soit on annexe le patrimoine
méditerranéen à une rive. C'est, au Nord, la
Méditerranée latine ou romaine, les fantasmes de
Reconquista, la « mer franque », le « lac
français ». Au Sud, c'est la Méditerranée
musulmane ou arabe, peuplée des brillants
souvenirs de l'Empire ottoman et de la mer
sarrazine ; c'est la « voix du Sud » des
islamistes contemporains qui repartiraient à la
conquête morale des rivages européens.
Deux mille ans de flux et de reflux des
impérialismes méditerranéens, dont
témoignent tant de signes et de pierres sur nos
rivages. Soit on universalise le mythe, en
faisant de la « patrie méditerranéenne » une
grande synthèse, une symbiose de cultures,
et de 1'« humanisme méditerranéen » le
symbole d'une humanité réconciliée avec ellemême, dans l'espace et le temps, et d'abord,
bien sûr, autour de la Méditerranée.
Cette ambivalence de l'histoire et du
mythe méditerranéen autorise tous les usages

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1. E. Gobe, Le Forum méditerranéen, Mémoire de DE A
Monde arabe », Université de Provence, septembre 1989.

LE MAGHREB ET L'EUROPE
Cette vision très « réaliste » et utilitariste
de la solidarité méditerranéenne a été près
d'éclater au deuxième Forum tenu à Tanger
en mai 1989, sous le poids des non-dits
culturels. Pour certains, la « coopération
culturelle en Méditerranée », qui était à
l'ordre du jour de cette réunion, n'était
qu'accompagnement du nouveau rapport de
force entre l'Europe et le Maghreb1. La
partie française notamment raisonnait une
fois de plus en termes de développement de
la francophonie. Mais très vite il est apparu
qu'il n'était pas sage de miser sur la faiblesse
économique du Maghreb pour reconquérir
des positions de force politiques et
culturelles. Au contraire, l'attitude des
Maghrébins était plutôt de compenser le réalisme
économique qu'ils s'imposaient par un
raidissement de leur souveraineté culturelle. Ce
jeu de compensation entre réalisme
économique et identitarisme culturel apparaît en
fait comme une donnée contradictoire, à la
fois ancienne et actuelle, de la « solidarité
méditerranéenne », une donnée dont il faut
tenir compte dans tous les scénarios à venir
de la relation entre l'Europe, le monde arabe,
et le Maghreb2.

Grossièrement, trois scénarios sont
envisageables. Le premier est un scénariocatastrophe : la puissance de la construction
européenne conjuguée avec les divisions
internes arabes fait éclater le système arabe
comme acteur collectif international, et
comme expression d'une identité politique
collective ; les relations euro-arabes prennent
la forme d'une multiplication de relations
verticales bilatérales entre la CEE et chaque
pays arabe, les demandes d'adhésion du
Maroc et de la Turquie n'étant que les
préfigurations de ce processus. Dans cette

perspective où l'Europe établirait sa «
nouvelle frontière » sur les débris du rêve
unitaire arabe, celui-ci se replierait sur une
dimension seulement culturelle et personnalitaire. La dépolitisation du mythe arabe
signifierait qu'il n'y aurait plus une gestion
politique de la contradiction entre réalisme
économique et identitarisme culturel. Le
champ resterait donc libre pour des
recompositions mythiques sauvages de la
conscience collective arabe par rapport à
l'Europe : le panislamisme serait dès lors
évidemment une plus grande tentation pour
exprimer la « voix du Sud » que l'adhésion
à un mythe unitaire méditerranéen.
Un scénario plus optimiste serait celui
d'une affirmation mesurée de la puissance
européenne, qui ne serait pas destructrice
du système arabe, mais favoriserait des
relations de partenariat euro-arabe, ou tout au
moins euro-maghrébin. C'est la vision
réaliste et économiste des choses, partagée au
Sud par ceux qui souhaitent que l'unité
arabe, ou maghrébine, se donne un contenu
d'abord économique, à l'image du système
européen3. Mais c'est tabler sur l'idée que
la coopération économique suscitera un
partenariat arabe modéré, qui accepte
globalement la puissance économique européenne,
tout en canalisant l'expression des identités
culturelles vers l'unité méditerranéenne. Ce
rêve d'un « bon » système arabe ou
maghrébin risque de ne pas résister au refoulement
d'aspirations fortes à la reconnaissance de la
dignité et de l'identité culturelles arabes.
On pourrait enfin imaginer un troisième
scénario, idéal, de partenariat euro-arabe. Il
supposerait qu'au lieu de prendre la forme
d'un nationalisme « mou » le mythe unitaire
européen parvienne à s'affirmer lui-même,
politiquement et culturellement. Il pourrait
alors susciter en face de lui un véritable par-

1. J.-R. Henry, «Quelques réflexions sur le projet culturel
méditerranéen », dans Deuxième forum méditerranéen, Tanger (mai
1989), s.l., Ed. TSA, 1990, p. 362-366.
2. J.-R. Henry, « La crise de l'idée d'unité arabe », dans
Annuaire de l'Afrique du Nord, 1985 ; « Le système arabe au miroir
du système européen », dans Le système régional arabe, Paris, Editions du CNRS, 1989.

3. Par exemple Hamadi Essid, directeur de la Mission de la
Ligue arabe à Paris, déclarait en février 1987 dans Actualités de
^emigration : « L'aspiration vers l'unité arabe, tout en gardant son
élan romantique, devrait commencer à être réfléchie comme les
Occidentaux pensent à l'unité européenne, en tant que nécessité
économique, historique, donc résultat d'une réflexion scientifique
:

O TROIS SCÉNARIOS

49

K. BASFAO, J.-R. HENRY
tenariat arabe qui ne serait plus amputé de sa
dimension culturelle. Le mythe
méditerranéen y trouverait son compte, non plus
comme camouflage de la dépendance, mais
comme espace de dialogue et de conciliation
entre des idéologies unitaires européenne et
arabe appelées à coexister et à coopérer. Et il
soulignerait une fois de plus que le mythe
méditerranéen ne peut pas exister vraiment
comme mythe primaire initial mais seulement
comme mythe dérivé de conciliation.
Dans tous les cas de figure, il apparaît
combien c'est au politique de gérer les
contradictions de la « solidarité
méditerranéenne », pour que Pinstrumentalisation de
celle-ci ne produise pas seulement des effets
pervers. Une question infiniment moins
simple à gérer que les discours d'évidence sur
la solidarité méditerranéenne. Car il ne suffit
pas de clamer « la Méditerranée aux
Méditerranéens » pour évacuer de ce slogan tout son
contenu contradictoire, et faire accepter aux
Maghrébins l'idée d'être riverains en réalité
d'un lac européen. Seuls quelques hommes
politiques comme Edgar Pisani se révèlent
capables de penser l'usage instrumental du
mythe méditerranéen avec suffisamment de
lucidité et de retenue pour ne pas l'investir
spontanément de volontés de puissance
dévastatrices1.

qu'ils projettent d'aménager en un espace
d'échanges fructueux.
Des écrivains des deux rives choisissent
d'habiter l'utopie méditerranéenne pour
briser le cercle des représailles (pour reprendre
un titre de Kateb Yacine) ; ils cherchent à
charger l'imaginaire pour réaliser l'espoir du
dépassement de l'ère des conflits (conflits qui
se déplacent sur les rapports avec les
productions culturelles de l'aire américano-nippone). Il y a une tension de cette littérature
vers la ruine des clôtures et des
enfermements, car les écrivains sont particulièrement
sensibles à la situation d'exclusion
réciproque, intenable à long terme. Ils cherchent
à se dégager de l'européo-centrisme des uns
et du repli nationaliste et identitaire des
autres. La littérature est une antichambre où
s'expriment et s'expérimentent prospectivement les tendances focales des modalités
relationnelles du contact des cultures.
Ainsi, Talismano de Abdelwahab Meddeb
(1979, Christian Bourgois) est une entreprise
de réintégration de l'histoire de l'humanité,
et tout particulièrement du monde
méditerranéen : l'auteur y enracine son écriture, qu'il
détache du territoire particulier de son énonciation tout en l'universalisant. Dans ce
roman, le Maghreb, emblematise par des
espaces marocains et tunisiens, est ouvert sur
l'Egypte et se trouve en connivence avec le
pourtour méditerranéen, allant jusqu'à
l'Espagne en passant par l'Italie et la France.
L'auteur met en branle à travers ce parcours
un télescopage raisonné des cultures pour déterritorialiser l'individu et prendre ses
distances avec les tribus. Ce voyage
méditerranéen, dépouillement de l'apparence particulariste, est achèvement de l'être.
Driss Chraïbi, dans Naissance à l'aube
(1986, Le Seuil), met en écriture une utopie
où les intellectuels maghrébins et français se
retrouvent, même si elle n'a pas le même sens
pour les uns et les autres : Cordoue. Cet
ouvrage conte l'histoire romancée du moment
où l'islam maghrébin était à l'apogée de son
ouverture sur les autres cultures du bassin
méditerranéen. Construction rétroactive, que

O L'UNITÉ DES ÉCRIVAINS
L'aspiration méditerranéenne court
heureusement moins de risque à s'exprimer et
s'épanouir chez ceux qui ne sont pas
contraints professionnellement à en gérer
Finstrumentalisation, et d'abord chez les
écrivains, qui ont toute liberté pour sentir, lire et
dire l'unité méditerranéenne. C'est surtout la
capacité d'anticonformisme des écrivains qui
apporte aujourd'hui toute sa consistance au
mythe méditerranéen. Ils donnent forme à
une Méditerranée qu'ils entrevoient comme
un lieu de métissage culturel alors que les
politiciens voient une frontière culturelle
1. Cf. son intervention, «La Méditerranée, fracture
probable, rencontre possible » au colloque de Casablanca, Les deux
rives de la Méditerranée, op. cit.
50

LE MAGHREB ET L'EUROPE
l'auteur avance comme telle, qui est une
remontée tactique du temps dont le but est
d'inciter le Maghreb à une renaissance
salvatrice, loin de la frilosité des extrémismes
qui le cantonne à un régionalisme suicidaire.
Le titre est évocateur de l'exemplarité du
moment et de l'espace retenus ; s'y mêlent
constat du présent, nostalgie du passé et désir
projeté sur le futur ; des sentiments
d'infériorité et de supériorité travaillent ce roman
comme ils se croisent dans l'ambivalence
onirique du thème de l'Andalousie perdue :
sommet sensible de fécondité culturelle, de
sagesse et de tolérance, point suprême
d'harmonie et d'équilibre entre communautés et
confessions (islam, christianisme et judaïsme)
qui nous ont plus habitués à se déchirer qu'à
cohabiter.
La connivence que l'on constatait à
l'époque et au sein de l'école
méditerranéenne des lettres, flagrante à la lecture du
sommaire de revues telles Soleil (1950) et
Terrasses (1953) 1 ou encore du catalogue de la
collection « Méditerranée » aux éditions du
Seuil, n'est plus à l'ordre du jour, car elle a
été mise au rencart par la guerre de libération
nationale algérienne. Cependant, on assiste
actuellement à un déplacement du lieu et des
modalités de renonciation de cette méditerranéité : on la retrouve chez des écrivains
beurs qui disent écrire à partir d'un espace
situé entre la France et l'Algérie (du milieu
de la Méditerranée, mais paradoxalement, ce
lieu géographique est ici innommé car il est
synonyme d'une stratégie identitaire syncrétique qui sonne trop comme une
justification). Leïla Sebbar incarne à merveille cette
position qui fait de cette mer entre deux
terres (étymologie de « Méditerranée ») le

lieu géométrique des relations
franco-algériennes : « Ce qui m'intéresse, c'est être entre
l'Algérie et la France parce que je suis née de
ça, de cette rencontre de mon père et de ma
mère ... Je suis bien comme ça parce que je
crois que j'ai le bon regard et la bonne
distance, à la fois sur la France et sur l'Aglérie »
(L. Sebbar, Actualité de l' émigration, 1831 janvier 1990).
On n'a plus affaire ici à une Méditerranée
de la foi2 mais du choix. Mais il s'agit
toujours d'une Méditerranée construite, d'un
entre-deux liquide qui fonctionne comme
passage et non comme barrière : « II ne fait
pas de doute pour moi que la Méditerranée
soit un continent, non pas un lac intérieur,
mais une espèce de continent liquide aux
contours solidifiés » (G. Audisio, op. cit.,
p. 15). La Méditerranée serait comme la
littérature, un mouvement dans le temps et
l'espace où s'échangent des biens, des hommes,
des coups, des recettes de cuisine, des
connaissances, des usages et des coutumes
aussi ; une « durée liquide », selon une
expression heureuse du même Audisio. Les
écrivains sont des agents de liaison qu'on ne
manque pas, en temps de crise larvée, de
traiter d'agents doubles. Mais n'est-ce pas là le
sort de tous les hommes-frontières ?
D

:

2. Gabriel Audisio, jeunesse de la Méditerranée , Paris,
Gallimard, 1935, p. 16 « Vérité que je respire, moi, depuis toujours,
comme l'air salin, sans effort et sans besoin de preuves, parce que
je crois. Je crois à l'unité méditerranéenne ».
Kacem Basfao, professeur à la Faculté des lettres
Casablanca I, est littéraire et étudie les imaginaires sociaux.
Jean-Robert Henry, directeur de recherche au CNRS,
estjuriste et travaille à l'Institut de recherches et d'études
sur le monde arabe et musulman (IREMAM) d'Aixen-Provence.

1. La présentation du numéro unique de Terrasses (juin
1953) reflète bien aussi cette connivence fondée dans le « creuset
culturel algérien ».

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